samedi 27 mars 2010

ALLOCUTION NANCY ROC AU FORUM DE L'UNESCO À PARIS

FORUM DE L’UNESCO SUR HAÏTI
Reconstituer le tissu social, culturel et intellectuel d’Haïti
Paris- 24 Mars 2010

Allocution de Nancy Roc, journaliste indépendante, productrice et membre de la Fédération Professionnelle des Journalistes du Québec (FPJQ)

Madame la Directrice générale de l’UNESCO,
Monsieur le Président de la Conférence générale de l’UNESCO,
Madame la Présidente du Conseil Exécutif de l’UNESCO,
Monsieur le Directeur p.i des unités hors siège de l’UNESCO,
Madame la Ministre de la Culture et de la Communication d’Haïti,
Mesdames, Messieurs,
Chers participants,

Permettez-moi avant tout de remercier l’UNESCO d’avoir pris l’initiative d’organiser cet important forum autour du thème « Reconstituer le tissu social, culturel et intellectuel d’Haïti » et de m’y avoir invitée. Je tiens ici à remercier particulièrement M. Bernard Hadjaj, grand ami d’Haïti et surtout fin connaisseur de la société et de la culture haïtienne. Mes remerciements s’étendent à toute l’équipe de l’UNESCO pour son aide à Haïti après le séisme, notamment dans son appui précieux à la presse haïtienne qui travaille dans des conditions excessivement difficiles.

D’entrée de jeu, nous devons admettre que reconstituer le tissu social, culturel et intellectuel d’Haïti relève d’une gageure. Contrairement à ce qui a été avancé en l’occurrence, que « c’est le tissu social, culturel et intellectuel d’Haïti qui s’est déchiré le long de la faille sismique » le 12 janvier 2010, ce tissu était en lambeaux bien avant cette date fatidique.

Socialement, vingt ans de populisme ont polarisé la société haïtienne, creusé le fossé entre les classes sociales et accéléré une fuite des cerveaux qui avait débuté sous le régime de François Duvalier. Selon la Banque Mondiale, « Plus de 83% de la force de travail la plus qualifiée que produit Haïti finit par quitter le pays pour aller s'installer ailleurs », affirme cette institution internationale en précisant que les États-Unis constituent la destination préférée de la grande majorité des cadres expatriés. Le Canada en est une autre. Suite au séisme du 12 janvier, avec 90% de chômage, cette hémorragie vers l’extérieur est déjà en train de s’accentuer et risque de s’aggraver si des actions concrètes et urgentes ne sont pas appliquées au plus tôt. Bien avant le séisme, les chiffres sociaux-économiques sur Haïti étaient déjà dans le rouge et il est inutile de les rappeler ici pour éviter une flagellation de plus. Haïti est un pays à la traîne dans tout. La première République Noire au monde est devenue le paria du continent américain; un pays qui n’a pu s’élever au rang de nation et qui, aujourd’hui, dépend plus que jamais de l’assistanat international. J’insiste sur ce mot « assistanat » lorsque l’on sait que certains pays donateurs qui se targuent d’être des leaders de l’aide à Haïti, comme le Canada par exemple, pratiquent en fait une aide liée au développement dont seuls 6% à 25% demeurent en Haïti et 75% retournent à la source du pays donateur. La semaine dernière, l’éminent Professeur Samuel Pierre, Titulaire d’une Chaire de recherche à l’École Polytechnique de l’Université de Montréal et Chevalier de l’Ordre National du Québec a dénoncé cette soi-disant aide à Haïti qui, loin d’aider notre pays à se développer, l’a entraîné ces vingt dernières années dans le gouffre d’une misère abyssale. Si les Haïtiens sont certes les premiers responsables de leur décadence sociale, il faudra aussi que les prochains gouvernements fassent des choix éclairés notamment, celui compter avec sa diaspora qui lui fournit trois fois plus de fonds par an que la Communauté internationale, soit respectivement 1 milliard 800 millions de $ par an contre 500 millions. Nous reviendrons dans quelques instants sur le rôle crucial de la diaspora dans la refondation d’Haïti.
Culturellement, les gouvernements qui se sont succédé depuis 1986 ont toujours clamé que la culture haïtienne est notre plus grande richesse. Pourtant, presque rien n’a été fait pour mettre cette culture en valeur. Au contraire, si ce n’était la vitalité et le talent inné de nos créateurs, cette culture serait sans doute morte, elle aussi, aujourd’hui. En effet, comment expliquer qu’au XXIème siècle, Haïti ne dispose pas d’une seule salle de spectacle digne de ce nom ? En août dernier, on annonçait la fermeture de l’unique salle de cinéma qui était dans la capitale; fermeture qui, simultanément, pourrait causer la mort d’un cinéma haïtien naissant. Le Théâtre National, l'École nationale des Arts sont depuis longtemps des bâtiments en ruines ou utilisés à des fins politiques qui les ont éloignés de toute vocation artistique. Si la culture est vivante, les lieux pour se déployer n’existent pas. Le dénuement culturel haïtien est sans nom : pas une salle de théâtre, pas une salle de cinéma, pas un musée à la grandeur de l’art du pays, des structures d’édition locale sans moyen, aucun journal, aucune revue, aucune radio à vocation culturelle, pas de politique culturelle, pas de lieu de formation formelle ni d’école d’art véritable. Qu’est devenu le pays qui a séduit Malraux ?

Le séisme du 12 janvier est venu détruire un patrimoine culturel qui était déjà à l’image de la société haïtienne : misérable, prise entre les feux de la violence et de la «gestion» des tourbillons de crises tant politiques qu’administratives. Et, si l’on parle de culture, comment comprendre qu’aucune campagne n’ait été entreprise en vingt ans pour pénétrer la culture populaire et la délivrer de certains de ses affres dévastateurs ? En effet, comment expliquer qu’au XXIème siècle, faire un compliment à une mère sur la beauté de son enfant est perçu comme une malédiction, un madichon jeté(e) sur ce dernier ? Un ministre français a eu à dire que « la culture est un antidote à la violence, car elle nous invite à la compréhension d'autrui et féconde la tolérance, en nous incitant à partir à la rencontre d'autres imaginaires et d'autres cultures. » Si tel est le cas, nous devons nous questionner plus que jamais aujourd’hui sur les résultats contraires qui caractérisent la société haïtienne pourtant si riche culturellement mais violente, intolérante et qui n’utilise son imaginaire que pour fuir la cruauté du quotidien.

Il est grand temps de « rebattre les cartes » et tout n’est peut-être pas perdu puisque, pour la première fois, dans le Plan d’Action pour le Relèvement et le Développement National (PDNA en anglais) qui sera présenté aux Nations Unies le 31 mars, le gouvernement haïtien reconnaît enfin que la culture est « un élément dont la marginalisation a fait échouer pendant de nombreuses années les programmes d’appui au développement dans pratiquement tous les pays. S’il faut donc aider à refonder le pays, il est donc indispensable que la culture soit un élément moteur qui, comme d’autres secteurs clés de la vie nationale, contribue de façon non négligeable à la croissance économique. » Ainsi, pour la première fois la culture en Haïti est liée aussi à l’économie de l’immatériel. Évidemment, cela suppose que l’État envoie des signaux clairs démontrant sa volonté de contribuer à faire du secteur culturel un domaine économique viable et enviable. Il est aussi grand temps qu’Haïti se dote d’une politique publique de la culture et des arts mais pour cela, il faut des ministres avisés et efficients et non des ministres qui font carrière dans le gouvernement depuis vingt ans. Il faut aussi sortir du carcan du despotisme et clientélisme présidentiel qui a empêché des hommes de bonne foi de changer les choses en matière culturelle. Le livre « Monsieur le Ministre… jusqu'au bout de la patience » de M. Raoul Peck est en ce sens une référence édifiante. Je souhaite profiter de cette prestigieuse tribune pour réitérer mon incompréhension et indignation devant le fait qu’aucun gouvernement n’ait jamais pensé à rendre hommage à un monument de notre culture nationale tel que Franckétienne.

Notons que si les Haïtiens pointent facilement le doigt sur l’inefficience de l’État, il est aussi inconcevable qu’aucune institution, groupe privé ou homme d’affaires en Haïti ne soit intéressé à investir davantage dans la culture. En août dernier, dans un article intitulé «Plaidoyer pour une véritable salle de spectacle en Haïti », publié dans le journal Le Matin et repris par le Courrier International sous le titre « Le spectacle est terminé » , j’ai essayé d’attirer l’attention du public haïtien sur le potentiel économique du secteur culturel. Rien qu’en 2007, la culture a rapporté près de 25 G$ en impôts et taxes aux paliers du gouvernement fédéral, provincial et municipal au Canada. Près de trois fois plus que la somme (7,9 G$) investie collectivement en 2008 dans la culture et les arts par les trois paliers du gouvernement canadien .

Mais pour comprendre et œuvrer à cela, il faut absolument renoncer à la médiocrité. À quand de vrais mécènes et philanthropes haïtiens ayant le sens de l’engagement social et de la dignité ? À quand des entrepreneurs moins incultes ? Car, si la culture est source de grande richesse à tous les points de vue, faut-il encore avoir un minimum d’éducation, de culture, du sens de l’esthétique et du Beau pour s’y investir. Il faut aussi avoir du goût et ne pas penser que la Coupe du Monde de football est le plus important événement à sponsoriser en Haïti juste parce que ceux qui ont les portefeuilles les plus importants aiment le football. Autre question : comment se fait-il que depuis plusieurs années, se soient principalement des compagnies de cellulaires étrangères qui sponsorisent les plus grands événements sportifs ou culturels en Haïti ? Qu’est-ce que cela démontre de la vision des hommes d’affaires Haïtiens ? Ces questions restent posées.

Nous aurions tant à dire sur la culture haïtienne, mais le temps ne nous le permet pas. Je tiens cependant à saluer ici le courage et le talent de tous les artistes haïtiens qui- même abandonnés par l’État, la société ou Dame Nature- poursuivent inlassablement leurs efforts de création qui font de notre culture une fierté nationale. Je souhaite aussi ici, en leur nom, que l’attribut « artiste» ne soit plus utilisé comme un terme péjoratif en Haïti mais dans son sens le plus noble défini par l’UNESCO elle-même dans sa Recommandation relative à la condition de l'artiste (adoptée à Belgrade, le 27 octobre 1980) :
« On entend par artiste tout personne qui crée ou participe par son interprétation à la création ou à la recréation d'œuvres d'art, qui considère sa création artistique comme un élément essentiel de sa vie, qui ainsi contribue au développement de l'art et de la culture, et qui est reconnue ou cherche à être reconnue en tant qu'artiste, qu'elle soit liée ou non par une relation de travail ou d'association quelconque. »


Intellectuellement, Haïti force à poser des questions dérangeantes. Pourquoi, en dix générations, les Haïtiens n’ont-ils pas forgé la moindre valeur commune ? Comment cet État sans idée de nation est-il devenu maintenant un pays sans État ? Il nous semble que l’individualisme et le « chacun pour soi» des habitants, doublé d’une méfiance très jalouse à l’égard de son voisin, trouve ses racines dans l’histoire du pays, où l’État n’a jamais incarné rien de bon. Les hommes politiques haïtiens sont incapables de s’entendre, et nos hommes d’affaires sont pour la plupart malthusiens. Haïti n’a pas d’élites qui ont œuvré au développement du pays et du bien commun. D’abord, parce qu’elles portent un regard méprisant sur « la populace analphabète »; ensuite, parce qu’elles ont un goût immodéré pour le pouvoir à tout prix. Tout Haïtien, dès qu’il est devenu un homme d’affaires prospère, un avocat ou un spécialiste réputé, aspire à devenir président de la République, premier ministre, ou éventuellement ministre. Le parfum tenace de l’esclavagisme dans la société haïtienne a produit un homme qui n’est jamais responsable, et donc jamais fautif. L’expression « Sé pa fot moin » (« Ce n’est pas ma faute ») est l’antienne nationale. Cette démission, cette irresponsabilité, est générale et se retrouve dans toutes les couches sociales.

Or si l’Haïtien n’est pas responsable...évidemment, c’est l’Autre qui l’est. De l’intervention réclamée aux étrangers, à la dénonciation, immédiatement après, de «l’ingérence » des étrangers dans la vie haïtienne, il n’y a donc qu’un pas. La faillite des élites du pays est dans ce constat : depuis deux cents ans, comme le dit Laënnec Hurbon, « le sentiment d’être un citoyen de ce pays n’est pas clair. La mentalité de citoyen n’a pas beaucoup évolué ». Le poison de la question de couleur, souvent utilisé par les partis politiques au pouvoir, a accentué la polarisation sociale dans une société d’apartheid et n’a pas aidé non plus les Haïtiens à trouver un consensus autour de la notion du « vivre ensemble ». De plus, le mépris affiché du populisme pour les intellectuels a isolé ces derniers de leurs responsabilités sociales. Le succès mondial de Dany Lafferière, Franckétienne, Lionel Trouillot, Gary Victor, Yanick Lahens, Louis Philippe Dalembert, pour ne citer que ceux-là, ont prouvé- particulièrement en 2009, que nos écrivains-intellectuels sont en train de conquérir le monde et de bousculer sa vision de la littérature mondiale. Pourtant, certains d’entre eux ont participé au mouvement du nouveau contrat social en 2004, mais, après l’abandon des « leaders politiques » de ce dernier, se sont aussitôt retirer de leur engagement pour un réel changement.

Selon la sociologue camerounaise Axelle Kabou, « tout peuple est, en première et en dernière analyse, responsable de l’intégralité de son histoire, sans exclusive.» Intellectuellement, il faut donc impérieusement que nos intellectuels puissent poser la problématique de l’identité haïtienne. Quelle est-elle réellement aujourd’hui ? Y a-t-il une Haïti ou des parcelles d’une identité haïtienne parsemée à travers le monde ? En effet, peut-on parler d’un tronc commun haïtien valable pour tous les Haïtiens vivant en Haïti, en République Dominicaine, à Miami, à Boston, à New York, à Paris et à Montréal? Comment structurer des pistes de réflexion et soulever différentes modalités d’approche ? Autant de questions que doivent se poser nos intellectuels aujourd’hui et à qui je laisserai, pendant ce forum, le soin d’identifier nos problèmes et leurs solutions suite au séisme du 12 janvier 2010.

Quelle refondation sociale ?

À la lumière de ces points qui ne constituent que les grandes lignes des problèmes inhérents au déchirement du tissu social, culturel et intellectuel haïtien, comment mobiliser le savoir et les compétences sociales pour revivifier Haïti aujourd’hui ?

Je ne peux certainement pas prétendre avoir LA réponse à une question aussi complexe vu le contexte que je viens d’exposer. Toutefois, permettez-moi de profiter de cette prestigieuse tribune pour faire quelques propositions dont certaines sont déjà en train d’être mises en œuvre.

Récemment, mon collègue du journal Le Nouvelliste, Amos Cincir, écrivait ceci : « Le pays fait face à un exode important de sa population, et plus particulièrement de ses élites. Pas moins de 10 000 Haïtiens parmi les plus diplômés quittent chaque année l’île depuis l’an 2000. Les migrations clandestines se soldent souvent par des tragédies puisqu’un millier de candidats au départ meurent chaque année en haute mer. Ceux qui parviennent à partir deviennent le soutien des familles restées au pays. Près de 40 % des foyers haïtiens dépendent de l’argent envoyé par la diaspora. En 2008, les transferts familiaux ont atteint 1,8 milliard de dollars [1,3 milliard d’euros], soit plus du tiers du produit intérieur brut. Malheureusement, avec la crise économique mondiale, cette source de revenus tend elle aussi à s’amoindrir. Ces rentrées d’argent ont diminué d’au moins 30 % entre 2008 et 2009.

Cette hémorragie de bras et de cerveaux est aussi catastrophique qu’un second tremblement de terre. Car les Haïtiens qui partent sont ceux qui représentaient le meilleur espoir de reconstruction du pays.»

Cet exode vient malheureusement s’ajouter aux 83% des cadres déjà exilés d’Haïti. Il est donc clair que la reconstruction et la refondation d’Haïti ne sauraient se faire sans une participation active et soutenue de la diaspora haïtienne. Le premier ministre Jean Max Bellerive ainsi que le ministre des Haïtiens vivant à l’étranger, M. Edwin Paraison, ont clairement accepté ce principe lors de la Conférence de Montréal le 25 janvier dernier et lors du Colloque « Reconstruire Haïti- Horizon 2030 » organisé à l’École Polytechnique de Montréal par le Groupe de réflexion et d’action pour une Haïti nouvelle (GRAHN), les 4 et 5 mars écoulés. Toutefois, nous savons aussi que les Haïtiens de l’intérieur ont toujours été réticents envers leurs compatriotes de l’extérieur. Même la Constitution de la République n’autorise pas la double nationalité ce qui a forcé, souvent à contre cœur, la majorité des meilleurs cerveaux haïtiens a opté pour la nationalité de leur pays d’accueil. Pourtant, sans sa diaspora, Haïti ne serait plus depuis longtemps.

Aujourd’hui, il faut que la refondation d’Haïti soit basée sur la science, l’intelligence, la compétence, l’humanisme et l’humilité aussi afin de construire une société plus juste et plus égalitaire. En d’autres termes, c’est un tout autre pays que les Haïtiennes et les Haïtiens doivent concevoir et bâtir avec comme objectif premier, le bien commun. Pour ce faire, inclure la diaspora comme tous les réseaux sociaux haïtiens est incontournable.

Le Colloque « Reconstruire Haïti- Horizon 2030 » qui s’est tenu les 4 et 5 mars derniers à l’École Polytechnique de Montréal à l’initiative du Groupe de réflexion et d’action pour une Haïti nouvelle (GRAHN) a attiré plus de 600 Haïtien(ne)s venant d’Haïti et des quatre coins de sa diaspora. Ce mouvement large, inclusif, ouvert et multidisciplinaire a démontré clairement que des Haïtien(ne)s peuvent formuler des propositions concrètes aux instances concernées par la reconstruction d'Haïti, en se basant sur des réflexions menées selon une approche participative et en mettant à contribution les expertises et sensibilités disponibles tant à l'intérieur qu'à l'extérieur d'Haïti.

Déjà, 45 propositions préliminaires ont émanées de ce colloque qualifié « d’historique ». En matière d’éducation des projets structurants sont déjà en cours parmi lesquels :

• La mise en place d’une structure d’accueil permanente pour les professionnels de l’éducation de la diaspora et des amis d’Haïti, pour participer, notamment, à des universités d’été, des sessions de formation de maîtres, des conférences ou des formations intensives destinées aux élèves et étudiants du pays, et à la population en général;

• La mise en place d’une structure de formation à distance, incluant la formation en ligne, par l’intermédiaire d’un réseau de centres relais d’éducation couvrant l’ensemble des régions du pays, structure pouvant évoluer à terme en une Université ouverte ou à distance couvrant l’ensemble du territoire national;

• La mise en place d’un programme de stage d’étudiants haïtiens dans des entreprises où des membres de la diaspora occupent des fonctions de haut niveau; les entreprises fourniraient aux stagiaires des frais de subsistance et de voyage directement liés aux stages;

• La mise en place de réseaux de compétences de la diaspora, infrastructures qui seraient créées au sein de la diaspora dans le but de faciliter les connexions avec Haïti, dans la perspective de transfert de connaissances et de développement économique.

En matière de patrimoine, culture et entreprises culturelles, le GRAHN propose, entre autres :

• La création d’un fonds de préservation du patrimoine et de développement des entreprises culturelles à travers tout le pays, notamment pour la mise en place d’un système décentralisé de microcrédit et de banque d’outils adaptés aux conditions locales;

• La mise en place en Haïti, avec l’appui des institutions et entreprises culturelles compétentes des communautés haïtiennes établies à l’étranger, de programmes d’expositions itinérantes et autres outils de sensibilisation s’appuyant sur les nouvelles technologies, la numérisation et l’audio-visuel. Les collections, films, paquets et autres produits seraient livrés prêt-à-utiliser et diffusés via les Mairies, Centres de Santé, Dispensaires ou autres institutions communautaires œuvrant sur le terrain.

Voici quelques propositions concrètes que l’UNESCO pourrait appuyer à la conférence des bailleurs de fonds qui aura lieu à New York le 31 mars prochain. Permettez-moi aussi de me faire la porte-parole de tous les artistes et des jeunes Haïtiens pour demander à l’UNESCO d’aider mon pays à trouver les partenaires et le financement adéquats à une vraie salle polyvalente de spectacles pour Haïti.

En vous remerciant pour votre aimable attention, je ne saurai ne pas rappeler que l’Haïti de demain doit absolument se débarrasser des démons de la corruption à tous les niveaux. En effet, si « révélée, la corruption financière peut être combattue et sanctionnée; la corruption des idées est plus insidieuse, plus subtile et, à ce titre, d'une dangerosité plus essentielle.» Ainsi, si la mentalité haïtienne ne change pas, le séisme du 12 janvier 2010 aura fini de nous enterrer.

Je vous remercie,

Nancy Roc, Paris le 24 mars 2010.

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