samedi 26 avril 2008

Panthéon martiniquais

Il semble qu’on ne s’oriente pas du tout vers la mise au Panthéon de la dépouille d’Aimé Césaire, ainsi que le recommandait Ségolène Royal. Les Martiniquais l’aiment trop : ils veulent le garder près d’eux. Au reste, d’ordinaire, on ne va au Panthéon qu’assez longtemps après sa mort.

Et puis en principe la République française est réputée pour être centralisée, mais elle ne l’est pas absolument : Chateaubriand appartient lui aussi au panthéon des grands auteurs, mais il repose à Saint-Malo, en Bretagne, dans sa terre natale. La Bretagne a donc aussi son petit panthéon propre. La Martinique a le droit d’en avoir un. Césaire peut tout à fait reposer à La Martinique après ses obsèques nationales !

D’ailleurs, il faut rappeler qu’en tant que député de la République, il s’est surtout efforcé de demander un département, pour sa chère île des Antilles, qui l’avait vu naître. Or, il l’a obtenu, et tant qu’il fut vivant, et même pour ses successeurs, cela signifie bien, pour ce département, une certaine autonomie : le fondateur de la patrie martiniquaise, c’est lui, et la relation avec Paris était fraternelle plus que hiérarchique.

Son esprit et son cœur peuvent à bon droit rayonner principalement sur sa belle île. Au reste, cela n’empêche pas les flots de pouvoir en amener l’éclat jusqu’aux rivages de la métropole...

Notons tout de même que ce département lui a été accordé, me semble-t-il, par Mitterrand et son gouvernement socialiste, de telle sorte que Mme Royal avait le droit de demander sa mise au Panthéon. Césaire était devenu réformiste : il n’a pas eu besoin de révolution pour imposer ce qu’il demandait ; cela s’est fait légalement, en collaboration avec l’Etat. Il est donc faux que Mme Royal ait pensé récupérer quoi que ce soit, comme cela a été dit. Aimé Césaire avait abandonné depuis longtemps la voie parallèle : son sentier lumineux passait en terrain ouvert, public. C’était un grand démocrate.

Je voudrais cependant dire que moi-même, je proposerais volontiers, pour Joseph Dessaix, l’auteur de l’hymne des Allobroges, ou de la Liberté (dont j’ai déjà parlé), une panthéonisation locale, à Chambéry। Je sais bien qu’en métropole, on est plus centralisé que vis à vis de l’Outre-Mer, mais enfin, si Joseph Dessaix ne peut pas, par exemple, être au Panthéon à Paris parce qu’il fut surtout sujet du roi de Sardaigne, rien n’empêche de créer à Chambéry un panthéon spécial, sous couvert de la République, comme fut créé le département de La Martinique. La vérité est que je suis plutôt favorable à une décentralisation, sur le plan culturel. Il est normal que chaque région ait ses propres divinités, ses propres grands hommes, n’est-ce pas. L’Eglise catholique elle-même a toujours (bon gré, mal gré) accepté le sacre des saints locaux !

Remi Mogenet



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