Il s’appelle Rafael Hernandez et il est né en 1892 à Porto-Rico.
D’une famille très modeste, ses parents travaillant dans une fabrique de cigares, il a manifesté très tôt comme son frère Jesus, sa passion pour la musique et les parents se sont saignés pour leur permettre de faire des études de musique à San Juan. Rafael apprit alors à jouer de plusieurs instruments, clarinette, tuba, violon, piano, et guitare, et il donnera son premier concert à l’âge de 14, ans avec l’orchestre municipal de San Juan…
En 1917, alors qu’il joue dans un orchestre de Caroline du nord, les Etats-Unis rentrent en guerre. C’est alors que le chef d’une célèbre troupe de Jazz, James Reese Europe, engagé par l’armée pour promouvoir la culture américaine, et qui fera découvrir le Jazz en Europe, va engager Rafael et son frère ainsi que 16 autres Portoricains musiciens de talent, dans la nombreuse troupe qui part pour l’Europe avec l’armée américaine…
Bien-sûr, il s’agit de musiciens, mais d’abord et avant tout, de soldats. Or, à cette époque, la ségrégation est de rigueur aux Etats-Unis et donc dans l’armée américaine, et le général Pershing, chef de cette armée, pour ne pas devoir faire face à des problèmes raciaux, ne veut absolument pas voir les noirs et les blancs mêlés dans la promiscuité des tranchées Il ne réserve donc les soldats noirs que dans des fonctions accessoires.
Cependant, le général Foch devenant le “généralissime”, c'est-à-dire le général en chef de toutes les armées alliées, exigera que ces soldats combattent comme les autres, mais pour ne pas mettre ses alliés américains dans la difficulté, il sera décidé que ces soldats noirs américains seront intégrés dans des unités de l’armée françaises, et combattrons avec les Africains et les Antillais, sous uniforme, sous le drapeau, et sous commandement français…
Certains d’entre eux dont Rafael, combattrons dans le régiment qui fera merveille et que l’histoire retiendra selon un nom que lui auront donné les Allemands, en constatant leur exceptionnelle combativité, les “Harlem hell fighters”. Rafael qui aura été blessé, recevra la “croix de guerre” des mains du président de la république française.
Leur retour à New-York sera triomphal et c’est là que Rafael va commencer à écrire des chansons qu’il interprétera dans un groupe qu’il aura formé et qu’il gagnera en succès.
Mais, c’est avec son installation à Mexico en 1932, qu’il va pouvoir prendre toute sa dimension, en commençant à enrichir sa connaissance musicale au conservatoire de cette ville, et en devenant chef d’orchestre, tout en continuant à composer. Dès lors les succès vont s’enchainer et ses airs qui deviendront très populaires, seront interprétés par de nombreux artistes dans le monde entier…
Il se trouve alors que certains de ses airs, afin de servir de musique de film, vont être arrangés pour pouvoir être joués par des orchestres symphoniques ou harmoniques…
Je vous propose donc de découvrir le génie de Rafael Hernandez, par une des interprétations les plus "décoiffantes" d’un de ses airs les plus célèbres, “ El Cumbanchero”, par un orchestre de Singapour…
Richard Pulvar
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire