Réflexions sur la négritude.
La vision du Noir par le Blanc.
Comme la grande majorité des européens de l'époque (de la Colonie), les Belges ne sont ni plus ni moins racistes que les autres vis-à-vis des Noirs. Ils ne les connaissent tout simplement pas. Face à cette constatation, trois réactions prévalent, à savoir :
- l'indifférence, pour ceux qui ignorent même qu'ils ne sont pas seuls au monde ;
- la discrimination négative, pour ceux qui craignent tout ce qu'ils ne comprennent pas ;
- la discrimination positive, pour ceux qui aiment la découverte, le rapprochement et le contact avec tout ce qui est étranger.
Comme la crainte populaire engendre des réactions plutôt négatives, le Noir a été perçu, dès les premiers âges, comme un être diabolique. Est-ce dû à la couleur de sa peau ? à ses attitudes incompréhensibles lors des premiers contacts ? à son absence de vêtements qui laisse apercevoir une grande surface de peau nue, à l'instar des animaux ? ou, au contraire, à ses oripeaux effrayants ? (homme-léopard, masques impressionnants...), enfin, son comportement de groupe impressionne-t-il à ce point l'imaginaire (voir le film Zoulou) ?
On frémit à la lecture de cet article vieux d'un peu plus d'un siècle et qui en dit long sur la manière dont le Noir est perçu à la fin du 19e siècle :
Article "Nègre"
"C'est en vain que quelques philanthropes ont essayé de prouver que l'espèce nègre est aussi intelligente que l'espèce blanche. Un fait incontestable et qui domine tous les autres, c'est qu'ils ont le cerveau plus rétréci, plus léger et moins volumineux que celui de l'espèce blanche. Mais cette supériorité intellectuelle qui selon nous ne peut être révoquée en doute, donne-t-elle aux blancs le droit de réduire en esclavage la race inférieure ? Non, mille fois non. Si les nègres se rapprochent de certaines espèces animales par leurs formes anatomiques, par leurs instincts grossiers, ils en diffèrent et se rapprochent des hommes blancs sous d'autres rapports dont nous devons tenir grand compte. Ils sont doués de la parole, et par la parole nous pouvons nouer avec eux des relations intellectuelles et morales, nous pouvons essayer de les élever jusqu'à nous, certains d'y réussir dans une certaine limite. Du reste, un fait plus sociologique que nous ne devons jamais oublier, c'est que leur race est susceptible de se mêler à la nôtre, signe sensible et frappant de notre commune nature. Leur infériorité intellectuelle, loin de nous conférer le droit d'abuser de leur faiblesse, nous impose le devoir de les aider et de les protéger."
Pierre Larousse, Article "Nègre", Grand Dictionnaire Universel du 19e s. (1872)
Il n'y a pas d'endroit en Belgique qui ne fasse pas référence à son passé colonial. Chaque ville possède des édifices publics, des places, des statues qui commémorent, le plus souvent en l'honneur du colonisateur, la présence belge au Congo. Les images sont souvent des allégories, des rappels de faits historiques, des commémoration et des souvenirs. Le Noir y a pratiquement toujours le rôle passif. Les principaux exemples sont illustrés dans les extraits suivants de « L'Autre et Nous, "Scènes et Types" ». Achac, éd. Syros, Paris 1995 : 253-257.- Édouard VINCKE
La statuaire
De façon générale, les monuments, qui constituent, avec les toponymes l'espace légitime ont comme fonction explicite d'exprimer des valeurs à destination de l'ensemble des citoyens. Leur sens est très global, et leur symbolisme, ni pointu ni ésotérique, utilise l'allégorie, dont un des éléments est la redondance.
Le Monument du Congo, situé à Bruxelles, est particulièrement éclairant. Inauguré en 1921, il comporte vingt-neuf personnages : Arabes, Belges, Congolais, sans compter un crocodile. Le groupe de faîte est composé de quatre personnages nus. Une femme noire implorante présente son enfant à une Belgique protectrice ; un peu plus loin, un enfant accroché aux rochers regarde le cortège des Belges et Congolais du bandeau. Ce groupe est sous-titré: "La race noire est accueillie par la Belgique". Le bandeau, en ronde-bosse, campe les pionniers coloniaux, un missionnaire et six explorateurs, dans des rôles dynamiques : on voit tout de suite qu'ils guident et ordonnent. Un Congolais est courbé. Les autres personnages sont des femmes et des enfants qui, guidés par le missionnaire, convergent vers un des Blancs, assis.
Les groupes latéraux donnent une légitimation supplémentaire à la colonisation. A droite, deux militaires belges. Le texte est : "Le soldat belge se dévoue pour son chef blessé à mort." A gauche, un soldat belge écrase de sa botte le visage d'un Arabe qu'il va sans doute achever, car il retire son sabre du fourreau. Sous le groupe, une inscription explique : "L'héroïsme militaire belge anéantit l'Arabe esclavagiste. " Sous l'ensemble est couché un Congolais nu, à côté d'un crocodile, les deux personnifiant le fleuve.
Ce qui saute aux yeux, c'est que les Congolais sont nus, alors que les Belges ainsi que l'ennemi arabe sont vêtus de pied en cap. Les personnages allégoriques - Belgique, "race noire ", fleuve Congo - sont également nus. Mais alors que la Belgique, qui surplombe l'ensemble, domine et protège les êtres humains, le Congolais-fleuve Congo, placé tout au-dessous, jouxte un animal féroce. Le monument est axé sur quelques oppositions simples : nature-culture, civilisation-barbarie, protection-subordination des Congolais, héroïsme belge-malignité des Arabes. Les moyens utilisés sont l'opposition vêtements-nudité, la gestuelle des acteurs, en plus de leur situation signifiante dans l'espace.
La toponymie souvenir.
Qu'en est-il des toponymes bruxellois relatifs à l'Afrique centrale ? Nombre d'entre eux sont empruntés à la géographie du Congo belge, et plusieurs "héros" coloniaux sont cités. Or, il n'y a pas un seul nom de Congolais ni d'Africain dans ce registre urbain. Cela signifie précisément qu'en près d'un siècle de commerce avec l'Afrique centrale, la mémoire collective transitant par les édiles n'a retenu que des héros blancs, campés dans un paysage congolais.
Le personnage symbolique.
Le père Fouettard, compagnon domestique de saint Nicolas se voit dans les vitrines, escortant son patron, au cours de la semaine qui précède le 6 décembre. Depuis quelques années, son image se raréfie, par un processus d'autocensure. Cette extinction partielle a été précédée d'une période de glissement au cours de laquelle ce père Fouettard a perdu ses attributs diaboliques (petites cornes, air méchant) pour prendre des traits infantiles.
Le "Maure" est enturbanné, en culottes bouffantes, portant boucles d'oreilles et babouches : c'est une livrée d'esclave de prestige. Sous forme de statuaire domestique de luxe, toujours produite et présentée dans des vitrines d'Europe occidentale, c'est le "Maure vénitien ". Il est parfois nu, supportant une table basse, plus souvent en riche livrée, portant un flambeau.
Les enseignes représentant le Noir étaient autrefois fréquentes. En Europe centrale, où il est encore très répandu, le Noir a servi d'enseigne à des cafés et à des pharmacies En Allemagne, il est l'emblème de grandes marques de bière et de chocolat . Il y eut des céramiques illustrant la raison sociale d'établissements coloniaux : une céramique parisienne très connue, rue du Grand-Cerf, montre un esclave apportant le tabac à son maître, un planteur.
Des T-shirts présentent des caricatures de Noirs : cannibales transportant un explorateur ficelé, personnage avec un os dans les cheveux, ou autres images dénigrantes. Les images positives sont celles de musiciens noirs, ou d'hommes politiques incarnant la négritude revendiquée. A l'occasion de fêtes, maintes villes d'Europe font sortir des groupes folklorisés qui puisent à deux sources l'image constitutive du Noir. La première source est précoloniale.
Les différents signes iconiques renvoient à des valeurs et à des rôles. Les plus signifiants concernent sans doute l'opposition nudité-habillement, et les vêtements signifiant la condition. La statuaire coloniale, qui utilise régulièrement l'opposition nature-culture, ne peut signifier plus clairement une valeur, l'état de dépendance, qu'il s'agisse de l'Afrique ou des Amériques. La livrée du groom l'habille totalement, du bout des doigts au sommet du crâne (on peut observer d'ailleurs que les singes de bateleurs étaient souvent revêtus du seul chapeau de groom). Ainsi, par l'habit ou la nudité, la condition servile est autant signifiée. Naturellement, la gestuelle iconisée surdétermine le message : l'expression faciale, les objets portés, l'attitude offrante. Les diverses représentations du Maure avaient oscillé et oscillent encore entre les pôles nudité-livrée, et ce depuis plus de trois siècles : il est soit quasi nu, guerrier ou esclave, soit revêtu d'une riche livrée d'esclave orientalisé. La nudité se prolonge dans la publicité caritative tiers-mondiste.
Illustrations de ce sujet
joueur de tam-tam
L'homme exotique dans les manuels belges de géographie édités en français. par Édouard VINCKE
Le Congolais.C'est un personnage central des manuels jusque dans les années soixante. On le fait appartenir à "la "race bantoue", entretenant ainsi l'habituelle confusion entre le linguistique et le culturel. Son portrait physique est brossé en quelques traits archétypiques souvent désobligeants, et qui sont loin de refléter la diversité humaine réelle. On en fait souvent une description bestialisante. On insiste avec lourdeur sur le côté "rudimentaire" de son mode de vie : il habite des huttes misérables, son agriculture est rudimentaire, sa musique aussi, ainsi que sa statuaire. Il va nu, peu habillé, ou alors il s'habille de couleurs criardes. On passe sous silence les adaptations techniques ou écologiques réussies, de régions où l'alimentation était suffisante et les populations florissantes, où divers arts s'épanouissaient. On fait grief au Congolais de son anthropophagie, réelle dans certaines régions mais dont on exagère nettement et la fréquence et la répartition. Un des auteurs principaux (la Procure) la passe cependant sous silence, et le fait a retenu mon attention. D'après le contexte, ce n'est point par sympathie excessive pour le Congolais. Il s'agit en fait du point de vue prosélyte et missionnaire, qui nie l'évolution biologique et considère le Congolais non comme un Sauvage à l'aube de l'humanité, mais comme un être déchu objet de rédemption. On verra donc surtout les obstacles à ce sauvetage, et l'obstacle principal est le "féticheur". Pour la plupart des auteurs l'animisme était simplement une religion rudimentaire, grossière. Pour "la Procure", il y a plus: le Féticheur pervers est l'ennemi du Missionnaire. C'est pourquoi les portraits culturels contourneront le problème de l'anthropophagie, pour souligner avec force un problème qui pourrait sembler mineur : celui des ordalies. Cet aspect de la justice villageoise -sur lequel je ne prends pas position ici- est stigmatisé avec force, parce qu'il est perçu plus ou moins consciemment comme une structure légaliste qui s'oppose à l'ordre colonial et à l'ordre missionnaire.
En 1909, un auteur esquisse et fixe le portrait psychologique du Congolais : "Deux traits frappent surtout en étudiant le nègre ; d'abord, son impuissance à abstraire et à arriver à des idées générales ; ensuite son inaptitude à des initiatives spontanées... Mais à côté de ces graves défauts il possède deux qualités essentielles : un instinct commercial développé, et une aptitude extraordinaire à l'imitation". Ce thème sera inlassablement repris pendant des décennies par nombre d'auteurs qui montrent à leur tour un extraordinaire instinct d'imitation. Mais il n'y a là rien d'étonnant. Il s'agit d'une prédiction créatrice initialement mise en forme par un explorateur du début du siècle, E. Dupont. La formulation plût et fut retenue, car elle correspondait trop bien au rôle qui serait assigné au Congolais. Son incapacité à l'abstraction le vouait au second rôle et appelant à l'élever par l'éducation, le reléguait en même temps à une position biologiquement inférieure. Son manque d'initiative ne pouvait en faire qu'un être à commander. Heureusement, son instinct commercial ouvrait des perspectives prometteuses à l'économie de marché. Et enfin, son esprit d'imitation, tout en lui retirant d'office le droit et la capacité à l'autonomie, rendait légitime et prometteur l'effort d'éducation qui lui serait prodiguée. Tout est en place pour une colonisation réussie. Le discours ethnographique des manuels est détaillé, fouillé, et ajusté à une cible : justifier la colonisation.
Ici, le nègre est sujet à pitié. Les thème récurrents sont l'esclavage et le travail forcé. La chanson qui suit date d'avant la dernière guerre. Elle est l'archétype d'un double sentiment à l'égard des Noirs. D'une part, la condition malheureuse dans laquelle le Blanc l'a plongé et dont Dieu seul est responsable ; d'autre part, le Noir pense en "petit nègre" (tendance généralisée de la part du Blanc - à tel point que le Noir américain force aujourd'hui sur ce côté par retour de moquerie).
Le grand voyage du pauvre nègre
paroles de Raymond Asso
chanté par Edith Piaf
1 Soleil de feu sur la mer Rouge. Pas une vague, rien ne bouge. Dessus la mer, un vieux cargo Qui s'en va jusqu'à Bornéo Et, dans la soute, pleure un nègre, Un pauvre nègre, un nègre maigre, Un nègre maigre dont les os Semblent vouloir trouer la peau. | 3 Toujours plus loin autour du monde, Le vieux cargo poursuit sa ronde. Le monde est grand... Toujours des ports... Toujours plus loin... Encore des ports... Et, dans la soute, pleure un nègre, Un pauvre nègre, un nègre maigre, Un nègre maigre dont les os Semblent vouloir trouer la peau. | 5 Au bout du ciel, sur la mer calme, Dans la nuit claire, il voit des palmes, Alors il crie : "C'est mon pays !" Et dans la mer il a bondi Et dans la vague chante un nègre, Un pauvre nègre, un nègre maigre, Un nègre maigre dont les os Semblent vouloir trouer la peau. |
2 "Oh yo... Oh yo... Monsieur Bon Dieu, c'est pas gentil. Moi pas vouloir quitter pays. Moi vouloir voir le grand bateau Qui crach' du feu et march' sur l'eau Et, sur le pont, moi j'ai dormi. Alors bateau il est parti Et capitaine a dit comm' ça : "Nègre au charbon il travaill'ra." Monsieur Bon Dieu, c'est pas gentil. Moi pas vouloir quitter pays. Oh yo... Oh yo..." | 4 "Oh yo... Oh yo... Monsieur Bon Dieu, c'est pas gentil. Y'en a maint'nant perdu pays. Pays à moi, très loin sur l'eau, Et moi travaille au fond bateau. Toujours ici comm' dans l'enfer, Jamais plus voir danser la mer, Jamais plus voir grand ciel tout bleu Et pauvre nègre malheureux. Monsieur Bon Dieu, c'est pas gentil, Moi pas vouloir quitter pays. Oh yo... Oh yo..." | 6 Oh yo... Oh yo... Monsieur Bon Dieu, toi bien gentil, Ramener moi dans mon pays. Mais viens Bon Dieu... Viens mon secours, Moi pas pouvoir nager toujours. Pays trop loin pour arriver Et pauvre nègre fatigué. Ça y est... Fini !... Monsieur Bon Dieu !... Adieu pays... Tout l'monde adieu... Monsieur Bon Dieu, c'est pas gentil. Moi pas vouloir quitter pays. Oh yo... Oh yo... |
La vision du Noir n'est pas la même pour tous les Blancs. Certains le connaissent mieux, pour ne pas dire intimement et lui découvrent les mêmes qualités et travers que les Blancs. Le Noir n'est pas sujet à moquerie ou dérision et une tentative de lui rendre justice est amorcée déjà au début de la colonisation. Celle-ci ne fait cependant pas l'objet de critique et sa "nécessité" n'est pas remise en question. On voit cependant poindre un esprit paternaliste dont les coloniaux les plus favorables à l'émancipation ne se départiront pas facilement.
A quelle aune mesurer les différences existantes ?
Comment ne pas tomber dans un discours de supérieur à inférieur ?
A quel moment opter pour le vouvoiement lorsque le Noir lui-même considère celui-ci comme peu naturel et marquant encore plus la différence ?
A la découverte des civilisations africaines précoloniales.
L'ethnologue allemand Léo Frobénius (1873-1938) a entrepris près de 12 expéditions en Afrique entre 1904 et 1935. Il nous lègue une description détaillée de la situation de l'Afrique noire à l'arrivée des premiers Européens. Les écrits de Léo Frobénius nous permettent d'une part, d'apprécier les richesses vestimentaires de certains peuples et d'autre part, de découvrir les villes et les civilisations africaines telles qu'elles étaient à l'arrivée des occidentaux :
"Lorsqu'ils (les navigateurs européens) arrivèrent dans la baie de Guinée et abordèrent à Vaïda, les capitaines furent fort étonnés de trouver des rues bien aménagées bordées sur une longueur de plusieurs lieues par deux rangées d'arbres : ils traversèrent pendant de longs jours une campagne couverte de champs magnifiques, habités par des hommes vêtus de costumes éclatants dont ils avaient tissé l'étoffe eux-mêmes ! Plus au sud, dans le Royaume du Congo, une foule grouillante habillée de soie et de velours, de grands États bien ordonnés et cela dans les moindres détails, des souverains puissants, des industries opulentes. Civilisés jusqu'à la moelle des os ! Et toute semblable était la condition des pays à la côte orientale, la Mozambique, par exemple".
Les récits des voyageurs étrangers qui ont exploré le continent africain avant la colonisation, nous permettent d'apprécier la situation réelle à l'intérieur des terres. Ceux-ci sont encore résumés par Frobénius qui avoue l'objectif caché de l'entreprise de dévalorisation de l'image des noirs par les puissances coloniales :
"Les révélations des navigateurs portugais du XVème au XVIIIème siècle fournissent la preuve certaine que l'Afrique nègre qui s'étendait au sud de la zone désertique du Sahara était encore en plein épanouissement, dans tout l'éclat de civilisations harmonieuses et bien formées. Cette floraison, les conquistadores européens l'anéantissaient à mesure qu'il progressaient. Car le nouveau pays d'Amérique avait besoin d'esclaves et l'Afrique en offrait : des centaines, des milliers, de pleines cargaisons d'esclaves ! Cependant, la traite des Noirs ne fut jamais une affaire de tout repos ; elle exigeait sa justification ; aussi fit-on du Nègre un demi-animal, une marchandise. Et c'est ainsi que l'on inventa la notion du fétiche (portugais : feticeiro) comme symbole d'une religion africaine. Marque de fabrique européenne ! Quant à moi, je n'ai vu dans aucune partie de l'Afrique nègre les indigènes adorer des fétiches (…) L'idée du "Nègre barbare" est une invention européenne qui a, par contre coup, dominé l'Europe jusqu'au début de ce siècle".
Et il poursuit encore :
« En 1906, lorsque je pénétrai dans le territoire de Kassaî Sankuru, je trouvai encore des villages dont les rues principales étaient bordées de chaque côté, pendant des lieues, de quatre rangées de palmiers et dont les cases, ornées chacune de façon charmante, étaient autant d'œuvres d'art. Aucun homme qui ne portât des armes somptueuses de fer ou de cuivre, aux lames incrustées, aux manches recouverts de peaux de serpents. Partout des velours et des étoffes de soie. Chaque coupe, chaque pipe, chaque cuiller était un objet d'art (…) En était-il autrement dans le grand Soudan ? Aucunement (…) L'organisation particulière des États du Soudan existait longtemps avant l'Islam, les arts réfléchis de la culture des champs et de la politesse… les ordres bourgeois et les systèmes de corporation de l'Afrique Nègre sont plus anciens de milliers d'années qu'en Europe (…) C'est un fait que l'exploration n'a rencontré en Afrique équatoriale que d'anciennes civilisations vigoureuses ».
Agor@frica Frobénius : Histoire de la civilisation africaine, traduit par Back et Ermont, Gallimard, Paris 1938
Le colonisateur, croyant en son rôle d'éducateur, instaure assez rapidement une émulation au sein des Noirs aux fins de l'encourager à acquérir les critères fixés par lui pour obtenir un statut, un brevet d'assiduité aux leçons du maître. Ce statut était celui dit d'"évolué". Si ce terme peut heurter aujourd'hui, il n'en était pas de même à l'époque. Il devait théoriquement donner à son possesseur une certaine garantie et des facilités d'insertion dans le monde des Blancs.
Ces facilités ne s'obtenaient qu'au prix d'un déracinement profond du candidat par rapport à sa famille, son village, son clan ou sa tribu. Il lui fallait, en effet, faire table rase de toutes ses croyances, expériences et habitudes tribales et puis, seulement, assimiler l'innovation, ce que le Blanc appelait "évolution".
Les critères nécessaires pour obtenir ce statut étaient basés sur un niveau maximum d'études (religieuses, fonction publique, magistrature, armée...), des critères sociaux tels que les habitudes de vie semblables à celles du Blanc. Ainsi, un Comité visitait les habitations des postulants pour contrôler si celles-ci satisfaisaient quant à la tenue, la propreté, l'usage des instruments domestiques, les notions de propreté et de bien-être.
L'Évolué faisant très souvent spirituellement déjà partie de la société blanche, on aurait pu croire que son accès à celle-ci lui était automatiquement acquise. Ce n'était malheureusement pas le cas. Il est en effet difficile pour un maître de placer son élève à son niveau. La société blanche, sans marquer un apartheid classique à la sud-africaine, ne parvenait que très difficilement à admettre en son sein une "élite" noire.
Les autorités coloniales oeuvraient sur deux tableaux qui pouvaient paraître antinomiques. D'une part, il s'agissait (dans la théorie) de protéger la culture africaine. Ainsi, on verra des tentatives de "récupération" de l'art africain par les missionnaires. Ainsi, les comptoirs fluviaux ramenant les coloniaux vers Léopoldville, les aéroports (comme aujourd'hui) offraient à profusion des bibelots en ivoire, des statuettes, des oeuvres sélectionnées pour représenter l'artisanat africain en Belgique.
D'autre part, la Colonie tentait de promulguer un statut semblable à celui de l'européen à une certaine classe de la société africaine. Ceci n'empêcha pas de nombreux postulants malchanceux ou n'ayant pas les critères nécessaires de copier les us et coutumes des blancs et des évolués. Il y avait donc une certaine émulation dans la manière de s'habiller à l'européenne, d'affecter "un certain genre" face à un appareil photographique (les paires de lunettes inutiles !) de tenir des discours empruntés... En ce sens, cette émulation servait parfaitement les visées du colonisateur. Mais, qui cela trompait-il ?
Pour ce faire, le Blanc s'est basé sur des "études" faites par les premiers sociologues ou prétendus tels sur les facultés d'assimilation de certaines peuplades congolaises. Ainsi, il allait de soi (pourquoi ?) que la peuplade Tutsi était plus à même d'assimiler le "progrès de la civilisation" que d'autres. Mais, on peut se poser la question de savoir pourquoi il aura fallu attendre si longtemps pour admettre des étudiants congolais dans les universités. L'argument avançant que celles-ci n'existaient pas avant la fin des années 50 est boiteux. Il suffisait que la demande existât pour que l'on en crée... Dans ce sens, il y eut une "certaine" malhonnêteté intellectuelle vis-à-vis du Noir.
Analyse plus contemporaine de la négritude
Le phénomène de la négritude ne date pas d'aujourd'hui. Il a pris racine dans l'esprit de lettrés africains dès le début des années 30. A cette époque, la "négritude" revendiquait le droit des africains de pouvoir se libérer de la tutelle coloniale. Aujourd'hui, l'indépendance acquise, le mouvement pour la négritude a plutôt tendance à accuser les africains d'être les artisans de leur propre décrépitude. C'est du moins la conclusion de la thèse de Lilian KESTELOOT, historienne et critique littéraire sur le phénomène de la négritude.
Un site qui relate une interview de Lilian Kesterloot : http://www.refer.sn/article710.html
joueur de likembe
La vision du Noir par le Noir.Le sujet de cette réflexion ne concerne pas l'Africain dans son continent. Il ne doit pas "se présenter" à l'oeil de l'étranger. C'est celui-ci qui n'est pas naturellement à sa place sur le continent africain. Mais, la Colonie a créé un type de "déraciné" africain qui a suivi le colonisateur, après que celui-ci l'ait quitté, jusque dans son pays d'origine. Deux tendances distinctes existent au sein de la population d'origine africaine expatriée
- la tendance à l'européanisation par assimilation ou copie du "modèle blanc"
a revendication de la négritude.
Elles sont africaines et se font blanchir la peau. Simple critère esthétique certainement Ferdinand Ezembe, psychologue à Paris spécialisé dans la psychologie des communautés africaines affirme que non. Il s'agit pour lui d'un profond traumatisme post-colonial.
Se faire blanchir la peau est une pratique depuis longtemps courante ici ou ailleurs parmi les femmes africaines. Le principe a pourtant de quoi choquer. A la lueur crue d'une objectivité primaire, le concept de dépigmentation, où le noir est à la quête perpétuelle du moins noir, reste somme toute mystérieux.
Le phénomène n'a rien à voir avec une simple mode. Il est bel est bien culturel, tellement bien intégré aux pratiques qu'on ne s'interroge même plus sur ses lointains fondements. A ce titre, la thèse défendue par Ferdinand Ezembe, psychologue à Paris spécialisé dans la psychologie des communautés africaines, s'avère des plus intéressantes.
Comment expliquez-vous cette volonté de s'éclaircir la peau chez les africaines ?
Cette attitude des noires par rapport à la couleur de leur peau, procède d'un profond traumatisme post-colonial . Le blanc, symbolisé par sa carnation, reste inconsciemment un modèle supérieur. Pas étonnant dans ces conditions qu'un teint clair s'inscrive effectivement comme un puissant critère de valeur dans la majeure partie des sociétés africaines. D'ailleurs que ce sont les pays aux passés coloniaux les plus brutaux qui affichent le plus une attirance pour les peaux claires. Dans les deux actuels Congos, même les hommes s'y mettent et travaillent, comme leurs compagnes, à parfaire leur teint.
La dépigmentation interviendrait au secours d'un complexe inconscient d'infériorité
Oui ; il faut même rajouter à cela, l'influence majeure du christianisme en Afrique. La représentation exclusivement blanche des grandes figures de la bible a forcément affecté les peuples noirs dans leur inconscient. Cette idée est renforcée par l'allégorie des couleurs dans l'univers chrétien, basée sur des oppositions entre le clair et l'obscur, les ténèbres et les cieux, où le noir s'oppose toujours à la pureté du blanc.
Vous pensez que le phénomène est si profond que ça ?
Oui et il va même plus loin que le simple blanchiment de la peau. On remarque beaucoup de femmes Africaines qui se défrisent les cheveux, qui portent des perruques pour avoir les cheveux lisses comme les occidentaux. Le complexe est là. C'est un peu facile de dire qu'un noir qui se teint les cheveux en blond n'est agit que par une simple mode. Ce qu'il y a, c'est que les africains n'assument pas des attitudes qui sont souvent inconscientes. Toutes les sociétés noires subissent le joug d'un culte de la blancheur. Les Africains ne se sont pas affranchis d'un poids colonial qui pèse de tout son poids sur leur propre identité.
Retrouver ses racines à Matongue
Comme le touriste perdu qui cherche ses repères et entre se restaurer dans un Mac Donald's s'il est américain, commande un steak-frites s'il est Belge, le Congolais se doit de recréer, au plus vite, l'ambiance dans laquelle il évolue le plus à l'aise. A Bruxelles, il existe un quartier qui donne l'impression de retrouver le Congo, dans toutes ses activités et son exubérance : Matonge. Ici, le Congolais a "récupéré" en homme libre un espace qui lui était dévolu comme colonisé il ya peu. C'est aussi là que le colonial peut rencontrer à nouveau le congolais, lui acheter les denrées venues en ligne droite du Congo pour fabriquer les très célèbres Moambe, Poulet aux Arachides, Caldeirade...
Longue vie à Matongue
Qu'est-ce que " Matonge "? De manière minimaliste, un quartier bruxellois qui tire son appellation actuelle d'un quartier situé à Kinshasa. Mais de manière moins minimaliste, c'est aussi un point de fixation de l'imaginaire africain de nombre de Belges. Et c'est encore - peut-être surtout - un modèle de la coexistence urbaine envisagée sous l'angle de la multiculturalité...
Dans les années cinquante, la rue de Stassart proche de la Porte de Namur, à Bruxelles, abritait l'Union des Femmes Coloniales : on y expliquait à ces dames comment remplir leur futur rôle d'épouses coloniales et comment diriger les domestiques indigènes. Divers cafés du quartier offraient un point de rencontre aux coloniaux ayant affaire au proche Ministère des Colonies. Un des cafés était " l'Horloge " mutée, elle, en " Horloge du Sud ". C'est devenu un haut lieu de rencontres culturelles qui héberge un petit podium supportant souvent de grands artistes africains. Certes, à l'époque coloniale, le quartier était déjà nettement cosmopolite et bohème. Or, le nom même du quartier a muté : les Kinois, les habitants de Kinshasa, l'ont rebaptisé 'Matonge', le nom d'un quartier festif de leur ville d'origine. Mais Matonge qu'est-ce : jungle, ghetto, ou un Chinatown black ? Certes un point de chute africain, mais aussi un point de fixation de l'imaginaire de nombre de Belges : pour beaucoup, c'est par excellence un véritable quartier " Noir ".
On voit dans ses rues ce qu'on attend y voir. Il y a des Congolais, bien visibles. La majorité des passants sont néanmoins Belges de souche, même si sur quelques arpents se concentrent des Africains. C'est le cas de l'entrée des Galeries de Matonge, où l'on rencontre des groupes de jeunes Congolais, lingalaphones et Kinois, bien " sapés ", et qui semblent perpétuellement à cheval entre Ici et Là-bas. Porte de Namur, on remarque durant la journée, de pimpantes adolescentes congolaises, habillées dernier cri, conscientes de leur corps. Ce lieu est un point de rencontre de jeunes de seconde génération. Ailleurs, il y a le va-et-vient des locataires de la Maison Africaine qui héberge des étudiants de diverses nationalités.
A l'intérieur de sa Galerie, la plupart des commerces sont tenus par des Congolaises : cafés, snacks, magasins de wax ou pagnes. Nicole, Haïtienne qui était enfant au Congo, y a créé une succursale où l'on tresse. Durant la journée la Galerie baigne dans une atmosphère active, colorée et sonore. Le passant surfe entre les tables des cafés qui débordent sur le passage. Prédominance du lingala que beaucoup d'utilisateurs pratiquent haut et fort. Depuis l'arrivée de Kabila au pouvoir, la langue swahili a nettement augmenté à Matonge. Si, selon l'agent de quartier d'origine congolaise (un vrai agent de quartier qui connaît son monde sur le bout des doigts), on va dans tel café pour y entendre parler sa langue, la règle n'est pas rigide. Une règle de convivialité a toujours existé, celle de la tolérance linguistique. Les boutiques et cafés ne sont jamais fermés aux autres langues. Il y a des prédominances, mais elles sont souples. Il y a des cafés à étiquettes nationales tels les " Grands Lacs " et le " Tanganyika " qui se font face, et drainent une clientèle du Rwanda et du Burundi. Mais les clients de ces deux pays passent facilement de l'un à l'autre. Ils y vont surtout pour le plaisir de la conversation et des rencontres. La musique discrète permet de parler. Les gens de la région des Grands Lacs sont réputés ne pas parler aussi fort que ceux de l'Ouest, de Kinshasa. Plus loin, " La Savane " accueille les clients jusqu'à l'aurore. C'est un melting pot de bières, de nationalités et de fêtards. Les conversations se mettent au diapason, à la suite des heures de la nuit.
Les nombreux magasins de nourriture exotique sont souvent gérés par des Indopakistanais qui ont une longue expérience commerciale, par rapport aux Africains. Ceux-ci essayent plutôt de regagner le terrain perdu. Il y a cependant tout un circuit informel dans ce domaine. Une association de femmes africaines est très efficace en la matière. La rue Longue Vie était déjà animée au début des années quatre vingt, mais c'est un lieu magique lors des chaudes soirées d'été. Les tables squattent la rue, la mosaïque culturelle miroite de toutes ses couleurs. Il y a la " Cascada ", resto portugais classique, assurant bacalhão et vinho verde, les cafés africains, spécialisés en snacks, gésiers et ailes de poulets. On s'y rend non pour faire un bon repas à la française, mais pour les plaisirs de la bière et de la conversation. Le Péruvien Archie propose une carte très variée, débordant celle de son pays. Non loin, " Chez Mama Adelu ", c'est un commerce alimentaire exotique dont l'enseigne montre depuis toujours une femme demi nue pilant le manioc. Les patrons sont Européens.
Insécurité à Matonge?
Rue Longue Vie, on a pu voir une blonde Flamande et sa jeune fille s'enquérir d'une boutique de djembés. Un Black, boucle à l'oreille et outils de plombier à la main, leur explique qu'il n'y a pas de telles boutiques à Matonge. Il leur refile des adresses de circuit informel. A l'enseigne des " Tambours Sacrés ", c'est chez Doudou, biologiste moléculaire. Sur la vitrine sont peints trois tambours. Le plus grand est celui du Burundi, le moyen celui du Rwanda, et le plus petit est sensé être un djembé. Ces tambours sont-il une touche d'exotisme facile, la récupération folklorisée du Sacré ? Non dans le chef de Doudou le patron. Ou bien s'agit-il d'un message oecuménique et rassembleur ? Non, pour quelques clients qui lui reprochent de n'être pas un vrai Rwandais ou un vrai Burundais. D'autres lui ont fait grief d'avoir représenté le tambour royal du Rwanda, une provocation pour les républicains. L'enseigne a donc suscité de nombreuses discussions, exemplaires des relations interafricaines. Doudou en a convaincu certains de sa bonne foi. Les non-convaincus ne reviennent sans doute plus. La situation est un faible écho de l'acuité des conflits dans la région des Grands Lacs. Mais elle ne débouche pas sur la violence. Tout reste verbal. Un soir parait-il, il a failli y en avoir une ! Doudou, lui, essaye de transcender le passé douloureux, de le dépasser. C'est là sans doute le sens profond de son enseigne provocante. Son attitude est en phase avec l'esprit du quartier : la gestion efficace et mesurée des rapports entre les gens, malgré les conflits au pays. Note en contrepoint : les Congolais ont rebaptisé la rue Longue Vie : Couloir de la Mort. C'est par le truchement d'un humour noir virulent une mise en garde contre le sida.
Deux visions du monde...
Une rumeur circule : Matonge est condamné à terme. L'ancien bourgmestre avait, dit-on, le fantasme de faire surgir une Riviera qui aurait joint la Porte Louise aux Communautés européennes en passant sur le corps sacrifié de Matonge. Ainsi deux visions du monde se heurtent. D'une part, le monde de la finance avec sa volonté de 'gentryfier', d'embourgeoiser le quartier, ou de le bruxelliser comme on dit à l'étranger pour signifier les dégâts de la spéculation et de la destruction du tissu urbain populaire. D'autre part, le monde plus humain de la multiculturalité, et c'est celui qui est présentement réalisé. Ce n'est pas par hasard qu'un tract électoral de l'ancien bourgmestre parlait de lutter contre l'insécurité à Matonge! Si insécurité il y a, ce n'est que celle des tympans. Le niveau des décibels d'ambiance musicale peut être trop élevé pour des riverains. Mais Matonge est un quartier sûr. L'on y risque moins qu'ailleurs des agressions physiques. Il y a du monde dans la rue, et les passants africains ne laisseraient pas se dérouler une agression sous leurs yeux sans intervenir. Le grand public n'a pas nécessairement ce sentiment, les médias ne montrant de Matonge que les heurts violents lors des interventions policières.
Matonge n'est pas véritablement une zone d'habitat africain. Chaque type d'immigration opte pour un modèle spécifique d'implantation. La stratégie des ressortissants africains à Bruxelles n'a pas évolué vers le modèle de concentrations de population ethnicisée, mais vers celui de la dispersion dans toute la ville, le principal impératif guidant le choix étant le montant du loyer. La cohésion des communautés s'exerce autrement que par la cohabitation proche, et notamment par le téléphone. Au-delà des clivages régionaux et politiques, l'information circule à plein rendement, au sein de chaque communauté nationale, ainsi que vers le pays d'origine.Jusqu'ici la diaspora africaine en Belgique a engendré de nombreuses passerelles en direction de la population indigène. On le constate lors de cérémonies de mariage, de deuil, ou d'événements culturels. Il est habituel d'y rencontrer des Belges : conjoints, parents, amis. Matonge reflète bien ce modèle de cohabitation qui correspond en tout cas à une tendance manifeste en Afrique. Il a là matière à réflexion. D'un côté en Afrique, guerres et massacres, hélas de plus en plus fréquents. A l'opposé cette gestion sage de l'ethnicité qui est la règle dans les grandes villes, au quotidien, tant qu'il n'y a pas de facteurs extrinsèques ou extranationaux perturbants. Cette réussite de la coexistence urbaine n'est pas due aux gestionnaires professionnels de la multiculturalité : elle peut leur servir de modèle. On voit à l'oeuvre le produit de l'interaction entre la société d'accueil et des normes de conduites africaines. Dès lors : longue vie à Matonge.
Agenda culturel, Bruxelles, novembre 2000. Édouard VINCKE
la foufoueuse
Au commencement était l'Homme Noir, ou plus précisément, l'Africain.
Lucy.
Ce que Darwin ne savait pas avec précision comme ses futurs interprètes eugénistes et que l'église ignorait à l'époque de la Controverse de Valladolid en 1550, est que tous les hommes qui peuplent notre planète sont de même nature et ont la même origine. Et singulière ironie de l’histoire, au commencement était l'homme noir ou précisément : l'Africain. Nos ancêtres communs sont nés en Afrique noire il y a quelques millions d'années. Tout est parti d'un phénomène appelé Tectonique des plaques et qui va jouer un rôle déterminant dans la formation des continents mais également, dans le processus d'hominisation. Ainsi, il y a 70 millions d'années l’Europe et l’Amérique ne formaient qu’un continent : l’ Euramérique. Trente millions d'années plus tard, la Tectonique des plaques aboutissait à la formation du continent Eurasie qui touchait l'Afrique. On retrouve ici les traces de l’Adapis parisiensis d' Euramérique émigrant vers un monde tropical, mais la tête s'est arrondie et la queue allongée. C'était déjà l'ancêtre des singes, baptisé Egyptopithecus.
Ce primate de 5 à 6 kg, exhumé au Fayoum en Égypte, est le point de départ du fil commun des singes et des hommes. Il y a environ 7 millions d'années, la Tectonique des plaques fut également à l'origine de l'effondrement et de l’affaissement de la Vallée du Rift Dans l'Est africain -, sur une profondeur de 4000 m et l'élévation de sa bordure. Cet accident naturel coupa l'Afrique en deux par une énorme faille géologique longue de 6000 Km, qui va de l'Éthiopie à la Tanzanie, en passant par les hauts plateaux du Kenya. Un phénomène qui a provoqué un important changement de climat à l'Est où la forêt se transforma en savane. Nombreuses furent les variétés d'Australopithèques prisonnières dans la partie est du continent où sévissait une sécheresse rude dans un milieu hostile. Celles de leurs espèces restées de l'autre côté, ont continué à vivre avec les mêmes conditions climatiques et habitudes alimentaires. Ces espèces aux conditions de vie inchangées, évolueront vers les chimpanzés et les gorilles actuels.
En revanche, pour les prisonniers du rift, allait fonctionner le principe de l'évolution darwinienne : s'adapter ou disparaître. En clair, ce sera une affaire de sélection naturelle. Isolés dans ce nouveau biotope, beaucoup d'entre eux disparaîtront mais quelques variétés entameront un processus d'hominisation qui aboutira avec succès à nos ancêtres directs. Elles vont s'adapter pour survivre tout en perdant l'habitude de grimper aux arbres. Elles acquerront celle de se dresser sur leurs membres postérieurs pour mieux surveiller l'arrivée des prédateurs, éviter les dangers et repérer les animaux morts. Ces êtres en mutation, deviendront ainsi peu à peu des bipèdes, principale caractéristique des hominidés. La première découverte d'un hominidé complet en Afrique, fut celle de Lucy qui est le plus ancien de nos ancêtres connus. Il sera baptisé Lucy car au moment de sa découverte, les paléontologues écoutaient la chanson des Beatles "Lucy in the sky with diamonds."»
Ce que Darwin ne savait pas avec précision comme ses futurs interprètes eugénistes et que l'église ignorait à l'époque de la Controverse de Valladolid en 1550, est que tous les hommes qui peuplent notre planète sont de même nature et ont la même origine. Et singulière ironie de l’histoire, au commencement était l'homme noir ou précisément : l'Africain. Nos ancêtres communs sont nés en Afrique noire il y a quelques millions d'années. Tout est parti d'un phénomène appelé Tectonique des plaques et qui va jouer un rôle déterminant dans la formation des continents mais également, dans le processus d'hominisation. Ainsi, il y a 70 millions d'années l’Europe et l’Amérique ne formaient qu’un continent : l’ Euramérique. Trente millions d'années plus tard, la Tectonique des plaques aboutissait à la formation du continent Eurasie qui touchait l'Afrique. On retrouve ici les traces de l’Adapis parisiensis d' Euramérique émigrant vers un monde tropical, mais la tête s'est arrondie et la queue allongée. C'était déjà l'ancêtre des singes, baptisé Egyptopithecus.
Ce primate de 5 à 6 kg, exhumé au Fayoum en Égypte, est le point de départ du fil commun des singes et des hommes. Il y a environ 7 millions d'années, la Tectonique des plaques fut également à l'origine de l'effondrement et de l’affaissement de la Vallée du Rift Dans l'Est africain -, sur une profondeur de 4000 m et l'élévation de sa bordure. Cet accident naturel coupa l'Afrique en deux par une énorme faille géologique longue de 6000 Km, qui va de l'Éthiopie à la Tanzanie, en passant par les hauts plateaux du Kenya. Un phénomène qui a provoqué un important changement de climat à l'Est où la forêt se transforma en savane. Nombreuses furent les variétés d'Australopithèques prisonnières dans la partie est du continent où sévissait une sécheresse rude dans un milieu hostile. Celles de leurs espèces restées de l'autre côté, ont continué à vivre avec les mêmes conditions climatiques et habitudes alimentaires. Ces espèces aux conditions de vie inchangées, évolueront vers les chimpanzés et les gorilles actuels.
En revanche, pour les prisonniers du rift, allait fonctionner le principe de l'évolution darwinienne : s'adapter ou disparaître. En clair, ce sera une affaire de sélection naturelle. Isolés dans ce nouveau biotope, beaucoup d'entre eux disparaîtront mais quelques variétés entameront un processus d'hominisation qui aboutira avec succès à nos ancêtres directs. Elles vont s'adapter pour survivre tout en perdant l'habitude de grimper aux arbres. Elles acquerront celle de se dresser sur leurs membres postérieurs pour mieux surveiller l'arrivée des prédateurs, éviter les dangers et repérer les animaux morts. Ces êtres en mutation, deviendront ainsi peu à peu des bipèdes, principale caractéristique des hominidés. La première découverte d'un hominidé complet en Afrique, fut celle de Lucy qui est le plus ancien de nos ancêtres connus. Il sera baptisé Lucy car au moment de sa découverte, les paléontologues écoutaient la chanson des Beatles "Lucy in the sky with diamonds."»
Les enfants de Lucy.
Cette femelle pré humaine découverte en 1974 par l'équipe du Pr. Yves Coppens Classée Australopithècus Afarensis -, était âgée d'une vingtaine d'années. Pesant de 20 à 25 Kg, elle mesurait 1m 20 et aurait vécu il y a 3 200 000 ans. Lucy était incontestablement bipède car son bassin n'était pas celui d'un singe. Ses habitudes alimentaires étaient déjà proches des nôtres. Lucy se nourrissait de fruits et de tubercules et utilisait des outils primitifs en pierre. Toutefois, dans un premier temps les paléontologues ont pensé que du fait d'une importante sécheresse, Lucy aurait disparu sans laisser de descendance et qu'une variété d'hominidés plus adaptée aurait abouti à notre véritable ancêtre : l'Homo habilis (l'homme habile).
Apparu il y a 2 500 000 ans, l’ Homo habilis a été découvert par le Dr Leakey au bord du lac Turkana au Kenya. Cet hominidé fabriquait des outils plus perfectionnés que ceux des Australopithèques. Son cerveau avait déjà un volume de 800 cm3, il était végétarien et carnivore. L’ Homo habilis avait adopté la station debout qui libère la main et se servait d'outils sommaires et d'abris. Son descendant direct est l'Homo erectus (l'homme debout). Apparu entre 1 600 000 et 400 000 ans, il sera le colonisateur de la planète en quittant l'Afrique par plusieurs endroits dont les Détroits de Bab El Mandeb (où la mer rouge s'ouvre vers l'Arabie), de Gibraltar et probablement par la Sicile. On retrouve les traces de l’ Homo erectus en Afrique de l'Est, en Afrique du Nord, en Chine (où il vécut il y a 1 million d'années) et en Europe il y a 700 mille ans.
L' Homo erectus apprendra à perfectionner la taille de ses outils en pierre et à maîtriser le feu. Venu d’Afrique, il peuplera d'abord et en même temps l’Europe et l’Asie puis, son descendant, l'Homo sapiens (l'homme qui sait), sera le premier à enterrer ses morts contrairement à ses ancêtres qui les abandonnaient aux charognards. Enfin, apparu il y a environ moins de 100 000 ans d'après le résultat des derniers travaux des généticiens -, l’ Homo sapiens sapiens est l'homme moderne dont le cerveau atteindra 1300 cm3 en moyenne. L' Homo sapiens sapiens (l'homme qui sait qu'il sait), est le dernier maillon de la chaîne du processus d'hominisation, c'est-à-dire nous. Il est caractérisé par la transcription du langage, une pensée claire, une intelligence qui lui permet d'apprendre, d'accumuler le savoir et de le transmettre pour finir ainsi par domestiquer son environnement. Il y a 50 000 ans, l'Homo sapiens sapiens peuplait l'Australie. Le peuplement du continent américain sera plus récemment le fait de ceux que l'on a d'abord qualifiés de «peaux rouges» ou «Indiens» et qui sont en réalité des Homo sapiens sapiens asiatiques venus par le détroit de Behring il y a entre 11 000 et 20 000 ans. Plus notre ancêtre s'éloignera de l'Afrique, plus d'autres formes d'adaptations sociobiologiques lui seront imposées par le milieu. Ces facteurs vont le transformer physiquement. Au cours des milliers d’années d’évolution sur la terre, il va s’adapter aux conditions écologique, géographique et climatique de l’endroit où il vivra.
La perte de la pigmentation noire, un défaut.
Le long séjour sous des climats froids provoquera l' amincissement du nez et la disparition de la mélanine élément de pigmentation en surface, pour laisser apparaître une peau blanche ou jaune. Ainsi, la couleur de la peau, des yeux, la couleur et la texture des cheveux comme la forme du nez, ne sont que des caractères adaptatifs. Ils répondent à un climat et à un milieu donné. Pour autant, nous gardons tous une parenté biologique et sommes apparentés par le sang avec le même arbre généalogique. Cependant, la différenciation physique s'est faite très récemment car, les plus anciens types d'Homo sapiens sapiens sur les autres continents, ont été trouvés à Grimaldi (Monaco) et sont de type négroïde. Des Homo sapiens sapiens du même type et datant de la même époque ont également été découverts dans les Balkans, dans le Yunnan en Chine et en Malaisie. Ainsi, les continents européen et asiatique ont été peuplés pendant longtemps par des hommes de type négroïde. Au commencement était donc l'homme noir. Cette hypothèse déjà formulée avant notre époque, continuait de déranger plus d'un idéologue, surtout en pleine période d'esclavage et de «colonisation civilisatrice.» Pourtant, Darwin lui-même avait déjà envisagé comme : probable que nos premiers parents aient vécu en Afrique plutôt que partout ailleurs. Pour contrer cette hypothèse, quelques «preuves scientifiques» seront néanmoins exhibées, comme l’homme de Piltdown découvert dans le Sussex -, possible ancêtre de l’homme blanc (Indo-européen), mais fabriqué par le géologue anglais Charles Dawson et que nombre de scientifiques considèrent aujourd’hui comme la plus grande supercherie du siècle. Toutes ces constructions incohérentes allaient être balayées par la Vallée de L’ Omo dans l'Est africain, qui livrera ses secrets beaucoup plus tard. Les scientifiques vont y découvrir la série la plus nombreuse, la plus complète et la plus continue des restes de nos plus lointains ancêtres. L’Afrique est bien le berceau préhistorique de l’humanité tant au stade de l’ Homo erectus qu’à celui de l’ Homo sapiens sapiens. Les actuels groupes ethniques d’ Homo sapiens sapiens dits Blanc et Jaune, sont issus de la seule race originellement africaine, par filiation plus ou moins directe. Pourtant, bien qu’il n’existe aucune base véritablement scientifique sur laquelle établir une classification générale de «races» selon leur degré de supériorité ou d’infériorité, tout au long du XIXème et une partie du XXème siècle, scientifiques et idéologues se sont affrontés pour classer de manière hiérarchique, de prétendues «races» jaune, noire, blanche et rouge. Et ce, suivant des critères de couleur, de taille et de forme.
Cette femelle pré humaine découverte en 1974 par l'équipe du Pr. Yves Coppens Classée Australopithècus Afarensis -, était âgée d'une vingtaine d'années. Pesant de 20 à 25 Kg, elle mesurait 1m 20 et aurait vécu il y a 3 200 000 ans. Lucy était incontestablement bipède car son bassin n'était pas celui d'un singe. Ses habitudes alimentaires étaient déjà proches des nôtres. Lucy se nourrissait de fruits et de tubercules et utilisait des outils primitifs en pierre. Toutefois, dans un premier temps les paléontologues ont pensé que du fait d'une importante sécheresse, Lucy aurait disparu sans laisser de descendance et qu'une variété d'hominidés plus adaptée aurait abouti à notre véritable ancêtre : l'Homo habilis (l'homme habile).
Apparu il y a 2 500 000 ans, l’ Homo habilis a été découvert par le Dr Leakey au bord du lac Turkana au Kenya. Cet hominidé fabriquait des outils plus perfectionnés que ceux des Australopithèques. Son cerveau avait déjà un volume de 800 cm3, il était végétarien et carnivore. L’ Homo habilis avait adopté la station debout qui libère la main et se servait d'outils sommaires et d'abris. Son descendant direct est l'Homo erectus (l'homme debout). Apparu entre 1 600 000 et 400 000 ans, il sera le colonisateur de la planète en quittant l'Afrique par plusieurs endroits dont les Détroits de Bab El Mandeb (où la mer rouge s'ouvre vers l'Arabie), de Gibraltar et probablement par la Sicile. On retrouve les traces de l’ Homo erectus en Afrique de l'Est, en Afrique du Nord, en Chine (où il vécut il y a 1 million d'années) et en Europe il y a 700 mille ans.
L' Homo erectus apprendra à perfectionner la taille de ses outils en pierre et à maîtriser le feu. Venu d’Afrique, il peuplera d'abord et en même temps l’Europe et l’Asie puis, son descendant, l'Homo sapiens (l'homme qui sait), sera le premier à enterrer ses morts contrairement à ses ancêtres qui les abandonnaient aux charognards. Enfin, apparu il y a environ moins de 100 000 ans d'après le résultat des derniers travaux des généticiens -, l’ Homo sapiens sapiens est l'homme moderne dont le cerveau atteindra 1300 cm3 en moyenne. L' Homo sapiens sapiens (l'homme qui sait qu'il sait), est le dernier maillon de la chaîne du processus d'hominisation, c'est-à-dire nous. Il est caractérisé par la transcription du langage, une pensée claire, une intelligence qui lui permet d'apprendre, d'accumuler le savoir et de le transmettre pour finir ainsi par domestiquer son environnement. Il y a 50 000 ans, l'Homo sapiens sapiens peuplait l'Australie. Le peuplement du continent américain sera plus récemment le fait de ceux que l'on a d'abord qualifiés de «peaux rouges» ou «Indiens» et qui sont en réalité des Homo sapiens sapiens asiatiques venus par le détroit de Behring il y a entre 11 000 et 20 000 ans. Plus notre ancêtre s'éloignera de l'Afrique, plus d'autres formes d'adaptations sociobiologiques lui seront imposées par le milieu. Ces facteurs vont le transformer physiquement. Au cours des milliers d’années d’évolution sur la terre, il va s’adapter aux conditions écologique, géographique et climatique de l’endroit où il vivra.
La perte de la pigmentation noire, un défaut.
Le long séjour sous des climats froids provoquera l' amincissement du nez et la disparition de la mélanine élément de pigmentation en surface, pour laisser apparaître une peau blanche ou jaune. Ainsi, la couleur de la peau, des yeux, la couleur et la texture des cheveux comme la forme du nez, ne sont que des caractères adaptatifs. Ils répondent à un climat et à un milieu donné. Pour autant, nous gardons tous une parenté biologique et sommes apparentés par le sang avec le même arbre généalogique. Cependant, la différenciation physique s'est faite très récemment car, les plus anciens types d'Homo sapiens sapiens sur les autres continents, ont été trouvés à Grimaldi (Monaco) et sont de type négroïde. Des Homo sapiens sapiens du même type et datant de la même époque ont également été découverts dans les Balkans, dans le Yunnan en Chine et en Malaisie. Ainsi, les continents européen et asiatique ont été peuplés pendant longtemps par des hommes de type négroïde. Au commencement était donc l'homme noir. Cette hypothèse déjà formulée avant notre époque, continuait de déranger plus d'un idéologue, surtout en pleine période d'esclavage et de «colonisation civilisatrice.» Pourtant, Darwin lui-même avait déjà envisagé comme : probable que nos premiers parents aient vécu en Afrique plutôt que partout ailleurs. Pour contrer cette hypothèse, quelques «preuves scientifiques» seront néanmoins exhibées, comme l’homme de Piltdown découvert dans le Sussex -, possible ancêtre de l’homme blanc (Indo-européen), mais fabriqué par le géologue anglais Charles Dawson et que nombre de scientifiques considèrent aujourd’hui comme la plus grande supercherie du siècle. Toutes ces constructions incohérentes allaient être balayées par la Vallée de L’ Omo dans l'Est africain, qui livrera ses secrets beaucoup plus tard. Les scientifiques vont y découvrir la série la plus nombreuse, la plus complète et la plus continue des restes de nos plus lointains ancêtres. L’Afrique est bien le berceau préhistorique de l’humanité tant au stade de l’ Homo erectus qu’à celui de l’ Homo sapiens sapiens. Les actuels groupes ethniques d’ Homo sapiens sapiens dits Blanc et Jaune, sont issus de la seule race originellement africaine, par filiation plus ou moins directe. Pourtant, bien qu’il n’existe aucune base véritablement scientifique sur laquelle établir une classification générale de «races» selon leur degré de supériorité ou d’infériorité, tout au long du XIXème et une partie du XXème siècle, scientifiques et idéologues se sont affrontés pour classer de manière hiérarchique, de prétendues «races» jaune, noire, blanche et rouge. Et ce, suivant des critères de couleur, de taille et de forme.
La notion de race chez les humains est sans fondement.
Mais une nouvelle discipline scientifique (la Génétique), est venue s'en mêler. Les recherches de Mendel nous ont révélé que ces signes distinctifs apparents ou Phénotypes -, ne sont que la manifestation de facteurs contenus dans les noyaux des cellules et appelés gènes. Ces gènes renferment des informations qui sont transmises à leurs descendants, par les géniteurs que sont les parents. Non seulement les scientifiques n'ont pas trouvé un nombre de gènes suffisamment important et spécifique à un groupe humain particulier, bien au contraire, les travaux de Mendel révèlent que la plupart de ces gènes sont communs à toutes les populations humaines. Or, pour distinguer deux races différentes, il faut une grande distance génétique. Si des expériences ont permis de distinguer la race chevaline de la race canine, elles n’ont jamais permis d’établir une différence identique pour ce qui concerne les hommes, quels que soient leurs groupes ethniques ou leurs couleurs. Parallèlement, une équipe dirigée par le professeur Wilson devait étudier à l'A.D.N, les Mitochondries chez plus d'une centaine de femmes d'ethnies différentes (Asiatiques, Européennes, Aborigènes, Africaines et Métisses issues de tous croisements). Le résultat de ces travaux révèle la présence de plusieurs gènes que l'on ne retrouve en totalité que chez la femme africaine, point de départ de la lignée commune. La Génétique a ainsi déraciné les préjugés raciaux de leur base biologique, pour rejoindre la paléontologie et constater scientifiquement, que la notion de race au pluriel est sans fondement chez les humains. La lignée commune est passée du stade d'hypothèse à celui de réalité scientifique. Jusqu’à une période récente, nous avons tenu pour certitude que notre véritable ancêtre était Lucy l’ Africaine (une vieille connaissance) ou en tout cas une femelle née sur le continent noir. Les scientifiques faisant autorité, en avaient toujours déduit que cette Ève noire a engendré l'humanité tout entière. En 2002 une équipe de paléontologues a découvert au Tchad en Afrique de l’ Ouest, les restes d’un préhumain (Toumaï), datant de près de 7 millions d’années. Bien que rien ne prouve encore qu’il s’agisse d’un ancêtre plus vieux que Lucy, c’est toujours un « Africain ». Aussi, bien avant les grandes civilisations du continent noir, le premier apport de l'Afrique en particulier et des peuples noirs en général à l'histoire de l'humanité, est celui d'être à l'origine même de son existence.
Mais une nouvelle discipline scientifique (la Génétique), est venue s'en mêler. Les recherches de Mendel nous ont révélé que ces signes distinctifs apparents ou Phénotypes -, ne sont que la manifestation de facteurs contenus dans les noyaux des cellules et appelés gènes. Ces gènes renferment des informations qui sont transmises à leurs descendants, par les géniteurs que sont les parents. Non seulement les scientifiques n'ont pas trouvé un nombre de gènes suffisamment important et spécifique à un groupe humain particulier, bien au contraire, les travaux de Mendel révèlent que la plupart de ces gènes sont communs à toutes les populations humaines. Or, pour distinguer deux races différentes, il faut une grande distance génétique. Si des expériences ont permis de distinguer la race chevaline de la race canine, elles n’ont jamais permis d’établir une différence identique pour ce qui concerne les hommes, quels que soient leurs groupes ethniques ou leurs couleurs. Parallèlement, une équipe dirigée par le professeur Wilson devait étudier à l'A.D.N, les Mitochondries chez plus d'une centaine de femmes d'ethnies différentes (Asiatiques, Européennes, Aborigènes, Africaines et Métisses issues de tous croisements). Le résultat de ces travaux révèle la présence de plusieurs gènes que l'on ne retrouve en totalité que chez la femme africaine, point de départ de la lignée commune. La Génétique a ainsi déraciné les préjugés raciaux de leur base biologique, pour rejoindre la paléontologie et constater scientifiquement, que la notion de race au pluriel est sans fondement chez les humains. La lignée commune est passée du stade d'hypothèse à celui de réalité scientifique. Jusqu’à une période récente, nous avons tenu pour certitude que notre véritable ancêtre était Lucy l’ Africaine (une vieille connaissance) ou en tout cas une femelle née sur le continent noir. Les scientifiques faisant autorité, en avaient toujours déduit que cette Ève noire a engendré l'humanité tout entière. En 2002 une équipe de paléontologues a découvert au Tchad en Afrique de l’ Ouest, les restes d’un préhumain (Toumaï), datant de près de 7 millions d’années. Bien que rien ne prouve encore qu’il s’agisse d’un ancêtre plus vieux que Lucy, c’est toujours un « Africain ». Aussi, bien avant les grandes civilisations du continent noir, le premier apport de l'Afrique en particulier et des peuples noirs en général à l'histoire de l'humanité, est celui d'être à l'origine même de son existence.
Extraits de «La longue marche des peules noirs » par Tidiane N’DIAYE
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