jeudi 14 juin 2012

« Récitation pour Hector Bianciotti »



« Il y aura sans doute une bourrasque rétive sur la Pampa, un soupir italien dans les lettres les plus belles, et bien sûr le tressaillement de cette langue de France offerte à l’autre imaginaire ­­̶ venu de loin, venu d’ailleurs et de nulle part ̶ soumise à la vision subtile, océanique, et tellement large des grands lecteurs.
Toute l’origine projetée dans l’horizon, tant de langues désirées, de passages assumés, sous l’arc-en-ciel des sentiments !
J’ai gardé la douceur de la voix, les beautés de l’accent, l’élégance inscrite dans une majesté simple, la courtoisie princière, cette ouverture aux étrangetés créoles du jeune apprenti romancier accueilli à l’entrée du palais, et puis cette présence fidèle, l’exigence attentive…
Alors voilà : ce qui hurle aujourd’hui, qui hurlera longtemps, à chaque paupière et dans chaque ronde du sang, ce qui suspend la perte et qui défait l’absence,
Hector, c’est tout l’honneur d’une amitié, et d’une reconnaissance, et d’une lumière très proche du plus profond vivant, instruite des mutations de l’amour, soucieuse des plus beaux indicibles de la littérature élevés aux longues spirales du chant et aux murmures intelligents de la mélancolie. »
Patrick Chamoiseau

René ou ka voyajé

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