mercredi 14 novembre 2018

Le «chanté Nwèl» dans les Antilles françaises, une tradition qui remonte au XVIIe siècle de Hélène Clément


Les Martiniquais et les Guadeloupéens fêtent Noël depuis le lendemain de la Toussaint. Jusqu’au 25 décembre, ils se réuniront les week-ends, en famille ou entre amis, pour des « chanté Noël », un plaisir simple dont la tradition remonte au XVIIe siècle, à l’époque où la France se lançait dans l’aventure coloniale de ces deux îles des Petites Antilles.

L’article 2 du Code noir promulgué par Louis XIV en 1685 prévoit « l’instruction religieuse des esclaves ». Même s’ils conservent secrètement leurs croyances, ils adoptent la religion de leur maître.

Et les jésuites, chargés de poursuivre cette instruction religieuse, enseigneront aux esclaves à jouer de certains instruments dans le but de former des choristes pour les offices religieux. C’est ainsi que les cantiques de Noël, catholiques et européens, qui remontent au Moyen Âge, prennent leur place dans la tradition musicale créole.

Dès l’annonce de Noël, on ressort des tiroirs son livret de cantiques, un mélange de profane et de sacré avec d’anciennes chansons populaires françaises aux passages en latin, et de refrains en créole. Que la fête commence ! On chante, on danse, on se défoule toute la nuit au son des ti-bois (baguettes de bois), des tambours, du gwoka (typiquement guadeloupéen) et des accordéons, sur des rythmes de biguine, de mazurka, de valse créole, de zouk.

Le « chanté Nwèl » dans les Antilles françaises reste un moment de partage et de solidarité. De bonne chère également. Si, autrefois, on n’offrait que rhum, sirop d’orgeat et chocolat chaud, aujourd’hui le buffet créole en est partie intégrante : boudin créole, pâtés à la viande , ragoût de cochon, pois d’angole et jambon caramélisé au sucre de canne. Le tout, bien sûr, arrosé de rhum, de ti-punch, de schrubb (liqueur à base de rhum et de pelures d’orange) et de punch coco.

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