Blog dédie au poète Aimé Césaire notamment à son oeuvre, sa poésie et collectant les articles qui ont été publiés sur ce grand homme martiniquais
mardi 28 avril 2009
"La terre gibbosité" C’ETAIT AIME CESAIRE
Si on me demandait de désigner un poème qui donnerait comme une épaisseur-pays à l’œuvre poétique d’Aimé Césaire c’est, bien sûr, Comptine dans Ferrements que j’aurais choisi. Cet éco-poème qui dit le triomphe de la mémoire, de la vie même, sur la rudesse de l’histoire et le primat de la culture sur la nature, marque un ancrage du poète (peut-être, malgré lui) dans cette terre-mémoire-culture-caribéenne de Martinique.
Comptine qui rassemble ces îlots de mémoires douloureuses gagnés sur l’océan, décale l’universalité de la poésie césairienne, la ramenant, par sautillements multiples, au lieu martiniquais. Les poètes chantent toujours un lieu avec lequel ils font corps, parfois. "Cette pierre sur l’océan élochant de sa bave" que le poète prend pour terre c’est dire une matrice-mémoires qui façonnait ce qu’Aimé Césaire nommait "l’identité martiniquaise". Ferrements marque l’entrée de la poésie césairienne dans le/les temps de l’enracinement. Mais le lieu qui était ici passeur de mémoires données en une seule roche, pouvait-il, déjà, faire la relation avec l’ailleurs-monde, tous les ailleurs possibles ? Les ramures de cette terre-mémoire-culture-Martinique emplissaient le Calendrier lagunaire/Moi, laminaire qui faisait comme une sourde réplique à Comptine/Ferrements et signalait l’enracinement achevé puisque l’ailleurs était ici même, puisque la mémoire tombait dans l’histoire.
Cette terre-mémoire-culture-Martinique, une victoire sur la nature, c’est dire que Aimé Césaire avait travaillé son cri nègre, (le cri césairien n’était pas un cri brut, le cri damassien), renvoyait une densité, une épaisseur que le peuple, dans ses combats quotidiens, donnait aux lieux, à la terre-pays. La poésie césairienne qui était restée campée sur une langue française trop cavalière, revenait au pays réel après une solidarité franche avec les humanités souffrantes partout dans le monde. Elle revenait au pays réel puisqu’elle était partie à la conquête/reconquête de tous ces bouts de monde qui portaient "son empreinte digitale", l’empreinte nègre. Partir pour, "homme-juif, homme cafre, homme-hindou-de-Calcutta, homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas", faire voix avec les sans-voix. Partir, pour s’enrouler dans ces histoires nègres-debout, Haïti, mère de toutes les terres-histoires ; Mississipi/Amérique, un pont d’injustices qui flotte jusqu’aux rives des Caraïbes/Amériques, le Congo rebelle qui pointe une vision trop courte sur le continent-Afrique. Tous ces rivages explorés ont-ils révélé un acteur nègre accompli ? Le Cahier d’un retour au pays natal présentait davantage les traits d’un départ en quête de, dont Ferrements aura scellé le retour obligé.
Qui était le nègre de la négritude césairienne ? Puisque la poésie césairienne n’était pas afro-centrée, puisqu’elle courait le monde, même enracinée dans la terre-mémoire-Martinique, alors le nègre de la négritude césairienne n’avait pas toujours été africain ou ni afro-descendant. Le défaut déterminant des négritudes c’était la négation de la diversité culturelle et politique du continent-Afrique. Les colonialismes et la négro-phobie/mélano-phobie (parfois la négro-phagie) qui les habite, avaient créé cette Afrique là, une et brute, une vieille roche que « l’histoire » coloniale finirait par dompter ; les négritudes en tant qu’elles étaient des contre-discours-colonialistes ont repris, en la renversant doucement parfois, cette Afrique une et brute.
"ceux qui n’ont inventé ni la poudre ni la boussole
ceux qui n’ont jamais su dompter la vapeur ni l’électricité
ceux qui n’ont exploré ni les mers ni le ciel
mais ceux sans qui la terre ne serait pas la terre gibbosité
d’autant plus bienfaisante que la terre déserte
davantage de terre
silo où se préserve et mûrit ce que la terre a de plus terre"
Le cynisme commémoratif césairien était bien en déport des négritudes damasienne (cynisme angélique) et senghorienne (métissage des identités-races-cultures, de l’hellène raison et de l’émotion nègre), elle s’appliquait simultanément à, une identité-culture, une identité-mémoire, une « crypto-identité-race », jusqu’à une proto-identité politique. Parfois angélique, souvent commémoratif le défi cynique césairien arborait une complexité qui n’avait jamais intégré l’identité-langue-Martinique. Or c’est bien cette identité-langue-Martinique qui fait l’histoire et la culture, authentiques. Sans cette identité-langue-Martinique on ne pourrait marronner hors les tracées de l’histoire coloniale ; c’est cette identité-langue-Martinique qui projette.
Dans ce 20e siècle où les mémoires passaient essentiellement par le lieu, la négritude césairienne avait relu trop rapidement une histoire coloniale (coloriste) tombée des carnets de correspondance et de voyages des abbés et négriers du 18e siècle, des abolitionnistes et « amis des noirs » du 19e siècle. C’est sans doute là, une des raisons majeures de son insuffisance politique, cette incapacité à ajouter une voix martiniquaise aux mouvements des indépendances/décolonisations qui ouvraient au/le monde. Cette incapacité à faire rentrer la terre-mémoire-culture-Martinique dans l’histoire et à envisager le pouvoir politique. Cette poésie césairienne enracinée dans la terre-mémoire-culture-Martinique n’a pas eu un écho politique vrai, l’assimilation/départementalisation ne peut-être la décolonisation mais bien une institutionnalisation du fait colonial, une permanence du délire négrophobe/mélanophobe et négrophage.
1- Les trois temps de la poésie césairienne.
Le temps de la solidarité avec toutes les humanités-monde souffrantes s’inscrivait, toujours doucement, dans cette vision marxienne, un messianisme éclairé où les derniers étaient supposés soumettre les premiers mais aussi un hyper-assimilationnisme social-républicain où le salut des colonisés était subordonné à l’avènement d’un pouvoir prolétarien en Europe. Le poète solidaire, humaniste à l’écoute de tous les opprimés du monde, chevauchant une langue et une culture françaises, pensées universelles, n’avait fréquenté aucun verbe martiniquais. Dans les mornes qui surplombent Fort-de-France - Mòn-koko, Mòn-pichven, Latrenel, Sitron, Tivoli -, la langue martiniquaise, en tout cas sa version parlée, le créole, avait servi de marchepied au grec ancien, – eïa hellèn -, au latin, langue morte depuis madjigada, même au serbo-croate, au français d’an-tjou-man-deviran, à l’anglais wichpitinglish, et autres langues trop euro-centrées. Aucune des nombreuses langues de la mater Africa (aberewatia Abibiman) n’avait pu s’exprimer dans la poésie césairienne. Le poète communiste, le poète du Cahier d’un retour au pays natal, le poète de Les armes miraculeuses, n’avait prolongé aucune de ces musiques martiniquaises, toutes caribéennes, qui, armes miraculeuses justement, nous avaient façonné peuple.
Le temps de la commémoration signalait une pré-conscience raciale et une conscience culturelle qui n’arrivaient toujours pas à lire le fait politique martiniquais. Le poète ruminait, commémorait, se souvenait mais ne faisait jamais corps avec un destin nègre-martiniquais libre. C’est Frantz Fanon qui dès Peaux noires, masques blancs, (et le pluriel des masques crie, anmwe, man-persefout) avait stigmatisé cette conscience qui se contentait de se souvenir. Ce commémoratif là, Cadastres, Soleil cou coupé, avait abruti plusieurs générations d’une vision réductrice du continent africain qui parfois ressemblait tristement à une lointaine province française et caricaturé l’histoire afro-américaine chiffonnée, griffonnée à Gorée (Sénégal), une altération de l’histoire pour les bénéfices de l’hallucinante francophonie. Et les voici, Akan, Yoruba, Igbo, Mende, -101 nanchon Afrik-Ginen-, brillantes comme des sousoun-klere du dimanche, avant la grand-messe, tombées dans le gouffre de l’oubli : "dans l’incognito chrétien de l’entrepont… où la pesanteur, les fièvres, la famine, la vermine, le béribéri, le scorbut, le manque d’air et la misère y ont célébré d’atroces orgies" pour citer Yambo Ouologuem dans Le devoir de la violence. Ce commémoratif là, qui pourtant a pu initier un dialogue avec des nativismes afro-étasuniens et afro-caribéens, n’a jamais fréquenté les résistances nègres-caribéennes, Bumba, Campo Grande, Palmares, Bwa-Leza-Matinik, Le Maniel, Para, tous ces territoires du premier temps caribéen.
Le temps de l’enracinement touchait une conscience culturelle qui nous a fait tantôt héritiers, tantôt diaspora d’une Afrique pensée non plus comme un continent mais comme un espace-temps unique, sans histoires franches mais dont la mémoire chantée par quelques vieux griots hébétés ré-ouvrait incessamment notre blessure originelle. Brass, Calabar, Ilfe, Nupe, toutes ces cités-états ante-coloniales qui avaient magnifié le politique. Une structuration autochtone de la culture martiniquaise n’était jamais envisagée ; comme si la déterritorialisation et le passage n’avaient jamais existé ; comme si le dominé yorouba, akan, ibo, mende et tous les autres dans la plantation coloniale n’avaient jamais cherché à renverser cette domination ; comme si le marron des hauteurs n’avait jamais intégré un/des paysages de la terre-mémoire-Martinique (la reterritorialisation) ; comme si les enfants de la deuxième génération des akan-igbo-yoruba/nago n’avaient jamais bricolé cette langue-culture créole qui a fait la langue-culture-Martinique contemporaine. La pré-conscience politique qui en était sortie n’arrivait pas à poser la terre-mémoire-culture-Martinique dans une perspective historique. Le poète enraciné n’avait pas réussi à prendre la terre-Martinique avec la mémoire-Martinique pour en faire une histoire-Martinique-Monde. Il avait, par exemple, toujours commémoré Victor Shoelcher, grand libérateur de nègres devant Olórun/Osebùruùwà, jusqu’en 1978 quand quatre jeunes dont Guy Cabort-Masson avaient interrompu une de ces cérémonies de fin d’Avril et mis en lumière la révolution antiesclavagiste du 22 mai 1848. Schœlcher a d’ailleurs continué à hanter et injurier le 22 Mai puisque l’on célèbre encore Viktò Chelchè et le 22 mai n’est plus qu’une vulgaire date anniversaire d’abolition.
2- Le nègre césairien, un opprimé du monde.
Communisme des mornes ou de la forêt, dans son en-aller en solidarité avec tous les opprimés du monde, "poreux à tous les souffles du monde", la négritude césairienne s’était embrouillé dans son vouloir-dire la supériorité morale de l’opprimé. C’est la langue de la dialectique qui, certes belle, ne collait pas. C’est qu’il avait fallu partir pour libérer le langage. C’est que cet acte de poésie exprimait une révolte, Aimé Césaire rugissait, criait, dénonçait et ce cri faisait musique mais la langue d’adoption rétrécissait le champ/chant même de cette musique. Le pentatonique yoruba était resté cantonné au tibwa de la danse Beliya. Le nègre césairien sorti de cette musique-poésie était dépouillé d’une langue native-natale. Il était alors tous les opprimés du monde. Comme un type-idéal froid et abscons sans aucun geste martiniquais/caribéen.
Dans la réalité il y avait plusieurs nègres dans la négritude césairienne. Le nègre césairien du temps des solidarités avec tous les opprimés du monde n’était pas toujours africain ou afro-descendants. Faut-il le dire ici ; dans toute l’Amérique des plantations, le mot nègre renvoie, depuis la Révolution haïtienne et Jean-Jacques Dessalines, au statut d’être humain et non à un phénotype. Le nègre du poète commémorant était un africain. Aimé Césaire affirmait avoir découvert la Martinique en découvrant l’Afrique. Cette formule déraisonnable (l’Afrique est un continent donc indécouvrable et indécouvert d’ailleurs ; on se perd dans un continent) signalait une "conscience raciale " au sens fanonien du terme qui pervertissait la conscience politique. Mais quel Afrique-continent avait-il découvert ? Puisqu’il avait découvert la Martinique à travers l’Afrique, le nègre du poète enraciné était alors un afro-martiniquais. Ceci renvoyait à une construction de la nation martiniquaise dont les césairiens, césairistes et les césairolâtres attribuaient la paternité à Aimé Césaire sur un modèle "racial". C’est Louis Telgard, 1838-1882 le père de la nation martiniquaise et c’est bien la Révolution politique de 1870, l’acte fondateur de la nation-Martinique.
La conscience raciale n’était pas pleine chez Aimé Césaire ; c’est qu’elle n’avait pas dégagé une conscience historique qui l’enracinerait dans la terre-mémoire-culture-Martinique. C’est que le Cahier d’un retour au pays natal avait été trop proéminent dans l’œuvre d’Aimé Césaire ; il avait asséché jusqu’à la poétique même de la négritude. La négritude césairienne errait au gré de plusieurs marqueurs identitaires, de manière indifférenciée, le phénotype, la culture, la mémoire, l’identité. Elle était à la fois un retour aux origines, un el dorado nègre africain/outre-mer, une reconquête de l’humanité africaine bafouée et une dénonciation appuyée de l’oppression partout dans le monde. Tout ça c’était déjà le Cahier. Et puisque l’épiderme ne peut être un marqueur identitaire, puisqu’il ne peut y avoir de "pensée noire " (sauf pour les négro-phages), puisqu’en Amérique, nègre n’était pas un phénotype, alors la conscience-race césairienne était bel et bien un humanisme agissant.
3- L’impossible conscience politique.
Il est illusoire de vouloir faire l’union du poète/philosophe/dramaturge avec le politique. C’est que la littérature fréquente des imaginaires, renouvelables à l’infini, qui étirent le réel jusqu’à tordre, déterritorialiser la langue. La littérature multiplie la langue, par langages recomposés ; le politique se cantonne aux lieux pré-requis (donc aux lieux-communs) de la langue. Le politique et la littérature, entretiennent des passerelles invisibles ou secrètes qui étoffent la conscience politique quand ils habitent la même niche écolinguistique. Dans cette complexité-langue, les peuples y jouent parfois leur survie.
La confusion politique qui a précédé la loi de départementalisation dont Aimé Césaire fut le rapporteur montrait bien cette difficulté pour un poète francophile à traduire la demande politique martiniquaise toujours complexe ou simplement tourmentée. Comment peut-on vouloir la fin des privilèges coloniaux, par l’intégration brute au système colonial ? Et même si Aimé Césaire avait porté toutes les contradictions du 20e siècle, l’intégration politique en lieu et place de la décolonisation démontrait cette naïveté politique qui cadrait bien la faible conscience historique du poète et ce vieil axiome marxiste du prolétariat européen qui tirerait les peuples sous-développés des chaînes. Parce que les conditions socio-historiques (le conflit racial non tranché) auraient fouillé la dépendance antillaise ; parce que les peuples de Guadeloupe et de Martinique n’avaient pas été consulté sur la transformation des vieilles colonies, en des départements coloniaux ; parce qu’une décolonisation ne peut faire l’objet d’un décret dans une assemblée d’outre-mer, cet acte de piraterie politique (le peuple n’a pas été consulté) signifiait que la conscience raciale du poète (qui encore une fois, fut le rapporteur) avait supplanté sa conscience historique, la conscience politique égarée à jamais. Si le poète a reconnu que l’égalité revendiquée avait été habilement transformée en assimilation c’est bien qu’aucune conscience politique n’avait présidé cette légèreté. La rupture politique avec le parti communiste et la création du Parti Progressiste Martiniquais en 1958, et les affrontements verbaux, et physiques parfois, entre césairistes et communistes vers mars 1858 notamment, ont mis en évidence une prise de conscience tardive de la manipulation et de la non-maîtrise des réalités politiques antillaise par les communistes français. Quant à cette loi de départementalisation, c’était quand même un modèle politique taillé sur mesure pour les békés même si ces derniers tellement bòkoy ne l’avaient pas compris au départ. C’était quand même là, un manquement grave à la pensée communiste, la lutte des classes en tant qu’elle est le moteur de l’histoire, du changement social, en plus terre à terre.
Pour se transformer en conscience politique, la conscience raciale devait lâcher le commémoratif, le souvenir pour l’histoire, dégager une singularité martiniquaise/caribéenne dans la mémoire nègre universelle. Cette conscience historique devait permettre le dépassement de la race et ouvrir les voies d’une conscience politique quand elle donne une cohérence, une géographie aux résistances d’hier. La poésie césairienne enracinée dans la terre-mémoire-culture-Martinique avait pétrifié cette conscience-race, bloquant toute initiative d’un changement social et politique dans ce pays. La lutte des classes et la lutte de libération nationale désactivées durablement, le poète avait planté "l’arbre de la réconciliation" avec le maître-savane d’ici là mais cette réconciliation obligée n’avait scellé aucune refondation puisque la conscience historique était ailleurs.
La poésie césairienne, celle de l’enracinement, semée dans la terre aux neuf volcans avait chanté un idéal-Martinique que le Cahier d’un retour au pays natal, trop entêté à l’universel avait déjà fixé. Cette poésie de l’enracinement était comme condamnée à minéraliser une terre-mémoire-culture-Martinique qui désormais tombait lourdement dans l’histoire coloniale d’en France.
Vòlkan Senpiè "Il ya des volcans qui meurent
Il y a des volcans qui demeurent
Il y a des volcans qui ne sont là que pour le vent… "
Et puisque les poètes ne meurent jamais, recouvrons vite, l’homme politique de cette terre dont il a scellé, malgré lui, la disparition du peuple natif-natal pour que, au pire, la terre demeure.
Simao moun Wanakera
lundi 27 avril 2009
CESAIRE EN IMAGES
IMAGES D’AILLEURS
19e Festival
“CESAIRE EN IMAGES”
du 29 Avril au 05 Mai 2009
Pour le premier anniversaire de sa disparition, le Cinéma Images d’Ailleurs rend un vibrant hommage à Aimé Césaire dans un festival intitulé : « CESAIRE EN IMAGES »
du 29 Avril au 05 Mai 2009.
Nous évoquerons également Césaire, le dramaturge, à travers ses œuvres-phares telles que La Tragédie du Roi Christophe, Une saison au Congo, Une Tempête, Et les chiens se taisaient. Des comédiens et comédiennes d’horizons culturels divers viendront nous enrichir de leurs réflexions sur les œuvres de Césaire. En outre, une importante exposition sur Césaire intitulée « La Force de regarder Demain » nous accompagnera tout le long de ce festival-hommage.
Au programme, une vingtaine de films sur Césaire le poète, le politique et l’homme tout court.
Plusieurs tables rondes en prévision ainsi que des lectures des œuvres théâtrales de Césaire.
- Aimé Césaire, l’homme (que retenir de sa vie, de son parcours ?)
- Aimé Césaire, le poète et le politique (quels étaient ses engagements, la portée et l’impact de sa poésie à travers le monde ?)
- Aimé Césaire et la Négritude (quelle place occupe Césaire dans ce mouvement littéraire et politique ?)
Rendez-vous au Cinéma Images d’Ailleurs : 21 rue de la Clef, Paris 5e.
Pour toute information : WWW.IMAGESDAILLEURS.NET
Tel : 01 47 63 74 00
Cinéma Images d’Ailleurs Bureau du Festival
21, rue de la Clef 5, rue Médéric
75005 Paris 75017 Paris
M° Censier-Daubenton E-mail : images.dailleurs@yahoo.fr
samedi 25 avril 2009
Gabon: Un hommage rendu à « Césaire, le veilleur de consciences » au Centre culture français Saint-Exupéry de Libreville
« Césaire, le veilleur de consciences », livre-hommage et critique sur l’œuvre et la vie du père de la négritude, Aimé Césaire, décédé le 17 avril 2008, écrit sous la direction scientifique du sémioticien, Georice Berthin Madébé de l’Institut de recherche en Sciences humaines (IRSH) et du poéticien, Steeve Robert Renombo, chef du Département de Lettres Modernes de l’UOB a été présenté vendredi dernier au Centre culturel français Saint-Exupéry de Libreville (CCF).
Présentant l’ouvrage, Georice Berthin Madébé, l’un des éditeurs et auteur du livre a déclaré que « le présent ouvrage est un livre-hommage à Césaire. Il est composé de quatre parties. La première est dédiée aux récits de ceux qui, Gabonais ou Caribéens, l’ont « rencontré d’une manière ou d’une autre ».
« Ces témoignages entendent dire ce qu’a été Césaire, en guise de partage des différentes expériences humaines, poétiques, politiques et parfois philosophiques vécues ou inspirées par le Nègre inconsolé, » a-t-il indiqué.
« S’y trouvent non seulement le témoignage poétique de Bessora, écrivain, lauréate du 47ème Grand prix littéraire d’Afrique noire, mais aussi ceux plus narratifs de Maryse Vestris-Ivanga et Lucette Antioppe-Oyoubi, jeunes filles à Fort-de-France quand Césaire en devient maire, d’Alex Zéphyr, neveu du poète, de Robert Orango-Berre qui a rencontré Césaire alors qu’il était ambassadeur du Gabon en Angola et de Jean Ntchilé, enseignant à l’Ecole Normale Supérieure de Libreville, » a-t-il expliqué.
A leurs témoignages écrits est associé un témoignage iconographique (deuxième partie), dans lequel sont extensivement exposées les photos de l’hommage rendu à Césaire au Centre Culturel Français Saint Exupéry de Libreville, le 23 avril 2008.
D’autres photos du poète prises avec quelques contributeurs enrichissent également cet album éditorial. En outre, une ancienne photographie de Césaire en Martinique, du temps où trois amis et membres du Parti Progressiste Martiniquais étaient réunis, complète ce témoignage iconographique.
Pour le poéticien Steeve Robert Renombo, « la troisième partie du livre ouvre la seconde série de contributions. Elle se donne pour but d’interroger Césaire entre littérature et politique, ainsi que le précise son titre. Elle est constituée des contributions pluridisciplinaires de Sylvère Mbondobari germaniste-comparatiste, Pierre-Claver Mongui, spécialiste de littérature française, Ludovic Obiang, écrivain-poéticien et de Dieudonné Munzangala-Munziewu, philosophe, respectivement enseignants-chercheurs à l’Université Omar Bongo et chercheurs à l’IRSH ».
« La quatrième partie interroge la sémantique du poème césairien. A ce titre, elle a été intitulée : « L’absolu poétique », reprenant à son avantage un bout du titre de la contribution de Steeve Robert Renombo. La seconde contribution de ce groupement de textes est proposée par Georice Berthin Madébé », précise-t- il.
« Césaire, le veilleur de consciences » est une œuvre de 292 pages qui a été publiée en 2009 par la Presse Universitaire du Gabon de l’Université Omar Bongo (UOB) de Libreville. Son code ISBN est : 978-2-912603-20-3.
Ouvrant cette cérémonie de présentation officielle, Guy Lacroix, directeur du CCF et par ailleurs préfacier de l’ouvrage, a déclaré que « jamais mort d’homme n’aura réuni, dans un même élan de passion et de deuil universalisés, aussi bien les fils et filles d’anciens esclaves et d’anciens esclavagistes que ceux d’idéologues agitateurs et autres messies aventuriers autour du sentiment d’appartenance à une seule humanité : l’humanité césairienne. »
Le poète, père de la négritude et homme politique martiniquais s’est éteint le 17 avril 2008 à l’âge de 94 ans.
Au Centre Culturel Français Saint-Exupéry, une cérémonie empreinte de deuil, de recueillement et de reconnaissance profonde pour l’œuvre de celui qui vint au Gabon dans les années 1970, dans le cadre des préparatifs du second Festival des Arts Nègres de Lagos avait été organisée en mémoire de l’auteur de « Cahier d’un retour au pays natal ».
S’inscrivant dans la même verve critique « Les Ecritures gabonaises : Histoire, thèmes et langues », ouvrage critique réalisé sous la direction du sémioticien Pierre Ndemby Mamfoumby, en collaboration avec douze autres enseignants-chercheurs à l’Institut de recherche en sciences humaines (IRSH), de l’Université Omar Bongo (UOB) et du Groupe de recherche sur l’identité littéraire négro-africaine (GRILINA) a été présenté vendredi dernier au CCF.
Présentant l’ouvrage, Georice Berthin Madébé, l’un des éditeurs et auteur du livre a déclaré que « le présent ouvrage est un livre-hommage à Césaire. Il est composé de quatre parties. La première est dédiée aux récits de ceux qui, Gabonais ou Caribéens, l’ont « rencontré d’une manière ou d’une autre ».
« Ces témoignages entendent dire ce qu’a été Césaire, en guise de partage des différentes expériences humaines, poétiques, politiques et parfois philosophiques vécues ou inspirées par le Nègre inconsolé, » a-t-il indiqué.
« S’y trouvent non seulement le témoignage poétique de Bessora, écrivain, lauréate du 47ème Grand prix littéraire d’Afrique noire, mais aussi ceux plus narratifs de Maryse Vestris-Ivanga et Lucette Antioppe-Oyoubi, jeunes filles à Fort-de-France quand Césaire en devient maire, d’Alex Zéphyr, neveu du poète, de Robert Orango-Berre qui a rencontré Césaire alors qu’il était ambassadeur du Gabon en Angola et de Jean Ntchilé, enseignant à l’Ecole Normale Supérieure de Libreville, » a-t-il expliqué.
A leurs témoignages écrits est associé un témoignage iconographique (deuxième partie), dans lequel sont extensivement exposées les photos de l’hommage rendu à Césaire au Centre Culturel Français Saint Exupéry de Libreville, le 23 avril 2008.
D’autres photos du poète prises avec quelques contributeurs enrichissent également cet album éditorial. En outre, une ancienne photographie de Césaire en Martinique, du temps où trois amis et membres du Parti Progressiste Martiniquais étaient réunis, complète ce témoignage iconographique.
Pour le poéticien Steeve Robert Renombo, « la troisième partie du livre ouvre la seconde série de contributions. Elle se donne pour but d’interroger Césaire entre littérature et politique, ainsi que le précise son titre. Elle est constituée des contributions pluridisciplinaires de Sylvère Mbondobari germaniste-comparatiste, Pierre-Claver Mongui, spécialiste de littérature française, Ludovic Obiang, écrivain-poéticien et de Dieudonné Munzangala-Munziewu, philosophe, respectivement enseignants-chercheurs à l’Université Omar Bongo et chercheurs à l’IRSH ».
« La quatrième partie interroge la sémantique du poème césairien. A ce titre, elle a été intitulée : « L’absolu poétique », reprenant à son avantage un bout du titre de la contribution de Steeve Robert Renombo. La seconde contribution de ce groupement de textes est proposée par Georice Berthin Madébé », précise-t- il.
« Césaire, le veilleur de consciences » est une œuvre de 292 pages qui a été publiée en 2009 par la Presse Universitaire du Gabon de l’Université Omar Bongo (UOB) de Libreville. Son code ISBN est : 978-2-912603-20-3.
Ouvrant cette cérémonie de présentation officielle, Guy Lacroix, directeur du CCF et par ailleurs préfacier de l’ouvrage, a déclaré que « jamais mort d’homme n’aura réuni, dans un même élan de passion et de deuil universalisés, aussi bien les fils et filles d’anciens esclaves et d’anciens esclavagistes que ceux d’idéologues agitateurs et autres messies aventuriers autour du sentiment d’appartenance à une seule humanité : l’humanité césairienne. »
Le poète, père de la négritude et homme politique martiniquais s’est éteint le 17 avril 2008 à l’âge de 94 ans.
Au Centre Culturel Français Saint-Exupéry, une cérémonie empreinte de deuil, de recueillement et de reconnaissance profonde pour l’œuvre de celui qui vint au Gabon dans les années 1970, dans le cadre des préparatifs du second Festival des Arts Nègres de Lagos avait été organisée en mémoire de l’auteur de « Cahier d’un retour au pays natal ».
S’inscrivant dans la même verve critique « Les Ecritures gabonaises : Histoire, thèmes et langues », ouvrage critique réalisé sous la direction du sémioticien Pierre Ndemby Mamfoumby, en collaboration avec douze autres enseignants-chercheurs à l’Institut de recherche en sciences humaines (IRSH), de l’Université Omar Bongo (UOB) et du Groupe de recherche sur l’identité littéraire négro-africaine (GRILINA) a été présenté vendredi dernier au CCF.
jeudi 23 avril 2009
Suzanne l’aimée de Césaire
Dissidence. «Le Grand Camouflage», recueil d’essais poético-politiques de la femme de l’écrivain martiniquais.
Suzanne Césaire Le Grand Camouflage. Ecrits de dissidence (1941/1945) Seuil, 130 pp., 14 euros, à paraître le 7 mai.
Un jour d’avril 1941, dans la forêt d’Absalon, près de la montagne Pelée à la Martinique. Dans l’exubérance de la végétation tropicale, il fait chaud, humide, une femme avec un panier sur la tête croise un groupe de promeneurs. Il y a là Aimé Césaire et sa femme Suzanne, René Ménil, André Breton, sa femme Jacqueline Lamba et leur fille Aube, André Masson, Wifredo Lam et sa femme Helena. Quelques années plus tard, chacun d’entre eux réalisera que le cours de sa vie a été modifié ce jour-là.
Tout commence quand un bateau faisant route pour New York et transportant des dizaines d’exilés (dont Claude Lévi-Strauss, Anna Seghers, Wifredo Lam, André Breton…) fait escale en Martinique. Breton, qui cherche un ruban pour la petite Aube, entre dans une mercerie de Fort-de-France, il tombe sur la revue Tropiques et y lit des poèmes qui le bouleversent. Il demande à rencontrer son auteur, Aimé Césaire. La mercière, qui se trouve être la sœur du philosophe René Ménil, un des cofondateurs de la revue avec Aimé Césaire et sa femme Suzanne, met tout le monde en contact. C’est le début d’un réseau d’amitiés croisées et d’influences artistiques étonnamment fécondes.
«Le grand camouflage», l’essai qui donne son nom au livre rassemblé par l’écrivain Daniel Maximin, a été écrit par Suzanne Césaire en 1945, c’est un écho de cette journée, un texte poético-politique d’une grande énergie, à la fois lyrique et ancré dans la géographie et l’anthropologie de la Martinique. Daniel Maximin dit que c’est peut-être «le plus lumineux et le plus grand texte sur l’identité antillaise, avec Peau noire, masques blancs de Frantz Fanon».
«Homme-plante». «Le grand camouflage» est un des sept essais écrits par Suzanne Césaire, tous dans Tropiques, la revue littéraire la plus importante des Antilles, publiée entre 1941 et 1945. Ils se moquent du doudouisme littéraire, parlent de poésie, des racines africaines des Antilles, des paysages, de «l’homme-plante», une image qu’on retrouvera dans la poésie très naturaliste d’Aimé, mais aussi dans les tableaux de Masson et de Wifredo Lam, devenu l’ami intime du couple. Ils mettent les Antilles sur la carte de la modernité littéraire et politique.
En plus des textes de Suzanne Césaire, le Grand Camouflage contient des textes de Ménil, Masson, Breton, Aimé Césaire, tous liés à la forêt d’Absalon. (Autres retombées de cette journée, non visibles dans le livre : certaines des toiles de Masson et de Wifredo Lam, et sans doute aussi le divorce des Breton, après lequel Jacqueline deviendra peintre).
De fait, l’expérience a été très forte, presque violente. «Nous croyons pouvoir nous abandonner impunément à la forêt et voilà tout à coup que ses méandres nous obsèdent : sortirons-nous de ce vert labyrinthe, ne serions-nous pas aux Portes Paniques ?» écrivent Breton et Masson dans le Dialogue créole (publié en 1942 à Buenos Aires). «Cependant, les balisiers d’Absalon saignent sur les gouffres et la beauté du paysage tropical monte à la tête des poètes qui passent […]. Ici, les poètes sentent chavirer leur tête», répond Suzanne dans un texte de 1945. La tête des poètes chavire aussi à cause de Suzanne. Breton en tout cas l’a trouvée «belle comme la flamme du punch» et lui a dédié plusieurs textes.
En dehors de ces sept essais, Suzanne a écrit une pièce, Youma, aurore de la liberté, qui a été jouée à Fort-de-France au début des années 50, mais le texte a été perdu. Emile Capgras, ex-président du conseil régional de Martinique, a été un des jeunes acteurs de la pièce, mais il a perdu le texte depuis très longtemps.
Après cette pièce, plus rien, Suzanne n’a plus jamais écrit, et c’est une énigme. Comment une femme qui entre 25 et 30 ans a écrit des textes aussi forts a-t-elle pu s’arrêter définitivement ? Qu’est-ce qui fait qu’une femme s’arrête ? Il faut chercher dans ce qu’on sait de sa vie.
«Pieds gauches». Suzanne est née en 1915 dans une famille de la petite-bourgeoisie mulâtre, sa mère est institutrice. Après l’école communale à Rivière-Salée et le pensionnat de jeunes filles à Fort-de-France, elle part faire des études de lettres à Toulouse, puis à Paris. C’est là qu’elle rencontre un groupe d’amis, parmi lesquels l’écrivain guyanais Léon-Gontran Damas, la comédienne Jenny Alpha (qui s’extasie encore aujourd’hui sur l’intelligence de Suzanne), Gerty Archimède (la future députée communiste de Guadeloupe) et Léopold Sédar Senghor, qui lui présente Césaire.
Les photos de l’époque, comme celles qui seront prises plus tard, montrent une jeune fille à la beauté solaire, les cheveux nattés ou en chignon, les yeux brun clair, entre inquiétude et sérénité. Le groupe d’amis se retrouvait pour aller au théâtre ou aux concerts de Duke Ellington, pour danser aussi, même si Suzanne disait que, pour ça, Aimé avait «deux pieds gauches». Cela ne l’a pas empêchée de l’épouser. Pour leur mariage, à la mairie du XIVe en 1937, elle portait un tailleur rouge feu. Suzanne est là quand Aimé écrit en 1939, à 26 ans, son chef-d’œuvre, Cahier d’un retour au pays natal, c’est sans doute grâce à elle qu’il est allé au bout.
Chassés de Paris par la guerre, les Césaire repartent à Fort-de-France. Ils enseignent au lycée Schoelcher et font des enfants : le quatrième naît en 1942, il y en aura six en tout. Quand ils créent la revue Tropiques, qui sort malgré la censure vichyste, entre 1941 et 1943, ils ont bien le sentiment de participer à une internationale antifasciste. Dans une Martinique sous gouverneur désigné par Vichy, ils écrivent : «Il n’est plus temps de parasiter le monde […]. C’est de le sauver qu’il s’agit. Il est temps de se ceindre les reins comme un vaillant homme. Où que nous regardions, l’ombre gagne […]. Pourtant, nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre.» Suzanne et Aimé sont dans le même élan politique et littéraire. Suzanne écrit. Ni ses enfants en bas âge ni son métier de professeur ne l'arrêtent.
Après la guerre, Césaire est élu maire de Fort-de-France, puis député de la Martinique, toute la famille part en métropole. Ils habitent rue de l’Odéon à Paris, puis au Petit-Clamart en banlieue, ils retournent deux ans à Fort-de-France et reviennent porte Brancion à Paris. Suzanne n’écrit plus. Mais elle a alors six enfants, qu’elle élève à moitié seule puisqu’Aimé est en Martinique une bonne partie du temps. Elle a aussi repris un poste de professeur, sa fille Ina se souvient - elle l’a écrit à Daniel Maximin, qui nous l’a rapporté - que ses élèves l’appelaient «la Panthère noire» et qu’elle corrigeait ses copies en fumant des Royal Navy dans la villa Week-End du Petit-Clamart. Ina se souvient aussi de ses robes et de son ensemble Tricosa, elle ne mettait de pantalon que pendant les vacances. Elle se souvient des «cheveux électriques qu’elle aimait déployer pour nous amuser», de ses «mains effilées de pianiste sans piano, / Laissant se consumer entre ses doigts fuselés / La fumée bleue de sa cigarette anglaise interdite».Elle se souvient d’une mère qui «chante faux et aime chanter, malgré les moqueries de ses enfants («Tous aux abris»)», et d’une «médiocre cuisinière avec une exception : la brioche du dimanche matin».
Bol de chocolat. Suzanne était aussi une militante féministe et politique «enthousiaste», qui inventait le soir pour les enfants des contes petit à petit remplacés par des récits réels. «J’avais 11 ans, et j’ai pleuré lors de l’exécution de Julius et Ethel Rosenberg», dit Ina. Le dimanche matin, Suzanne laissait les enfants seuls devant leur bol de chocolat pour aller vendre l’Huma au marché du Petit-Clamart.
L’écrivain haïtien René Depestre qui fréquentait la famille à l’époque se souvient que Suzanne était toujours très présente dans les débats. Ina décrit sa parole«à la fois aisée et fluide, parfois acerbe, souvent ironique». Elle n’écrivait plus, mais elle restait une partenaire, pas une muse, pour Aimé. Peu avant sa mort, il y a un an, le poète disait encore : «On respirait ensemble, avec la foi dans l’avenir.» Et cela même si Suzanne avait fini par le quitter en 1963 (à 48 ans), même si elle avait eu une histoire d’amour avec un autre homme, jusqu’à ce qu’une tumeur du cerveau l’emporte le 16 mai 1966. De cet homme, on ne sait rien, sauf qu’il est longtemps allé fleurir la tombe de Suzanne, en Martinique. Daniel Maximin affirme que c’est de Suzanne qu’Aimé parle dans un de ses derniers poèmes. «Je la vois qui bat des paupières / Histoire de m’avertir qu’elle comprend mes signaux / Qui sont d’ailleurs en détresse des chutes de soleil très ancien. / Les siens je crois bien être le seul à les capter encore.»
Ina se souvient aussi que sa mère lui disait : «Ta génération sera celle des femmes qui choisissent.» Est-ce que ça veut dire qu’elle-même aurait fait d’autres choix ?
Le 7 mai, au musée Dapper (75016) sera présenté le Grand camouflage. Le 10 mai, Journée Suzanne Césaire au parc de la Villette (75019).
NATALIE LEVISALLES
mercredi 22 avril 2009
« Le chant des mots » d'Aimé Césaire
Vendredi soir, le Parc Culturel Aimé Césaire accueillait un vibrant hommage à Aimé Césaire, chantre martiniquais de la Négritude. Le maire de la ville-capitale, Serge Letchimy, accompagné des membres de son conseil municipal, assistait, en présence d'une foule nombreuse, à ce moment fort autour des mots de la poésie du « Père de tous les Martiniquais » . Une grande fresque humaine, autour des éléments culturels de notre île et plus généralement de notre région, guidée par les mots forts de la littérature césairienne, enchaînait les tableaux en musiques, chants et danses. Au final, un véritable hymne à la portée universelle de l'oeuvre et de l'engagement d'Aimé Césaire. Un spectacle initié par les professeurs des ateliers du Sermac et réalisé par leurs élèves, sous la direction artistique de Lydie Bétis, directrice du Sermac. Ainsi résonnait la pensée du poète Nègre : « la culture est un combat, le combat pour la culture introduit et doit introduire au plus épais du combat de l'homme, je veux dire le combat contre tout ce qui opprime l'homme - le combat contre tout ce qui écrase l'homme, le combat contre tout ce qui humilie l'homme où qu'il se trouve » . Les manifestations d'hommage se poursuivent jusqu'au 23 avril.
HOMMAGE - Cent poèmes pour aimer lire Césaire
Il y a un an, le 17 avril 2008, le poète Aimé Césaire nous quittait. L'anthologie "Cent poèmes d'Aimé Césaire" nous entraîne à la découverte de son univers.
Bien sûr, on trouve la poésie de Césaire au format de poche, mais avec l'anthologie thématique proposée par le grand ami de Césaire, l'écrivain guadeloupéen Daniel Maximin, s'ouvre une véritable invitation au voyage, en mots et en images, dans l'imaginaire du poète, député de Martinique, disparu le 17 avril 2008. Il met à l'honneur le premier grand poème de Césaire paru dans la revue Volontés en 1939, Cahier d'un retour au pays natal, mais nous oriente surtout dans cet archipel à découvrir : sur la jeunesse du poète partagée entre l'île natale et la France des études, puis ce que le poète nomme ensuite les "armes miraculeuses", celles de l'écriture.. Au chapitre "Histoire", voici des vers comme de puissantes stèles aux grandes figures de l'histoire africaine et caribéenne, tels Louis Delgrès, libérateur de Guadeloupe, Patrice Lumumba au Congo... et, bien sûr, le roi Christophe en Haïti, figures qui inspireront aussi son théâtre. D'autres présences, intenses, surgissent de ces pages, Éluard, Damas, le peintre Wilfredo Lam ou encore Saint-John Perse...
Le livre est aussi une promenade dans ces paysages insulaires et volcaniques, où la flore explose. L'album qui forme une sorte de parcours biographique, s'arrête dans cette Afrique que Senghor lui fera découvrir comme mère. Et au chapitre sobrement intitulé "Elles", on ne manquera pas de s'attarder sur l'image de Suzanne Césaire, son épouse, mère de ses enfants et compagne des premiers combats de plume : au retour de leurs études à Paris, ils entrent tous deux en résistance en créant la revue Tropiques . Suzanne Césaire y écrit des articles que Daniel Maximin donnera à lire dans un petit volume à paraître le 7 mai : Le Grand Camouflage (Seuil).
Cent poèmes d'Aimé Césaire , éditions Omnibus, 31 euros.
dimanche 19 avril 2009
Souvenir Aimé Césaire
La Martinique se souvient du poète et dramature, homme politique Aimé Césaire, mort le 17 Avril 2008 à Fort-de-France. Son souvenir est célébré également en France avec la sortie d'un timbre postal à son effigie.
Aimé Césaire : Lui, l'âme inerte
Le poète martiniquais Aimé Céaire est né le 26 Juin 1913 à Basse-Pointe, côtoyant le monde rural. Elève brillant, il fait ses études au lycée Schoelcher (forteresse Bouillé) et part boursier à Paris au Lycée Louis-Le-Grand en hypokhâgne où il se lie d'amitié au milieu des années 30 avec d'autres étudiants Noirs (le Sérère Léopold Sedar Senghor et le Guyanais Léon Gontrand-Damas). En 1935, il intègre l'Ecole Normale Supérieure, rue d'Ulm, préparant une aggrégation de grammaire française.
Cette année en vacances chez les Dalmates en Croatie, invité par un ami, il aperçoit une île appelée Martinska et se souvient de son île natale et commence la rédaction de son célèbre Cahier d'un Retour au Pays Natal, recueil de poésie majeur de la Négritude, mouvement littéraire pacifiste, anti-raciste, des Noirs d'expression francophone. Aimé Césaire tel un Langston Hugues américain prophétise également la renaissance de son ghetto la Martinique.
De retour en Martinique après ses études supérieures, mariée à Suzanne Roussi, intellectuelle martiniquaise, il est professeur de littérature au Lycée Schoelcher sous le régime de Vichy. Dans la revue clandestine Tropiques, il collabore avec d'autres martiniquais refusant l'ombre de la théorie de la race supérieure, prophétisant également sa défaite grâce à la lutte des Africains Noirs qui rejoindront sans aucune justification apparente le combat des Anglais et des Américains pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il pose à cette époque également les bases de la nationalité martiniquaise.
A la fin de la guerre, c'est alors qu'Aimé Césaire est propulsé tête de liste des élections municipales à Fort-de-France avec son alter ego médecin Pierre Aliker, suite à un coup de génie du Parti Communiste Martiniquais (René Ménil, Thélus Léro...). La Martinique, ruinée par la guerre, sa capitale construite par les Bourbons et Colbert sur un marécage, une colonie aspirant à l'égalité avec la métropole, sont autant de défis qu'Aimé Césaire aura coeur de relever, lui qui est devenu député-maire de Fort-de-France. Aimé Césaire est le rapporteur de la loi d'assimilation de quatre colonies d'outre-mer (ou départementalisation selon son néologisme) en 1946. Il fait sécession du Parti Communiste Français et devant l'immobilisme des marxistes martiniquais crée le mouvement Progressiste Martiniquais. Aimé Césaire poursuit en parallèle son oeuvre poétique, surréaliste (Les Armes Miraculeuses, Moi Laminaire) et publie des pièces de Théatre (Une Saison au Congo, La Tragédie du Roi Christophe), des essais comme le Discours sur le Colonialisme, son analyse de la Révolution Française aux Antilles : Toussaint Louverture...
Aimé Césaire, véritable proue et protecteur des gauchistes révolutionnaires de la Martinique arrachera une à une les lois d'égalité sociale d'une métropole peu encline à leur extension dans les îles et territoires d'Amérique. Tel un Martin Luther Jr américain, il incarne la lutte âpre des citoyens Noirs pour les droits civiques dans les Antilles et la Guyane Françaises. Pour son choix de l'assimilation (adhésion à la Constitution du Général de Gaulle en 1958), pour le mot d'ordre d'autonomie (1979) suivi de son Discours sur le Moratoire de 1981, il sera vivement critiqué en 1981 par le nationaliste Guy Cabort-Masson (Lettre à Aimé Césaire) pour son renoncement apparent au droit d'auto-détermination et à tout changement juridique profond du statut de la Martinique.
Aimé Césaire, père et maire des rebelles de la Martinique, poète brillant du XXème siècle d'expression française, a fait l'objet de diverses commémorations et d'expositions avec la visite en Martinique de la cinéaste Euzhan Palcy (Rue Case-Nègres). Aimé Césaire sera à l'honneur également au prochain festival de Théatre de la Ville de Fort-de-France. Enfin, le poète martiniquais aura son portrait sur un timbre Aimé Césaire en vente en France dès mardi (l'avant-première a eu lieu à Fort-de-France sous l'égide d'une association philatéliste).
Hommage a Cesaire a ne pas rater le lun di 20 avril a 19h a la Maison des Metallos Paris 11è LIYANNAJ=FRATERNITE=NOUS
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LE THEATRE DE L'AIR NOUVEAU ET LA FRATERNELLE VOUS PROPOSENT UNE SOIREE LITTERAIRE ET ARTISTIQUE EN TOUTE CONVIVIALITE!
Dégustation et cuisine antillaise sur place avec l'association Amitié marie-galantaise
"NOUS SOMMES TOUS LES HERITIERS DE CESAIRE"
venez avec vos textes, votre pawol , vos voix...... en deuxième partie ce sera à vous d'occuper l'espace!
Soyons nombreux pour ces rares moments de partage....en poésie, en LIANNAJ ARTISTIQUE!
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Haïti : l'IFGCar, un institut universitaire en hommage à Aimé Césaire -
L'Institut de la Francophonie pour la gestion dans la Caraïbe (IFGCar) vient d'inaugurer ses nouveaux locaux au Canapé-Vert à l'est de la capitale haïtienne.
Cet institut au standard international porte le nom de l'écrivain martiniquais Aimé Césaire. Il a pour principal objectif la formation de spécialistes de haut niveau en management des entreprises et des administrations privées et publiques et en gestion des collectivités territoriales.
L'inauguration de l'IFGCar s'est déroulée en présence du Premier ministre Michèle Pierre-Louis et de plusieurs autres personnalités officielles de divers secteurs dont celui de l'éducation.
Michèle Pierre-Louis affirme que l'établissement de cet institut témoigne de "la volonté manifestée depuis quelques années par les universités haïtiennes de monter des programmes de maîtrise qui sont le premier pas indispensable pour structurer la recherche et créer une masse critique d'enseignants-chercheurs".
Pour Michèle Pierre-Louis, l'inauguration de cet établissement d'enseignement supérieur "est une réponse à une préoccupation centrale du gouvernement haïtien".
Créé à l'initiative de l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) et du gouvernement de la République d'Haïti, l'IFGCar est soutenu par un consortium composé de l'Université d'État d'Haïti (UEH), l'Université Quisquéya d'Haïti (UNIQ) et l'Université des Antilles et de la Guyane (UAG).
L'IFGCar bénéficie aussi du soutien des opérateurs économiques dont la Chambre franco-haïtienne de Commerce et d'Industrie, la Chambre de Commerce et d'Industrie canado-haïtienne et la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Haïti.
L'IFGCar a déjà assuré la formation d'une première promotion qui porte le nom de "Promotion Aimé Césaire ". L'amphithéâtre où la cérémonie d'inauguration s'est déroulée porte le nom de l'intellectuel et homme politique haïtien Anténor Firmin (1850-1911).
Michèle Pierre-Louis fait l'éloge de ces 2 hommes : "un martiniquais que toute la culture afro-américaine revendique comme sien et un Haïtien d'envergure, Anténor Firmin, revendiqué à juste titre comme le fondateur de l'anthropologie haïtienne."
Le recteur de l'AUF, Bernard Cerquiglini, estime également qu'il est nécessaire d'honorer la mémoire de Césaire et de Firmin, 2 grands hommes des Caraïbes qui ont marqué leur temps.
Après la première promotion sortie en septembre 2008, une deuxième promotion est déjà en formation. Bernard Cerquiglini a annoncé d'autres projets qui sont déjà en cours, dont la création d'un collège doctoral en Haïti, l'ouverture d'un campus numérique au Cap-Haïtien ainsi que la mise en place d'un centre de recherche.
AUF/CVN
(19/04/2009)
samedi 18 avril 2009
Anniversaire du décès du poète martiniquais : Aimé Césaire, un an sous terre
17 avril 2008 - 17 avril 2009. Voilà un an qu’Aimé Césaire, poète, dramaturge, essayiste et homme politique martiniquais, né le 26 juin 1913, tirait sa révérence à Fort-de-France. On se rappelle encore du témoignage du président Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif) lors du rappel à Dieu de l’homme. ‘Je salue la mémoire d’un homme qui a consacré sa vie aux multiples combats menés sur tous les champs de bataille où se jouait le destin culturel et politique de ses frères de race, un combat noble, car exempt de cette haine qu’il avait en horreur’, déclarait Abdou Diouf.
‘Sa longévité (94 ans), son engagement dans le combat libérateur des peuples noirs et la force de ses idées dans la production intellectuelle ne lui donnent d’égal en Europe qu’en la personne de Victor Hugo, l’icône incontestable de la lutte pour le bonheur de l’homme dans une France du 20e siècle où l’homme était un véritable loup pour son semblable’. Ce propos de Djibril Diallo Falémé, Inspecteur de l’éducation, tenu lors de la conférence sur la vie et l’œuvre d’Aimé Césaire, chantre de la négritude, à l’occasion de la réunion préparatoire du troisième Festival mondial des arts nègres (Fesman) le mois dernier témoigne de la densité de l’auteur Césaire.
Inscrit à l’état civil au nom de : Aimé Fernand David Césaire, l’illustre disparu a été un anticolonialiste résolu et l’un des fondateurs du mouvement littéraire de la Négritude. Ce concept, qu’il a forgé en réaction à l'oppression culturelle du système colonial français, vise à rejeter d'une part le projet français d'assimilation culturelle et d'autre part la dévalorisation de l'Afrique et de sa culture. Césaire affirmait : ‘Nègre je suis, nègre je resterai’. ‘Ma race est celle de tous les opprimés’. Son combat libérateur du peuple antillais en particulier et noir, en général, trouvera comme premier champ d’expression le recueil Cahier d’un Retour au pays natal. Dans cette œuvre poétique, il y traite des thèmes majeurs de l’histoire du monde noir : l’échec des Antilles, l’esclavage, le poète guide de son peuple…
Homme politique, Césaire fut maire de Fort-de-France durant 56 ans, et député de la Martinique de 1945 à 1993. Parallèlement à une activité politique soutenue, Aimé Césaire continue son œuvre littéraire et publie plusieurs recueils de poésie, toujours marqués au coin du surréalisme : Soleil Coupé en 1948, Corps perdu en 1950, Ferrements en 1960. A partir de 1956, il s'oriente vers le théâtre. Avec l’œuvre Et les Chiens se taisaient, il explore les drames de la décolonisation. S’en suivront les pièces La Tragédie du Roi Christophe (1963), Une saison au Congo (1966), Une tempête (1969). Au total, Césaire aura publié plus de quatorze œuvres, recueils de poésie, pièces de théâtre et essais. De nombreux colloques et conférences internationales ont été organisés sur son œuvre littéraire qui est universellement reconnue.
Sabelle CISSE
Hommage - Bon anniversaire, monsieur Césaire !
Un an après la mort du poète, des livres et une exposition célèbrent ce grand Aimé.
C’était un 17 avril, à Fort-de-France. Le poète Aimé s’en était allé "au bout du petit matin", l’une des formules magiques de son « Cahier d’un retour au pays natal », cri poétique né d’une crise d’identité. Jour pour jour, un an après la mort d’Aimé Césaire, le Guadeloupéen Jacques Martial, comédien et président du Parc de la Villette, dira encore une fois ce texte culte, écrit pour "ceux sans qui la terre ne serait pas la terre". Et, comme chaque fois, tout le monde aura des frissons.
Une esthétique de la récupération, du bricolage et du second degré.
L’événement aura pour décor la Grande Halle de la Villette, où vient de s’ouvrir l’exposition Kréyol Factory, précisément dédiée à Césaire. A quelques stations de métro du Grand Monde d’Andy Warhol au Grand Palais, une autre « factory » version créole. Soixante artistes contemporains venus de Jamaïque, de Guyane, de La Réunion, d’Haïti ou de Porto Rico qui ont en commun l’histoire de l’esclavage, une forme de colonisation et l’arc-en-ciel des phénotypes. Et déploient avec autant de provocation que d’humour, d’inventivité que de force, leur imagination de « fils de gouffre », selon la belle formule de Glissant et Chamoiseau. Quel gouffre ? Celui de l’Atlantique, cet océan inconnu, ce cimetière sous-marin. Ici, une installation figure la mer Caraïbe, composée de tongs azur et outremer, dont la lanière est de fil barbelé. Là, quarante figurines faites de lambeaux d’étoffe comme autant de fragments d’identités. Ailleurs encore, des photos de superhéroïnes, Barbarella Black libérant Oncle Ben. Bienvenue dans une esthétique de la récupération, du bricolage et du second degré.
Si Césaire se promenait...
Si Césaire, père de la négritude, se promenait dans ce parcours en forme de quête identitaire, gageons qu’il sourirait du détournement malicieux que réserve le chapitre « Noir comment ? » : un bonhomme Michelin tout noir à la coupe afro et ce bébé, « Nègre colonial », perdu, l’index sur les lèvres... Lui qui a trouvé ses racines africaines dans les écrits du Sénégalais Senghor, les représentations ironiques ou douloureuses des rapports dominants/dominés de ces « îles sous influences » le laisseraient sûrement songeur...
Des « pays mêlés », méconnus derrière leur exotisme de façade
Evidemment, dans ces mondes-là, qui vont du rivage pollué d’une île oubliée aux mégalopoles où se côtoient fébrilement toutes les diasporas, tout est si compliqué. Mais ils ressemblent aussi diablement à notre aujourd’hui métissé, fait de mouvements et de rencontres. Pour nous guider dans la complexité des trajectoires, la romancière guadeloupéenne Maryse Condé et toute une pléiade d’écrivains, de Zadie Smith à Le Clézio, commentent et décodent ces « pays mêlés », si méconnus derrière leur exotisme de façade. Depuis ce petit matin du « Cahier d’un retour au pays natal », que de chemin parcouru... Mais Césaire n’y écrivait-il pas déjà : « Faites de moi un homme d’initiation / faites de moi un homme de recueillement / mais faites aussi de moi un homme d’ensemencement » ?
Kréyol Factory, jusqu’au 5 juillet. Parc de la Villette. Le 17 avril à 19 heures, hommage à Césaire. « Cahier d’un retour au pays natal ». Catalogue (Gallimard, « Découvertes-Connaissance », 192 p., 25 E).
Lire aussi le hors-série du Point « Malcolm X, Aimé Césaire, Martin Luther King, Frantz Fanon... La pensée noire, les textes fondamentaux », en kiosque, 130 pages, 6,50 E.
Deux millions de timbres Aimé Césaire en vente à partir du 21 avril
Deux millions de timbres à l'effigie du poète et homme politique martiniquais Aimé Césaire (1913-2008), édités à l'occasion du premier anniversaire de sa mort, seront disponibles dès le 21 avril en France, dont 150.000 en Martinique, a annoncé vendredi Françoise Eslinger, directrice de Philaposte.
Vendredi 5.000 timbres Césaire ont été vendus en avant-première au secrétariat d'Etat à l'outre-mer à Paris, selon la direction de la poste outre-mer, qui s'attend à ce que les deux millions de vignettes soient vendues en un mois.
Parmi les personnalités politiques françaises décédées, seuls Charles de Gaulle et François Mitterrand avaient fait l'objet d'un hommage similaire, un an après leur mort, selon la Poste.
Des timbres avaient également été édités en 2002 et 2004 pour Louis Delgrès (1766-1802), défenseur de l'abolition de l'esclavage, et Félix Eboué, administrateur des colonies, (1884-1944), et premier résistant de la France d'Outre-mer entré au Panthéon, mais bien après leurs décès.
D'autres vignettes ont célébré la culture antillaise, représentant les coiffes en madras en 2004, la canne à sucre en 2005 et le carnaval en 2006.
Vibrant Eïa pour Aimé Césaire
Le dépôt de gerbe a été le temps fort de la matinée- berny
Organisée par la Ville de Fort de France et le Parti Progressiste Martiniquais, la manifestation de commémoration a rassemblé des personnalités et un petit public pour célébrer la mémoire d'Aimé Césaire.
L'oeuvre et la vie d'Aimé Césaire sont inscrites dans le coeur de tous les Martiniquais et de tous les hommes de bonne volonté. Aujourd'hui son pays, et particulièrement les membres de son parti, ont tenu à honorer sa mémoire. Ils étaient plus d'une centaine à avoir répondu à l'invitation de la municipalité foyalaise pour un hommage, ce matin, sur la tombe du Grand Martiniquais, au cimetière de la Joyau.
De nombreuses personnes ont assisté à ce moment tendre autour de la mémoire d'Aimé Césaire
Au rang des invités officiels, on comptait Hamidou Sall, secrétaire général de la Francophonie, Henri Bangou, maire honoraire de Pointe-à-Pitre, et Euzhan Palcy, cinéaste. A leurs côtés, les ténors foyalais du PPM : le président du parti, maire de Fort-de-France et député du Centre Serge Letchimy, bien sûr ; mais aussi Raymond Saint-Louis-Augustin, son deuxième adjoint ; Jenny Darsières, veuve de Camille Darsières, militante du PPM ; Élisabeth Landi, conseillère municipale et présidente de la Mission Aimé-Césaire ; Catherine Conconne, conseillère municipale ; et Didier Laguerre, secrétaire-général du parti.
Le dépôt de gerbe sur la tombe d'Aimé Césaire a été précédé d'une marche qui a emmené la délégation du rond-point de la Meynard au cimetière de La Joyau. Un moment tendre, durant lequel chacun a pu échanger autour des souvenirs du grand homme. Incontestablement, la mémoire du poète planait sur tous. Serge Letchimy, très ému, a tenu à donner au moment toute la solennité d'usage. Demeurant à l'écoute de chacun, le premier magistrat de la ville-capitale s'est voulu disponible, malgré la peine qui semblait l'étreindre. Le dépôt de gerbe s'est fait en présence des différents invités, d'une foule d'amis et d'anonymes tous rattachés à la même passion pour Aimé Césaire, définitivement notre kaïcédrat royal (arbre à palabres en Afrique)
Rendez-vous de la mémoire au siège du parti...
Au siège du PPM, les élèves de l'atelier peinture du Sermac ont dit leur fierté de partager leur vision du « Cahier »
Ce « moment d'émotion et de tendresse », comme l'a signalée Jenny Darsières a été suivi d'une rencontre au siège du parti, au quartier Terres Sainvilles. Là, de nombreuses personnalités ont tenu également à rendre un hommage à Aimé Césaire en visitant la série de kakémonos retraçant les grandes lignes de l'engagement politique du fondateur du Parti Progressiste Martiniquais et l'exposition des peintures des élèves des ateliers du Sermac, réalisées à partir de réflexions sur le "Cahier d'un retour au pays natal". Quelques prises de parole ont ponctué la visite, galvanisant ainsi les troupes autour de l'autonomie, mot d'ordre du Parti, et rappelant la détermination d'Aimé Césaire à ce propos. Jenny Darsières, Catherine Conconne et d'autres ont insisté sur ce fondamental de la ligne du PPM. Pour Didier Laguerre, secrétaire-général du Parti, cet échange a été "une façon de se rendre compte à nouveau du travail réalisé par Aimé Césaire au niveau politique". "Aimé Césaire aura été et demeurera celui pour qui l'idée de la responsabilité et de la promotion de l'identité collective doit continuer de progresser jusqu'à l'émancipation du Martiniquais", déclarait-il en substance. "Aimé Césaire nous a enseigné la notion de Nation Martiniquaise", prônait pour sa part Jeannie Darsières, Catherine Conconne, elle, a martelé la détermination du PPM à atteindre le but fixé par le IIIe Congrès du parti des 12 et 13 août 1967, a savoir l'autonomie.
Demandez le programme :
L'hommage continue
Le 21 avril : à 18 heures 30, au Grand Carbet du Parc Aimé Césaire, grand forum débat "Quel monument pour Aimé Césaire ?", animée par Élisabeth Landi, conseillère municipal et présidente de la Mission Aimé Césaire et Alexandre Alaric, chef de projet, suivi de la projection d'un film-conférence "La statuaire dans la Caraïbe" de Yolanda Wood, directrice de la Casa de Las Americas (Cuba).
Le 22 avril : à 18 heures 30, 6ème étage de la Mairie de Fort de France, lecture du scénario et présentation de la maquette du film "La parole d'Aimé Césaire" par Jean-François Gonzalez, auteur et réalisateur, avec la contribution du Centre Régional Documentation Pédagogique de la Martinique.
Le 23 avril, au Téyat Otonom Mawon, Journée académique Aimé Césaire : mission, échanges poétiques avec des élèves du primaire et remise du livret "Il était une fois Aimé Césaire...", conçu et réalisé par la Ville de Fort de France, Mission Aimé Césaire dans les écoles de Fort de France (Trénelle, Plateau Didier, Baie des Tourelles), de Basse-Pointe et du François; A 18 heures, discours à la jeunesse par Serge Letchimy, député maire de la ville de Fort de France au quartier Floréal.
Contact Sermac : 0596.71.66.25.
Rodolf Eienne
Premier anniversaire du décès du père de la négritude : Une bougie noire pour Aimé Césaire
17 avril 2008, au petit matin, Aimé Césaire rendait l'âme. Le plus grand et le plus magnifié d'entre les poètes négro africains venait ainsi de partir. Le monde des hommes de culture et de lettres a salué la Mémoire de l'écrivain comme il se le devait ; et nul d'entre la vaste communauté des écrivains n'aurait pu dire que ce furent, là, des hommages surfaits, car il n'y aura jamais assez de qualificatifs pour rendre compte de la densité du discours ''césairien''. L'œuvre qu'il laisse à la postérité est immense : elle est composée de textes dramatiques, d'essais, de discours et, bien sûr, de poèmes ? le roman ne figure pas dans son espace onirique. Il en est ainsi de l'œuvre de nombreux poètes (surtout les grands poètes, comme s'ils dédaignaient la prose romanesque, d'essence narrative).
C'est donc dans la poésie que Césaire a le plus marqué le monde de la littérature. L'homme était effectivement un poète ; non pas un créateur de vers, mais un poète, un vrai ; c'est-à-dire de cette espèce de maître de la parole chez qui le verbe ne se contente pas de dire le monde, mais de le transmuer, le soustraire à la raison et le livrer au lecteur comme un cadeau incandescent où brûle le souffle des dieux. Et cette capacité de suggérer le monde irradie tous ses textes, même les discours (comme celui sur le colonialisme) et les textes dramatiques (La tragédie du roi Christophe par exemple).
17 avril 2008-17 avril 2009. Voilà un an que cette ombre forte de la littérature est partie. Nous ne le pleurerons pas. Nous ne nous engagerons pas non plus dans des hommages qui, d'ailleurs, ne sont d'aucune opportunité et, pis, n'auront aucune originalité. Laissons-nous aller à la (re) découverte des mots du poète ; comme ce bel extrait que mon regard a saisi dans " Cahier d'un retour au pays natal, p. 61-62 ". Il conte le réveil de la race noire, à travers le récit métaphorique d'une mutinerie (réussie) d'esclaves, sur un bateau négrier - on sait comment le thème de la déportation orchestre presque la ''pensée poétique'' césairienne.
Et elle est debout la négraille
La négraille assise
inattendument debout
debout dans la cale
debout dans les cabines
debout sur le pont
debout dans le vent
debout sous le soleil
debout dans le sang
debout
et
libre
debout et non point pauvre folle dans sa liberté et
son dénuement maritimes girant en la dérive parfaite
et la voici :
plus inattendument debout
debout dans les cordages
debout à la barre
debout à la boussole
debout à la carte
debout sous les étoiles
debout
et
libre
et le navire lustral s'avancer impavide sur les eaux
écroulées
Et maintenant pourrissent nos flocs d'ignominie !
Par la mer cliquetante de midi
Par le soleil bourgeonnant de minuit
On admirera, dans ce court texte, la richesse du champ lexical de la navigation : cale, cabine, pont, maritimes, dérive, cordage, barre, boussole, carte, étoiles, navire, eaux, mer. Le mot "flocs" suggère habilement "flots", par homophonie. Si la réitération de l'adjectif ''debout'', altère la charpente sémantique du propos (c'est le principe même de l'anaphore qui n'est qu'une forme d'insistance), elle est cependant d'un intérêt stylistique indiscutable : elle donne au texte, tout le rythme nécessaire à la scène de l'insurrection. Le poème se vit ainsi comme un chant ; nous songeons ici plus particulièrement au blues qui se caractérise par des riffs mélodiques, des ritournelles. La position ''debout'' crée l'image de la victoire ; une victoire durable donc, sinon permanente, car ce mot domine tout le corpus lexical…
Sur le plan visuel, la scène est d'un intérêt plastique indiscutable : on remarquera ici que le poète part du détail vers l'ensemble, en une sorte de progression filmique intéressante : les insurgés d'abord, puis des élements constituifs du navire - la cale, les cabines, le pont ; et ce n'est que vers la fin du tableau que le poète nous donne à voir l'image du navire ; un ''navire lustral s'avancer impavide sur les eaux écroulées"...
Césaire, on le sait, excelle dans les associations surprenantes de mots ? dans une sorte d'incompatibilité ''glossématique''. Nous en découvrons ici : " mer cliquetante ", " eaux écroulées ". A tout cela, on ajoutera, bien sûr, ces inventions lexicales qui font partie de l'armature du verbe césairien : " négraille ", " inattendument ". La forme adverbiale du mot ''inattendu'' n'existe pas ; sinon, elle est d'un usage rare…
On peut commenter Césaire, à l'infini. Mais on éprouve assurément plus de plaisir à entendre sonner ces vers. Alors, laissons-les sonner aux oreilles du lecteur.
De Paris, Tiburce Koffi
Professeur certifié de lettres, écrivain (00336) 1602-3953.
tiburce_koffi@yahoo.fr
jeudi 16 avril 2009
UN AN APRÈS SON DÉCÈS: Les professionnels du théâtre béninois rendent hommage à Aimé Césaire demain
Demain, la communauté internationale commémore le premier anniversaire de la mort du poète Aimé Césaire. Au Bénin l’événement ne passera pas sous silence. Il sera relayé par les membres de la section béninoise de la ligue africaine des professionnels du théâtre.17 avril 2008-17 avril 2009, il y a un an demain que quittait ce monde, Aimé Césaire, le poète martiniquais, chantre de la «négritude», décédé à 94 ans à Fort-de-France.
Dans la plupart des pays africains et en Europe, la mémoire de l‘illustre disparu sera célébrée de diverses manières. Au Bénin, l’espace Tchif accueillera une séance de lecture des textes de Aimé Césaire, sélectionnés pour la circonstance. Cet exercice sera dirigé par le tout nouveau bureau de la section béninoise de la Ligue africaine des professionnels du théâtre, installé depuis quelques jours seulement et présidé par le metteur en scène, Osséni Soubérou. Il s’agira d’une spéciale soirée d’hommage qui réunira ce vendredi, tous les professionnels de la littérature béninoise autour d’un hommage à la mémoire de l’illustre disparu. Figure emblématique des Antilles françaises, et objet d’un véritable culte en Martinique, l’occasion du premier anniversaire de sa mort, est un moment privilégié pour les fans du poète. A cet effet, la médiathèque municipale de Saint-Etienne rendra un hommage à cette grande fi gure littéraire du 20e siècle qui fut à la fois poète et homme politique, fondateur du mouvement littéraire de la négritude et anticolonialiste convaincu. A cette occasion, le public pourra découvrir le documentaire Aimé Césaire, de la Harlem Renaissance à Présence Africaine, réalisé à l’occasion de l’édition 2008 de la fête du livre de Saint-Etienne. Cette projection sera suivie d’un échange avec le public en présence de Blaise Ndjehoya, réalisateur du documentaire et de Gilles Roussi, artiste stéphanois et neveu d’Aimé Césaire.
Un parcourt accompli
Affaiblit par le poids de l’âge, Aimé Césaire avait été admis le 9 avril 2008 au CHU de Fort-de-France, où il est décédé le 17 avril. Né en 1913 à Basse-Pointe, sur la côte nord de la Martinique dans une famille de petits fonctionnaires, Aimé Césaire avait été confronté très jeune à la misère de la population rurale d’une île profondément marquée par deux siècles d’esclavage, qui avait alors le statut de colonie. Etudiant à Paris dans les années 1930, il avait forgé avec le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Guyanais Léon-Gontran Damas, le concept de la «Négritude», la conscience de l’identité noire, la «fierté d’être nègre» et de revendiquer ses origines africaines. La «négritude» avait rapidement débordé le cadre des seuls intellectuels français pour se répandre dans les pays colonisés, en Afrique, dans les Caraïbes, et au-delà chez les militants noirs américains en lutte pour les droits civiques. Son message avait dès lors pris un caractère universel, notamment après la publication de son «Discours sur le colonialisme» (1950). De tous les combats contre le colonialisme et le racisme pendant 70 ans, l’auteur du «Cahier d’un retour au pays natal» a consacré sa vie à la littérature et à la politique. Il avait notamment été en 1946 le rapporteur de la loi sur la départementalisation des territoires de Martinique, Guyane, Guadeloupe et de La Réunion. Il avait fondé le Parti Progressiste Martiniquais (PPM) en 1958, après sa rupture avec le PCF. Il était un homme engagé par ses combats politiques, connu pour avoir milité en faveur de la dignité de l’Homme noir et déclencheur incontournable du développement de la Martinique.
Franck Raoul PEDRO
Journal L'AUTRE QUOTIDIEN 16/04/09
Dans la plupart des pays africains et en Europe, la mémoire de l‘illustre disparu sera célébrée de diverses manières. Au Bénin, l’espace Tchif accueillera une séance de lecture des textes de Aimé Césaire, sélectionnés pour la circonstance. Cet exercice sera dirigé par le tout nouveau bureau de la section béninoise de la Ligue africaine des professionnels du théâtre, installé depuis quelques jours seulement et présidé par le metteur en scène, Osséni Soubérou. Il s’agira d’une spéciale soirée d’hommage qui réunira ce vendredi, tous les professionnels de la littérature béninoise autour d’un hommage à la mémoire de l’illustre disparu. Figure emblématique des Antilles françaises, et objet d’un véritable culte en Martinique, l’occasion du premier anniversaire de sa mort, est un moment privilégié pour les fans du poète. A cet effet, la médiathèque municipale de Saint-Etienne rendra un hommage à cette grande fi gure littéraire du 20e siècle qui fut à la fois poète et homme politique, fondateur du mouvement littéraire de la négritude et anticolonialiste convaincu. A cette occasion, le public pourra découvrir le documentaire Aimé Césaire, de la Harlem Renaissance à Présence Africaine, réalisé à l’occasion de l’édition 2008 de la fête du livre de Saint-Etienne. Cette projection sera suivie d’un échange avec le public en présence de Blaise Ndjehoya, réalisateur du documentaire et de Gilles Roussi, artiste stéphanois et neveu d’Aimé Césaire.
Un parcourt accompli
Affaiblit par le poids de l’âge, Aimé Césaire avait été admis le 9 avril 2008 au CHU de Fort-de-France, où il est décédé le 17 avril. Né en 1913 à Basse-Pointe, sur la côte nord de la Martinique dans une famille de petits fonctionnaires, Aimé Césaire avait été confronté très jeune à la misère de la population rurale d’une île profondément marquée par deux siècles d’esclavage, qui avait alors le statut de colonie. Etudiant à Paris dans les années 1930, il avait forgé avec le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Guyanais Léon-Gontran Damas, le concept de la «Négritude», la conscience de l’identité noire, la «fierté d’être nègre» et de revendiquer ses origines africaines. La «négritude» avait rapidement débordé le cadre des seuls intellectuels français pour se répandre dans les pays colonisés, en Afrique, dans les Caraïbes, et au-delà chez les militants noirs américains en lutte pour les droits civiques. Son message avait dès lors pris un caractère universel, notamment après la publication de son «Discours sur le colonialisme» (1950). De tous les combats contre le colonialisme et le racisme pendant 70 ans, l’auteur du «Cahier d’un retour au pays natal» a consacré sa vie à la littérature et à la politique. Il avait notamment été en 1946 le rapporteur de la loi sur la départementalisation des territoires de Martinique, Guyane, Guadeloupe et de La Réunion. Il avait fondé le Parti Progressiste Martiniquais (PPM) en 1958, après sa rupture avec le PCF. Il était un homme engagé par ses combats politiques, connu pour avoir milité en faveur de la dignité de l’Homme noir et déclencheur incontournable du développement de la Martinique.
Franck Raoul PEDRO
Journal L'AUTRE QUOTIDIEN 16/04/09
An Liyannaj pour Aimé Césaire
Anniversaire . Un an après sa disparition, de nouvelles publications permettent d’explorer l’oeuvre plus que jamais actuelle du « Nègre fondamental ».
Il y a cent ans, la France semblait découvrir quel écrivain elle perdait en Aimé Césaire. Sa gloire mondiale, la ferveur massive exprimée lors de ses obsèques en ont étonné plus d’un. Plus encore, l’oubli, non des lecteurs, mais des institutions de consécration. Pas de Nobel, pas d’Académie française, pas de Pléiade. C’est dire à quel point, abusés par la notoriété du nom, on était passé à côté de l’oeuvre, peut-être parce qu’on la croyait, à tort, solidement installée au sommet du panthéon littéraire. Un an après, au moment où se sont fait massivement entendre les voix des Guadeloupéens, Martiniquais, Guyanais, Réunionnais, aspirant à plus de décence et plus de dignité, le verbe du « Nègre vertical » résonne, étrangement prophétique. Au cours de cette année, des ouvrages ont paru qui permettent d’entrer dans son oeuvre, d’en apprécier les dimensions politiques et littéraires, et plus simplement d’y prendre plaisir. Nous en proposons trois, répondant à cette triple attente.
Alain Nicolas
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