vendredi 4 mai 2012

NIKKI ELISE expose





Exposera ses dernières créations au

PAVILLON DE LA VILLE
A POINTE-A-PITRE

L'exposition intitulée :

"Atypique : pétage de plombs".

aura  lieu du 14 au 22 mai  2012.

Une quarantaine d'œuvres inédites sont à y découvrir.

Vernissage le mardi 15 mai à partir de 18 heures,
en présence de l'artiste et de ses invités.

*****

Le mot de la commissaire d’exposition, Nathalie Hainaut : Commissaire d'exposition, critique d'art, membre du CEREAP, Centre d'Etudes et de Recherches en Esthétique et Arts Plastiques.
Membre d'Art Public, Association pour l'acquisition et la diffusion d'œuvres d'art contemporain.

« La vérité de la vie est dans l'impulsivité de la matière.
L'esprit de l'homme est malade au milieu des concepts ».
Antonin Artaud, extrait de Le bilboquet.


« Atypique : pétage de plombs. »
C'est bien le titre de l'exposition détonante qui s'annonce pour la plasticienne Nikki Elisé, au Pavillon de la Ville,à Pointe à Pitre, pour une durée de huit jours.
Huit, comme le nombre sacré au Japon et celui du génie et de l'ancêtre chez les Dogons. L'occasion pour le public guadeloupéen de découvrir une quarantaine de toiles et installations de cette artiste qui assume entièrement le thème choisi.
Son expression plastique originale relate, retranscrit avec réalisme nombre de faits réels, vécus, imaginés, transmis, historiques ou contemporains qui émaillent la vie de ses îles et du monde.

Il suffit parfois d'un rien pour que tout bascule. Le pétage de plombs est devenu l'expression individuelle ou collective d'une crise qui touche aujourd'hui tous les domaines: l'économie, le social, l'emploi, le climat, les énergies, l'écologie, la politique, la démocratie, les relations humaines, la confiance de l'homme dans le monde présent et à venir.


Il est pertinent que la culture, et donc l'art contemporain, aborde cette problématique du chaos qui envahit notre quotidien. La plasticienne Nikki Elisé a choisi d'explorer ce phénomène de société, à l'intérieur même sa pratique artistique, avec cette exposition intitulée «Atypique :Pétage de plombs»
Les créations présentes dans cette «dé-monstration » articulée autour d'un concept pensé par l'artiste interrogent et s'interrogent sur la disjonction, ce moment décrété de « folie » où le rapport de soi au monde se brise, explose ou implose.



Texte critique de Mme Nathalie HAINAUT, critique d’art, commissaire d’exposition :


De profundis Karukéra



« C'est par l'Art et par l'Art seul, que nous pouvons réaliser notre perfection ; par l'Art, et par l'Art seul que nous pouvons nous défendre des périls sordides de l'existence réelle ». Oscar Wilde


Arrimée à son pinceau et à sa ficelle fétiche, Nikki Elisé s'est plongée dans la création d'une quarantaine d'œuvres pour cette exposition attendue et originale, dont le titre peut faire "buzzer" la toile, le public et le PAG (1) :

"Atypique : Pétage de plombs".

Lors de nos entretiens à son atelier, NEP, Nikki Elisé Plasticienne, n'a eu de cesse de m'emmener sur les pistes de ce qui a motivé son choix de peindre, de lâcher cette série de toiles et installations, au titre explosif. C'est une manière de "briser mes tabous", c'est un règlement de compte avec "moi-même" dira-t-elle , avec les idées reçues, avec les démences et les démons de notre société "Post", post-esclavagiste, post-coloniale, post it ,ultramarine et ali.

Cette peinture particulière retranscrit une expérience karmique, ceci n'est pas trop surprenant chez cette plasticienne qui pratique également la performance, se "transforme" au gré des évènements et lors de ses apparitions en public. En suivant de près le travail de Nikki, j'ai vu apparaître les dialogues entre l'individuel et le collectif, entre l'intime et le public ; sa peinture l'emporte, la charrie pour traiter de tout cela, sans peur, sans freins, ni blocages, ni aucune retenue puisqu'il s'agit bien d'un état de crise, d'un pétage de plombs dont il va être question.

Nous sommes loin du cabinet de curiosités, mais dans une réalité peinte par une artiste qui a décidé de bousculer les esprits. La peinture est ici le reflet de la mise en lumière sur les troubles qui hantent nos sociétés. En perçant certains secrets et certaines vérités sur les désordres mentaux, la plasticienne a capté une énergie particulière qui lui permet d'aborder une histoire confisquée, encore sous X au jour d'aujourd'hui : celle de son pays et d'autres peuples aussi.

Il n'y a pas de hasard dans la vie et encore moins dans le cas de cette exposition : initialement prévue dans deux autres lieux, elle se concrétise, se matérialise enfin au Pavillon de la Ville de Pointe-à-Pitre, dans un ancien presbytère au cœur de la vie liturgique de l'église voisine, Saint-Pierre et Saint-Paul. La chronique de cette folie peu ordinaire, exposée sous la bannière du pétage de plombs, va d'emblée être abordée, voire fixée par la peinture dans une série de cinq croix en bois toilé fort surprenantes.


Point de blasphème ici, juste une façon de faire un point sur le rapport à la foi, ainsi qu'un clin d'œil au serment enfantin qui dit: "Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer !" L'art ne ment pas et qu'il s'agisse de "In Nomine Mater", une des cinq croix avec le corps absent suggéré par son enveloppe de grillage, ou de "Croix Schizophrénie", avec ses clous et le grillage écrasé qui donne cet aspect de peau de serpent, la réalité peut être dans le basculement. Il y une croix pour les discordances, une pour la résilience avec la ficelle libérée et une dernière, "Mikado" avec les quatorze baguettes rayées qui marquent la disparition de la ficelle, du lien mais aussi d'une certaine forme d'attache et l'évocation du jeu d'adresse.

Pour ceux qui suivent l'artiste sur son blog intitulé, non sans malice, "émotions aliénantes", Nikki Elisé, retrace certaines des étapes de son travail, ainsi que sur ce qui inquiète et ce qui rassure sur l'avenir en général, celui de son pays en particulier.

Tout est abordé dans cette exposition, y compris la politique avec quelques toiles à méditer sérieusement en ces temps bousculés. Jeu de forces et de travail plastique, les créations de NEP produisent des images où il est avant tout question de la liberté de l'homme, stricto sensu. Allusions au Code Noir, à Solitude, à 67 année politique et sanglante pour la Guadeloupe, Nikki réagit et peint, crée ce qu'elle pense de tout ce qui fait son environnement social, politique et culturel. Afin de protéger son identité de femme et de plasticienne, elle se libère de ce qui pèse des " Bad days" ou mauvais jours, en passant par une toile franchement d'actualité, coup de griffe à «l'amnésique Sylvie H.»( note ou pas ?) et la justice coloniale et intitulée « Négrostigmatose », bien étrange maladie contemporaine.

Contemporain, voilà bien un mot qui éveille l'intérêt et la critique. Certains lui donnent son sens propre, à savoir ce qui est d'aujourd'hui, dans son temps, ici et maintenant, d'autres lui octroient un caractère normatif, avec ses légions de diktats occidentaux surtout, quand il s'agit d'art contemporain. Nous y voici. Car il s'agit avant tout de créer, peu importe le modèle dominant et dans cette posture Nikki Elisé s'offre une digression bien dans son époque, avec la toile intitulée " IFCA " autrement dit "I Fuck Contemporary Art".

En captant autour d'elle tout ce qui circule et la touche, la plasticienne traduit et colorise une réflexion affutée sur la vie. Le tracé du corps, son absence parfois, les techniques mixtes et autres apports de l'artiste à son art vont de pair avec une nécessité, celle de dire. Dire la Caraïbe, cet espace à la fois de dialogue et d'anthropophagie qui doit continuer à émerger et à affirmer son identité culturelle, plasticienne et visuelle.

Il y beaucoup à voir, à observer de près dans les œuvres de Nikki Elisé. A recevoir aussi, car malgré le sérieux des thèmes abordés dans ce déballage de crise que constitue "Atypique: pétage de plombs", nous avons à faire à une "dé-monstration" généreuse et pleine d'humour.

Même en ayant bu le calice, en l'occurrence ici le "kwi" jusqu'à la lie, point de goût amer dans la bouche, car ce qu'il faut retenir ici, c'est avant tout une rencontre avec un discours plastique intéressant. Il laisse à chacun le loisir de faire son propre tour d'horizon, à l'intérieur comme à l'extérieur de sa propre histoire, de faire circuler les idées. L'artiste propose ainsi à l'autre de faire sa quête, tout en lui insufflant aussi que la sève est toujours dans l'arbre et que malgré les tribulations, comme il est dit ici-bas, nous sommes plus que jamais des "Moun vertikal", des femmes et des hommes debout, des innovants. Les cartes sont entre nos mains, les peintures et installations de Nikki font d'ailleurs songer à un jeu de tarot ancien et en même temps terriblement moderne et expressionniste, l'artiste y tient. Le fin mot de cette aventure artistique se trouve peut être dans une toile au titre évocateur, "Kat an nou poko joué"( traduction ?) ou pour qui sait lire l'avenir dans les cartes comme dans les tableaux.

Plus l'exposition approche, plus l'ensemble des œuvres se relient, tissent un vocabulaire pictural neuf et forment un tout atypique mais efficace. La création plasticienne a de belles heures devant elle, reste à penser une esthétique qui soit en accord avec nous et dans nos réalités vécues. C'est pour ma part ce que j'ai trouvé de passionnant en suivant cette femme artiste dans une histoire éclatante où, " le « senti», l'effet qui charme ou prompt à corriger la crudité du réel" (2) fait acte de présence et de vie à chaque instant, dans chaque toile peinte et parfois repeinte.


Nathalie Hainaut,
Critique d'art, commissaire d'exposition, Mai 2012.


Notes:
  1. PAG: Paysage Artistique Guadeloupéen.
  2. Paul Ardenne, Art, le présent. La création plasticienne au tournant du XXI ème siècle. Editions du Regard, 2009, p, 221.

  1.   Biographie

Expositions et Manifestations artistiques


Mars 2012 : Exposition collective de plasticiens et peintres sur le thème de la femme sur le spectacle Fanm Chatènn, troupe KOKLAYA de Raymonde Torin . Ville des Abymes Guadeloupe

Juin 2011 : Patrimoine Ô Patrimoine, Happening et exposition collective, Ville du Lamentin, Guadeloupe.

Juin 2011 ( 3, 4, 5) : Pool Art Fair , Deuxième édition de la foire d’Art contemporain de Guadeloupe, Galerie T&T, Thierry Alet (Basse Terre) Exposition ( Stand ) + Exposition collective Code Noir au Centre Manioukani , Ville de Bouillante, Guadeloupe.

Mai 2011 (27) : Limyè Ba Yo, Commémoration de l'Abolition de l’esclavage, Happening Ville de Pointe à Pitre, Guadeloupe. Conseil Régional de Guadeloupe et Association CM98.

Mai 2011 (21) : Mai des Aïeux, Commémoration Abolition de l’esclavage, Happening, Association Lanmou ba yo, Habitation Néron, Ville du Moule, Guadeloupe.

Avril 2011 (16) : Exposition «  Chiffon’ades » en partenariat avec Denis Devaed Styliste lors du défilé de présentation de sa collection 2011, Baie Mahault, Guadeloupe.

Mars 2011 Couverture du recueil de poèmes de Max JEANNE : «  BORLETTE » Œuvre Phoenix haïtien.

Mars 2011(8) : Exposition Journée internationale de la Femme, Casa del Arte, Ville de Sainte Anne, Guadeloupe .

Décembre 2010 : Bel Mwa Désanm, Eskal Art , Ville de Sainte Rose, Guadeloupe «  Mer et chimères ».

Novembre 2010 : Route du Rhum, Ville de Pointe à Pitre, Exposition Stand et Happening sur le village de la Route du Rhum.

Novembre 2010 à Février 2011 : Carte Blanche aux Artistes, AN I , Conseil Général de Guadeloupe, Musée Schoelcher à Pointe à Pitre, Exposition collective 4 artistes, édition d'un catalogue.

Octobre 2010 : Route du Rhum, Exposition CCI de La Guadeloupe, Aéroport international Pôles Caraïbes, Les Abymes, Guadeloupe.

Septembre 2010 : Prix Rovelas Exposition des adultes (Prix Rovelas : Concours artistique pour enfants ) Galerie T&T, Thierry Alet , Ville de Basse Terre, Guadeloupe .

Juillet 2010 : Exposition -Happening Stage de Léwôz « Chanté, dansé, é konnyé Gwo Ka » de Jacky Jalème, Site de Beauport , Pays de la Canne , Ville de Port Louis, Guadeloupe.

Juin 2010 : Pool Art Fair , Première édition Foire d’Art contemporain de Guadeloupe , Galerie T&T , Thierry Alet, Basse Terre, Exposition avec le collectif d’artistes « Awtis 4 Chimen » squatt du Musée L’Herminier à Pointe à Pitre, Guadeloupe.

Mai 2010 : Mai des Aïeux, Happening, Commémoration de l’esclavage, Association Lanmou Ba yo, Habitation Néron, Ville du Moule, Guadeloupe .
Avril 2010 : « Solidarts »Exposition collective, Galerie Pôles d’Art , Ville du Gosier ,Guadeloupe.

Février 2010 : «  Un arc en ciel pour Haïti » Maison du Patrimoine Basse 

Terre, Happening et vente aux enchères caritative, BTS Communication Lycée Gerville Réache, Basse Terre, Guadeloupe.

Janvier 2010 : « Victoire des Arts » pour Haïti , Happening collectif co- organisé avec le plasticien Richard Viktor Sainsily Cayol (Action caritative post séisme en Haïti ), Ville de Pointe à Pitre, Guadeloupe.

Janvier 2010: Happening avec DJ Ganesh (Electro- techno) alias Ivan Libert, Installation “Elektro Dolls”, Marina Ville du Gosier, Guadeloupe.

Octobre à Novembre 2009 : «  Métamorphoses des Mofwazés ». 

Exposition personnelle avec le peintre Gilles Girard, Fort Fleur d’Epée, Le Gosier , Guadeloupe.

Octobre 2009 à Novembre 2009 : « Cheminements » Exposition et performance lors du finissage, Collectif d’artistes Awtis 4 Chimen Squatt du Musée l’Herminier (membre fondateur), Ville de Pointe à Pitre, Guadeloupe.

Août 2009 : «  Croisée des Artistes » Exposition collective, Ville du Gosier, Guadeloupe.

Janvier et Février 2009 : 2 Happenings improvisés, mouvement social du LKP, Pointe à Pitre, Guadeloupe.

Novembre 2008 : «  Festival des Sens du Marin, 6 ème édition » avec le plasticien Habdaphaï et l'association Chouval Bwa Kiltirel, Happening ,Ville du Marin, Martinique .

Juillet 2008 : «  Liyannaj d’artistes guadeloupéens » Galerie Imaginart, Christian Roland, Ville de Sainte Rose, Guadeloupe.

Mai 2008 : «  Le Rex invite les artistes, 1 ère édition » Cinéma Rex, Ville de Pointe à Pitre, Guadeloupe.

1994 -1995 : Ecole d’Art du Lamentin, Guadeloupe, dirigée par Michel Rovelas, atelier du peintre Lucien Léogane, formation personnelle en Arts plastiques et Histoire de l’Art Université de Paris I via le CNED .
démarche artistique de Nikki Elisé


n tant que plasticienne, elle travaille surtout l’acrylique sur toile en y 
associant des fibres et des collages divers. Les collages, et la ficelle encollée qui traverse toutes ses toiles, induisent et soutiennent son expression picturale.


D’un point de vue esthétique et sociétal, son île, la Guadeloupe, par son histoire et sa culture, sa façon « d’Etre au Monde, » stimule et enrichit ses créations. L’artiste s’intéresse au corps au sens le plus large du terme. Corps physique ou corps sociétal, elle analyse les interactions entre l’individu et sa société et retranscrit dans ses œuvres comment l’Homme peut présenter physiquement des troubles ou des comportements atypiques en relation ou en réaction à un climat social donné.
Une expression qu’on trouvera souvent associé à sa peinture ou à ses œuvres est celle de Mofwazé.

Le « Mofwazé » mythologique (terme créole désignant un humain qui se transforme en bête) n’est jamais loin de nos métamorphoses sociales actuelles. Nous nous « mofwasons », nous transformons, en permanence sous l’influence du temps, d’émotions positives ou négatives, de maladies physiques ou mentales.


La plasticienne a d’abord évoqué par ses créations tout ce qui comme l’épiderme est dans le visible, l’apparence, souvent le Paraître. Cela a donné des œuvres avec beaucoup de textures, du doré, d’étranges chéloïdes comme autant de cicatrices. Sa peinture actuelle se veut plus inquisitrice sur nos ressorts sociaux, pénétrant le derme tel un scalpel. Maintenant apparaissent sur ses toiles, des écorchés vifs, tels ceux de sa série Code Noir, avec des entailles nettes comme autant de blessures parfois sanguinolentes.


Un autre terme propre à l’Art de Nikki Elisé est celui de « MOFWAZAJ » : un souci permanent d’explorer toutes les apparences possibles, tous les « looks » imaginaires ou codifiés, connotés socialement à chaque apparition publique ou lors de ses shows artistiques. Pour cela, elle fait appel à des maquilleurs, des coiffeurs, ou invente elle-même ses perruques et autres coiffures. L’artiste se met elle-même en scène, multipliant les auto -portraits instantanés. Elle est d’ailleurs l’une des rares artistes visuelles caribéennes à présenter cette démarche, à propos de la mise en scène de sa propre image qui nous renvoie à nos propres interrogations sur l’image au sens d’apparence, celle qu’on reçoit comme celle que l’on offre. C’est dans ce jeu des regards qu’elle inscrit sa démarche artistique liée aux performances.



Nikki Elisé : artiste plasticienne, membre de L’Artocarpe ,association d’Art contemporain Guadeloupe


René ou ka voyajé

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