samedi 19 avril 2008

AIME CESAIRE DOIT REPOSER EN TERRE MARTINIQUAISE



Le colonialisme est ruse de l’histoire a écrit Aimé CESAIRE A peine ce grand homme nous a-t-il quitté que ce colonialisme qu’il a tant honni tente une ultime ruse pour le récupérer : Grands seigneurs les hommes politiques français de tous bords proposent de le mettre dans leur grand Panthéon à côté de leurs grands hommes, car disent-ils Césaire était ... un grand français.

Et ces gouvernants et autres hommes et femmes politiques français sont persuadés que le peuple martiniquais devrait être fier d’une telle proposition.

Quelle outrecuidance ! Quel intolérable mépris pour la mémoire de Césaire, et pour le peuple martiniquais !

Car comment pouvons nous envisager, sans trahir notre Aimé, de remettre aux français sa dépouille, lui qui a toujours refusé leur légion d’honneur, leur Académie, leur prix de littérature et autres distinctions ?

Pensent ils vraiment que nous sommes à ce point sans intelligence et sans dignité que nous accepterions de profaner la dépouille d’un homme qu’ils ont tenté de marginaliser parce qu’il réclamait simplement un peu de respect pour son peuple ?

N’oublions pas que c’est parce qu’il prônait l’autonomie pour la nation martiniquaise qu’Aimé Césaire a été, durant plusieurs décennies, marginalisé par les gouvernants français, dans son propre pays et comme il l’a dit lui même interdit de radio et de télévision, relégué dans une sorte de ghetto..

N’oublions pas non plus que ce qui a fait la force de cet homme, qui lui a permis de résister durant des années, et d’ouvrir la voie pour la libération des esprits, c’est son amour pour son peuple qui a fort heureusement été payé en retour.

Car par delà le grand écrivain, le grand poète, l’homme politique que tout un chacun se plaît à décrire, il y a tout simplement un homme à qui il faut rendre hommage : un homme profondément généreux, altruiste et aimant son prochain.

Quand dans le courant des années 1950 des femmes et des hommes fuyant les campagnes de Martinique, dans un état de misère extrême, victimes par l’exode rural conséquence des choix économiques désastreux des usiniers békés, sont descendus vers Foyal, ils ont rencontré un homme : Aimé Césaire qui s’est véritablement mis à leur service.

Son extrême générosité lui a valu l’amour inconditionnel de ces miséreux qui lui a donné la force pendant sa traversée du désert, de résister à l’arbitraire colonial des gouvernants français, et au mépris de la pseudo bourgeoisie mulâtre foyalaise.

Son exclusion des médias n’a pas empêché au peuple de foyal de le reconduire régulièrement à la tête de la municipalité de Fort de France où il a oeuvré pendant 50 ans.

Les foyalais, étaient démesurément fiers de ce nègre, de son intelligence de son immense culture tout autant que de son altruisme, sa générosité et son humanisme.

C’est à l’avènement du gouvernement socialiste que certains médias ont timidement invité Césaire à s’exprimer.

Mais Césaire n’a finalement eu droit de cité dans nos médias que parce que son génie littéraire devenait de plus en plus incontestable et incontournable dans le monde.

Cela lui a valu le ralliement d’une partie de cette pseudo bourgeoisie et le respect affiché des gouvernants français et ce, d’autant qu’après des années de lutte souvent solitaire, sa revendication politique d’autonomie s’était émoussée voire diluée dans un moratoire qui devait démoraliser certains de ses partisans mais qui n’entama pas l’amour inconditionnel que lui vouait son peuple.

A l’heure de sa mort comme il fallait s’y attendre ce sont ses adversaires d’autrefois à qui la parole est donnée pour parler de son génie littéraire, de son apport à l’identité martiniquaise, du caractère universel de sa pensée etc.... etc....

Voilà que certains petits pseudo bourgeois le revendiquent même comme père spirituel.

Et Voilà que ceux qui l’avaient mis autrefois dans un ghetto veulent le mettre dans leur grand mausolée : le panthéon français.

Écoutons la volonté de Césaire qui nous invite à Cesser d’être le jouet sombre au carnaval des autres.

Je demande, à tous ceux qui comme moi sont issus de ce peuple de foyal qui a bénéficié de la générosité et de l’altruisme de cet homme, mais aussi à tous ceux à qui Césaire a restitué leur fierté et leur dignité de nègre ne pas laisser le pouvoir colonial nous déposséder du Nègre fondamental, père de la nation martiniquaise.

Césaire ne saurait reposer près d’hommes qui, tels Voltaire et Victor Hugo entre autres se sont fait en leur temps les chantres du racisme anti noir et du colonialisme.

Après tant de souffrances, tant de sacrifices au service de son peuple, Aimé CESAIRE doit rester près des siens en terre martiniquaise afin que tous nous puissions lui rendre hommage.

Exigeons qu’un monument soit élevé en son honneur, afin qu’il repose en paix dans sa terre natale et que tout martiniquais puisse chaque 17 avril honorer sa mémoire.

Le 18 avril 2008
par Claudette DUHAMEL
Secrétaire générale du MODEMAS

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