lundi 9 janvier 2012

Lettre ouverte d'une femme à l'homme qu'elle aime...

Larivyè lajwa. Photo Philippe Bourgade
Je me crois, me pense, me ressens féministe… Mais je n’ai nulle honte à dire qu’avec toi j’ai trouvé… mon maître ! (Non mes sœurs féministes ne vous offusquez pas !)

Mon maître, celui qui n’a cure de mes soté-maté-babiyé et qui, obstiné, continue de m’aimer parfois bien malgré moi, celui qui ne cesse de me désigner ma propre lumière, celui-là si indulgent pour mes trébuchements mais si inflexible avec mes hésitations, mes latranblad-kapon ! Celui-là qui a le toupet de me contredire même en sachant ce qu’il encourt ! Celui-là nullement impressionné par mes « tempêteuses » colères et qui sait m’obliger en douceur à exprimer le meilleur de ce que je suis à force d’exalter le meilleur en moi… Celui-là dont les épaules savent se faire asile pour mes cyclones intérieurs, dont les mains et les mots pétrissent et polissent mon âme libertaire avec l’infinie patience, la tendresse amusée et l’inconditionnel amour du Maître spirituel. Celui-là dont les yeux amoureux sculptent mon corps et le rendent à sa virginité originelle… Celui-là par la grâce de qui je deviens tour à tour disciple et prêtresse, courtisane et pucelle, Mère du monde et enfant abîmée par la faim et le poids des questions sans réponse.

Celui-là qui n’a pas pris ses jambes à son cou ce jour, où, épouvantée et solennelle, je lui ai avoué qu’entre ses mains, qu’entre les silences et les étonnements de son cœur, il tenait ma toute vie…

Je crois oh mon amour avoir cherché et épuisé tous les moyens de t’effrayer, de t’acculer à renoncer à moi. Je t’ai parlé de moi avec la distance dont on parlerait d’une étrangère au passé trop lourd ou mystérieux... Et cette étrangère que je tenais à distance et d’une condescendante distance, tu lui as pris la main dans un geste qui était déjà de l’amour, de la façon la plus naturelle qui soit. Et elle te questionnait encore : « Est-ce bien moi, vraiment ? Suis-je vraiment celle-là que tu vois, que tu veux ? Veux-tu me parler d’elle et m’apprendre à la connaître et à l’aimer ? Peux-tu ? » Et ta réponse était ce sourire à la fois si doux et entendu, ta réponse était cette main obstinément et doucement tendue vers moi, cette étrangère…

Et aujourd’hui que la vie te malmène, aujourd’hui où tu te sens aussi désemparé qu’un enfant brusquement orphelin, c’est à moi qu’il revient de prendre ta main ; de te rappeler à quel point elle sait, cette main tienne, accomplir des miracles. C’est à moi qu’il revient de t’inviter à écouter l’écho de tes propres mots, leur lumineuse résonance afin que le son de ta propre voix te rappelle que tu connais déjà toutes les réponses aux questions que tu n’oses pas poser. Te rappeler aussi que le Maître en toi sait que sur l’autre versant de ton calvaire, le chemin d’ascension n’attend que de s’ouvrir à tes pas en une lumineuse épiphanie.

Alors nous aurons gagné le droit de goûter au sang glorieux de la vigne, à l’or tremblant du miel…
Tienne,

Nicole Cage

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