Auteur d'un ouvrage sur le carnaval il y a une dizaine d'années, Aline Belfort a travaillé plus récemment sur l'origine du touloulou, histoire de couper court à la polémique qui en ferait une création martiniquaise.
Guyanaise installée en Martinique, Aline Belfort s'intéresse de près au carnaval. Il y a une dizaine d'années, elle publiait, chez Ibis Rouge, « Le bal paré-masqué un aspect du carnaval de la Guyane française » .
Pas dans l'optique de sortir un ouvrage. « C'est simplement pour apaiser la polémique qu'il y a entre la Martinique et la Guyane sur l'appropriation et la territorialisation du touloulou et du bal paré-masqué » explique-t-elle.
Aline Belfort fait allusion à une discussion qui revient souvent : pour certains, le touloulou vient de la Martinique, et plus précisément de Saint-Pierre.
Pour d'autres, le touloulou est bel et bien un pur produit guyanais. Alors qui dit vrai ? S'appuyant sur une recherche documentée, Aline Belfort est catégorique : le touloulou a pris naissance en Guyane. La confusion vient peut-être du fait qu'à ses belles heures - avant l'éruption de la Montagne Pelée en 1902 - la ville de Saint-Pierre, en Martinique, était réputée pour son carnaval. « Il était réputé pour être le plus beau de la Caraïbe, avec celui de Trinidad » , assure l'auteur.
L'INTRODUCTION DU TOULOULOU EN MARTINIQUE DATE DE 1973
Pour Aline Belfort, il faut, d'abord, replacer le mot touloulou dans son contexte. « Le terme vient du mot « tourloulou » qui, à l'origine, désignait un fantassin, un soldat, explique-t-elle. En Guyane, il désigne une personne masquée, mais en Martinique, il désigne un petit crabe rouge. Dans les premiers écrits sur le carnaval en Martinique qui datent de 1881, on parle de bal et on utilise le mot « masqué » . Avant 1848 et l'abolition de l'esclavage, il existait en Martinique un bal Nègre, où les esclaves se déguisaient avec de grandes robes. »
Aujourd'hui, les touloulou existent bel et bien en Martinique. Au fil de ses recherches, Aline Belfort a pu déterminer le moment où le personnage typique du carnaval de Guyane a été introduit dans l'île. « Nous devons l'introduction du bal paré-masqué en Martinique à un couple, Albert et Ghislaine Glaudon suite à leur participation au carnaval de Guyane en 1973. Ils ont refait des bals chez eux. Ce qui était une manifestation privée a été ouverte au public, notamment dans une boîte de nuit réputée, le Tam-Tam. »
Si le carnaval de Guyane s'est ainsi exporté vers la Martinique, Aline Belfort tient à rappeler que certaines chansons du carnaval de Guyane tiennent leur origine du carnaval de Saint-Pierre. Et là, sans surprise, les échanges se sont faits à partir de 1902, date à laquelle des Pierrotins se sont installés en Guyane, fondant Montjoly.
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