mardi 22 février 2011

Matin


24

Amour, amour, à la tour du ciel les nuages
montèrent telles de triomphantes lavandières,
et tout brûla en bleu azur, tout fut étoile :
la mer, la nef, le jour s'exilèrent ensemble.

Viens voir les cerisiers dans leur eau constellée 
viens voir la ronde clef de l'univers rapide,
viens  toucher le feu de l'azur instantané,
viens avant que ses pétales soient consumés.

Il n'est ici que lumière, quantités, grappes,
il n'est qu'espace ouvert par les vertus du vent
jusqu'à livrer les derniers secrets de l'écume.

Et parmi tant de bleus célestes, submergés,
nos yeux se sont perdus, ils devinent à peine
les puissances de l'air et les clefs de la mer.

Pablo Néruda
La Centaine d'amour

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