Édouard Coradin, dit Yvandoc, né en 1906 et mort en 1984, était un poète et homme de lettres, mais aussi une figure de l'histoire et du patrimoine saint-claudien. Pendant quatorze ans, il s'est dévoué, sans faiblir, à la vie associative et à la collectivité de Saint-Claude. Il a été le tout premier secrétaire de l’association artistique, littéraire et sportive Renaissance, créée le 4 juin 1944. Le Centre Culturel, situé rue Barolet, à Saint Claude, porte son nom.
Le poème qui suit a été publié dans la Revue Guadeloupéenne.
La case
Dans la lumière blonde
Que le ciel jette au monde
Comme un gage d’amour,
Mon île se prélasse
Avide et jamais lasse
Des caresses du jour.
Mon île est belle et fière
Elle a la grâce altière
Des fleurs du firmament ;
Mais un souci l’accable :
Sa fille misérable
Lui donne du tourment.
Souvent, près de la route
Où le gai cabri broute
L’acacia familier,
On la voit qui se dresse
Comme une âme en détresse
Au-dessus du hallier.
Sous son chapeau de paille
Son corps usé tressaille,
Quand le cyclone fort
Déboule au flanc du morne.
La case, au regard morne,
Implore en vain le sort.
Au pays du campêche
Dont la branche revêche
Accroche le passant,
Tout vit, tout chante, espère.
La case désespère ;
On l’insulte en passant.
En mars, la terre attise
Et la source agonise
Sous les galets chauffés ;
Dans la case indigente,
La soif, la fièvre ardente
Font des autodafés.
Tandis qu’aux champs la canne
Heureuse, se pavane
En de brillants atours ;
Auprès du sombre gîte
Que le malheur habite,
La faim rôde toujours.
Alors, sans pain, sans rêve,
Peinant, luttant sans trêve,
L’esprit tout affaibli,
La case offre son âme
A l’alcool – maître infâme –
Qui lui verse l’oubli.
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