jeudi 7 juillet 2011

A tous qui veulent lire l'histoire de la mulâtrie au présent dans le passé



Un auteur peu connu, Alexandre Bonneau, avait produit un titre en 1862 un document d'une valeur hsitorique: HAITI, SES PROGRES, SON AVENIR. La question des Noirs et des Mulâtres y était clairement évoqué.  Voici ce qu'il écrivit au chapitre VIII de son livre.   


"Ce n'est pas pour flatter les Haïtiens que nous avons pris la plume, mais pour les défendre contre des accusations injustes et pour leur dire des vérités utiles. Ils ont fait des pas en avant, depuis l'organisation donnée au pays par Alexandre Pétion; leurs détracteurs élèvent en vain la voix; si la culture de la canne s'est maintenue pour la production du sirop et du tafia ; si de 35 millions de livres de cafés exportés, on est arrivé à 60 millions; si de 15 millions de livres de campêche, on est parvenu à en exploiter 104 millions ; si la culture renaissante du coton a produit l'année dernière 2,500,000 livres; si l'instruction publique, la justice et les cultes ont été largement réorganisés, n'est-ce pas la preuve éclatante d'un mouvement ascensionnel très-sérieux ; mais à qui la nation est-elle redevable de ces bienfaits, si ce n'est au gouvernement des hommes de couleur ?


Nous le dirons donc avec une entière conviction; les mulâtres sont, quant à présent, les conducteurs nécessaires de la société haïtienne ; ils représentent le progrès au milieu d'elle ; ils sont l'incarnation du génie européen infusé dans le sang des populations africaines, et ceux-là tromperaient la race noire et la pousseraient à sa ruine, qui voudraient lui persuader qu'elle peut se passer d'eux et se gouverner désormais par elle-même. C'est aux hommes de couleur qu'il appartient de rapprocher leurs frères noirs de la civilisation, et de rendre à Haïti, par la liberté, la haute fortune dont elle fut dotée autrefois par l'esclavage. Il ne s'agit pas ici de vaines hypothèses, mais d'une loi providentielle éclatante comme le soleil des Antilles.   


Est-ce à dire que les mulâtres seuls ont droit de remplir les fonctions publiques? Rien n'est plus loin de notre pensée. Nous croyons, au contraire, qu'il est juste, qu'il est indispensable, de confier des emplois à tous les noirs qui sont en mesure de les remplir d'une manière convenable; et les chefs mulâtres l'ont de tout temps compris. Sous Boyer et sous le président Geffrard comme sous Pétion, les noirs instruits et intelligents ont été appelés aux plus hautes dignités ; ils ont siégé en majorité dans les Chambres et dans les tribunaux ; ils ont occupé les grades les plus élevés de l'armée ; ils ont fait partie du conseil des ministres. Tout ce que nous demandons, dans l'intérêt général de la nation, c'est que la direction soit confiée aux plus capables, qui, dans l'état actuel de la société, sont incontestablement les hommes de couleur.   


Noirs et jaunes, soyez donc unis, comme il convient à des hommes nés de la même mère, co-partageants dans le même héritage, et solidaires à tel point qu'on ne saurait léser les intérêts des uns sans mettre en péril les intérêts des autres. Les divisions intestines sont plus fatales à Haïti qu'à aucune autre nation du monde. Celles qui ont éclaté jusqu'à ce jour ont ralenti la marche du pays, et si les noirs ne sont pas, à cet égard, exempts de reproches, les mulâtres, nous ne craignons pas de le proclamer, ont assumé dans les révolutions la responsabilité la plus lourde. Les jaunes se montrent, en général, trop pressés d'arriver; leur pétulance tend au désordre, et beaucoup ont en eux-mêmes une confiance exagérée, qui leur fait trop souvent oublier ce que le peuple a droit d'attendre encore de la sagesse, de la capacité, de l'expérience consommée des hommes qu'ils voudraient évincer de positions conquises par un long dévouement à la chose publique et par d'éminents services.


 Norluck Dorange

Aucun commentaire:

René ou ka voyajé

  Mon fidèle parmi les fidèles, mon ami, mon frère, l'indomptable René Silo est parti jeudi et je suis inconsolable. Triste, triste à pl...