mardi 29 décembre 2009

PIERRE PAPAYA : HONNEUR ET RESPECT POUR UN COMBATTANT



Pierre vivait avec Muriel, il avait cinq enfants, Nikita, Odile, Dimitri, Fanny et nina.

Pierre PAPAYA est né le 29 juin 1956 à Basse Pointe. Son père, descendant direct de l'immigration tamoule venue à la Martinique à la fin du XIXème siècle, était ouvrier agricole. Pierre sur ce rocher du nord de la Martinique, a connu avec sa grande fratrie une enfance heureuse marquée par la précarité d'une vie difficile.

Pierre a été marqué à jamais par l'exemple de son père, militant syndicaliste et communiste actif dans les luttes ouvrières des années 1940 et 1950. Il rappelait souvent comment, tous les 30 avril, son père cherchait une autre habitation pour l'embauche car il savait qu'inévitablement, il serait chassé de son travail après sa participation à la manifestation du 1er mai. Il était en admiration devant ses parents pour leur capacité d'avoir pu donner quotidiennement à leur dix enfants à manger et le cadre pour réussir à l'école. Il en a tiré le sens du combat quotidien pour assumer les besoins de la vie.

Il a fait ses classes secondaires au Lycée Schoelcher. Son militantisme y a commencé au sein du "Mouvement du 10 janvier" (MXI). Il milita à l'union de la Jeunesse Communiste (UJCM).

Après son bac, Pierre part à Montpellier pour des études d'informatique. Il milite à l'Association Générale des Étudiants Martiniquais (AGEM) où il occupe des responsabilités.

Doté se son diplôme de programmeur, il part à Paris où il commence à travailler dans une multinationale de l'informatique, CAPGEMINI. Au grand effroi du patronat et d'une partie de ses collègues, il va créer une section syndicale CGT dont il est un responsable.

A la fin des années 70, par son frère Paul, il rejoint un groupe de militants qui ont décidé de quitter le Parti Communiste Français (PCF) pour créer une section du Parti Communiste Martiniquais dans l"émigration.

Ce sera un choix auquel il restera fidèle pendant plus de trente ans.
Pierre a toujours eu un grand sens critique et anti dogmatique. A l'AGEM, il était réservé vis à vis de l'orientation maoïste de la direction. Au PCM, outre sa critique du modèle soviétique, il considère que le mot d'ordre d'autonomie ne répond pas aux exigences de la lutte de libération nationale.

Au 7ème Congrès du PCM de décembre 1983, il est le porte-parole de la section émigration qui se prononce pour l'indépendance. A l'issue contestée du Congrès, l'émigration rompt avec le PCM et il participe à la création des "Martiniquais Communistes Résidents en France" (MRCF), organisation qui rejoindra le Pati Kominis pou Lendépandans ek Sosyalizm (PKLS) après sa constitution en mai 1984.

Pierre participera à tous les combats de l'émigration contre le monopole d'Air France, pour les congés bonifiés, pour que vive Radio VOKA, contre la répression, pour la création d'une organisation de masse de l'émigration.

Au cours des années quatre-vingt, il joue un rôle actif dans les activités de l'Alliance Révolutionnaire Caraïbe (ARC).

Internationaliste jusqu'au bout des ongles, il conçoit son combat dans le cadre de la lutte des peuples et des ouvriers du monde entier. Il participa à de nombreux voyages de solidarité et de dénonciation du colonialisme français. Il anime le combat avec les immigrés contre la montée du racisme. Il apporte un soutien concret aux militants basques, ce qui lui vaudra des poursuites de la justice française.
Pierre est aussi artiste. il ne pouvait rester sans que ses mains ne fassent et ne créent un objet ou une œuvre. Il met ce don au service de son engagement.
Sa réussite en 1997 à un concours d'entrée dans la fonction publique territoriale lui permet de réaliser son rêve en retournant en Martinique avec sa compagne Murielle.

Sur le sol national, il a milité particulièrement au sein du PKLS où il coordonnait sa direction nationale.

Fermement attaché au combat national, il condamnait les trahisons et les compromissions qui minent le camp patriotique et les dénonçaient avec ironie et mépris. Communiste, il haïssait et réprouvait la société capitaliste d'exploitation et d'oppression. il ne doutait pas un seul instant que, même si la lutte était difficile, complexe et longue, la Martinique serait bientôt indépendante et que le capitalisme avait son avenir derrière lui.

En 2007, il a une maladie cardiaque qui fait craindre pour sa vie. Après une grave opération, il en ressort plus vivant et déterminé que jamais.
Mais le 26 décembre 2009, à 53 ans, au petit matin, avec cette discrétion qui le caractérisait, il est parti subitement et sans cri.

Sa vie aura été celle du combat permanent. Il laisse un vide qui ne pourra jamais être comblé.

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