dimanche 4 novembre 2007

Un lycée "historique", selon Aimé Césaire

Aimé Césaire n'était âgé que de 26 ans quand, de retour au pays natal, il a commencé à enseigner au lycée Schoelcher, dont il a été le plus illustre des maîtres. Recevant Le Monde dans son bureau de maire honoraire de Fort-de-France, ville qu'il a dirigée pendant plus d'un demi-siècle, le poète, aujourd'hui âgé de 94 ans, convient que ses cours sortaient de l'ordinaire. Ses élèves se proclamaient même ses "disciples" : "J'arrivais tout juste de Paris. J'étais bizarrement coiffé d'une casquette et j'avais des points de vue sur l'enseignement très différents du classicisme étroit du temps. Ma conception de la littérature était plus moderne. C'était l'époque du surréalisme. Les notions traditionnelles en ont pris un coup."

La Martinique se souvient-elle encore de ce qu'elle doit à son lycée historique ? "Il faut lui en donner conscience. C'est vrai, c'est un symbole et un symbole a la vie dure. Ce qui reste, c'est l'idée de la Martinique, du caractère indispensable de la culture, de l'ouverture sur le monde."

"LE GARDER À TOUT PRIX"

Aimé Césaire n'a toujours pas digéré l'idée lancée par le président du conseil régional de Martinique de substituer son nom à celui de Schoelcher, un homme qu'il "vénère" : "Nous lui devons tout", résume-t-il. L'an dernier, il affirmait son refus, insistant sur son attachement à un lycée "devenu un monument historique que nous devons garder à tout prix". Aujourd'hui, il considère que "des réparations s'imposent, une modernisation, mais pas une suppression".

Aimé Césaire a adressé, le 10 octobre, une lettre à Christine Albanel, ministre de la culture, lui demandant de "classer bâtiment historique le lycée Schoelcher de Fort-de-France le plus rapidement possible".

Patrice Louis

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