Alors que Nicolas Sarkozy est en voyage officiel aux Antilles pour 72 heures, l’Elysée a annoncé hier que la mémoire de l’écrivain et penseur martiniquais, mort en 2008, sera honoré en avril prochain, lors d’une cérémonie au Panthéon.
"Un symbole fort pour tous les Antillais. Dès son arrivée en Martinique vendredi soir, le président de la République Nicolas Sarkozy, accompagnée de son épouse Carla Bruni-Sarkozy, s’est rendu au domicile de la sœur d’Aimé Césaire. Le Chef d’Etat désirait s’entretenir avec Mireille Millou de l’hommage que rendra la Nation à la mémoire du penseur martiniquais, chantre de la «négritude» - la fierté d’être Noir. Après cet entretien – «chaleureux» selon l’adjectif même du communiqué–, une annonce officielle a été faite, avec le détail de la cérémonie, qui se tiendra en avril prochain.
«Une plaque à la mémoire du grand intellectuel et de l'homme engagé de la Martinique sera scellée au cœur du Panthéon, marquant ainsi la reconnaissance de la France dans son ensemble», explique l’Elysée. Le corps d’Aimé Césaire restera lui, conformément à sa volonté, en Martinique. Et le communiqué de rappeler les liens tissés entre l’écrivain et Nicolas Sarkozy qui s’étaient rencontrés une première fois en mars 2006.
Aimé Césaire avait pourtant refusé de rencontrer l’actuel Président de la République en 2005, après le vote d'une loi soulignant le «rôle positif» de la colonisation par le Parlement français et il a fallu l’abrogation d’un des articles les plus controversés du texte pour qu’il revienne sur sa décision. Aimé Césaire lui avait offert à cette occasion une version de son «Discours sur le colonialisme» publié en 1954 qui établissait des parallèles entre la colonisation et le nazisme. Par la suite, le chef de l'État avait baptisé l'aéroport de la Martinique du nom d’Aimé Césaire. L’ancien maire de Neuilly avait également organisé les obsèques nationales de l’ancien maire de Fort-de-France, après sa disparition le 17 avril 2008, avant d’y assisté personnellement.
Un grand écrivain, une figure de la politique
Poète engagé, homme politique, figure de l’anticolonialisme, Aimé Césaire incarne la Martinique et les Antilles plus que tout autre. Né en 1913 à Basse-Pointe, sur l’Ile aux Fleurs, le futur député rejoint la Métropole pour des études brillantes – hypokhâgne au lycée Louis-Le-Grand, Normale Sup – et crée aux côtés Léopold Sedar Senghor, futur président du Sénégal et Léon Gontran Damas, intellectuel guyanais, la revue «L’Etudiant noir», en 1932, qui marquera toute une génération de penseurs, tant elle revendique la fierté d’être Noir, la «négritude». De retour en Martinique avant la seconde guerre mondiale, il deviendra maire de Fort-de-France sous l’étiquette communiste en 1945, à l’âge de 32 ans, et occupera dès lors une place importante dans la vie politique des Antilles. Député de 1945 à 1993, fondateur du Parti progressiste martiniquais en 1958, Aimé Césaire a toujours défendu la cause du peuple antillais au sein de la France, sans jamais revendiqué l’indépendance de la Martinique, ce qui lui sera parfois reproché. Retiré de la vie politique en 2001, il avait soutenu Ségolène Royal lors de la dernière campagne présidentielle de 2007.
Grand humaniste, ses œuvres littéraires sont aujourd’hui lues dans le monde entier. «Cahier d’un retour au pays natal», «Les Armes miraculeuses», «Corps perdu», «Une saison au Congo» et bien sûr ces grands discours, sur le colonialisme et sur la négritude, sont autant de joyaux à découvrir ou à relire, tant ils ont marqué l’histoire contemporaine. Point final
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