L'épidémie de choléra fait monter la colère - 20minutes.fr: "Haïti La maladie a déjà fait 1 110 morts et contaminé près de 20 000 personnes sur l'île dévastée
Question de sécurité nationale. Situation d'extrême urgence sanitaire... Derrière les mots, la réalité en Haïti est un drame. Dix mois après le séisme qui a tué plus de 250 000 personnes, le pays compte à nouveau ses morts. Apparu dans les villes au bord du fleuve Artibonite, le choléra s'est propagé à une vitesse inquiétante aux villages reculés dans les montagnes. La capitale Port-au-Prince est aussi touchée.
Premières cibles : les bidonvilles. A Cité Soleil, qui compte entre 400 000 et 800 000 habitants, l'hôpital Sainte-
Catherine reçoit les malades sous des tentes montées en urgence par Médecins sans frontières. Des bassins de chlore à l'entrée, dans la zone de triage et devant les lits des patients : tout est fait pour ne pas laisser se propager le choléra au quartier pauvre qui entoure la petite clinique. Mais les personnes viennent, toujours plus nombreuses. Raoul Planchet, médecin haïtien, ne peut s'imaginer être débordé. « Nous faisons face à une épidémie : on ne peut pas se fixer un maximum de patients à accueillir. Notre travail est de fournir des soins à la communauté. » Mais ces centres de traitement du choléra mis en place par les ONG pour venir en renfort des faibles structures médicales nationales arrivent à saturation. Les espaces manquent dans la ville encore encombrée des ruines du séisme.
Lundi, la tension est montée dans le nord du pays. Accusée par la population d'avoir apporté la bactérie dans le pays, la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) fait l'objet depuis de violentes manifestations au Cap-Haïtien. Dans la deuxième ville du pays, deux personnes sont mortes par balle après des affrontements avec les casques bleus. Depuis, les rares équipes médicales présentes sont contraintes de rester en lieu sécurisé. Elles ne peuvent plus travailler : les liaisons par hélicoptère depuis Cap-Haïtien vers les zones inaccessibles par la route sont interrompues. Or, c'est par ce moyen que les médicaments et les médecins sont amenés dans les villages durement touchés par le choléra.
Mercredi, deux vols des Nations unies ont pu se poser à Port-de-Paix, situé à 170 km à l'ouest du Cap-Haïtien, mais, dans la ville même du Cap, la situation est proche du chaos. Des barricades sont toujours dressées et la population a peur de sortir de chez elle. Les malades ne peuvent donc se rendre rapidement dans les hôpitaux. Or, une fois déclaré, le choléra tue en quelques heures. Dans les rues, les cadavres se font plus nombreux, ce qui va accroître la propagation de la maladie.
notre correspondante à haïti, Amélie Baron
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