vendredi 11 avril 2008

Aimé Césaire est gravement malade - Le JOURNAL CHRETIEN

Aimé Césaire de son nom complet Aimé Fernand David Césaire, né le à Basse-Pointe (Martinique) est un poète et homme politique français. Il est l’un des fondateurs du mouvement littéraire la Négritude.
Biographie
Les jeunes années

Il fait partie d’une famille de sept enfants, son père est enseignant et sa mère couturière. Son grand-père était le premier enseignant noir en Martinique et sa grand-mère, contrairement à beaucoup de femmes de sa génération, savait lire et à écrire et l’apprit très tôt à ses petits-enfants. De 1919 à 1924 il fréquente l’école primaire de Basse-Pointe, où son père est contrôleur des contributions, puis obtient une bourse pour le lycée Victor Schoelcher à Fort-de-France. En septembre 1931 il arrive à Paris en tant que boursier du gouvernement français pour rentrer en classe d’hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand où, dès le premier jour, il rencontre Léopold Sédar Senghor, avec qui il noue une amitié qui durera jusqu’à la mort de ce dernier.Maire de Fort de France il donne la priorité aux logements, aux écoles et aux équipements sanitaires. Cesaire devient donc un fervent défenseur de la départementalisation un néologisme forgé par lui pour remplacer le mot ambigu d’assimilation.
Émergence du concept de négritude

Au contact des jeunes africains étudiant à Paris, Aimé Césaire et son ami guyanais Léon Gontran Damas, qu’il connaît depuis la Martinique, découvrent progressivement une part refoulée de leur identité, la composante africaine, victime de l’aliénation culturelle caractérisant les sociétés coloniales de Martinique et de Guyane.

En septembre 1934, Césaire fonde, avec d’autres étudiants antillo-guyanais et africains (parmi lesquels Léon Gontran Damas, le Guadeloupéen Guy Tirolien, les Sénégalais Léopold Sédar Senghor et Birago Diop), le journal L’étudiant noir. C’est dans les pages de cette revue qu’apparaîtra pour la première fois le terme de « Négritude ». Ce concept, forgé par Aimé Césaire en réaction à l’oppression culturelle du système colonial français, vise à rejeter d’une part le projet français d’assimilation culturelle et à promouvoir l’Afrique et sa culture, dévalorisées par le racisme issu de l’idéologie colonialiste.

Construit contre l’idéologie coloniale française de l’époque, le projet de la Négritude est plus culturel que politique. Il s’agit, au delà d’une vision partisane et raciale du monde, d’un humanisme actif et concret, à destination de tous les opprimés de la planète. Césaire déclare en effet : « Je suis de la race de ceux qu’on opprime ».

Ayant réussi en 1935 le concours d’entrée à l’École normale supérieure, Césaire passe l’été en Dalmatie chez son ami Petar Guberina et commence à y écrire le Cahier d’un retour au pays natal, qu’il achèvera en 1938. Il lit en 1936 la traduction de l’Histoire de la civilisation africaine de Frobenius. Il prépare sa sortie en 1938 de l’Ecole normale supérieure avec un mémoire, « Le Thème du Sud dans la littérature négro-américaine des USA ». Épousant en 1937 une étudiante martiniquaise, Suzanne Roussi, Aimé Césaire, agrégé de lettres, rentre en Martinique en 1939, pour enseigner, tout comme son épouse, au lycée Schœlcher.
Le combat culturel sous le régime de Vichy

La situation martiniquaise à la fin des années 30 est celle d’un pays en proie à une aliénation culturelle profonde, les élites privilégiant avant tout les références arrivant de la France, métropole coloniale. En matière de littérature, les rares ouvrages martiniquais de l’époque vont jusqu’à revêtir un exotisme de bon aloi, pastichant le regard extérieur manifeste dans les quelques livres français mentionnant la Martinique. Ce doudouisme, dont des auteurs tels que Mayotte Capécia sont les tenants, allait nettement alimenter les clichés frappant la population martiniquaise.

C’est en réaction contre cette situation que le couple Césaire, épaulé par d’autres intellectuels martiniquais comme René Ménil, Georges Gratiant et Aristide Maugée, fonde en 1941 la Revue Tropiques. Alors que la Seconde Guerre mondiale provoque le blocus de la Martinique par les États-Unis (qui ne font pas confiance au régime de collaboration de Vichy), les conditions de vie sur place se dégradent. Le régime instauré par l’Amiral Robert, envoyé spécial du gouvernement de Vichy, est raciste et répressif. Dans les communes, les élus de couleur sont déposés et remplacés par des représentants des békés (déscendants des colons). Dans ce contexte, la censure vise directement la revue Tropiques, qui paraîtra, avec difficulté, jusqu’en 1943.

Le conflit mondial marque également le passage en Martinique du poète surréaliste André Breton (qui relate ses péripéties dans un bref ouvrage, Martinique, charmeuse de serpents). Breton découvre la poésie de Césaire à travers le Cahier d’un retour au pays natal et le rencontre en 1941. En 1943 il rédige la préface de l’édition bilingue du “Cahier d’un retour au pays natal”, publiée dans la revue “Fontaine” (n° 35) dirigée par Max-Pol Fouchet et en 1944 celle du recueil Les armes miraculeuses, qui marque le ralliement de Césaire au surréalisme. Surnommé « le nègre fondamental », il influencera des auteurs tels que Frantz Fanon, Edouard Glissant (qui ont été élèves de Césaire au lycée Schoelcher), le guadeloupéen Daniel Maximin et bien d’autres. Sa pensée et sa poésie ont également nettement marqué les intellectuels africains et noirs américains en lutte contre la colonisation et l’acculturation.
Après guerre, le combat politique

En 1945, Aimé Césaire, coopté par les élites communistes qui voient en lui le symbole d’un renouveau, est élu maire de Fort-de-France. Dans la foulée, il est également élu député, mandat qu’il conservera sans interruption jusqu’en 1993. Son mandat, compte tenu de la situation économique et sociale d’une Martinique exsangue après des années de blocus et l’effondrement de l’industrie sucrière, est d’obtenir la départementalisation de la Martinique en 1946.

Il s’agit là d’une revendication qui remonte aux dernières années du et qui avait pris corps en 1935, année du tricentenaire du rattachement de la Martinique à la France par Belain d’Esnambuc. Peu comprise par de nombreux mouvements de gauche en Martinique déjà proches de l’indépendantisme, à contre-courant des mouvements de libération survenant déjà en Indochine, en Inde ou au Maghreb, cette mesure vise, selon Césaire, à lutter contre l’emprise béké sur la politique martiniquaise, son clientélisme, sa corruption et le conservatisme structurel qui s’y attache. C’est, selon Césaire, par mesure d’assainissement, de modernisation, et pour permettre le développement économique et social de la Martinique, que le jeune député prend cette décision.

En 1947 Césaire crée avec Alioune Diop la revue Présence africaine. En 1948 paraît l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache, préfacée par Jean-Paul Sartre, qui consacre le mouvement de la “négritude”.

S’opposant au Parti communiste français sur la question de la Hongrie, Aimé Cesaire quitte le PC en 1956, pour fonder deux ans plus tard le Parti progressiste martiniquais (PPM), au sein duquel il va revendiquer l’autonomie de la Martinique. Siégeant a l’Assemblée nationale comme non inscrit de 1958 à 1978, puis comme socialiste de 1978 à 1993. Césaire restera maire de Fort-de-France jusqu’en 2001. Le développement de la capitale de la Martinique depuis la Seconde Guerre Mondiale est caractérisé par un exode rural massif, provoqué par le déclin de l’industrie sucrière et l’explosion démographique créée par l’amélioration des conditions sanitaires de la population. L’émergence de quartiers populaires constituant une base électorale stable pour le PPM, et la création d’emplois pléthoriques à la mairie de Fort-de-France furent les solutions trouvées pour parer à court terme aux urgences sociales de l’époque. La politique culturelle d’Aimé Césaire est incarnée par la création du Service Municipal d’Action Culturelle (SERMAC), qui à travers des ateliers d’arts populaires (danse, artisanat, musique) et le prestigieux Festival de Fort-de-France, met en avant des parts jusqu’alors méprisées de la culture martiniquaise.

Son « discours du colonialisme » fut pour la première fois au programme du baccalauréat français en 1998.

Aujourd’hui Aimé Césaire s’est retiré de la vie politique (et notamment de la mairie de Fort-de-France, au profit de Serge Letchimy), mais reste un personnage incontournable de l’histoire martiniquaise. Après le décès de son camarade Senghor, il reste l’un des derniers fondateurs de la pensée négritudiste.

Malgré son grand âge, Aimé Césaire est toujours sollicité et influent. On notera sa réaction aux articles 3 et 4 de la loi du 23 février 2005, dont le but est de faire dire aux historiens que la colonisation fut une chose positive :

Dépêche AFP du 6 décembre 2005

Le poète et homme politique Aimé Césaire a pour sa part annoncé lundi qu’il ne recevrait pas le ministre de l’Intérieur. Nicolas Sarkozy avait prévu un entretien jeudi matin avec le chantre de la « négritude » - concept né dans les années trente, en réaction au système colonial français.

L’auteur de « Toussaint Louverture » dénonce un « piège » dans lequel « il ne tombera pas ».

« Je n’accepte pas de recevoir le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy pour deux raisons. Première raison : des raisons personnelles. Deuxième raison : parce que, auteur du ’Discours sur le colonialisme’, je reste fidèle à ma doctrine et anticolonialiste résolu. Je ne saurais paraître me rallier à l’esprit et à la lettre de la loi du 23 février 2005 », écrit Aimé Césaire dans un communiqué."

En mars 2006, Aimé Césaire revient sur sa décision et reçoit Nicolas Sarkozy. Il commente ainsi sa rencontre :

Durant la campagne de l’élection présidentielle de 2007, il soutient activement Ségolène Royal, y compris en l’accompagnant lors d’un meeting.
Son parcours politique

* De 1945 à 2001 : Maire de Fort de France (durant 56 ans)
* De 1945 à 1993 : Député de la Martinique
* De 1983 à 1986 : Président du Conseil Régional de la Martinique
* De 1945 à 1949 et 1955 à 1970 : Conseiller général de Fort de France

Œuvres

* Œuvres complètes (trois volumes), Fort-de-France, Desormeaux, 1976.
Poésie
* Cahier d’un retour au pays natal, Paris, Présence africaine, (1939 ; 1960)
* Les Armes miraculeuses (1946 ; Paris, Gallimard, 1970)
* Soleil cou coupé (1947 ; Paris, Editions K., 1948)
* Corps perdu (gravures de Picasso), Paris, Editions Fragrance, (1950)
* Ferrements, Paris, Seuil, (1960 ; 1991)
* Cadastre, Paris, Seuil, (1961)
* Moi, laminaire, Paris, Seuil, (1982)
* La Poésie, Paris, Seuil, (1994)

Théâtre

* Et les chiens se taisaient, Paris, Présence Africaine, 1958 ; 1997
* La Tragédie du roi Christophe, Paris, Présence Africaine, (1963 ; 1993)
* Une saison au Congo, Paris, Seuil, (1966, 2001)
* Une tempête, d’après La Tempête de William Shakespeare : adaptation pour un théâtre nègre), Paris, Seuil, (1969 ; 1997)

Essais

* Esclavage et colonisation, Paris, Presses Universitaires de France, 1948. Réédition : Victor Schoelcher et l’abolition de l’esclavage, Lectoure, Editions Le Capucin, 2004.
* Discours sur le colonialisme, Paris, éditions Réclames, 1950 ; éditions Présence africaine, 1955.
* Discours sur la négritude, (1950).

Histoire

* Toussaint Louverture, La révolution Française et le problème colonial, Paris, Présence Africaine, (1962.

Entretiens

* Rencontre avec un nègre fondamental, Entretiens avec Patrice Louis, Paris, Arléa, 2004.
* Nègre je suis, nègre je resterai, Entretiens avec Françoise Vergès, Paris, Albin Michel, 2005.

Enregistrement audio

* Aimé Césaire, Paris, Hatier, « Les Voix de l’écriture », 1994.

Bibliographie
Monographies

* Cailler, Bernadette, Proposition poétique * une lecture de l’œuvre d’Aimé Césaire, Sherbrooke, (Québec), Naaman, 1976 ; Paris, Nouvelles du Sud, 2000.
* CARPENTIER, Gilles, Scandale de bronze * lettre à Aimé Césaire, Paris, Seuil, 1994.
* CONFIANT, Raphaël, Aimé Césaire. Une traversée paradoxale du siècle, Paris, Stock, 1994.
* DELAS, Daniel, Portrait littéraire, Paris, Hachette, 1991.
* HALE, Thomas A., Les écrits d’Aimé Césaire, Bibliographie commentée, dans “Etudes françaises”, t. XIV, n° 3-4, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1978.
* HENANE, René, Aimé Césaire, le chant blessé * biologie et poétique, Paris, Jean-Michel Place, 2000.
* HORN, Michael E., La plurivocalité dans le Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire, Montréal, Thèses de McGill (Université McGill), 1999.
* HOUNTONDJI, Victor M., Le Cahier d’Aimé Césaire. Eléments littéraires et facteurs de révolution, Paris, L’Harmattan, 1993.
* KESTELOOT, Lilyan, Aimé Césaire, Paris, Seghers, 1979.
* LEBRUN, Annie, Pour Aimé Césaire, Paris, Jean-Michel Place, 1994.
* LEINER, Jacqueline, Aimé Césaire * le terreau primordial, Tübingen, G. Narr, 1993.
* LOUIS, Patrice, ABC ...ésaire, Guyane, Ibis Rouge, 2003
* MALELA, Buata, Le rebelle ou la quête de la liberté chez Aimé Césaire, Revue Frontenac Review, 16-17, Kingston (Ontario), Queen’s University, 2003, p.125-148.
* MALELA, Buata, « Les enjeux de la figuration de Lumumba. Débat postcolonial et discours en contrepoint chez Césaire et Sartre », Mouvements, n° 51, 2007/3, p. 130-141.
* MBOM, Clément, Le Théâtre d’Aimé Césaire ou La primauté de l’universalité humaine, Paris, Nathan, 1979.
* MOTOUSSAM, Ernest, Aimé Césaire * député à l’Assemblée nationale, 1945-1993, Paris, L’Harmattan, 1993.
* NGAL, Georges, Aimé Césaire, un homme à la recherche d’une patrie, Paris, Présence Africaine, 1994.
* NNE ONYEOZIRI, Gloria, La Parole poétique d’Aimé Césaire * essai de sémantique littéraire, Paris, L’Harmattan, 1992.
* OWUSU-SARPONG, Albert, Le Temps historique dans l’œuvre théâtrale d’Aimé Césaire, Sherbrooke (Québec), Naaman, 1986 ; Paris, L’Harmattan, 2002.
* SONGOLO, Aliko, Aimé Césaire * une poétique de la découverte, Paris, L’Harmattan, 1985.
* TOUMSON, Roger et HENRY-VALMORE, Simonne, Aimé Césaire, le nègre inconsolé, Paris, Syros, 1994.
* TORABULLY, Khal, Chair corail, fragments coolies, Guyane, Ibis Rouge, 1998.
* TOWA, Marcien, Poésie de la négritude * approche structuraliste, Sherbrooke (Québec), Naaman, 1983.

Ouvrages collectifs

* TSHITENGE Lubabu Muitibile K. (éd.), Césaire et Nous. Une rencontre entre l’Afrique et les Amériques au , Bamako, Cauris Editions, 2004.
* Centre césairien d’études et de recherches, Aimé Césaire. Une pensée pour le , Paris, Présence Africaine, 2003.
* Aimé Césaire ou l’Athanor d’un alchimiste * Actes du premier colloque international sur l’œuvre littéraire d’Aimé Césaire, Paris, 21-23 novembre 1985, Paris, Éditions caribéennes, 1987.
* Aimé Césaire, n° spécial 832-833, Paris, Europe, septembre 1998.
* Césaire 70, travaux réunis et présentés par Mbwil a Mpaang et Martin Steins, Paris, Silex, 2004.
* LEINER, Jacqueline (éd.), Soleil éclaté * mélanges offerts à Aimé Césaire à l’occasion de son soixante-dixième anniversaire, Tübingen, G. Narr, 1985.
* THEBIA-MELSAN, Annick et LAMOUREUX, Gérard (éd.), Aimé Césaire, pour regarder le siècle en face, Paris, Maisonneuve et Larose, 2000.
* TOUMSO, Roger et LEIER, Jacqueline (éd.), Aimé Césaire, du singulier à l’universel (Actes du colloque international de Fort-de-France, 28-30 juin 1993), n° spécial d’”Œuvres et Critiques”, 1994.

L’aéroport Martinique - Aimé Césaire

Par arrêté du ministre des transports, de l’équipement, du tourisme et de la mer, Dominique Perben, en date du 15 janvier 2007, l’aéroport de Fort-de-France - Le Lamentin est dénommé Aéroport Martinique - Aimé Césaire.
Filmographie

* 1976 Martinique, Aimé Césaire, un homme une terre (52mn – documentaire de Sarah Maldoror avec la participation de Michel Leiris), CRS, “Les amphis de la cinquième”
* 1986 Miami, Martinique, Aimé Césaire, le masque des mots (52mn – documentaire de Sarah Maldoror)
* 1994 Aimé Césaire, une voix pour l’histoire (quatre parties), réalisé par Euzhan Palcy
* 2006 : « Césaire raconte Césaire », DVD, par Patrice Louis, LivresAntilles.com
* 2007 Aimé Césaire, Un nègre fondamental, (52mn), écrit par François Fèvre, réalisé par Laurent Chevallier et Laurent Hasse, Production : 2f Productions, France 5, RFO. Diffusé sur France 5 le vendredi 9 novembre 2007 à 20h40 et le dimanche 11 novembre 2007 à 9h45.

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