mercredi 28 octobre 2009

Le « statu quo » est celui de nos politiques

Depuis quelques semaines, certaines personnalités prétendent se livrer à une exégèse soi-disant objective de la pensée du président de la République suite à son discours de juin 2009, à l'aéroport Aimé-Cesaire. Il est vrai que le président de la République a affirmé à cette occasion que « la récente crise nous a rappelé à quel point le statu quo n'était pas nécessairement la meilleure voie » .

D'ailleurs, cette volonté, il l'affirme aussi dans l'Hexagone où il souhaite que s'engagent de profondes réformes des institutions. Depuis, ceux qui se voudraient les seuls défenseurs d'une Martinique plus responsable veulent nous faire croire que Nicolas Sarkozy, qu'ils soupçonnaient de néocolonialisme il y a peu de temps encore, approuve, voire soutient, leur volonté d'imposer aux Martiniquais un passage en force à leur « article 74 conduisant à l'autonomie » .

Mais beaucoup de Martiniquais présents à l'aéroport Aimé-Césaire ce jour là, ont clairement compris que le statu quo auquel Nicolas Sarkozy faisait allusion était, avant tout, celui du marasme dans lequel la plupart de ceux qui prônent aujourd'hui le « 74 » ont plongé le pays depuis près de 25 ans.

Pour s'en convaincre, il suffit de relire le discours du président de la République pour l'entendre aussi affirmer que : « 'ai toujours été ouvert à la question de l'évolution institutionnelle, sans en faire toutefois une priorite ? » . « Les Martiniquais seront libres de choisir, en leur âme et conscience, le chemin qu'ils souhaitent emprunter... Pour ma part, je n'ai, à ce stade, pas de préférence à faire valoir entre tel ou tel modèle d'évolution institutionnelle... Différents scénarios sont possibles et parfaitement respectables : le statu quo ; la création d'une collectivité unique dans le cadre de l'actuel article 73 ou le statut autonome de l'article 74... »

Le vrai changement est celui des engagements

Il ajoute que « l'évolution institutionnelle peut aussi se concevoir comme un processus, une démarche comportant plusieurs étapes. Par exemple, on pourrait imaginer dans un premier temps, la création d'une collectivité unique de l'article 73, assortie d'un pouvoir normatif renforcé ?. Après plusieurs années, et à l'issue d'une évaluation du fonctionnement de cette collectivité unique, une seconde étape, vers plus d'autonomie, pourrait être engagée » .

Il est vrai que personne ne pourrait comprendre que nous fassions le choix de laisser notre pays dans la paralysie et la torpeur, conséquences de l'incapacité de nos deux présidents d'Assemblées à impulser un véritable développement économique, cherchant sans arrêt auprès d'un Etat-tiroir-caisse, la réponse financière au moindre problème. Oui! C'est bien à un changement d'ère (et peut-être « d'air » ) et de génération, auquel Nicolas Sarkozy nous encourage... un changement dans nos relations réciproques avec l'Hexagone pour plus de responsabilités, pour une véritable prise en mains de notre avenir, pour plus d'audace dans nos projets, pour une construction et un développement gagnant-gagnant.

Oui! Le débat est pour nous, comme le dit Nicolas Sarkozy, « celui du juste degré d'autonomie. Celui de la responsabilité. Celui de l'équation unité/singularité ? » .

Mais où dit-il que le vide de la proposition d'un article 74, échappatoire trouvée par des élus qui n'ont aucun projet pour le pays et qui veulent fuir leur responsabilité, serait la seule voie pour nous ?

Qu'engager la Martinique dans une aventure non préparée sur la base de discours incantatoires qui ne répondent à aucune des questions concrètes que se posent les Martiniquais, serait LA solution ; et que l'État apporterait sa caution financière à cette belle affaire ?

Pourquoi, quelques jours après le discours de Nicolas Sarkozy, le Premier ministre, François Fillon, aurait-il pris le risque de contredire le président de la République en déclarant aux Réunionnais : « Vous voulez être des Français comme les autres. Vous voulez les mêmes institutions que les autres (...). Ce message, je le reçois avec enthousiasme et je l'appuierai aussi souvent qu'il s'exprimera » ?

Non, concitoyens martiniquais, ne nous laissons pas tromper. Si le seul choix que nous proposait le Président de la République était celui d'un « miraculeux » article 74, pourquoi aurait-il alors prévu une deuxième consultation pour une évolution, oui une évolution, mais cette fois dans le cadre sécurisant de l'article 73 ?

Ce ne sont pas ceux qui agitent les sirènes d'une autonomie, légitimement désirable à terme dans toute évolution d'un individu, d'un peuple, d'un pays, qui assumeront les conséquences d'un saut, sans parachute, dans le vide de leur statut 74 improvisé! Ceux pour qui la chute sera la plus dure sont, de toute évidence, les plus fragiles.

Il suffit pour s'en convaincre d'écouter les plaidoyers vibrants des députés de Polynésie, du préfet de St Pierre-et-Miquelon ou du sénateur de St Martin, toutes trois Collectivités régies par l'article 74. On comprend alors que si l'Egalité de droits garantie par l'article 73 ne résout pas tout, elle permet pour le moins d'amortir le choc violent de la crise pour les plus démunis.

Les temps ont changé depuis l'après-guerre et les indispensables décolonisations. Dans le monde de ce XXIe siècle, ceux qui gagnent sont ceux qui ont compris qu'il fallait savoir se regrouper pour exister sur la scène mondiale, mais se regrouper dans le respect des identités et particularismes, dans une démarche de symbiose enrichissante.

Si le temps est venu de la Responsabilité, de déployer nos atouts à partir de notre propre vision, de contribuer à la production de nos propres richesses, rien n'autorise les illusionnistes à jouer avec le destin d'un peuple!

Nous sommes convaincus que les hommes en place et leur clientélisme délétère ont une lourde responsabilité dans la situation désespérante que nous vivons.

Nous devons préparer le changement profond et indispensable pour la Martinique, le vrai changement, en prenant des engagements clairs avec le peuple tout entier, et les acteurs socio-économiques en particulier.

Oui! L'assemblée unique dans l'article 73 est un premier pas vers plus de cohésion, plus de clarté, qui doit nous permettre de refonder notre projet de société.
Oui! Nous devons avancer, sinon la pression mondiale nous l'imposera! Mais nous devons le faire, « au pas du peuple » , dans le consensus le plus large possible, et avec le nécessaire pragmatisme qui permettra de préserver nos acquis et l'égalité des droits si chèrement conquis par nos ainés.

C'est pourquoi, solidement ancré dans les valeurs républicaines et démocratiques de ma famille politique, alliant solidarité active et responsabilité entre-preneuriale, je considère, en mon nom personnel et dans le contexte actuel, que le rassemblement de toutes les forces de progrès est une démarche moderne, responsable et donc souhaitable, pour construire l'édifice institutionnel du socle démocratique de la Martinique de demain.

Christian Rapha, porte-parole de Evolution 73

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