jeudi 28 mai 2020

Voix d'eau


Émergeant de la lecture de la revue Kaizen... je partage la fraîcheur du "grain" de ce petit matin, celui qui sang-ploie à se laver les plaies en abreuvant la terre des larmes indispensables à l"évolution collective...

Chacun y va de sa façon de percer le tuyau qui fera sourdre sa voix d'eau. En somme, il s'agit d'opter entre :
- laisser l'eau s'évanouir entre les doigts sans maudire
- risquer l'éclaboussement en conservant la ressource pour soi
- la faire jaillir en transparence pour le plus grand confort de tous, hors de portée des eaux usées.

Muse des débordements ; souffleurs d'orage, de désespoir, prières détresses ennemies...
Frères et sœurs que fleurir de tout ça ?

Cette absence de pluie découle t-elle de toutes ces soifs de plus, se déclinant sous ses variantes, silencieuses ou déboussolantes

Cette absence de pluie s'échine à en découdre à tout prix bondissant hors de vous pour le moindre prétexte ! Peu importe qu'elle vous saoule dès l'instant où la brume emporte le sable et sa soif de désert et révèle le captage d'un ciel !

Peine d'eaux perdues, éperdues !
Le robinet refuse de couler, dégoûté....
Les instances nagent dans l'impuissance
Le curé n'en a cure
Tout cela est parfait mon préfet
Mais que font les pompiers ?
.
Mais enfin c'est de nous, de nos soifs qu'il s'agit.... D' en rougir ou rugir !
En surface ou souterraine la soif se faufile joue l'angélisme en souveraine.

Tout cela commence et finit par la quête absolue de confortables fauteuils à l'ombre.
Feuillets extra-lucides, voyants ou mal voyants vous ne faites que passer !

L'eau coulera sous les ponts après vous non pas le déluge, le filet maigre d'un sanglot de chagrin.

Qui vivra verra de Joséphine, de Schoelcher, vrais/faux-frères consoeur, cibles coupables ou non coupables, jouets de l'histoire... Marionnettes dérisoires...

Qu'est-ce que l'histoire voudra bien retenir du geste militant des jeunes activistes ?
L' élan de l'eau qui jusqu'ici était assoupie, soudainement sortie de sa passivité, s'évadant de la tuyauterie d'une courroie de distribution défectueuse, lasse des génuflexions en cascades et pots de vin arrosant la becquée quotidienne.

Ou l'avènement flamboyant
d'un "NOUTOUT ISI-A"
A la hauteur 'un kolézépol !
Aux largesses d'un Lasotè !

Cette eau de vie, cette oeuvre-là plus qu'aucune autre exige la sueur lucide, soulève le vent du courage de tous.
De cette marche à l'amble, résolue, dépend la pérennité d'un boire à la coupe de l' harmonie.

Ce passage d'Edgar Morin me semble plein de bon sens : "déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie à d'autres est une folie".
Il en va de même pour le monde alentour oliron de la terre.
Compter sur ses propres ressources en premier lieu, s'appuyer sur les autres si elles viennent à manquer, la solidarité collective c'est ce qu'il y a de mieux !!!

S'il faut tirer quelque remède aux poisons émotionnels émergeant de l'actualité récente, le déboulonnement de statues peut se traduire comme l"ex-pression d'une overdose profonde, l' in-digestion de représentations "monoparentales"et monumentales héritages du passé colonial. C'est la griffe que la jeunesse pose sur des modèles à désincarner.

Pourquoi ne pas lire dans ce bouillonnement de colère l'opportunité d'un formidable élan de reconstruction, de réajustement, dans une dynamique écologique en rupture avec les politiques qui suivent aveuglément les rails inflexibles du désordre néolibéral.

D'autres statues prendraient la place aux côtés des autres ou laisseront place aux héros ordinaires qui se dresseront en-dedans de nous-mêmes.

Encore cette ligne d'Edgar Morin ;

"Si tous les mouvements de solidarité qui fermentent s'unissent, s'il naît une nouvelle forme qui va dans le sens de "la voie" (ouvrage d'E. MORIN), On peut espérer changer. On ne va pas dire : Voilà le modèle de société parfaite, ! On va dire : "Voilà le modèle vers quoi s'engager pour une métamorphose progressive.'

"La métamorphose d'un papillon, ça ne se fait pas comme ça. Ca prend du temps, ça passe par la souffrance."

En fin ce compte, ce vieux Schoelcher, en se cassant la tête, nous aurait rendu en chutant de son piédestal, un fier service !
Les chutes ont en germé ce pouvoir de rédemption !

Les desseins de certains adieux sont impénétrables...
De la Chenille au papillon, il y a des efforts, des contractions, un long chemin.


Jocelyne Mouriesse

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