mercredi 24 avril 2013

Dédié à Patricia Braflan-Troblo : Violente identification et Créolité



En lisant cet article en suédois écrit en anglais par la Sud-Africaine Marlène Van Nieker, choisi par mon mari, j´ai pensé à l´érudite Patricia Braflan-Troblo qui a fait des femmes battues et tuées sa cause. Ce que je fis à mon arrivée en Suède. Je l´ai traduit librement pour le partager car cela ne se passe pas seulement en Afrique du Sud, sinon ouvertement mais subtilement partout dans le monde.

Je ne suis pas éduquée à prendre  de la distance avec ces informations de souffrance dans le monde qu´elles soient politiques ou civiles. Je suis donc toujours outrée car étant passée par là sur mon île la Guadeloupe, je reconnais encore m´identifiée aux femmes et aux enfants violées, battues, rossées, maltraitées... dans l´atmosphère de croix-sur-bouche. Une violente identification qui pendant longtemps a nourri ma rage de Négresse Solitude au levé-faché, me ravissant le bonheur d´être une enfant, une jeune fille, une soeur, une mère... puisque mon seul fils a épousé mes traumas. 

Une identification que je travaille à m'effacer au risque d´être dépouillée de toute qualité d´identité. Un risque qui semble ma seule et heureuse issue car elle me mine, me consume et m´érode encore, cherchant à m´affaiblir, me démolir, me désintégrer sous le mantra créole de "Padon paka gyéri bòs". 

Voilà quarante ans que je faiblis chaque jour messieurs et dames dans l´obscurité nordique choisi afin de percevoir et m´illuminer de la lueur sacrée de l´Amour lors de mon assise-par-terre à dessein de me relever en Fanm tonbé. D´où mon refuge dans la pensée positive, la spiritualité qui n´est pas religion, le rire malgré tout et la propagation de l´Histoire Créole inculquée par le pionnier de l´éducation en créole qu´était Gérard Lauriette, ce grand monsieur qui ne cherchait pas à nous transformer en savants mais à nous conscientiser. De cette conscience qui est la faculté de la connaissance de soi. Elle commençait donc par l´Histoire Créole où s´inclut aujourd´hui le mouvement de la Créolité, mot inventé par Hector Poullet. Créolité qui sans être experte, j´estime être la quintessence de mon île O soleil paradis entre ciel et terre que je sème comme je peux et qui m´aide à kyenbé rèd, mais... parfois me taxe d´être "doudouïste", un état banni et considéré nostalgique d´exilée ... Néanmoins mon refuge afin de comprendre, rêver, créer, réaliser, pardonner, aimer... tout simplement être : c´est-à-dire me sentir présente au présent. Ce que je suis seulement lorsque je ne pense pas. Oui, c´est la mort quotidienne qui me tient en éveil. Ansinèl levé ! Mété limyè !

Maxette Olsson


Et voilà l´histoire !

"Chaque jour, on trouve des cadavres de femmes violées dans les fossés, sous les lits, sur le toit, sous des piles de feuilles dans les arbustes et les terrils ou jetés dans les lacs et les rivières, dan les latrines et dans les sources; enfermés dans des  coffres de voitures ou cachés quelque part où les auteurs espèrent qu´ils vont être oubliés. Les femmes de la campagne sur des petites parcelles et les fermes isolées sont attaquées par des groupes d'hommes qui violent, tuent et pillent.

 C'est un pays en guerre avec lui-même. 

Les statistiques ne mentent pas. Elles ont ont rapporté 65.000 viols par an. Les experts disent que vous pouvez multiplier ce nombre par 36, et en partie parce que la plupart des viols ne sont jamais déclarés soit, en partie parce que beaucoup de femmes concernées retirent leur plainte. On estime qu'une femme est violée toutes les deux secondes. 

Dans une enquête récente menée par le Medical Research Council a reconnu un homme sur quatre qu'il avait violé quelqu'un, et la moitié d'entre eux à leur tour l´ont fait plus d'une fois. La plupart des viols ont été faits par des hommes entre 19 et 25. La plupart ne voient rien de mal à cela et beaucoup pensent que les femmes réellement en jouissent ou « le demandent". 
Des sociologues, des psychologues et des politologues tentent de trouver les causes de ce qu'on appelle aujourd'hui une véritable pandémie de viol en Afrique du Sud. Les explications soulignent tout un enchevêtrement de causes, un mélange toxique de frustration due au chômage, le sentiment d'infériorité, le manque de socialisation dans l'enfance, le manque de liens sociaux entre les communautés pauvres, le manque de parent à cause de l'extrême pauvreté, l'absence de pères et de modèles masculins, un sentiment de désespoir en raison de l'immobilité sociale, un effondrement total de l'autorité et de la police, l'échec du système judiciaire, le manque d'éducation ou de formation, le respect de soi, la capacité à contrôler l'excitation et le manque de sentiment d'empathie pour ceux qui sont sans défense. 
Ajoutez la culture machisme généralisée, renforcée par les attitudes machistes traditionnelles envers les femmes et il est juste de se demander où tout cela finira."

Marlene Van Nieker

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