Exposera
ses dernières créations au
PAVILLON
DE LA VILLE
A
POINTE-A-PITRE
L'exposition
intitulée :
"Atypique
: pétage de plombs".
aura
lieu du 14 au 22 mai 2012.
Une
quarantaine d'œuvres inédites sont à y découvrir.
Vernissage
le mardi 15 mai à partir de 18 heures,
en
présence de l'artiste et de ses invités.
*****
Le mot de la commissaire
d’exposition, Nathalie Hainaut
: Commissaire
d'exposition, critique d'art, membre du CEREAP, Centre d'Etudes et
de Recherches en Esthétique et Arts Plastiques.
Membre
d'Art Public, Association pour l'acquisition et la diffusion d'œuvres
d'art contemporain.
«
La vérité de la vie est dans l'impulsivité de la matière.
L'esprit
de l'homme est malade au milieu des concepts ».
Antonin
Artaud, extrait de Le bilboquet.
« Atypique
: pétage de plombs. »
C'est
bien le titre de l'exposition détonante qui s'annonce pour la
plasticienne Nikki Elisé, au Pavillon de la Ville,à Pointe à
Pitre, pour une durée de huit jours.
Huit,
comme le nombre sacré au Japon et celui du génie et de l'ancêtre
chez les Dogons. L'occasion pour le public guadeloupéen de découvrir
une quarantaine de toiles et installations de cette artiste qui
assume entièrement le thème choisi.
Son
expression plastique originale relate, retranscrit avec réalisme
nombre de faits réels, vécus, imaginés, transmis, historiques ou
contemporains qui émaillent la vie de ses îles et du monde.
Il
suffit parfois d'un rien pour que tout bascule. Le pétage de plombs
est devenu l'expression individuelle ou collective d'une crise qui
touche aujourd'hui tous les domaines: l'économie, le social,
l'emploi, le climat, les énergies, l'écologie, la politique, la
démocratie, les relations humaines, la confiance de l'homme dans le
monde présent et à venir.
Il
est pertinent que la culture, et donc l'art contemporain, aborde
cette problématique du chaos qui envahit notre quotidien. La
plasticienne Nikki Elisé a choisi d'explorer ce phénomène de
société, à l'intérieur même sa pratique artistique, avec cette
exposition intitulée «Atypique :Pétage de plombs»
Les
créations présentes dans cette «dé-monstration » articulée
autour d'un concept pensé par l'artiste interrogent et s'interrogent
sur la disjonction, ce moment décrété de « folie » où le
rapport de soi au monde se brise, explose ou implose.
Texte critique
de Mme Nathalie HAINAUT, critique d’art, commissaire d’exposition :
De
profundis Karukéra
«
C'est par l'Art et par l'Art seul, que nous pouvons réaliser notre
perfection ; par l'Art, et par l'Art seul que nous pouvons nous
défendre des périls sordides de l'existence réelle ».
Oscar Wilde
Arrimée
à son pinceau et à sa ficelle fétiche, Nikki Elisé s'est plongée
dans la création d'une quarantaine d'œuvres pour cette exposition
attendue et originale, dont le titre peut faire "buzzer" la
toile, le public et le PAG
(1) :
"Atypique
: Pétage de plombs".
Lors
de nos entretiens à son atelier, NEP, Nikki Elisé Plasticienne, n'a
eu de cesse de m'emmener sur les pistes de ce qui a motivé son choix
de peindre, de lâcher cette série de toiles et installations, au
titre explosif. C'est une manière de "briser mes tabous",
c'est un règlement de compte avec "moi-même" dira-t-elle
, avec les idées reçues, avec les démences et les démons de notre
société "Post", post-esclavagiste, post-coloniale, post
it ,ultramarine et ali.
Cette
peinture particulière retranscrit une expérience karmique, ceci
n'est pas trop surprenant chez cette plasticienne qui pratique
également la performance, se "transforme" au gré des
évènements et lors de ses apparitions en public. En suivant de près
le travail de Nikki, j'ai vu apparaître les dialogues entre
l'individuel et le collectif, entre l'intime et le public ; sa
peinture l'emporte, la charrie pour traiter de tout cela, sans peur,
sans freins, ni blocages, ni aucune retenue puisqu'il s'agit bien
d'un état de crise, d'un pétage de plombs dont il va être
question.
Nous
sommes loin du cabinet de curiosités, mais dans une réalité peinte
par une artiste qui a décidé de bousculer les esprits. La peinture
est ici le reflet de la mise en lumière sur les troubles qui hantent
nos sociétés. En perçant certains secrets et certaines vérités
sur les désordres mentaux, la plasticienne a capté une énergie
particulière qui lui permet d'aborder une histoire confisquée,
encore sous X au jour d'aujourd'hui : celle de son pays et d'autres
peuples aussi.
Il
n'y a pas de hasard dans la vie et encore moins dans le cas de cette
exposition : initialement prévue dans deux autres lieux, elle se
concrétise, se matérialise enfin au Pavillon de la Ville de
Pointe-à-Pitre, dans un ancien presbytère au cœur de la vie
liturgique de l'église voisine, Saint-Pierre et Saint-Paul. La
chronique de cette folie peu ordinaire, exposée sous la bannière du
pétage de plombs, va d'emblée être abordée, voire fixée par la
peinture dans une série de cinq croix en bois toilé fort
surprenantes.
Point
de blasphème ici, juste une façon de faire un point sur le rapport
à la foi, ainsi qu'un clin d'œil au serment enfantin qui dit:
"Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer !"
L'art ne ment pas et qu'il s'agisse de "In Nomine Mater",
une des cinq croix avec le corps absent suggéré par son enveloppe
de grillage, ou de "Croix Schizophrénie", avec ses clous
et le grillage écrasé qui donne cet aspect de peau de serpent, la
réalité peut être dans le basculement. Il y une croix pour les
discordances, une pour la résilience avec la ficelle libérée et
une dernière, "Mikado" avec les quatorze baguettes rayées
qui marquent la disparition de la ficelle, du lien mais aussi d'une
certaine forme d'attache et l'évocation du jeu d'adresse.
Pour
ceux qui suivent l'artiste sur son blog intitulé, non sans malice,
"émotions aliénantes", Nikki Elisé, retrace certaines
des étapes de son travail, ainsi que sur ce qui inquiète et ce qui
rassure sur l'avenir en général, celui de son pays en particulier.
Tout
est abordé dans cette exposition, y compris la politique avec
quelques toiles à méditer sérieusement en ces temps bousculés.
Jeu de forces et de travail plastique, les créations de NEP
produisent des images où il est avant tout question de la liberté
de l'homme, stricto sensu. Allusions au Code Noir, à Solitude, à
67 année politique et sanglante pour la Guadeloupe, Nikki réagit
et peint, crée ce qu'elle pense de tout ce qui fait son
environnement social, politique et culturel. Afin de protéger son
identité de femme et de plasticienne, elle se libère de ce qui pèse
des " Bad days" ou mauvais jours, en passant par une toile
franchement d'actualité, coup de griffe à «l'amnésique Sylvie
H.»( note ou pas ?) et la justice coloniale et intitulée
« Négrostigmatose », bien étrange maladie
contemporaine.
Contemporain,
voilà bien un mot qui éveille l'intérêt et la critique. Certains
lui donnent son sens propre, à savoir ce qui est d'aujourd'hui, dans
son temps, ici et maintenant, d'autres lui octroient un caractère
normatif, avec ses légions de diktats occidentaux surtout, quand il
s'agit d'art contemporain. Nous y voici. Car il s'agit avant tout de
créer, peu importe le modèle dominant et dans cette posture Nikki
Elisé s'offre une digression bien dans son époque, avec la toile
intitulée " IFCA " autrement dit "I Fuck
Contemporary Art".
En
captant autour d'elle tout ce qui circule et la touche, la
plasticienne traduit et colorise une réflexion affutée sur la vie.
Le tracé du corps, son absence parfois, les techniques mixtes et
autres apports de l'artiste à son art vont de pair avec une
nécessité, celle de dire. Dire la Caraïbe, cet espace à la fois
de dialogue et d'anthropophagie qui doit continuer à émerger et à
affirmer son identité culturelle, plasticienne et visuelle.
Il
y beaucoup à voir, à observer de près dans les œuvres de Nikki
Elisé. A recevoir aussi, car malgré le sérieux des thèmes abordés
dans ce déballage de crise que constitue "Atypique: pétage de
plombs", nous avons à faire à une "dé-monstration"
généreuse et pleine d'humour.
Même
en ayant bu le calice, en l'occurrence ici le "kwi"
jusqu'à la lie, point de goût amer dans la bouche, car ce qu'il
faut retenir ici, c'est avant tout une rencontre avec un discours
plastique intéressant. Il laisse à chacun le loisir de faire son
propre tour d'horizon, à l'intérieur comme à l'extérieur de sa
propre histoire, de faire circuler les idées. L'artiste propose
ainsi à l'autre de faire sa quête, tout en lui insufflant aussi que
la
sève est toujours dans l'arbre
et que malgré les tribulations, comme il est dit ici-bas, nous
sommes plus que jamais des "Moun vertikal", des femmes et
des hommes debout, des innovants. Les cartes sont entre nos mains,
les peintures et installations de Nikki font d'ailleurs songer à un
jeu de tarot ancien et en même temps terriblement moderne et
expressionniste, l'artiste y tient. Le fin mot de cette aventure
artistique se trouve peut être dans une toile au titre évocateur,
"Kat an nou poko joué"( traduction ?) ou pour qui sait
lire l'avenir dans les cartes comme dans les tableaux.
Plus
l'exposition approche, plus l'ensemble des œuvres se relient,
tissent un vocabulaire pictural neuf et forment un tout atypique mais
efficace. La création plasticienne a de belles heures devant elle,
reste à penser une esthétique qui soit en accord avec nous et dans
nos réalités vécues. C'est pour ma part ce que j'ai trouvé de
passionnant en suivant cette femme artiste dans une histoire
éclatante où, " le « senti», l'effet qui charme ou
prompt à corriger la crudité du réel" (2)
fait acte de présence et de vie à chaque instant, dans chaque toile
peinte et parfois repeinte.
Nathalie
Hainaut,
Critique
d'art, commissaire d'exposition, Mai 2012.
Notes:
PAG: Paysage Artistique
Guadeloupéen.
Paul Ardenne, Art, le
présent. La création plasticienne au tournant du XXI ème siècle.
Editions du Regard, 2009, p, 221.
Biographie
Expositions et
Manifestations artistiques
Mars
2012 : Exposition collective de plasticiens et peintres sur le
thème de la femme sur le spectacle Fanm Chatènn, troupe KOKLAYA de
Raymonde Torin . Ville des Abymes Guadeloupe
Juin
2011 : Patrimoine Ô Patrimoine, Happening et exposition
collective, Ville du Lamentin, Guadeloupe.
Juin
2011 ( 3, 4, 5) : Pool Art Fair , Deuxième édition de la foire
d’Art contemporain de Guadeloupe, Galerie T&T, Thierry Alet
(Basse Terre) Exposition ( Stand ) + Exposition collective Code Noir
au Centre Manioukani , Ville de Bouillante, Guadeloupe.
Mai
2011 (27) : Limyè Ba Yo, Commémoration de l'Abolition de
l’esclavage, Happening Ville de Pointe à Pitre, Guadeloupe.
Conseil Régional de Guadeloupe et Association CM98.
Mai
2011 (21) : Mai des Aïeux, Commémoration Abolition de
l’esclavage, Happening, Association Lanmou ba yo, Habitation Néron,
Ville du Moule, Guadeloupe.
Avril
2011 (16) : Exposition « Chiffon’ades » en
partenariat avec Denis Devaed Styliste lors du défilé de
présentation de sa collection 2011, Baie Mahault, Guadeloupe.
Mars
2011 Couverture du recueil de poèmes de Max JEANNE : «
BORLETTE » Œuvre Phoenix haïtien.
Mars
2011(8) : Exposition Journée internationale de la Femme, Casa
del Arte, Ville de Sainte Anne, Guadeloupe .
Décembre
2010 : Bel Mwa Désanm, Eskal Art , Ville de Sainte Rose,
Guadeloupe « Mer et chimères ».
Novembre
2010 : Route du Rhum, Ville de Pointe à Pitre, Exposition Stand
et Happening sur le village de la Route du Rhum.
Novembre
2010 à Février 2011 : Carte Blanche aux Artistes, AN I ,
Conseil Général de Guadeloupe, Musée Schoelcher à Pointe à
Pitre, Exposition collective 4 artistes, édition d'un catalogue.
Octobre
2010 : Route du Rhum, Exposition CCI de La Guadeloupe, Aéroport
international Pôles Caraïbes, Les Abymes, Guadeloupe.
Septembre
2010 : Prix Rovelas Exposition des adultes (Prix Rovelas :
Concours artistique pour enfants ) Galerie T&T, Thierry Alet ,
Ville de Basse Terre, Guadeloupe .
Juillet
2010 : Exposition -Happening Stage de Léwôz « Chanté,
dansé, é konnyé Gwo Ka » de Jacky Jalème, Site de
Beauport , Pays de la Canne , Ville de Port Louis, Guadeloupe.
Juin
2010 : Pool Art Fair , Première édition Foire d’Art
contemporain de Guadeloupe , Galerie T&T , Thierry Alet, Basse
Terre, Exposition avec le collectif d’artistes « Awtis 4
Chimen » squatt du Musée L’Herminier à Pointe à Pitre,
Guadeloupe.
Mai
2010 : Mai des Aïeux, Happening, Commémoration de l’esclavage,
Association Lanmou Ba yo, Habitation Néron, Ville du Moule,
Guadeloupe .
Avril
2010 : « Solidarts »Exposition collective, Galerie
Pôles d’Art , Ville du Gosier ,Guadeloupe.
Février
2010 : « Un arc en ciel pour Haïti » Maison du
Patrimoine Basse
Terre, Happening et vente aux enchères
caritative, BTS Communication Lycée Gerville Réache, Basse
Terre, Guadeloupe.
Janvier
2010 : « Victoire des Arts » pour Haïti ,
Happening collectif co- organisé avec le plasticien Richard Viktor
Sainsily Cayol (Action caritative post séisme en Haïti ), Ville de
Pointe à Pitre, Guadeloupe.
Janvier
2010: Happening avec DJ Ganesh (Electro- techno) alias Ivan Libert,
Installation “Elektro Dolls”, Marina Ville du Gosier, Guadeloupe.
Octobre
à Novembre 2009 : « Métamorphoses des Mofwazés ».
Exposition personnelle avec le peintre Gilles Girard, Fort Fleur
d’Epée, Le Gosier , Guadeloupe.
Octobre
2009 à Novembre 2009 : « Cheminements » Exposition
et performance lors du finissage, Collectif d’artistes Awtis 4
Chimen Squatt du Musée l’Herminier (membre fondateur), Ville de
Pointe à Pitre, Guadeloupe.
Août
2009 : « Croisée des Artistes » Exposition
collective, Ville du Gosier, Guadeloupe.
Janvier
et Février 2009 : 2 Happenings improvisés, mouvement social
du LKP, Pointe à Pitre, Guadeloupe.
Novembre
2008 : « Festival des Sens du Marin, 6 ème
édition » avec le plasticien Habdaphaï et l'association
Chouval Bwa Kiltirel, Happening ,Ville du Marin, Martinique .
Juillet
2008 : « Liyannaj d’artistes guadeloupéens »
Galerie Imaginart, Christian Roland, Ville de Sainte Rose,
Guadeloupe.
Mai
2008 : « Le Rex invite les artistes, 1 ère édition »
Cinéma Rex, Ville de Pointe à Pitre, Guadeloupe.
1994
-1995 : Ecole d’Art du Lamentin, Guadeloupe, dirigée par
Michel Rovelas, atelier du peintre Lucien Léogane, formation
personnelle en Arts plastiques et Histoire de l’Art Université de
Paris I via le CNED .
démarche artistique de
Nikki Elisé
n
tant que plasticienne, elle travaille surtout l’acrylique sur toile
en y
associant des fibres et des collages divers. Les collages, et la
ficelle encollée qui traverse toutes ses toiles, induisent et
soutiennent son expression picturale.
D’un
point de vue esthétique et sociétal, son île, la Guadeloupe, par
son histoire et sa culture, sa façon « d’Etre au Monde, »
stimule et enrichit ses créations. L’artiste s’intéresse au
corps au sens le plus large du terme. Corps physique ou corps
sociétal, elle analyse les interactions entre l’individu et sa
société et retranscrit dans ses œuvres comment l’Homme peut
présenter physiquement des troubles ou des comportements atypiques
en relation ou en réaction à un climat social donné.
Une
expression qu’on trouvera souvent associé à sa peinture ou à ses
œuvres est celle de Mofwazé.
Le « Mofwazé » mythologique
(terme créole désignant un humain qui se transforme en bête) n’est
jamais loin de nos métamorphoses sociales actuelles. Nous nous
« mofwasons », nous transformons, en permanence sous
l’influence du temps, d’émotions positives ou négatives, de
maladies physiques ou mentales.
La
plasticienne a d’abord évoqué par ses créations tout ce qui
comme l’épiderme est dans le visible, l’apparence, souvent
le Paraître. Cela a donné des œuvres avec beaucoup de textures, du
doré, d’étranges chéloïdes comme autant de cicatrices. Sa
peinture actuelle se veut plus inquisitrice sur nos ressorts sociaux,
pénétrant le derme tel un scalpel. Maintenant apparaissent sur ses
toiles, des écorchés vifs, tels ceux de sa série Code Noir, avec
des entailles nettes comme autant de blessures parfois
sanguinolentes.
Un
autre terme propre à l’Art de Nikki Elisé est celui de
« MOFWAZAJ » : un souci permanent d’explorer
toutes les apparences possibles, tous les « looks » imaginaires ou
codifiés, connotés socialement à chaque apparition publique ou
lors de ses shows artistiques. Pour cela, elle fait appel à des
maquilleurs, des coiffeurs, ou invente elle-même ses perruques et
autres coiffures. L’artiste se met elle-même en scène,
multipliant les auto -portraits instantanés. Elle est d’ailleurs
l’une des rares artistes visuelles caribéennes à présenter
cette démarche, à propos de la mise en scène de sa propre image
qui nous renvoie à nos propres interrogations sur l’image au sens
d’apparence, celle qu’on reçoit comme celle que l’on offre.
C’est dans ce jeu des regards qu’elle inscrit sa démarche
artistique liée aux performances.
Nikki
Elisé : artiste plasticienne, membre de L’Artocarpe
,association d’Art contemporain Guadeloupe