lundi 25 octobre 2010

Le Rythme des vagues

...et je viens sur terre poser ma petite pierre
devant l’air l’eau et les arbres centenaires
devant les animaux les microbes et les astres

devant Dieu et ses prophètes le feu et nos bombes
d’atomes la corde de discorde humaine
enfin dénouée devant les colombes pacifiques
en ces soirs de dialogues devant de hâtives
et très sincères repentances ( …)

et je viens aujourd’hui devant vous
vous dire que seules les psaumes à l’africaine
s’enseveliront dedans les âmes ardentes
et qui vogueront sans contrôle et sans frontière
devant toutes les civilisations

comme tous ces remords qu’on extrapole exprès
devant les rires de ces fous sans visage
qui imitent ce fou-rire unique
que vous fait ici seul l’Anormasseur

et je viens devant vous avec ce gris-gris
des muses convoquer le réel
je viens avec ce masque et ces amulettes
nègres exiger le respect d’un nombre de génies

devant le repos de l’âme de tout un peuple
serviteurs fidèles morts à la guerre
entre deux bruits d’obus le nom de famille
à la gorge aux combats

devant cette lune pleine avec un blanc de lait doux
comme celui que mon ciel dessinera toujours
sombre tout autour de ces alentours

mélange-métis qui enivre le poète
qui ne veut plus écrire à coté lorsqu’il regarde
juste à coté les photos de grand-père

mélange de vies et de vérités verticales
qui enivrent le poète qui s’enrichit de l’autre
lorsqu’il regarde juste à coté

entre lune et ciel le tracer divin
comme sur le miroir d’une éternelle perfection
oh mon gris de minuit !!!

je suis jeune
donc j’arrive

et je suis enfin arrivé un Jeudi matin
devant vous lecteurs passionnés
quand Jeudi seul au milieu ressuscite
la complexité de la semaine qui s’écoule
devant le moi qui s’écrie mi-abyme mi-néant

devant le sens d’un mot la valeur d’une vie
et toute cette cosmogonie d’un verbe autre
qui sera pour beaucoup d’autres mal compris

mais quand je dis j’arrive je pense j'écris
et ce jour médian m'est plus que glorieux
et ce n’est pas un jeu de médium c’est Jeudi

quand je dis j’écris Jeudi vraiment j’écris
sous ces cieux nuageux où lune et soleil
s’embrassent et s’embrasent l’un à coté de l’autre
quand je décris l’éclipse

et ce jour sublime parmi d’autres blêmes
du presque écrit me prescrit toujours
goutte après goutte jour après jour
cette potion plus que fébrifuge que secrète
discrètement le gland féerique
de l’utopie poétique dans l’imaginaire

mais quand un vrai poète Anormasseur
dit « je » à Jeudi Vendredi s’enfuit toujours
comme un visage oblong en rêve

devant l’élan sempiternel de ses doigts
fatigués le coeur et les nerfs fatigués aussi
devant les anagrammes sonores

avec la complicité de toutes ses nausées
mobilisées devant la blancheur noircie
de la feuille blanche à l’encre de Chine

à la recherche sans fin de la Paix des peuples
dans le monde comme à la rencontre
sans trêve d’un ultime
point final

Sarrouss



Extrait du "Rythme des vagues"
(Prix Unesco de Poesie 2009 
"Ponts de Struga")

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