mercredi 17 juin 2020

JEAN RASPAIL EST MORT QU’IL AILLE AU DIABLE !



Jean Raspail est mort. L’information m’est parvenue le jour même de son décès, le samedi 13 juin 2020. J’ai aussitôt pensé : « Qu’il aille au Diable ». Surpris moi-même de ma réaction quelque peu ou franchement « minable » je me suis vite ressaisis, sans pour autant battre ma coulpe pour avoir ainsi juré. J’ai alors cherché à atténuer la « charge » en l’allégeant ainsi : « Et qu’il emmène Schœlcher avec lui ».

Pourquoi donc ?
Parce que, il y a quelques jours, suite à la destruction de 2 statues de Victor Schœlcher en Martinique, l’un de mes amis avec qui j’échangeais à propos de cet « acte politique » et de la controverse qui a suivi, me rétorquait avec une solennité à effrayer les « capons » : « Ceux qui sont contre la destruction des statues sont des réactionnaires ; ils trahissent leurs ancêtres ; ils sont pour que nou rété an ba béké é an ba Lafwans ; ils auront des comptes à rendre. Tu sais aujourd’hui, chacun doit choisir son camp. »

Je découvrais alors que cet ami et camarade qui, depuis des décennies, partage avec moi le projet de Souveraineté du Péyi-Gwadloup et d’Emancipation sociale du Peuple, traçait une Nouvelle ligne de démarcation.

J’étais èstèbèkwè. Non que je me sentisse personnellement visé - loin de là -, mais plutôt du fait que ce n’était plus le positionnement sur la Question Nationale et l’Avenir qui était mis en avant, mais plutôt la Question de la Mémoire et le Passé, bref « le contentieux historique ».

J’étais quelque peu surpris par ce « glissement », non qu’il fût inattendu mais par la « qualité » ou « les qualités » que je prêtais jusqu’ici à son auteur que je garde en estime et en « camaraderie ». Il m’a été difficile de trouver réponse à cela :
Je voyais, perplexe et attristé, disparaître sous une logorrhée oiseuse, la question centrale et essentielle qui nous avait toujours préoccupés : celle de la Souveraineté Nationale et de la Révolution Sociale.
Je lui ai seulement dit : Alors Vive Raspail !

Wè ! Viv Raspail menm ! Et comme pour me donner tort, voilà que le bougre meurt ! Oh non, pas mon ami, à qui je souhaite longue vie pour les combats que nous avons encore à mener ensemble, mais Jean Raspail.
Alors je dois expliquer ce Vive Raspail, et aussi ce Qu’il aille au Diable, et qu’il emmène Schœlcher avec lui.

Il y aurait beaucoup à dire sur cet écrivain français, auteur du livre Secouons le cocotier publié en 1966. Cet ouvrage fait partie de ces pamphlets à l’encontre des peuples antillais parmi les plus détestables, disputant la préséance à la satire de Philippe de Baleine Les danseuses de la France (1979).

Si je me fie à ma mémoire parfois défaillante, on n’avait pas fait mieux en la matière depuis l’ouvrage raciste de Louis Chadourne, Le pot au noir : Scènes et figures des tropiques datant de 1923.
Lors de sa parution au milieu de cette décennie des années 1960 de bouillonnement d’idées anti- colonialistes, ce livre de Raspail avait provoqué un wélélé dans les milieux autonomistes et indépendantistes.
L’auteur qui avait l’avantage d’être une belle plume s’en était pris aux Guadeloupéens et Martiniquais avec des mots très durs, triviaux, un mépris calculé et surtout avec une délectation non feinte : à notre façon de vivre, de travailler, de nous vêtir, de rire, à notre langue, de notre accent .
Il nous avait décrits comme un peuple imbécile, niais, assisté, mendiant ; un peuple sans arts, à la musique exécrable ; un peuple qui passe son temps à tortiller du cul. Il avait aussi exprimé son mépris envers les femmes du Péyi.
Oh Bien sûr, il avait étalé aussi quelques simili-vérités sur le tourisme, le travail dans les administrations, ou encore sur la « rivalité » entre Martinique et Guadeloupe. Il avait dénoncé l’obligation faite à Haïti par la France de racheter sa Liberté conquise en 1804, et appelé à ce que l’on répare cette spoliation en restituant l’argent « volé » qui rappelons-le équivaudrait aujourd’hui à quelques 30 milliards d’euros sans compter les intérêts.

Dans son ouvrage, ce monsieur Raspail qui arborait toujours sa cravate avec la fleur de lys, celle-là même qu’on incrustait au fer rouge dans la chair et sur l’épaule de l’esclave fugitif dès lors qu’il avait été capturé, avait même prôné l’Indépendance des DOM. Rien que ça !

Mais qui était ce Jean Raspail ? Un écrivain français dont les nombreux écrits lui ont valu d’être primé par l’Académie Française, ratant de peu en 2000, une intronisation dans cette vénérable institution en remplacement de Jean Guitton. Mais il est aussi connu et réputé comme homme de droite voire d’extrême - droite, inspirateur du Front National notamment sur la question de l’immigration.

Lui préférait se dire, se proclamer, se réclamer « ultra-réactionnaire », ou encore « droite-droite », affirmant sans rire : « Je ne suis pas rentré dans le 21ème siècle, je ne sais donc pas ce qu’on y dit ». ».
Il avait déclaré vertement : « La révolution ? A mes yeux, elle a été un désastre ! » En Janvier 1993, il avait même organisé à Paris un rassemblement en commémoration des 200 ans de la mort du roi Louis XVI.
Un personnage iconoclaste, catholique traditionnaliste, royaliste et raciste, opposé au métissage et donc partisan de « la pureté de la race.

Aussi, on n’est pas surpris que dès l’annonce de son décès ce 13 juin 2020, toute la crème de l’extrême droite française notamment la Nouvelle Droite ou encore l’Action Française, lui a rendu hommage appuyé. Mais aussi le chef de la Maison Royale, Monseigneur le Comte de Paris, ainsi que Philippe de Villiers et Marine Le Pen, la Présidente du Rassemblement National allant jusqu’à dire sur Twitter que son décès est « une immense perte pour la famille nationale ». Entendez bien la famille d’extrême droite. Normal : Jean Raspail n’avait pas manqué de lui porter son soutien lors des élections présidentielles de 2012 et 2017.
Ces hommages qui lui sont rendus sont même l’occasion pour certains de dénoncer avec encore plus de rage les manifestations qui se déploient aujourd’hui en France contre les violences policières et le racisme, autour de l’assassinat de Amada Traoré et de tant d’autres Noirs et Arabes.
Ainsi, peut-on lire dans l’un d’entre eux :
Mais direz-vous : que vient donc faire Jean Raspail dans ce débat à propos de Schœlcher ? Pourquoi ce Vive Raspail comme réplique à mon ami ? En fait : juste une boutade ... ou presque.

Jean Raspail meurt au moment où disparaît, dans la laideur, la bêtise et la lâcheté, la civilisation qui l’a vu naître, entre les statues que l’on abat, et les agenouillés qui s’excusent de crimes qu’ils n’ont pas commis auprès de gens qui ne les ont pas subis. (« Languedoc Info » du 14 juin 2020)

Parce que, figurez-vous ce monsieur « ultra-réactionnaire » avait sur le grand libérateur blanc et sa forte présence dans l’espace public Guadeloupéen et Martiniquais un point de vue qui ne manque pas d’intérêt et qui pourrait même surprendre ... à première vue. Il me plait de citer alors un extrait détonnant de Secouons le cocotier ; un peu long, mais ça vaut le détour :
« Le 4 mars 1848, Victor Schœlcher fit voter une loi qui mettait fin à une situation évidemment intolérable : l’esclavage était aboli. Encore que l’on conçoive difficilement comment la jeune République Quarante-Huitarde, aurait pu ne pas abolir l’esclavage, l’auteur de cette loi mérite la reconnaissance du peuple libéré. Une belle avenue, une statue bien placée, soit...

Mais quelque chose me choque dans cette inflation de Schœlcher en plaques de rue, en bustes avec ou sans barbe. Le rappel se répète avec trop d’insistance. Si je n’hésitais, en une telle matière, à juger selon les critères de la bonne éducation, je dirais que cela manque de tact [...] Si j’étais noir et antillais, ces Schœlcher abusifs m’échaufferaient le sang.
A force de m’entendre répéter, à chaque rappel du nom de Schœlcher, que mon grand-père n’était qu’un esclave, ou que ma grand-mère, si j’étais un mulâtre, servait le Blanc dans son lit et retournait coucher au quartier des esclaves, je finirais peut-être par détester le petit-fils du Blanc.
Ces petits-fils du Blanc ne sont pas responsables d’un passé pénible, mais dans leur sang coule le sang des Maîtres.
Ce n’est pas d’une domination étrangère que Schœlcher a libéré le Noir, mais du Maître français dont la descendance se perpétue sur les lieux mêmes du « crime ». A célébrer le libérateur avec tant d’insistance, on s’obstine et se torture à ne jamais oublier le passé...
Les Marocains qui doivent tout à Lyautey, et qui le savent pour la plupart, se sont empressés de déboulonner sa statue...

Je n’aime pas ces vengeances mesquines, elles ressemblent trop au coup de pied de l’âne. Mais il faut admettre, je suppose, que la dignité d’un peuple neuf s’accommode mal du culte d’un bienfaiteur étranger.

Il faut déboulonner ce Schœlcher obsédant. Aux descendants des esclaves, il faut tout au moins rendre son souvenir plus discret.

Et si l’on tient absolument à utiliser les socles grecs et les plaques de rue, et à offrir un père du peuple à la population, qu’on y colle donc Delgrès brandissant son lardoir.
Quand le général Richepance, sur les ordres du Premier consul, débarqua à Pointe-à-Pitre en 1802 pour rétablir l’esclavage aboli par la Convention, il trouva Delgrès devant lui, un Noir, un Toussaint Louverture guadeloupéen, qui, après des combats sanglants, se fit sauter à Matouba. C’est lui, le héros de l’anti-esclavagisme, et pas le Schœlcher bourgeois en redingote qui ne fit qu’octroyer, comme une charte, ce que Delgrès voulait conquérir par les armes, et pour quoi il mourut. Ainsi le souvenir de l’esclavage, si l’on ne peut s’en passer, chatouillera moins l’amour-propre antillais. Symbolisé par un Delgrès bien monté en épingle, le peuple aura l’impression d’avoir marqué lui-même son destin ...

Pourquoi pas Delgrès ? Delgresville, cinéma Delgrès, lycée Delgrès, hôpital Delgrès, etc. Quel merveilleux antidote contre tant d’années de servitude ! »
Voilà ce qu’écrivait l’ultraréactionnaire Jean Raspail qui concluait en disant : « Pour parader chez les anciens esclaves, la France n’a pas loupé l’occasion : elle a mobilisé Schœlcher. »

Ainsi les propos de Raspail sont au plus haut point d’actualité. Ils sont plus que vrais. Mais ce monsieur est allé plus loin : Quand en 2002, la municipalité de Paris dirigée par Bertrand Delanoe décide de renommer la rue Richepanse du nom de Chevalier de Saint-Georges, ce royaliste enragé écrit au maire de Paris pour que ce soit plutôt le nom de Delgrès qui soit retenu.
Lors d’une interview en novembre 2012 à Radio courtoisie, « la radio de toutes les droites », il déplorera que sa proposition n’ait pas été retenu, s’esclaffant : Ç’aurait été une belle revanche !

Mais chacun conviendra avec moi que tout cela ne fait pas de ce triste individu ni un progressiste (il s’en offusquerait), ni un révolutionnaire. C’est dire que cela ne suffit pas : aucun d’entre nous, partisan sincère et engagé pour la Souveraineté Nationale ne saurait se satisfaire du déboulonnage de Schœlcher sans jamais lever les yeux et porter le regard plus haut et surtout plus loin, vers un autre horizon que l’état de dépendance extrême dans lequel croupit le Péyi et vagit le Peuple.

Alors cette vérité à quatre sous ne saurait être la mienne. En réalité, chez Raspail, l’opposition à Schœlcher est me semble-t-il une opposition à la République, en dépit du fait que l’un de ses arrières grands-parents Raspail François-Vincent (dont l’une des rues de Pointe-à-Pitre porte le nom) ait été un des principaux acteurs de la proclamation de la 2ème République en février 1848 et un compagnon de Schœlcher.

Quand Raspail déclare sur Radio courtoisie « j’ai toujours été horripilé par Schœlcher », en réalité, c’est la République qu’il abhorre, c’est elle qui l’insupporte. Quand il dénie à Schœlcher le beau rôle, c’est aussi pour affirmer que la République n’a pas à s’enorgueillir d’avoir aboli l’esclavage et les bourgeois en redingote comme Schœlcher qui y trônaient non plus.
La palme et les honneurs doivent selon lui revenir à Delgrès notamment, qui devrait avoir des statues, des monuments et des villes en son nom et pour lui rendre hommage. Raspail, le royaliste dira encore que « Schœlcher est un faux-héros. C’est Delgrès le héros »

Il dit vrai incontestablement mais, ainsi que j’ai eu souvent à le répéter plagiant l’académicien Jean Rostand que parfois « sortant de certaines bouches, la vérité elle-même a mauvaise odeur. »

Voilà donc ce à quoi j’ai pensé lors de mon bokantaj de paroles avec mon ami. Voilà aussi ces « souvenirs » que me sont revenus à l’annonce du décès de Jean Raspail. Voilà comment et pourquoi j’ai fait le lien entre les deux et que j’ai lancé ce Vive Raspail qui en fait était, je l’avoue enfin, bien plus qu’une simple boutade.

Mais, ainsi que j’ai pu le dire par ailleurs, je tiens pour conclure à répéter à mon ami ceci : Schœlcher est un homme politique français. Il compte peu et pour rien pour ce DEMAIN qui nous intéresse. Il ne peut pas, d’où il est, tracer « une ligne de démarcation » et encore aujourd’hui, diviser les Guadeloupéens, qui plus est ceux qui ont entrepris de marcher ensemble vers l’Emancipation. S’agissant des différences de points de vue, notamment sur l’Histoire et/ou certains faits historiques il est certes important d’en discuter, de se disputer même, en évitant toujours ce faisant de se détourner de l’ESSENTIEL : la recherche de la Voie de la Responsabilité et de la Souveraineté. Mieux : la marche résolue, « tèt kolé ». Et si janmé Schœlcher, quoiqu’il fît en son temps de bon, de moins bon ou de détestable, devait constituer un poids qui nous divise, nous ralentisse ou nous écarte du chemin vers la Souveraineté ; si janmé il devait être à l’origine ou la cause de procès en sorcellerie et excommunications dans nos rangs, dans notre camp, alors qu’il aille au Diable lui aussi ... s’il n’y est déjà.
Ça fera de la compagnie à Jean Raspail. Ainsi nous poursuivrons, plus légers, notre route san pèd an chimen, san pèd chimen, san fè chimen kòsyè.


Par Ary BROUSSILLON (Sociologue-Historien) / Petit-Bourg, le 15 Juin 2020

lundi 1 juin 2020

Fable... .


Alors que la peste faisait rage
dans la jungle, confiné en cage,
peur d'être par mégarde infesté,
chacun veillant de près à sa santé,
un autre désastre frappa la cour...
C'était à vrai dire un danger en cours,
Les hyènes toujours de sang affamés
connus pour leur attitude mal famée,
pensent toujours au prochain repas
qu'importe tomberait sous leur pas...
Mieux vaut attaquer le troupeau
plus facile se défaire de leur peau...
Comme on le sait, rien ne vaut
la chaire tendre du veau...
Ainsi en bandes ils pointent du doigt,
se croyant toujours de plein droit,
mettent leur plan en exécution
qui se termine par une exécution...
.
Un veau paissait tranquillement
à coté de sa maman, à peine
sorti de la mamelle... Le goût
de l'herbe lui était bien nouveau
d'une étendue comparable à la mer.
La vie était belle pour le veau,
il ne connaissait rien encore
du racisme et de la peste les fléaux
qui en ces temps battaient records...
Dans la jungle affolée, les fléaux
de la balance atteignant leur pic,
semant dans la cour la panique...
Soudain du ciel comme des nues
tomba sur le troupeau une horde
de démons assoiffés à l'assaut.
C'était l'épouvante de tout part
le sauve-qui-peut, même les mères
dont on connait le sens de protection.
Les hyènes avaient tout calculé
et leur proie était tout à coup acculée.
victime sans issue dans une gorge...
Les crocs d'un assassin à sa gorge
tandis que les autres avaient leur part
montrant leur férocité à nu......
' Je ne peux respirer ', dans un sursaut
ultime agonisait le veau, maman, maman
sentant venir son dernier moment,
un palliatif pour soulager as peine......
Ce n'était qu'un cadavre en putréfaction
que même l'enfer rejetterait de dégoût,
telle une peau noire au bout d'une corde...

A George Floyd...

dimanche 31 mai 2020

pour 2019


Je vis pour donner corps et forme au rêve,
Je vis pour recréer la vie
Je vis pour alerter le soleil sur nos urgences...
Je défis la vie tout comme la mort
Je vis et je rêve...
car celui qui n’a jamais rêvé n’a jamais vécu
Qui cesse de rêver cesse de vivre...
Cesse de défier le temps...
Cesse de recréer la vie...
Qui n’a jamais rêvé meurt tout simplement.l.
Sans raison d’avoir vécu.
Yole Dérose, 2018
Je vous souhaite une année nouvelle 2019
Remplie de lumière à la dimension de vos rêves.
Avec beaucoup d’amour


Yole derose

Bonne fête des mères ( 2020 ) Haïti !


C'est toujours à maman
qu'on pense au moment
quand on est en danger,
au moment plus amer
le poids devient plus léger...
Elle t'a porté dans son sein,
puis allaité de ses seins,
dans ses bras bercé..
Jamais elle n'a cessé
de t'aimer... Il n'y a pas
comme une sainte mère
qui a guidé les premiers pas...

Bonne fête des mères ( 2020 )
.
When you're about to die,
for your mama you cry,
she is at the last breath
you remember the breast,
the milk that feed you first,
at all time you thirst...
She is the only arms
that protect from all harms,
Never wish for another,
nothing replace a mother...

To all mothers (2020 )
.
Kiyès ki pi bèl
pase manman.
Manman pi chè
pase dyaman...
Se manman sèl
ki toujou la nenpòt
kilè lè tout pòt
fèmen devan w chè...
Se yon grenn sèl,
san li wap bay gabèl
la vi a san sans, li fad,
ou pa konn kote w gad....

jeudi 28 mai 2020

Ça ira...



Tu l'aimes
Quand même
Me l'avoueras

Sans pareille
Ou même
Tu l'aimeras

Orage encore
Plaqué aux charmes
D'autrefois

Ça ira
Avec ou sans elle
Docile belle sans foi ni loi

Courbes douces
Sans que cesse
Chemin de croix

Ça ira...
Folle frivole
La vie coule

Ces vagues
Divaguent
Jusqu'à moi

Nous sommes
Danse floue
Vous et moi

Tu le sais
Me le berce
C'est tout toi...

Ça ira...

Jocelyne Mouriesse
Mai 2020

Voix d'eau


Émergeant de la lecture de la revue Kaizen... je partage la fraîcheur du "grain" de ce petit matin, celui qui sang-ploie à se laver les plaies en abreuvant la terre des larmes indispensables à l"évolution collective...

Chacun y va de sa façon de percer le tuyau qui fera sourdre sa voix d'eau. En somme, il s'agit d'opter entre :
- laisser l'eau s'évanouir entre les doigts sans maudire
- risquer l'éclaboussement en conservant la ressource pour soi
- la faire jaillir en transparence pour le plus grand confort de tous, hors de portée des eaux usées.

Muse des débordements ; souffleurs d'orage, de désespoir, prières détresses ennemies...
Frères et sœurs que fleurir de tout ça ?

Cette absence de pluie découle t-elle de toutes ces soifs de plus, se déclinant sous ses variantes, silencieuses ou déboussolantes

Cette absence de pluie s'échine à en découdre à tout prix bondissant hors de vous pour le moindre prétexte ! Peu importe qu'elle vous saoule dès l'instant où la brume emporte le sable et sa soif de désert et révèle le captage d'un ciel !

Peine d'eaux perdues, éperdues !
Le robinet refuse de couler, dégoûté....
Les instances nagent dans l'impuissance
Le curé n'en a cure
Tout cela est parfait mon préfet
Mais que font les pompiers ?
.
Mais enfin c'est de nous, de nos soifs qu'il s'agit.... D' en rougir ou rugir !
En surface ou souterraine la soif se faufile joue l'angélisme en souveraine.

Tout cela commence et finit par la quête absolue de confortables fauteuils à l'ombre.
Feuillets extra-lucides, voyants ou mal voyants vous ne faites que passer !

L'eau coulera sous les ponts après vous non pas le déluge, le filet maigre d'un sanglot de chagrin.

Qui vivra verra de Joséphine, de Schoelcher, vrais/faux-frères consoeur, cibles coupables ou non coupables, jouets de l'histoire... Marionnettes dérisoires...

Qu'est-ce que l'histoire voudra bien retenir du geste militant des jeunes activistes ?
L' élan de l'eau qui jusqu'ici était assoupie, soudainement sortie de sa passivité, s'évadant de la tuyauterie d'une courroie de distribution défectueuse, lasse des génuflexions en cascades et pots de vin arrosant la becquée quotidienne.

Ou l'avènement flamboyant
d'un "NOUTOUT ISI-A"
A la hauteur 'un kolézépol !
Aux largesses d'un Lasotè !

Cette eau de vie, cette oeuvre-là plus qu'aucune autre exige la sueur lucide, soulève le vent du courage de tous.
De cette marche à l'amble, résolue, dépend la pérennité d'un boire à la coupe de l' harmonie.

Ce passage d'Edgar Morin me semble plein de bon sens : "déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie à d'autres est une folie".
Il en va de même pour le monde alentour oliron de la terre.
Compter sur ses propres ressources en premier lieu, s'appuyer sur les autres si elles viennent à manquer, la solidarité collective c'est ce qu'il y a de mieux !!!

S'il faut tirer quelque remède aux poisons émotionnels émergeant de l'actualité récente, le déboulonnement de statues peut se traduire comme l"ex-pression d'une overdose profonde, l' in-digestion de représentations "monoparentales"et monumentales héritages du passé colonial. C'est la griffe que la jeunesse pose sur des modèles à désincarner.

Pourquoi ne pas lire dans ce bouillonnement de colère l'opportunité d'un formidable élan de reconstruction, de réajustement, dans une dynamique écologique en rupture avec les politiques qui suivent aveuglément les rails inflexibles du désordre néolibéral.

D'autres statues prendraient la place aux côtés des autres ou laisseront place aux héros ordinaires qui se dresseront en-dedans de nous-mêmes.

Encore cette ligne d'Edgar Morin ;

"Si tous les mouvements de solidarité qui fermentent s'unissent, s'il naît une nouvelle forme qui va dans le sens de "la voie" (ouvrage d'E. MORIN), On peut espérer changer. On ne va pas dire : Voilà le modèle de société parfaite, ! On va dire : "Voilà le modèle vers quoi s'engager pour une métamorphose progressive.'

"La métamorphose d'un papillon, ça ne se fait pas comme ça. Ca prend du temps, ça passe par la souffrance."

En fin ce compte, ce vieux Schoelcher, en se cassant la tête, nous aurait rendu en chutant de son piédestal, un fier service !
Les chutes ont en germé ce pouvoir de rédemption !

Les desseins de certains adieux sont impénétrables...
De la Chenille au papillon, il y a des efforts, des contractions, un long chemin.


Jocelyne Mouriesse

mardi 12 mai 2020

Décollage


Il est une maison sans mur
La mer est seule face au futur
L'horizon file à fleur d'azur

Au mitan grimpe un escalier
Il se dérobe sous les pieds
De qui n'enlace le monde entier

Un bar régale à ciel ouvert
Vouvoie le bleu louvoie le verre
Sème le flou dans les artères

La sculpture trône sur la scène
Saouls les contours de creux, de plaines
Sa courbe est pure et souveraine

Les gens y vont les gens y viennent
Des musiciens des plasticiennes
Des artistes à chaque persienne

Comme une mazurka soudaine
Songe à la nuit et vous entraîne
Aux lunes d'envolées de peines

Tambour sédentaire ou nomade
Charme la cour de camarades
Couve et soulève la tornade

Ici bat le coeur et s’enivre
Ensemble dans cet équilibre
On se sent bien on se sent libre

L'île est oraison au long cours
C'est la raison des mains autour
Du palétuvier de l'amour

Jocelyne Mouriesse

5 mai 2020

mardi 10 mars 2020

Les mânes et les ombres


J'affectionne cet espace-temps, ce moment du jour où les ombres dansent, cet intervalle plus que propice aux rêves et où la muse inspire le poète.


J'ai fait de la nuit ma prédilection, c'est l'instant où je converse avec mes intériorités et les âmes vagabondes .

Parfois, j'entends les chuchotements des esprits qui ne savent qu'ils sont morts, je perçois leur cheminent dans mes alentours, ils ne s'éloignent guère du lieu de leur trépas, voisinant avec l’incompréhension de leur sort.

Les siècles passent pour certains, et ils sont toujours dans l'attente de leur délivrance, la fin de cette errance.

Ces mânes auraient besoin de prières, de nos oraisons et d'actes consacrés, car ils sont tellement seuls dans nuit.

Evariste Zephyrin

mercredi 26 février 2020

Parenthèse printanière


Vaille que vaille, dans toute cette morosité et ces désagréments nous avançons dans ce monde désenchanté d'un pas incertain, confronté que nous sommes à la folie, à la laideur, à l'obscurcissement ou l'obombrement de l'âme de l'Homme peccamineux, qui ne prospère que par la destruction et la mort ; pourtant, chaque jour, Dieu nous rappelle à la beauté du monde.

Evariste Zéphyrin

mercredi 19 février 2020

KAROLIN-ZIÉ-LOLI

L’histoire dit que Caroline était une Piérrotine vraisemblablement atteinte de strabisme (elle louchait) dont le mari poivrot finissait presque toutes ses soirées au bistrot du coin, boulé à l’extrême. Plus souvent que rarement, elle était obligée de hisser ce dernier sur son dos pour le ramener au bercail à une heure bien avancée de la nuit. Le couple était très connu du peuple pierrotain si bien que le carnaval reprit à compte ce fait divers. Le travesti, assez difficile à réaliser, consiste en une femme en grand-robe, un œil blanc un œil noir, qui porte un homme dont on voit la tête (masquée) et les 2 jambes qui jaillissent au niveau des hanches de la femme. La structure doit être savamment montée si l’on veut réussir ce déguisement, car le tour de main consiste à ne pas laisser deviner quelle tête est un leurre (car il n’y a bien sûr qu’une seule personne sous tout ça, pour deux têtes. Parfois le leurre est sur le dos, mais certains préfèrent porter la tête factice du côté de l’estomac). Carnaval, quand tu nous tiens ! Bon mercredi à tous !

Josépha Luce

FAITES SORTIR LES ELFES !

Allocution de Patrick Chamoiseau. Réception du Prix de l’excellence à vie au Center For Fiction de New York. 10 décembre 2024. L’écrivain is...