Blog dédie au poète Aimé Césaire notamment à son oeuvre, sa poésie et collectant les articles qui ont été publiés sur ce grand homme martiniquais
dimanche 11 octobre 2015
Le pays
Tricherie et supercherie
des aumônes sans hormone
pièges engueusés de volupté factice
promesses pilules dorées d’ivresse
thérapies fragmentées
en charpies d’humanitarisme
pays coffré sous perfusion
pays paralysé sous analyses
pays de l’idiote cocobéance
pays de la niaise bêgouaiserie
et de la rance déconstombrance.
Pays ravagé naufragé
aux vives incitations
des horreurs insidieuses.
Frankétienne
jeudi 8 octobre 2015
Je vagabonde avec mes rêves...
Je me surprends souvent à croire que je peux vivre sans le monde ou plutôt dans un petit monde à moi. Mon petit coin perdu, entre ciel et mer semble bien me suffire. Loin de tout, je vagabonde avec mes rêves tout comme dans mes randonnées à travers ces sentiers perdus, autrefois foulés par les marrons de la liberté. Je revois mon pays, cette perle des Antilles, à l'époque forêt ou le figuier, le mapou, le cèdre, le sablier, l’acajou, le trompete, le casque, l’indigotier, le saman, l’abricotier abritaient fièrement sous leurs pieds ces hordes d’hommes et de femmes révoltés en quête d’un repos bien mérité après une nuit de combat contre ces étrangers qui dérangent.
Je suis leurs traces, un peu peureuse, mais mes pas incertains ne cessent de me guider vers ces caves et ces grottes qui ont servis a l'époque à cacher un de ces hommes, évadé d’habitations prisons, traqué par ces chiens et ces hommes à cheval prêt à leur ôter la vie. Je nomme ceux que j’ai connu dans mes visions, je salue leur mémoire en jetant ici trois gouttes d’eau ou plutôt en laissant la brise jouer avec la flamme d’une bougie ou encore en y jetant du clairin et plutôt sept pièces de monnaie avant de “jamber” une rivière…
Je chante aussi sur les routes mêlant ma voix Claire à celle des oiseaux, des cigales, des coqs et des poules jacassant après une pondaison. Il y a aussi ces rencontres avec un des descendants de marrons, aujourd’hui appelés “neg andeyo” et pourtant si incrustés dans ces terres.
Ou êtes vous donc aujourd’hui ?
Il semble que le besoin de liberté se fait encore sentir chez nous. Il semble que la Fraternité fait encore rêver chez nous. Il semble que l’égalité reste encore une chimère chez nous… Il semble qu’on a besoin de vous, Zinga, Larose, Kange, Sylla, Sanglaou, Anbwase, Ganga, Makaya, NoelPriyeur, Sousi,Kpoul, Alaou, Yayou, Papillon, Toya, Klermesine, Henriette, Cécile, Marinette, Marijanne, Romène La Prophétesse…. esprits guerriers de Jean Francois, de Biassou,de Bookman, de Papillon, de Dessalines, de Fatra baton, de Télémaque venez donc hanter les nuits de nos hommes trop enclins ces jours-ci a vendre leur dignité pour quelques sous...
Je souris, déjà partie, yeux ouverts vers ce passé qui m’obsède et qui donne aussi un sens á ma vie d'aujourd’hui… puisque je vis sur leurs traces…
O Ludmilla Joseph
Je suis une négresse
À ceux qui se sont sentis offusqués lorsque j'ai dit que notre société était raciste ; je vous présente mes plus plates excuses , que Dieu l'en préserve, elle est le modèle même de la philanthropie et de la tolérance !!!
Comment ai je pu l'oublier, pourtant enfant déjà on me l'avait si bien inculqué !!!
Je me souviens qu'à la maison, mon frère qui me dépasse de deux ans me donnait l'adorable petit nom "Négro" ; oh rien de bien méchant même si aujourd'hui ce terme est banni, c'est juste parce que ma peau est un peu plus foncée que celle des autres membres de ma famille et quand on est Kabyle voyez vous, on se doit d'être bien blanc pour être beau !!!
Alors de la bouche cruelle d'un gamin châtain clair comme il se doit, seul héritier de la dynastie de surcroît et avec le privilège de porter les bijoux de la famille ; tout est permis pardi !!!
Au village de mon père on m'appelait "Taberkant", c'est mignon aussi, ça veut juste dire qu'on m'avait oubliée un peu trop longtemps dans le four, ou que la nature avait un peu forcé sur la mélanine. Sacrée nature qui se permet de ces mutations sans tenir compte de la bonne ancestrale tradition !!!
À Bougie ville natale de ma mère, ville de clarté et de lumière ; comme l'indique si bien son nom, le sombre n'était pas bien vu, et souvent j'avais entendu mes illustres grandes tantes ; aux yeux verts et bien blondes demander à ma mère comment avait elle fait pour avoir une fille aussi différente !!!
Heuuu... en y réfléchissant maintenant, c'était presque une indécente et grave accusation.....mon père aurait dû se sentir indigné, ou était ce ma grand mère qui a été un peu olé olé en travaillant avec Frantz Fanon.... humm ce serait vraiment intéressant !!!
Khalti Mouni, paix à son âme, très populaire à la rue du Vieillard pour son extrême beauté et non moins extrême gentillesse ( Tout Bougie craignait sa langue), m'appelait tendrement "Khedoudja ennigro ", pauvre femme ayant vraiment existé et dont on affublait les misérables brunes de son surnom ; ou alors " El messbougha", il faut dire aussi qu'elle avait la fibre artistique ; férue de culture elle adorait apparemment la peinture !!!
Un peu plus tard au mariage de ma grande soeur, on fût navré que l'adolescente que j'étais n'avait pas le même teint de porcelaine ; "Ayouhhh quel dommage, machi bidha " disait une parente du marié ; la belle mère de ma soeur croyant avoir quelque chose à justifier lui répondait "C'est le bronzage , elle n'est pas comme ça d'habitude".
"Je préfère mon teint basané à ta tête de navet trop cuit sans texture et sans saveur pauvre imbécile bouffie et sans vie ", je l'avais pensé mais je ne le lui avais pas dit, j'étais beaucoup trop polie !
Et c'est ainsi que j'ai grandi en apprenant qu'on jugeait la personne sur la couleur de sa peau ; mais attention, ce n'est pas du racisme ....hacha ......juste une préservation de la race ........
Aujourd'hui encore quand je marche dans la rue et que je vois les cheveux décolorés avec agressivité, lissés, brûlés, torturés, teints, méchés, high lightés, sunlightés ; je réalise qu'il est encore difficile d'accepter son statut de brune et qu'il est préférable d'être une "Blonda Bla Rebbi", avec sept couches de fond de teint clair et une paire de lentilles de couleur ; que d'être une "zerga" bien typée, si on veut être conforme aux lois de la blanche beauté dans notre société (algérienne).
Pourtant nous sommes Africains et le noir nous va si bien.
Mais non voyons nous ne sommes pas racistes, pardonnez moi mes chers concitoyens ....quant à toi Simone pardonne notre stupidité.
Taous Ait
vendredi 25 septembre 2015
Septembre le divin ou l'épi et la palme
Les heures, les mois, êtres divinisés, dont nous perdons le sens, mais dont nous continuons d’honorer la présence céans. Ressentant ou comprenant intuitivement la symbolique qui nous relie inconsciemment aux astres, nous frôlons les étoiles léans, nous accrochons l’espoir, nous sommes à l’image de la divinité, nous sommes la finalité de la création, nous sommes divins.
Des heures et des mois ont passé par l’an. Septembre, le septième naguère, le neuvième aujourd’hui survint. Septembre le vendangeur, mois figuré au signe zodiacal anthropologisé, le seul, vierge de toute intention, si ce n’est d’une détermination entêtante à s’élever vers les cieux, à la rencontre des Dieux, mais comme Icare, l’homme chute du haut de ses illusoires prétentions.
Septembre la vendangeuse, c’est ainsi que j’aime à la nommer, ce mois revêtant la pourpre et où le paysage se rubéfie au retour des corneilles craillant et des corbeaux criant, annonciateurs du froid.
Et je m’imagine en siècles décalés, sur un chemin cahoté, regardant des moines ventrus sous la bure ayant bombancé les jours et ripaillé les heures, le visage rubescent, titubant, s’entraidant pour avancer dans l’ivresse du soir et croisant à un bout de chemin, un bouvier barbu, sale, rustre aiguillonnant ses bœufs pour les faire avancer vers l'étable.
La scène se confond en siècles mythifiés, bergers, bergères, satyres et silènes avinés sur la trace envahissent la campagne vineuse. Silène sur un âne monté philosophe. Priape enferré dans ses pulsions obscènes, les nymphes ne lui cédant en rien. Le cortège parade, les jeunes crient, les femmes tambourinent, les cymbales sonnent, les flûtes sifflent, les ménades chantent, les bacchantes dansent. La horde frénétique se partage la coupe de Bacchus, Pan et Eros sont annexés, la folie règne, une religion naît, le culte orgiastique renaît.
Septembre l'odoriférant aux solennités enguirlandées de myrte ou festonnées de narcisse. Septembre la terreuse agréait l'offrande propitiatoire, le porc, la truie, la laie ; Septembre recevait aussi le bélier en holocauste. Septembre le moissonneur portant la gerbe de Cérès dont le romancier dépeint l'humeur : « Avant les labours d'hiver, la Beauce, à perte de vue, se couvrait de fumier, sous les ciels pâlis de septembre.»
Septembre odore les couleurs, septembre redessine les odeurs, l’émotion est septembrale, je suis de septembre.
Tony Mardaye
samedi 1 août 2015
La lune bleue / Blue
Il y a un proverbe
Sans un verbe
Que dans mon rêve
Semble toujours
Si vrai, j'ai pensé que
Réalité il devrait
D' être... Une lune
Jusqu'à présent, le plus tôt
J' ai été réveillée,
S' estompe dans un nuage.
Mais une voix bruyante
Au sein de cris bientôt
Vous serez la réalité,
"une fois dans la lune bleue"
Pour vanter ta beauté....
There is a proverb
without a verb
that in my dreams
always seems
so real, I thought
reality it ought
to be... A moon
so far, as soon
I was awake,
fades in a cloud.
But a voice loud
within shouts soon
you will be reality,
' once in a blue moon '
to praise your beauty....
Guy Cayemite
mercredi 28 janvier 2015
NEDJE
Nedje
Tu n'avais pas seize ans
Toi qui disais venir du Danakil
Et que des blancs pervers
Gavaient d'anis et de whisky
En ce dancing fumeux
De Casablanca
Le soir coulait du sang
Par la fenêtre étroite
Jusqu'aux burnous des Spahis
Affalés contre le bar
Et dessinait là-bas
Au-dessus du désert proche
D'épiques visions
De chocs et de poursuites
De revers et de gloire
Un soir sanglant
Qui n'était qu'une minute
De l'éternel soir sanglant de l'Afrique
Et si triste
Que ta danse s'en imprégna
Et me fit mal au cœur
Comme ta chanson
Comme ton regard
Plongé dans mon regard
Et mêlé à mon âme
Tes yeux étaient pleins de pays
De tant de pays
Qu'en te regardant
Je voyais resurgir
A leurs fauves lumières
Les faubourgs noirs de Londres
Les bordels de Tripoli
Montmartre, Harlem,
Tous les faux paradis
Où les nègres dansent
Et chantent pour les autres
L'appel proche
De ton Danakil mutilé
L'appel des mains noires fraternelles
Apportaient à ta danse d'amour
Une pureté de premier jour
Et labouraient ton cœur
De grands accents familiers
Tes frêles bras
Élevés dans la fumée
Voulaient étreindre
Des siècles d'orgueil
Et des kilomètres de paysages
Tandis que tes pas
Sur la mosaïque cirée
Cherchaient les aspérités
Et les détours
Des routes de ton enfance
La fenêtre donnait
Sur l'Est inapaisé
Cent fois ton cœur y passa
Cent fois la rose rouge brandie
Au bout de tes doigts fins
Orna le mirage
Des portes de ton village
Ta souffrance et ta nostalgie
Étaient connues
De tous les débauchés
Les marins en manœuvre
Les soldats en congé
Les touristes désœuvrés
Qui ont broyé ta poitrine brune
De tout leur vaste ennui
De voyageurs
Les missionnaires
Et la foule lâche
Ont parfois essayé
De te consoler
Mais toi seule sais
Petite fille du Danakil
Perdue aux dancings fumeux
De Casablanca
Que ton coeur
Se rouvrira au bonheur
Lorsqu'aux aurores nouvelles
Baignant le désert natal
Tu retourneras danser
Pour tes héros morts
Pour tes héros vivants,
Pour tes héros à naître
Chacun de tes pas
Tes gestes
Tes regards
Ta chanson
Diront au soleil
Que la terre t'appartient
Roussan Camille
Casablanca, avril 1940
Tu n'avais pas seize ans
Toi qui disais venir du Danakil
Et que des blancs pervers
Gavaient d'anis et de whisky
En ce dancing fumeux
De Casablanca
Le soir coulait du sang
Par la fenêtre étroite
Jusqu'aux burnous des Spahis
Affalés contre le bar
Et dessinait là-bas
Au-dessus du désert proche
D'épiques visions
De chocs et de poursuites
De revers et de gloire
Un soir sanglant
Qui n'était qu'une minute
De l'éternel soir sanglant de l'Afrique
Et si triste
Que ta danse s'en imprégna
Et me fit mal au cœur
Comme ta chanson
Comme ton regard
Plongé dans mon regard
Et mêlé à mon âme
Tes yeux étaient pleins de pays
De tant de pays
Qu'en te regardant
Je voyais resurgir
A leurs fauves lumières
Les faubourgs noirs de Londres
Les bordels de Tripoli
Montmartre, Harlem,
Tous les faux paradis
Où les nègres dansent
Et chantent pour les autres
L'appel proche
De ton Danakil mutilé
L'appel des mains noires fraternelles
Apportaient à ta danse d'amour
Une pureté de premier jour
Et labouraient ton cœur
De grands accents familiers
Tes frêles bras
Élevés dans la fumée
Voulaient étreindre
Des siècles d'orgueil
Et des kilomètres de paysages
Tandis que tes pas
Sur la mosaïque cirée
Cherchaient les aspérités
Et les détours
Des routes de ton enfance
La fenêtre donnait
Sur l'Est inapaisé
Cent fois ton cœur y passa
Cent fois la rose rouge brandie
Au bout de tes doigts fins
Orna le mirage
Des portes de ton village
Ta souffrance et ta nostalgie
Étaient connues
De tous les débauchés
Les marins en manœuvre
Les soldats en congé
Les touristes désœuvrés
Qui ont broyé ta poitrine brune
De tout leur vaste ennui
De voyageurs
Les missionnaires
Et la foule lâche
Ont parfois essayé
De te consoler
Mais toi seule sais
Petite fille du Danakil
Perdue aux dancings fumeux
De Casablanca
Que ton coeur
Se rouvrira au bonheur
Lorsqu'aux aurores nouvelles
Baignant le désert natal
Tu retourneras danser
Pour tes héros morts
Pour tes héros vivants,
Pour tes héros à naître
Chacun de tes pas
Tes gestes
Tes regards
Ta chanson
Diront au soleil
Que la terre t'appartient
Roussan Camille
Casablanca, avril 1940
mardi 13 janvier 2015
GHETTO
Marie-Galante, Guadeloupe.
Pourquoi m'enfermerai-je
dans cette image de moi
qu'ils voudraient pétrifier ?
pitié je dis pitié !
j'étouffe dans le ghetto de l'exotisme
non je ne suis pas cette idole
d'ébène
humant l'encens profane
qu'on brûle
dans les musées de l'exotisme
je ne suis pas ce cannibale
de foire
roulant des prunelles d'ivoire
pour le frisson des gosses
si je pousse le cri
qui me brûle la gorge
c'est que mon ventre bout
de la faim de mes frères
et si parfois je hurle ma souffrance
c'est que j'ai l'orteil pris
sous la botte des autres
…le rossignol chante sur plusieurs notes
finies mes complaintes monocordes !...
je ne suis pas l'acteur
tout barbouillé de suie
qui sanglote sa peine
bras levés vers le ciel
sous l'œil des caméras
je ne suis pas non plus
statue figée du révolté
ou de la damnation
je suis bête vivante
bête de proie
toujours prête à bondir
à bondir sur la vie
qui se moque des morts
à bondir sur la joie
qui n'a pas de passeport
à bondir sur l'amour
qui passe devant ma porte
je dirai Beethoven
sourd
au milieu des tumultes
car c'est pour moi
pour moi qui peux mieux le comprendre
qu'il déchaîne ses orages
je chanterai Rimbaud
qui voulut se faire nègre pour mieux parler aux hommes
le langage des genèses
et je louerai Matisse
et Braque et Picasso
d'avoir su retrouver sous la rigidité
des formes élémentales
le vieux secret des rythmes
qui font chanter la vie
oui j'exalterai l'homme
tous les hommes
j'irai à eux
le cœur plein de chansons
les mains lourdes
d'amitié
car ils sont faits
à mon image
Guy Tirolien
samedi 10 janvier 2015
Ainsi meurt la liberté
Ainsi meurt la liberté
d'un coup bien monté
de balles assassines...
En vaste applaudissement
sans argument
passe l'amendement
écrit en lettres fines...
Frappé de stupeur
par les événements
animé par la peur
aussi bien d'égarement
et d'engouement,
les yeux bandés
et mains au dos
attachées
Charlie fit cadeau
de tous les droits acquis
au prix du sang
de tant d'innocents
versé dans le maquis,
d'une pierre deux coups
d'un noeud perché
à l'arbre de la liberté
une corde au cou...
Guy Cayemite
mercredi 7 janvier 2015
Noel en Ethiopie
Aujourd'hui les Éthiopiens qui suivent le calendrier Julien fêtent Noël...
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