dimanche 4 mai 2008

Admirable Pierre Aliker


A un esprit rebelle ajoutez le privilège de l'âge et vous obtiendrez une des plus belles insolences qui soient. 101 ans ans et prêt à en découdre comme à 20 ans. Hors de question que l'on puisse lire son discours avant qu'il ne l'ait prononcé. Pas de tapuscrit donc. Ecriture de médecin qu'il a lui-même du mal à relire. Un hommage de mots choisis, un de plus à Aimé Césaire? Ou plutôt une fidélité en acte? Le flambeau du rebelle fondamental était entre ses mains... cela faisait si longtemps qu'Aimé Césaire et lui se passaient le relais. Alors... Si Pierre avait renié le Christ par trois fois, lui Pierre Aliker persista et signa trois fois sa fidélité, en citant Marx, en transformant même, la phrase de Marx qui écrit dans le Manifeste du parti communiste : [La bourgeoisie] a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle devient "Nous avons toujours refusé que l'intérêt général se noie dans les eaux glacées des intérêts privés." Voilà la vraie fidélité, celle de l'esprit plutôt que celle du perroquet. L'insolence n'aurait pas été ce qu'elle fût si la phrase n'avait été dite et redite devant Nicolas Sarkozy. Certains dans les tribunes se tordaient les mains : jusqu'où ira-t-il? Et bien pour qui n'aurait pas compris il termina en rappelant cette évidence : " Les spécialistes de la Martinique? Ce sont d'abord les Martiniquais eux-mêmes!". Propos généralement absurde en sciences sociales, Pierre Bourdieu, Germaine Tillon qui vient de dispataître, en savaient sur l'Algérie bien plus que bien des algériens eux-mêmes, mais propos d'une infinie vérité dans le domaine politique. En peu de mots le vieux combattant nous faisait comprendre la profonde complicité qu'il entretenait avec Aimé Césaire. C'était le plus bel hommage. Merci Monsieur Pierre Aliker. Merci.

Roland Sabra

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