lundi 28 mai 2007

Négritude et Créolité




Par Lise Willar

Dois-je répéter - mais chacun sur le site connaît mon hobby pour le scrabble - que je me suis toujours intéressée à la francophonie. On sait que mon jeu a son propre dictionnaire « L’Officiel du Scrabble » (ODS) qui intègre non seulement les mots du Petit Larousse et du Robert mais fait une part importante à ceux de la francophonie belge, suisse, luxembourgeoise, québécoise, maghrébine, africaine… ainsi qu’aux anglicismes qui sont (pour le meilleur et pour le pire) passés dans notre langue. Plusieurs de mes Mots…dits ont eu pour thème des écrivains québécois et acadiens tels que Michel Tremblay et Antonine Maillet mais si j’ai cité des poèmes du grand Léopold Sedar Senghor à l’annonce de son décès, je n’ai pas abordé jusqu’à présent deux sujets qui font à la fois partie de la francophonie et veulent s’en démarquer : d’un côté la Négritude, de l’autre l’Antillanité et la Créolité dont je ne sais s’il faut l’appeler une variante ou au contraire l’affirmation d’une spécificité qui exercerait son influence sur toute la Caraïbe francophone. (Je voudrais ajouter ceci : les deux derniers termes que je viens d’employer, termes reconnus et utilisés non seulement par tous les écrivains de l’Antillanité et de la Créolité mais par leurs lecteurs ne sont toujours pas entrés dans nos dictionnaires, traditionnels comme le Larousse ou « d’avant-garde » comme l’ODS.)

La Négritude


Ma Négritude point n’est sommeil de la race mais soleil
De l’âme, ma négritude vue et vie
Ma Négritude est truelle à la main, est lance au poing
Réécade. Il n’est question de boire, de manger l’instant qui passe
Tant pis si je m’attendris sur les roses du Cap-Vert !
Ma tâche est d’éveiller mon peuple aux futurs flamboyants
Ma joie de créer des images pour le nourrir,
Ô lumières rythmées de la Parole !
Léopold Sedar Senghor


Ce mouvement est né de la rencontre entre Aimé Césaire, Léopold Sedar Senghor et le poète guyanais Léon-Gontran Damas. Ils voulaient affirmer par leurs écrits et leurs poèmes la grandeur de l'histoire et de la civilisation noires face au monde occidental qui les avait jusque là dévalorisées. Ils se refusaient l'existence d'une essence noire mais voulaient faire de leur identité nègre et de l'ensemble des valeurs culturelles du monde noir une source de fierté. Pour Césaire, il s'agissait de bâtir une nation et de fédérer un peuple en rompant un silence collectif. Dans ses écrits, il aborda le thème du héros noir, du colonialisme, de l'émancipation, de la révolution, de l'Afrique et de la tyrannie. Il a voulu comme Senghor après lui redonner au peuple noir la fierté de ses racines africaines. Aimé Césaire et Léopold Sedar Senghor mais surtout Léon-Gontran Damas ont eu des contacts avec les mouvements américains de la Négritude : celui de W.E.B. Dubois qui écrivit en 1905 Ames noires dans le contexte d'une Amérique raciste : Je suis un nègre et me glorifie de ce nom et celui de la Negro ou Harlem renaissance dominée par Langston Hugues, Claude Mc Kay... qui revendiquaient l'appartenance à la société américaine et leur identité noire : moi aussi, je suis l'Amérique. C’est sans nul doute André Breton [1] qui, en découvrant Le Cahier d’un retour au pays natal en 1941 dans la revue Tropiques, a reconnu que la poésie engagée d’Aimé Césaire entrait dans le cadre de la négritude ou mieux en définissait le concept. En vérité, les deux œuvres qui sont (me semble-t-il) les piliers de la Négritude sont Le Cahier de Césaire et Chants d’Ombre de Senghor.

Le terme « Négritude » a été très employé après la Seconde Guerre Mondiale parce ce qu’il représentait à la fois une révolte contre le colonialisme, la glorification du passé africain et une nostalgie vis-à-vis de la beauté et de l’harmonie de la société africaine traditionnelle. Pour les tenants de l’Antillanité et de la Créolité, le concept était et demeure désuet parce qu’il appartient à un passé esclavagiste, colonialiste et plus franco-africain que caribéen.

Des écrivains tel que Daniel Maximin ou le poète et romancier Bertène Juminer ainsi que Xavier Orville, romanciers latino-américains influencés par le surréalisme, sont également dans le sillage littéraire de Césaire alors que Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant sont les représentants de l’Antillanité et de la Créolité. Je parlerai de chacun de ces auteurs ci-dessous :

Aimé Césaire


Et moi, et moi,

moi qui chantais le poing dur
Il faut savoir jusqu'où je poussai la lâcheté.
Un soir dans un tramway en face de moi, un nègre.
C'était un nègre grand comme un pongo qui
essayait de se faire tout petit sur un banc de
crasseux de tramway ses jambes gigantesques et
l'avait laissé, le laissait. Son nez qui semblait
une péninsule en dérade et sa négritude même qui
se décolorait sous l'action d'une inlassable
mégie. Et le mégisser était la Misère. Un gros
oreillard subit dont les coups de griffes sur ce
visage s'était un ouvrier in fatigable, la Misère,
travaillant à quelque cartouche hideux. On voyait
très bien comment le pouce industrieux et mal-
veillant avait modelé le front en bosse, percé le
nez de deux tunnels parallèles et inquiétants,
allongé la démesure de la lippe[, et par un chef-
d'oeuvre caricatural, raboté, poli, verni la plus
minuscule mignonne petite oreille de la création.
C'était un nègre dégingandé sans rythme ni mesure .
Un nègre dont les yeux roulaient une lassitude sanguinolente.
Un nègre sans pudeur et ses orteils ricanaient
de façon assez puante au fond de la tanière entre-
bâillée de ses souliers.
La misère, on ne pouvait pas dire, s'était donné
un mal fou pour l'achever.


Elle avait creusé l'orbite, l'avait fardée d'un
fard de poussière et de chassie mêlées.

Elle avait tendu l'espace vide entre l'accroche-
ment solide des mâchoires et les pommettes d'une
vielle joue décatie. Elle avait planté dessus les
petits pieux luisants d'une barbe de plusieurs
jours. Elle avait affolé le cur, voûté le dos.
Et l'ensemble faisait parfaitement un nègre
hideux, un nègre grognon, un nègre mélancolique,
un nègre affalé, ses mains réunies en prière
sur un bâton noueux. Un nègre enseveli dans une
vieille veste élimée. Un nègre comique et laid
et des femmes derrière moi ricanaient en le regardant.
Il était comique et laid,
comique et laid pour sûr.
J'arborai un grand sourire complice
Ma lâcheté retrouvée!

Aimé Césaire (Extrait du Cahier d’un retour au pays natal)

Aimé Césaire est né en Martinique en 1913. Il a obtenu en 1931 une bourse qui lui a permis de poursuivre ses études à Paris. C’est après avoir achevé son cursus à Normale Supérieure qu’il a fondé avec Léopold Sedar Senghor la revue L’Etudiant Noir. Il a épousé en 1937 Suzanne Roussi puis est rentré en Martinique où il a enseigné au lycée de Fort de France. Il est maire de Fort de France depuis 1945.

Je ne citerai pas ici la bibliographie d’Aimée Césaire. Chacun peut s’y reporter et la compulser à son aise. Je dirai seulement que son influence s’est exercée à la fois sur toute la Caraïbe, le monde littéraire américain, européen et africain et je me permets de souligner qu’un texte publié en 1994 dans La République Internationale des Lettres l’année même de sa création par l’écrivain et poète haïtien René Depestre est la meilleure image qui m’ait été donnée du grand Césaire. Je n’oublierai pas de mentionner quelques poètes haïtiens car personne sinon les initiés ne peut se rendre compte du nombre d’écrivains et de poètes qui se sont battus dans cette ancienne possession française d’un point de vue politique car ils étaient en général très orientés à gauche et pour défendre leur langue. Mais revenons à notre grand poète : je pense que la meilleure façon de l’honorer est de dire un autre de ses poèmes :

Ex-voto pour un naufrage


Hélé helélé le Roi est un grand roi
que Sa Majesté daigne regarder dans mon anus pour voir
s'il ne contient pas des diamants
que Sa Majesté daigne explorer ma bouche pour voir com-
bien elle contient de carats
tam-tam ris
tam-tam ris
je porte la litière du roi
j'étends le tapis du roi
je suis le tapis du roi
je porte les écrouelles du roi
je suis le parasol du roi
riez riez tam-tams des kraals
tam-tams des mines qui riez sous cape
tam-tams sacrés qui riez à la barbe des missionaires de vos
dents de rat et d'hyène
tam-tams de la forêt
tam-tams du désert
tam-tam pleure
tam-tam pleure
brûlé jusqu'au fougueux silence de nos pleurs sans rivage
et roulez
roulez bas rien qu'un temps de bille
le pur temps de charbon de nos longues affres majeures
roulez roulez lourds délires sans vocable
lions roux sans crinière
tam-tams qui protégez mes trois âmes mon cerveau mon
coeur mon foie
tam-tams durs qui très haut maintenez ma demeure
de vent d'étoiles
sur le roc foudroyé de ma tête noire
et toi tam-tam frère pour qui il m'arrive de garder tout le
long du jour un mot tour à tour chaud et frais dans ma
bouche comme le goût peu connu de la vengeance
tam-tams de Kalaari
tam-tams de Bonne-Espérance qui coiffez le cap de vos
menaces
O tam-tam du Zululand
Tam-tam de Chaka
tam, tam, tam
tam, tam, tam
Roi nos montagnes sont des cavales en rut saisies en pleine
convulsion de mauvais sang
Roi nos plaines sont des rivières qu'impatientent les four-
nitures di pourritures montées de la mer et de vos cara-
velles
Roi nos pierres sont des lampes ardentes d'une espérance
veuve de dragon
Roi nos arbres sont la forme déployée que prend une
flamme trop grosse pour notre coeur trop faible pour un
donjon
Riez riez donc tam-tams de Cafrerie
comme le beau point d'interrogation du scorpion
dessiné au pollen sur le tableau du ciel et de nos cervelles
à minuit
comme un frisson de reptile marin charmé par la pensée
du mauvais temps
du petit rire renversé de la mer dans les hublots très beaux
du naufrage


Si le poète Césaire est important à mes yeux, il ne peut effacer l’homme politique qui a lancé chaque fois qu’il l’a jugé bon un cri d’alarme en direction des chefs africains de mouvements de libération, Sékou Touré, Modibo Keita, Ben Bella, Patrice Lumumba ou à ceux de mouvements révolutionnaires tels que Mao, Ho Chi Minh, Fidel Castro… Il a toujours pensé que les despotes, les dictateurs, ceux qu’on appelle les néocolonialistes, pouvaient détourner les hommes de leurs rêves et de leur espérance d’émancipation. Je crois qu’il avait raison en ce qui concerne l’Afrique et la Chine en tout cas et j’aimerais aujourd’hui lui poser la question : « Que pensez-vous, Aimé Césaire, de la Guerre d’Iraq, de ses protagonistes et du dictateur Saddam Hussein ? »


Léopold Sedar Senghor (1906 – 2001)

Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu’au cœur de l’Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre Promise, du haut d’un haut col calciné
et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigle


Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases de vin noir,
Bouche qui fait lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent
d’est Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée

Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de
L’athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.
Délice des jeux de l’Esprit, les reflets de l’or ronge ta peau qui se moire
A l’ombre de ta chevelure s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de
tes yeux.

Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendre pour
nourrir les racines les racines de la vie

Poète sénégalais et homme d’Etat, il fut un des tenants du concept de Négritude, défini comme l’expression littéraire et artistique de l’expérience Noire Africaine. Dans son contexte historique le terme a été ressenti comme une réaction contre le colonialisme français et une défense de la culture africaine. Il a profondément influencé le renforcement de l’identité africaine dans le monde noir francophone :

« L’émotion est nègre, la raison est hellène. »
« La Négritude est la somme des valeurs culturelles du Monde Noir. »

Léopold Sedar Senghor est né à Joal, un petit village de pêcheurs à cent kilomètres environ au sud de Dakar. Son père était d’ascendance noble et un riche marchand. Sa mère appartenait à la communauté peuhle, pastorale et nomade. Plus tard Senghor a écrit : « J’ai grandi au cœur de l’Afrique à la croisée des chemins, des castes, des races et des routes. » Il a passé les sept premières années de sa vie à Djilor avec sa mère et ses oncles et tantes maternels. A douze ans, il est entré à l’école de la mission catholique de Ngazobil. Il a ensuite étudié au Séminaire Libermann et au lycée Vollenhoven, terminant ses études secondaires en 1928.

Muni d’une bourse, Senghor est ainsi monté à Paris et a terminé avec succès ses études au Lycée Louis-Le-Grand en 1931. Durant ces années parisiennes, il a lu les poètes afro-américains de la Renaissance de Harlem et Rimbaud, Mallarmé, Baudelaire, Verlaine, Valéry… Parmi les amis de Senghor de ces années de jeunesse figurent évidemment Aimé Césaire mais également Georges Pompidou, le futur Président Français qu’il a connu à Louis-le-Grand.

De même que pour Aimé Césaire, je pense qu’il existe assez de biographies exhaustives de cet homme aux multiples facettes et que chacun peut s’y reporter à loisir. Il suffit de rappeler qu’après avoir exercé son métier de prof dans plusieurs lycées de France, il a rejoint l’armée française puis a été fait prisonnier, profitant de cette période pour écrire des poèmes qui ont été publiés dans Hosties Noires (1948). Sa première collection de poèmes, Chants d’Ombre (1945) dans laquelle il abordait les thèmes de l’exil et de la nostalgie lui a été inspirée par le philosophe Henry Bergson. [2] En 1945 et 1946 Senghor a été élu représentant du Sénégal dans les Assemblées Constituantes françaises. Avec l’aide de Alioune Diop, un intellectuel sénégalais vivant à Paris, il a créé en 1947 Présence Africaine, un journal culturel auquel ont participé André Gide, Albert Camus et Jean-Paul Sartre. En 1948 Senghor a été nommé professeur à l’Ecole Nationale de la France d’Outre-Mer. De 1946 à 1958 il a été constamment réélu à l’Assemblée Nationale Française. En 1960, il est devenu le premier Président du Sénégal et l’est demeuré jusqu’en 1980 puis il a partagé son temps entre Paris, la Normandie (dont sa seconde femme était originaire) et Dakar. Il a été élu membre de l’Académie Française en 1983 et il est mort en France le 20 décembre 2001. Au moment de son décès, j’ai dit combien grande fut ma stupéfaction et ma tristesse devant l’absence du Président Chirac et du Premier Ministre Jospin aux obsèques de ce grand homme qui représentait tout ce que le monde littéraire et politique avait de meilleur. J’ai eu véritablement honte pour mon pays de cette défection « au plus haut niveau. »

Dans sa poésie Senghor invite le lecteur à sentir l’essence quasi mystique de l’Afrique. Sa philosophie et son concept de la négritude ont reçu à la fois des louanges et des critiques. Selon Senghor, « le Noir est intuitif alors que l’Européen est plus cartésien. » Ce concept n’a pas plus à tout le monde mais Sartre a déclaré que la Négritude était un racisme antiraciste dans sa préface intitulée « Orphée Noir » de l’Anthologie de la Nouvelle Poésie Nègre et Malgache(1948).

Hymne National du Sénégal composé par Léopold Sedar Senghor

Pincez tous vos coras, frappez vos balafons
Le lion rouge a rugi. Le dompteur de la brousse
D'un bond s'est élancé dissipant les ténèbres

Soleil sur nos terreurs, soleil sur notre espoir.

Refrain :

Debout frères voici l'Afrique rassemblée
Fibres de mon cœur vert épaule contre épaule
Mes plus que frères. O Sénégalais, debout !
Unissons la mer et les sources, unissons
la steppe et la forêt. Salut Afrique mère.
Sénégal, toi le fils de l'écume du lion,
Toi surgi de la nuit au galop des chevaux.
Rends-nous, oh ! rends-nous l'honneur de nos Ancêtre
Splendides comme l'ébène et forts comme le muscle !
Nous disons droits – l'épée n'a pas une bavure.
Sénégal, nous faisons nôtre ton grand dessein :
Rassembler les poussins à l'abri des milans
Pour en faire, de l'est à l'ouest, du nord au sud,
Dressé, un même peuple, un peuple sans couture,
Mais un peuple tourné vers tous les vents du monde.
Sénégal, comme toi, tous nos héros,
Nous serons durs, sans haine et les deux bras ouverts,
L'épée, nous la mettrons dans la paix du fourreau,
Car notre travail sera notre arme et la parole
Le Bantou est un frère, et l'Arabe et le Blanc.
Mais que si l'ennemi incendie nos frontières
Nous soyons tous dressés et les armes au poing :
Un peuple dans sa foi défiant tous les malheurs ;
Les jeunes et les vieux, les hommes et les femmes.
La mort, oui ! Nous disons la mort mais pas la honte.

Léon Gontrand Damas


Sonne et Sonne et Sonne
sonne à mon coeur mariné dans l'alcool
dont nul n'a voulu tâter à table hier
Sonne et sonne
minuit de clair de lune à trois
dont l'image est à jamais en UNE
FEMME entrevue en l'Ile aux mille et une fleurs
assise au pied des mornes verts
et filaos échevelés
et flûte de bambou du pâtre éveillé modulant
la rengaine en sourdine
et le bruit court dans les halliers
et ma voix clame en EXIL
et l'EXIL chante à deux voix
et voici ELYDÉ
et réveillé net de nouveau se déroule le film du rêve recréé…

Issu de la bourgeoisie guyanaise, dont il a fustigé le mode de vie et de pensée dans le poème Hoquet, Léon Gontrand Damas a fait la connaissance d'Aimé Césaire au Lycée Schoelcher de Fort-de-France. Les deux jeunes gens se sont retrouvés à Paris, où Damas a poursuivi des études d'ethnologie. En 1937 parait le recueil Pigments puis Shine, Rappel, Il est des nuits, La complainte du Nègre. Un temps député de la Guyane, Léon Gontran Damas fit une carrière à l'UNESCO.

Daniel Maximin

Né à Saint-Claude (Guadeloupe) le 9 avril 1947, Daniel Maximin s'est installé avec sa famille en France en 1960. Après des études de lettres et de sciences humaines à la Sorbonne, il est devenu chargé de cours à l'Institut d'Etudes Sociales et professeur de lettres à Orly. De 1980 à 1989, il a été directeur littéraire aux Éditions Présence Africaine et produit l'émission « Antipodes » sur France-Culture. En 1989, il est retourné en Guadeloupe où il a été nommé Directeur régional des affaires culturelles. Depuis 1997, il est chargé de la mission interministérielle pour la célébration du cent cinquantième anniversaire de l'abolition de l'esclavage.

Bertène Juminer

Né en 1927 d'un père guyanais et d'une mère guadeloupéenne. Agrégé de médecine, il a exercé à Tunis, Dakar, Amiens et au Maroc avant de devenir recteur de l'Université Antilles-Guyane. Romancier, il vit à Pointe-à-Pitre. A notamment publié Les Bâtards, (Présence Africaine, 1961), Au seuil d'un nouveau cri, (Présence Africaine, 1963), La revanche de Bozambo (Présence Africaine, 1968), Les Héritiers de la presqu'île, (Présence Africaine, 1979), La Fraction de seconde (Présence Africaine, 1990.)


Xavier Orville

Né le 3 janvier 1932 à Case-Pilote, Professeur agrégé d’espagnol. Il fut Conseiller culturel de 1979 à 1982 de Léopold Sedar Senghor et d'Abdou Diouf. Ses principaux ouvrages sont : Délice et le Fromager, 1977, prix des Caraïbes, la Tapisserie du temps présent, 1977, l'Homme aux sept noms et des poussières, 1981, le Marchand de larmes, 1985, Laissez brûler Laventurcia, 1989, Cœur à vie, 1993, prix Frantz-Fanon, la Voie des cerfs -volants, 1994, Moi, Trésilien Théodore Augustin, 1996.


Les poètes haïtiens

Comme je l’ai dit plus haut, il est impossible de parler de tous les mouvements littéraires se réclamant soit de la Négritude, soit de l’Antillanité et de la Créolité sans citer quelques poètes haïtiens :

René Despestre que j’ai déjà cité pour son éloge d’Aimé Césaire, écrivain et poète a composé la majeure partie de son oeuvre en exil. Elle est marquée par une grande sensibilité et comporte en particulier le roman Hadriana dans tous mes rêves couronné en 1988 par le Prix Théophraste Renaudot et le recueil de poème Journal d’un animal marin dont je vous donne un avant-goût ci-après :

Ce n'est pas encore l'aube dans la maison
La nostalgie est couchée à mes côtés.
Elle dort, elle reprend des forces,
ça fatigue beaucoup la compagnie
D'un nègre rebelle et romantique.
Elle a quinze ans, ou mille ans,
Ou elle vient seulement de naître
Et c'est son premier sommeil
Sous le même toit que mon cœur...

Jean-Price Mars (1876-1969) est l’auteur de Ainsi parla l’Oncle, un texte dans lequel il demande aux écrivains de se pencher sur la culture populaire, les contes créoles et le vaudou. A son époque cependant, il doutait que le créole puisse un jour non seulement devenir la langue majeure de la Caraïbe en même temps qu’une langue écrite.

Jacques Roumain (1907-1944) fut un écrivain et poète marxiste, fondateur en 1927 de La Revue Indigène. Inspirateur de la prise de conscience par les Haïtiens de leur négritude, son chef d’œuvre posthume Gouverneurs de la Rosée (1944) a fait le tour du monde noir. Voici des poèmes extraits de Bois d’Ebène :

Si l'été est pluvieux et morne
si le ciel voile l'étang d'une paupière de nuage
si la palme se dénoue en haillons
si les arbres sont d'orgueil et noirs dans le vent et la brume
si le vent rabat vers la savane un lambeau de chant funèbre
si l'ombre s'accroupit autour du foyer éteint
si une voilure d'ailes sauvages emporte l'île
vers les naufrages
si le crépuscule noie l'envol déchiré d'un
dernier mouchoir et si le cri blesse l'oiseau

tu partiras
abandonnant ton village
sa langue et ses raisiniers amers
la trace de tes pas dans ses sables
le reflet d'un songe au fond d'un puits
et la vielle tour attachée au bout de sa laisse
et qui aboie dans le soir
un appel fêlé dans les herbages...

Nègre colporteur de révolte
tu connais tous les chemins du monde
depuis que tu fus vendu en Guinée
une lumière chavirée t'appelle
une pirogue livide
échouée dans la suie d'un ciel de faubourg

Cheminées d'usine
palmistes décapités d'un feuillage de fumée
délivrent une signature véhémente
La sirène ouvre ses vannes
du pressoir des fonderies coule un vin de haine
une houle d'épaules l'écume des cris
et se répand dans les ruelles
et fermente en silence
dans les taudis cuves d'émeute

Voici pour ta voix un écho de chair et de sang
noir messager d'espoir
car tu connais tous les chants du monde
depuis ceux des chantiers immémoriaux du Nil
Tu te souviens de chaque mot
le poids des pierres d'Egypte
Et l'élan de ta misère a dressé les colonnes des temples
comme un sanglot de sève la tige des roseaux
Cortège titubant ivre de mirages
sur la piste des caravanes d'esclaves élèvent
maigres branchages d'ombres enchaînés de soleil
des bras implorant vers nos dieux
Mandingue Arada bambara Ibo
gémissant un chant qu'étranglaient les carcans…

Jacques Roumain a rencontré Langston Hugues que j’ai mentionné plus haut à propos de la Harlem renaissance lors du seul voyage que le second fit en Haïti.

Magloire-Saint-Aude (1912-1971) est né à Port-au-Prince. Il a publié ses premiers poèmes dans les revues La Relève et Le Matin. Il a participé au mouvement indigéniste des Griots aux côtés de Carl Brouard et du jeune François Duvalier dont on connaît le parcours tragique pour ses concitoyens. En 1941 parurent Dialogue de mes lampes et Tabou, en 1956, Déchu.

De mon émoi aux phrases,
Mon mouchoir pour mes lampes.
Recroquevillé dans mes yeux effacés,
La peine le poème hormis les causes.
Limité aux revers sans repos
Edith blanche ma face moi-même.
Rassasiant mes yeux

Du convoi de mes yeux ressuscités…
Dialogue de mes lampes

Né à Jérémie le 5 février 1903, Emile Roumer a fait ses études classiques à Saint-Louis de Gonzague à Port-au-Prince. Il a étudié la philosophie au Lycée Michelet à Paris où il a collaboré à plusieurs publications. Tenant de l'école indigéniste, Emile Roumer s’est révélé un grand chantre de la nature haïtienne, un poète du terroir, un patriote convaincu et un ardent défenseur du créole. Son œuvre comporte Poèmes d'Haïti et de France (1925), Poèmes en vers (1947) où figure l'une des poésies les plus célèbres de la littérature haïtienne Marabout de mon cœur :

Marabout de mon coeur aux seins de mandarine
Tu m'es plus savoureuse que crabe en aubergine

Tu es un afiba dedans mon calalou

le doumdoueil de mon pois mon thé de zherbe à clou…

L'Antillanité

« Forgé à la fin des années 60 par Edouard Glissant, ce mouvement naît d'un constat : la société antillaise est malade. Elle souffre d'avoir subi une politique de colonisation « réussie. » Face à ce diagnostic, Glissant propose un remède : la quête de l'identité antillaise. L'Antillanité est une volonté de reconstituer les déchirures sociales, de remplir les trous de la mémoire collective et d'établir des relations hors du modèle métropolitain. L'objectif de Glissant est de mettre à jour le réel antillais à travers l'histoire commune de la plantation sucrière que caractérisent le cloisonnement social, la couleur de la peau, l'héritage africain et la langue créole. Il affirme la spécificité des Antilles dans leur diversité, leurs langues et leurs histoires. L'Antillanité est une identité ouverte et plurielle. En fait, il s'agit de s'approprier l'espace accaparé par les colons et l'histoire occultée par la période de l'esclavage. » [3]

Edouard Glissant

Soleil de la Conscience
Quand je possèderai vraiment ma terre, je l’organiserai selon
mon ordre de clartés, selon mon temps appris. Cela veut dire
que la quête du vent libre (l’apprentissage de la terre) est chaos
et démesure, paysage forcené, foret sans clairière aménagée;
mais que c’est la mesure (labours, semailles, récoltes) qui est liberté.


Docteur ès lettres, Edouard Glissant « l'un des plus grands écrivains contemporains de l'universel » est né à Sainte-Marie (Martinique) le 21 septembre 1928. Formé au lycée Schoelcher de Fort-de-France, il a poursuivi des études de philosophie à la Sorbonne et d'ethnologie au Musée de l'Homme.

Ses premiers poèmes Un champ d'îles, La terre inquiète et Les Indes lui ont valu de figurer dans l'Anthologie de la poésie nouvelle de Jean Paris. Il a joué un rôle de premier plan dans la renaissance culturelle négro-africaine (congrès des écrivains et des artistes noirs de Paris en 1956 et de Rome en 1959) et a collaboreé à la revue Les Lettres nouvelles. Le prix Renaudot, remporté en 1958 pour son premier roman, La Lézarde, a consacré sa renommée. Co-fondateur avec Paul Niger en 1959 du Front antillo-guyanais et proche des milieux intellectuels algériens, il fut expulsé de la Guadeloupe et assigné à résidence en France. Il a publié en 1961 une pièce de théâtre, Monsieur Toussaint, et en 1964, un second roman, Le Quatrième Siècle.

Rentré en Martinique en 1965, il a fondé un établissement de recherche et d'enseignement, l'Institut martiniquais d'études et une revue de sciences humaines, Acoma. Son oeuvre ne cesse de croître en ampleur et en diversité: une poursuite du cycle romanesque avec Malemort, La Case du commandeur et Mahagony, un renouvellement de la poétique avec Boises, Pays rêvé, pays réel et Fastes et trois essais majeurs, L'Intention poétique, Le Discours antillais et Poétique de la relation.

De 1982 à 1988, il fut Directeur du Courrier de l'Unesco. En 1989, nommé «Distinguished University Professor» de l'Université d'Etat de Louisiane (LSU), il y dirige le Centre d'études françaises et francophones. Depuis 1995, il est «Distinguished Professor of French» à la City University of New York (CUNY).

La Créolité

« Ce mouvement littéraire est apparu à la fin des années 80. Son fondement conceptuel repose sur un manifeste : l'éloge de la Créolité écrit par J. Bernabé , Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant. Il s'agit de poursuivre par le biais de l'écriture et du langage, la recherche identitaire entamée par la Négritude et l'Antillanité. La démarche intègre l'histoire des Antilles et l'imbrication des différents peuples qui sont arrivés, volontairement ou pas. La Créolité rejette l'unicité, l'universel, la pureté et la transparence. Elle prône la diversité. » [4]

Jean Bernabé

« Il est temps pour le vieux roi d'aller dormir » écrivait Césaire dans La tragédie du Roi Christophe. Les enfants spirituels ont tué leur père. On le vérifie dans Eloge de la créolité, cet ouvrage collectif signé Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant, réédité en édition ‘bilingue’ chez Gallimard. Ouvrage d'autant plus fondamental qu'il préfigure un renouvellement radical de la littérature créole et donne une assise théorique aux textes de fiction signés depuis par Chamoiseau, prix Goncourt 1992 pour Texaco, et Confiant, prix Novembre 1991 pour Eau de café. Ravines du devant-jour, récit savoureux sur l'enfance d'un Chambin martiniquais.

Patrick Chamoiseau

Patrick Chamoiseau s'oppose autant à l'assimilation du noir dans la culture du blanc qu'à la Négritude qu'il soupçonne d'appartenir à un passé à jamais révolu. Il proclame sa part de nègre tout en faisant l'éloge du métissage culturel. Il est né en 1953 à Fort-de-France où il habite aujourd’hui. Il a fait ses études de droit à Paris. Il est l’auteur d’un ouvrage historique sur les Antilles au temps de Bonaparte et de deux romans : Solibo le Magnifique et de Texaco pour lequel il a reçu le Prix Goncourt. Personnellement (mais je ne suis sans doute pas un exemple à suivre) je peux dire que j’ai eu un certain mal à lire Texaco et tous les termes qui dans son texte s’éloignent de la francophonie comme j’ai eu du mal à lire non les romans de Michel Tremblay que j’aime infiniment mais son théâtre qui fait appel pour sa majeure partie au joual, parler montréalais, évoluant comme le français d’un joual francophone à ce que je me permets d’appeler un joual anglo-francophone. J’ai de même peiné au théâtre lors de mes séjours au Québec, croyant à tort que je saisirais mieux l’oral que l’écrit. Les éditions Gallimard ont sans doute eu raison de publier l’Eloge de la Créolité en édition bilingue. Les éditeurs du théâtre de Tremblay devraient y penser… (Je m’aperçois en écrivant ces lignes que j’appartiens plus à l’époque de la Négritude qu’à celle de la Créolité !)

Raphaël Confiant

Raphaël Confiant est sans doute l'auteur le plus foisonnant et le plus truculent des Antilles. Originaire du Lorrain (nord de la Martinique) où il est né en 1951, il a fait des études de sciences politiques à Aix-en-Provence. Il a débuté sa carrière d'écrivain en publiant à compte d'auteur, et pendant douze ans, des livres écrits en langue créole. « L'écriture en français est un plaisir », dit-il, « l'écriture en créole est un travail car l'auteur créolophone est obligé de construire son outil, ce que n'a pas à faire l'auteur francophone qui dispose d'un outil patiné par des siècles d'usage. » Avec Le Nègre et l'Amiral (1988), il est entré de plain-pied dans une littérature française à laquelle il apporte la verve d'un langage baigné d'imaginaire créole. Son deuxième roman en français Eau de café (1991) est remarqué par la critique ainsi que L'Allée des Soupirs publié trois ans plus tard. Confiant se distingue par son écriture et par l'univers de la Martinique « profonde » qu'il décrit dans ses romans. Il est un polémiste redoutable et n'hésitera pas à tremper sa plume dans du vitriol pour rédiger un réquisitoire en règle contre le père de la négritude, Aimé Césaire. Une traversée paradoxale du siècle. Enfin, Confiant a un don inné pour la provocation et le sens de la formule et de l'humour : « La Martinique est colonisée par la consommation » ou encore : « Les puristes me reprochent de zoulouter le français. Mais regardez-moi, regardez-vous, regardez-nous, vive le métissage ! »

Il s’ensuit - après que nous ayons perçu les voies de la Négritude, d’une part, de l’Antillanité et de la Créolité d’autre part, mouvements qui, ainsi que je l’ai dit plus haut, ne peuvent apparaître comme complètement antagonistes mais complémentaires - que les écrivains de la jeune génération créole ont voué aux gémonies leur père spirituel Aimé Césaire alors que d’autres ont continué à le célébrer. C’est le romancier Raphaël Confiant, ainsi qu’on a pu le voir plus haut, qui a dressé le réquisitoire le plus sévère à l’encontre de celui qui fut la proue et le flambeau des jeunes auteurs créoles (Jean Bernabé.) Il lui reproche en particulier d’avoir à la fois dénoncé l’oppression du Tiers-Monde par l’Occident dans son Discours sur le colonialisme (1950) et d’avoir siégé pendant quarante ans au Palais-Bourbon (notre Assemblée Nationale) en prônant la loi d’assimilation pour les Antille-Guyane et la Réunion votée en 1946.

J’aimerais terminer ce « tour d’horizon » sur un cas particulier, celui de Frantz Fanon « Un Martiniquais d’Algérie » : Frantz Fanon est peu connu dans son pays, la Martinique, car il a passé l'essentiel de sa vie de militant dans sa terre d'adoption, l'Algérie. Fanon est né à Fort-de-France le 20 juillet 1925. Il est mort à Washington le 6 décembre 1961, à l'âge de 36 ans, des suites d'une leucémie. Il est inhumé au cimetière de « Chouhada » (Tunis). Médecin psychiatre, écrivain, combattant anti-colonialiste, Fanon a marqué le vingtième siècle par sa pensée et son action, en dépit d'une vie brève frappée par la maladie. Fanon fit ses études secondaires au lycée Schoelcher, ses études supérieures à la faculté de médecine de Lyon et fut nommé, en 1953, Médecin-chef de l'hôpital psychiatrique de Blida, en Algérie. Il avait déjà publié, en 1952 Peaux noires, masques blancs. En 1956, deux ans après le déclenchement de la guerre de libération nationale en Algérie, Fanon choisit son camp, celui des colonisés et des peuples opprimés. Il remet sa démission de son poste à l'hôpital et rejoint le Front de Libération Nationale (FLN) en Algérie.

Il eut d'importantes responsabilités au sein du FLN, membre de la rédaction de son organe central, « El Moudjahid. » Il fut chargé de mission auprès de plusieurs Etats d'Afrique noire, ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) au Ghana. Il échappa à plusieurs attentats au Maroc, en Italie. Jusqu'à sa mort, Fanon s'est donné sans limites pour la cause de la libération des peuples opprimés.

Frantz Fanon a toujours considéré le concept de la négritude trop réducteur. Dans son essai « Peau noire, masque blanc », il étudie les conséquences humaines du colonialisme et du racisme. Il fait le portrait de l'homme noir antillais, victime des préjugés de couleur et des complexes d'infériorité qu'il a intériorisés. Selon lui, « Les Antillais sont, après la grande erreur blanche, en train de vivre le grand mirage noir. »

Je suis loin d’avoir fait le tour de tous les écrivains de la Négritude, de l’Antillanité et de la Créolité mais j’espère que j’aurai donné dans ces quelques pages un bon aperçu des mouvements, essentiels pour la littérature et la poésie francophones, auxquels ils ont appartenus même si certains ont voulu s’en distancer.

[1] André Breton (1896-1966), écrivain français, principal fondateur du surréalisme, auteur des Manifestes du Surréalisme (1924-1930), et d’une importante œuvre poétique et narrative, Najda (1928), Les Vases Communicants (1932), L’Amour Fou (1937)…Tandis que j’écris ces lignes, je pense à ce qui se passe cette semaine même : la dispersion à la Salle Drouot de tous les objets et de tous les écrits réunis dans sa vie par André Breton que conteste amèrement la Société des Gens de Lettres. Ceci n’a aucun rapport avec mon propos d’aujourd’hui mais il fallait que j’en parle à un moment ou à un autre car c’est tout le surréalisme qu’on est entrain d’attaquer à travers la destruction d’un musée. Alors je le fais modestement ici-même.


[2] Je ne ferai pas à la mémoire de Bergson (1859-1941) l’injure d’en dire trop long à son sujet : il fut l’un des grands philosophes français dont la philosophie spirituelle (« le rire est le propre de l’homme » disait-il) faisait de l’intuition le seul moyen de connaissance de la durée et de la vie. Il reçut le Prix Nobel de Littérature en 1927.

[3] Extrait de textes parus dans « Ecrit Créole – Langue et Culture »

[4] idem


[ecrits-vains.com]

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