Blog dédie au poète Aimé Césaire notamment à son oeuvre, sa poésie et collectant les articles qui ont été publiés sur ce grand homme martiniquais
dimanche 29 novembre 2009
Présence africaine au musée du quai Branly
Le musée du quai Branly accueille jusqu'au 31 janvier 2010 une exposition thématique autour de la revue littéraire Présence africaine.
Depuis le 10 novembre, le musée des arts et civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques dévoile une série d'ouvrages, de photographies et d'enregistrements audiovisuels sur l'émancipation culturelle africaine. Suivant un parcours chronologique, à partir des années 20, l'exposition retrace l'émergence de diverses tribunes pour la pensée et les revendications du monde noir, dont la revue Présence africaine.
L'intellectuel sénégalais, Alioune Diop, l'a créée en 1947, dans le but , selon ses termes, "d'ouvrir à la collaboration de tous les hommes de bonne volonté (Blancs, Jaunes ou Noirs), susceptibles d'aider à définir l'originalité africaine et de hâter son insertion dans le monde moderne". De nombreux artistes y ont participé, tels Albert Camus, Jean-Paul Sartre, Richard Wright, Léopold Sédar Senghor ou André Gide.
Présence africaine reprend l'initative du sénégalais Lamine Senghor de donner la parole aux Noirs, dès les années 20, dans le périodique La voix des nègres. Les écrivains martiniquais Aimé Césaire et Paulette Nardal perpétuent, à partir de 1937, cette ambition culturelle panafricaine en publiant La Revue du Monde Noir, Légitime Défense ou encore Tropiques.
Une saison au Congo de Césaire: Lumumba, tragédie actuelle
Une saison au Congo du Martiniquais Aimé Césaire a été présentée, avec succès, samedi à Tunis, par les comédiens du Théâtre national Daniel Sorano. C'est dans le cadre des Journées théâtrales de Carthage qui se tiennent du 11 au 22 novembre 2009.
(Envoyée spéciale à Tunis) - La troupe dramatique de Sorano a présenté samedi aux Journées théâtrales de Carthage la pièce d'Aimé Césaire, Une Saison au Congo, d'après une adaptation de Seyba Traoré. Dès l'entame, une voix-off campe le décor. On est en 1960. Le Congo (Zaïre) vient d'obtenir son indépendance sur décision du roi des Belges, cédant aux exigences des leaders politiques du pays, tel Patrice Lumumba. L'euphorie des indépendances est perceptible dans tout le Congo. On trinque à la liberté.
Le morceau ‘Indépendance Cha Cha’ du musicien congolais Joseph Kabasele sert à la fois de fond sonore à la pièce et de slogan pour le peuple. La mise en scène de Seyba Traoré est essentiellement centrée sur le personnage de Patrice Lumumba. Récemment nommé Premier ministre, il tente d'apaiser les ardeurs irrédentistes. ‘Oublions nos rivalités et nos ambitions particulières et dominons nos querelles tribales’, lance-t-il à ses compatriotes. Le leader congolais veut ‘un Congo libre et unis’. Son pays est miné par des dissensions internes. Des velléités séparatistes le guettent, à l’image du Katanga, région riche en ressources naturelles. Les richesses minières et énergétiques du Congo sont pillées sans vergogne par les puissances étrangères, symbolisées sur scène par des hommes masqués, habillés en costumes et rodant la nuit, munis de torches. Cette atmosphère préfigure le chaos dans lequel le pays va bientôt basculer. Le colonel Mobutu se proclame Premier ministre, en direct sur les ondes. Lumumba apprend la nouvelle en même temps que le peuple, resté, lui, en marge des événements.
La pièce passe ensuite directement à l’intervention des Casques bleus. La demande d’aide de Lumumba au Ghanéen Nkrumah reste sans suite. Le leader congolais sera ensuite arrêté. A-t-il été exécuté ? Par qui ? La pièce ne donne pas de précisions sur la fin de l'homme politique congolais. Mais sur les planches le personnage de Patrice Lumumba reste debout, la chemise tachée de sang. Le fantôme du leader congolais semble toujours hanter ce pays ruiné par les guerres civiles. Presque cinquante ans après son indépendance, la situation du Congo n'a pas beaucoup changé. Les vautours et les démons de la violence rodent encore. C'est pourquoi le texte du poète martiniquais, Aimé Césaire, écrit en 1967, garde toute sa force et son actualité.
Patrice Lumumba (1925-1961) est interprété par le comédien sénégalais Ibrahima Mbaye qui a su faire ressortir toute la dimension tragique de la pièce. Dans l'ensemble, les comédiens de Sorano ont tiré leur épingle du jeu. Si l'on sait que durant toute la représentation (1 heure 45), il leur a fallu un effort supplémentaire de concentration pour ne pas être perturbés par les nombreuses entrées et les sorties des spectateurs passant parfois au milieu de la scène ! Le cadre, le Théâtre Etoile du nord de Tunis, était visiblement inadapté à la représentation de la pièce.La salle a cependant apprécié le romantisme révolutionnaire d'Une Saison au Congo, pièce jouée en français. Bien que majoritairement arabe, le public a été touché par le jeu juste des comédiens sénégalais. Les Tunisois connaissent d'ailleurs bien le héros congolais, dont une rue de la ville porte son nom.
Fatou K. SENE
mardi 10 novembre 2009
« Paroles et silences d'Aimé Césaire »
Ce vendredi 6 novembre, à 19 heures 30, le centre culturel du bourg du Lamentin accueille « Paroles et silences d'Aimé Césaire » , sur une mise en scène de José Alpha. La gare Saint Lazare est le lieu de cette histoire. Celle d'un balayeur nègre « Pongo » venu de la Martinique en 1932 et qui raconte aux passants sa rencontre avec les autres : les Français de l'Hexagone, les Antillais, les Guyanais, les Africains, les Réunionnais et bien d'autres...
Conçue à partir des oeuvres politiques et poétiques d'Aimé Césaire, « Discours sur le colonialisme » , « Et les chiens se taisaient » , « La Tragédie du roi Christophe » , « Ferrements » , cette pièce propose une véritable alchimie du verbe césairien avec comme « liant » des extraits de textes de René Ménil, André Lucrèce, Khalil Gibran et Amadou Hampathé Bâ.
Du pur bonheur...
Sur scène on retrouve Jean Claude Duverger et les danseurs du groupe hip-hop Ékymose, les musiciens Christian Charles-Denis (percussions), Lucien Joly (saxophone).
Jean Claude Duverger dans le rôle du nègre Pongo débordant d'énergie communique avec le public pendant plus de quatre-vingt minutes.
Au final : un moment exquis, du pur bonheur. Pour André Lucrèce qui a soutenu le metteur en scène dans sa recherche : « cette pièce se présente comme une véritable fresque relatant le combat des Martiniquais pour l'affirmation de leur identité. Le rôle d'Aimé Césaire dans ce combat ayant été évidemment déterminant » .
Un spectacle à découvrir...
- Tarifs : 12 euros pour les plus de 15 ans ; 8 euros pour les moins de 15 ans.
- Tickets en vente :
Centre Culturel du Bourg : 0596.51.15.33.
Centre Culturel de Basse-Gondeau : 0596.50.82.71.
Centre Culturel de Petit Bambou : 0596.57.02.18.
Conçue à partir des oeuvres politiques et poétiques d'Aimé Césaire, « Discours sur le colonialisme » , « Et les chiens se taisaient » , « La Tragédie du roi Christophe » , « Ferrements » , cette pièce propose une véritable alchimie du verbe césairien avec comme « liant » des extraits de textes de René Ménil, André Lucrèce, Khalil Gibran et Amadou Hampathé Bâ.
Du pur bonheur...
Sur scène on retrouve Jean Claude Duverger et les danseurs du groupe hip-hop Ékymose, les musiciens Christian Charles-Denis (percussions), Lucien Joly (saxophone).
Jean Claude Duverger dans le rôle du nègre Pongo débordant d'énergie communique avec le public pendant plus de quatre-vingt minutes.
Au final : un moment exquis, du pur bonheur. Pour André Lucrèce qui a soutenu le metteur en scène dans sa recherche : « cette pièce se présente comme une véritable fresque relatant le combat des Martiniquais pour l'affirmation de leur identité. Le rôle d'Aimé Césaire dans ce combat ayant été évidemment déterminant » .
Un spectacle à découvrir...
- Tarifs : 12 euros pour les plus de 15 ans ; 8 euros pour les moins de 15 ans.
- Tickets en vente :
Centre Culturel du Bourg : 0596.51.15.33.
Centre Culturel de Basse-Gondeau : 0596.50.82.71.
Centre Culturel de Petit Bambou : 0596.57.02.18.
Cent poèmes de Aimé Césaire. Edition établie par Daniel Maximin
Cent poèmes de Aimé Césaire. Edition établie par Daniel Maximin. Edition Omnibus, 2009, 216 pages :
Le poète par lui-même et par... Daniel Maximin
Le poète guadeloupéen Daniel Maximin coordonne, depuis les années 1980, l’édition de la poésie de Aimé Césaire. Il vient de publier une anthologie de cent poèmes essentiels, configurée thématiquement et illustrée par des photographies qui rappellent le parcours et les affinités électives du poète défunt. Un album à feuilleter, à lire et à préserver dans nos musées personnels.
On connaît la fidélité de Daniel Maximin à Aimé Césaire. La fidélité admirative d’un poète à son aîné. Celle d’un fils spirituel aussi. Enfin, Maximin est sans doute l’Antillais qui connaît le mieux l’œuvre littéraire et profondément militante du grand poète martiniquais et universel, disparu en 2008, à l’âge canonique de 95 ans. Césaire, qui connaissait l’érudition et le talent de son jeune compère et compatriote, qu’il avait eu l’occasion de voir à l’œuvre dans des salons et des colloques consacrés à ses écrits, lui avait demandé dès les années 1980 de coordonner sa poésie. Depuis, Daniel Maximin poursuit inlassablement son travail de mise en lumière de la parole poétique césairienne qu’il qualifie de «parole essentielle». Et d’expliquer : «Et pour cet homme de paroles, maître de l’oralité autant que de l’écriture, c’est en définitive surtout la poésie qui constitue sa «parole essentielle», réunissant les héritages culturels de trois continents, et qui en fait à coup sûr un des grands poètes de ce siècle, dont l’exemple et la lecture donnent à nous tous, ses lecteurs de par le monde, «la force de regarder demain».»
Cent poèmes de Aimé Césaire qui est paru cette année s’inscrit dans le vaste travail que Maximin a entrepris pour mieux faire connaître la parole poétique césairienne, en l’éclairant sous des angles différents. L’angle choisi pour l’ouvrage en question est thématique : «Un album où se conjuguent les thèmes majeurs de Aimé Césaire : la Caraïbe natale, la décolonisation des peuples et des esprits, la modernité poétique, l’engagement politique, l’amour, la liberté, qui ont fait de lui l’un des plus importants poètes du XXe siècle», peut-on lire sur la fiche de présentation de l’éditeur. Intitulées «Ouvertures», «Poétique», «Histoire», «Iles», «Géographie cordiale», «Afriques», «Elles», «Présences», «Portrait Parcours», les neuf séquences thématiques qui ordonnent le livre se veulent les étapes d’un parcours de construction identitaire et spirituel. Un parcours semé de découvertes exceptionnelles sur le monde et soi-même, dont la poésie césairienne, présentée dans l’ordre chronologique, restitue l’atmosphère quasi-mystique, comme dans ce chapitre consacré à l’Afrique : «Et subitement l’Afrique parla/ce fut pour nous an neuf/l’Afrique selon l’us/de chacun nous balaya le seuil d’une torche enflammée/reliant la nuit traquée/et toutes les nuits mutilées/de l’armée marée des nègres inconsolés/au plein ciel violet piqué de feux.»
Enfin, ce qui fait l’originalité de ce volume, ce sont les illustrations : photographies puisées dans l’album personnel du poète et reproductions de tableaux de Wilfredo Lam, l’artiste frère. Chaque séquence s’ouvre sur un tableau de Lam au titre évocateur et surréel («Femme aux oiseaux», «Le chant des osmoses», «Marcheuse des îles», «Lumières de la forêt»...). A travers leurs couleurs lumineuses, leurs formes souvent géométriques et la configuration suggestive de leurs éléments constitutifs, ces tableaux entrent en résonance avec l’univers poétique césairien, établissant un réseau de sens qui va du poète à l’artiste, de l’écrit aux traces et coloris. Mais peut-être plus que les tableaux de Lam, ce sont les illustrations de paysages caribéens -qui ont été, on le sait, des sources d’inspiration importantes pour Césaire- qui révèlent combien cette poésie est réellement universelle, puisant son matériau non seulement dans les parcours hu-mains, mais aussi dans le végétal, le volcanique et le géologique. Elle relie la parole aux parois résistantes de la matière qui la renvoie à son tour en échos à travers les éléments, commandant «aux îles d’exister».
Tirthankar CHANDA ((Mfi)
Le couronnement d'un ardent combat
Emprisonné à Bourg-Egalité (Bourg-la-Reine), Nicolas de Condorcet est retrouvé mort dans sa cellule, de causes encore obscures, le 29 mars 1794. Près de deux mois auparavant, le 4 février, la Convention avait aboli l'esclavage dans les colonies françaises, en un grand élan d'enthousiasme. Un vacarme grandiloquent qui rattrapait plus de quatre ans d'un assourdissant mutisme : la Déclaration de 1789, qui assurait que "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits", avait tout bonnement oublié ces Noirs enchaînés dans les îles, réduits légalement à l'état de "biens meubles" par le Code noir, édicté en 1685.
Pourchassé par la Terreur, cloîtré chez sa protectrice, Mme Vernet, Condorcet voit cette loi couronner un de ses plus ardents combats. En 1781, ses Réflexions sur l'esclavage des Nègres, écrites sous le pseudonyme de Joachim Schwartz, avaient été le premier ouvrage d'un philosophe des Lumières entièrement consacré à cette avanie du temps. L'abbé Raynal, dans l'Histoire des deux Indes, Rousseau, dans le Contrat social, Voltaire, dans Candide, ainsi que d'autres esprits s'étaient émus, mais émus seulement, du sort des Africains mis en servitude. Condorcet, lui, instruit un implacable procès, avance l'illégitimité de cette pratique, et réfute les arguments économiques des défenseurs.
Il rejoint, en 1788, la Société des amis des Noirs, qui ne milite, dans un premier temps, que pour l'abolition de la traite. Un concours de circonstances, comme la Révolution sut en précipiter, aboutit à une abolition au débotté, en 1794. De fait, elle ne sera réellement appliquée qu'en Guadeloupe, avant que Napoléon ne rétablisse l'esclavage, en 1802. Cette première abolition restera largement la "farce grandiose" moquée par Aimé Césaire. Prudent, Condorcet se donnait soixante-dix ans pour en finir avec la servitude des Noirs. La véritable abolition interviendra finalement en 1848. Soixante-sept ans après la sortie de son livre.
Benoît Hopquin
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