mardi 22 novembre 2011

Anthropologie du Sahel Musulman (Sénégal, Mali, Mauritanie…) : migration, parenté et hiérarchies sociales

 Séminaire du CEAf pour l’année universitaire 2011/2012

Jean Schmitz, CEAf, EHESS-IRD, Olivier Kyburz, Paris X-Nanterre, CNRS-LESC, Ismaël Moya,CEMAf
Les séances du séminaire ont lieu le second et quatrième jeudi du mois de 15h à 17h, salle du Centre d’Études Africaines au 2e étage du 96 Bd Raspail 75006-Paris, du 10 novembre 2011 au 14 juin 2012


Jeudi 24 Novembre
Jean Schmitz : Déni d’islam, « esclavage »et pouvoir local (vallée du Sénégal).

S’il est relativement méconnu que le Sénégal, comme les autres pays sahéliens, soient autant post-slavery que post-colonial (Gregory Mann 2006), c’est en grande partie à cause de l’invisibilité des descendants d’esclaves (GallunkooBe). Étant stigmatisés par la rumeur sur deux registres – le mariage et l’islam –, c’est au niveau politique local que l’exclusion est la plus impitoyable.
Néanmoins c’est à ce niveau que, lors des élections de 2009, les GallunkooBe conquirent le pouvoir dans une ancienne capitale de l’imamat haalpulaar du fleuve Sénégal. Cela n’aurait pas été possible si l’élite de ces derniers n’avait pas été engagée depuis longtemps dans une stratégie de reconnaissance face au déni d’islam dont ils sont victimes. Le combat préalable contre ce stéréotype de « l’ignorance » (de l’islam) (jahîl ar. majjere pul.), n’aurait pu être victorieux – construction d’une mosquée et conquête de l’imamat -– sans le soutien de certains « initiés » (Goffman) maîtres coraniques.
Enfin, en étudiant la conduite de la prière du vendredi dans l’espace des imamats et jihâds de l’Afrique de l’Ouest au XIXe siècle, nous nous demanderons pourquoi cette rémanence est restée inaperçue aussi bien aux yeux des spécialistes de l’esclavage (Orlando Paterson, Claude Meillassoux...) que de ceux de l’islam jusqu’à peu (David Robinson 2004/2010).

Mann Gregory, 2006, Native Sons: West African veterans and France in the twentieth century, Durham NC: Duke University Press
Robinson, David, 2010 Les sociétés musulmanes africaines. Configurations et trajectoires historiques, Paris, Karthala [1re ed Muslim Societies in African History, Cambridge UP 2004 ] Trad. fr. par R. Meunier et G. Knibiehler, bibliog. « francisée » par Jean-Louis Triaud et actualisée par Jean Schmitz.
Schmitz Jean, 2000, « Le souffle de la parenté. Mariage et transmission de la baraka chez les clercs musulmans de la Vallée du Sénégal », L’Homme, 154 : 241-278
 -2006, « Islam et « esclavage » ou l’impossible « négritude » des Africains musulmans »,  numéro spécial « Esclavages : enjeux d’hier à aujourd’hui », Africultures 67, juin-août :  110-115.
(www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=4477)
 -2009 « Islamic Patronage and Republican Emancipation : The Slaves of the Almaami in the Senegal River Valley » in Benedetta Rossi (ed.) Reconfiguring Slavery. West African Trajectories, Liverpool University Press : 85-115.
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Elisabeth Dubois / Secrétariat du Centre d'Etudes Africaines
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
96, Boulevard Raspail 75006 - Paris - France
Tél : 01 53 63 56 50
Mèl : stceaf_at_ehess.fr
fax : 01 53 63 56 48

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