Nelson Sanchez Chapellin, fondateur et collectionneur du musée d'art afro-américain de Caracas. François-Xavier Freland/RFI |
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« Nous sommes débordés, on vient tout juste d'ouvrir, et les classes de collège défilent. Nous ne nous attendions pas à un tel succès ». Nelson Sanchez Chapellin, fondateur du musée, la soixantaine adolescente, chemise colorée, sautille presque de joie entre les statues, les lances, les cimiers Ciwara, l'antilope légendaire des bambara, des portraits en bronze d'artistes vénézuéliens, une ou deux Kora, des tapis et quelques pagnes.
« Nous voulons faire redécouvrir aux vénézuéliens, leurs origines africaines, afin qu'ils en soient fiers, précise Nelson.
On oublie trop souvent que les Noirs africains avaient découvert le continent latino-américain bien avant Christophe Colomb. Et puis c'est l'Afrique mère, le continent où tout a commencé, nous sommes tous des Africains. »
3000 objets de la fondation
Intérieur du musée d'art afro-américain de Caracas François-Xavier Freland/RFI |
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Selon lui, certaines pièces du musée, très anciennes, ont plusieurs siècles. On y trouve surtout des masques Nok et objets divers de l'Ethnie Yoruba, d'origine béninoise ou nigérienne, autrefois décimée par l'esclavage, et dont sont originaires la plupart des Latino-Américains, Brésiliens en tête mais aussi, Cubains ou Vénézuéliens.
« Et encore, vous n'avez rien vu, lorsque l'annexe sera achevée d'être construite juste à côté, lorsque nous aurons installé tous les systèmes de sécurité, les visiteurs pourront découvrir toute la collection, les plus de 3000 objets de la fondation. »
30 ans de voyages à travers toute l'Afrique, et notamment celle de l'Ouest, ont permis à cet ancien économiste issu d'une célèbre famille locale et à son ami Morris Matza, Egyptien érudit originaire d'Alexandrie, de constituer ce véritable trésor ethnologique.
« Nous achetons tout sauf ce que nous troquons », précise Nelson avec un sourire, qui n'hésite pas à critiquer l'attitude immorale des premiers anthropologues anglais ou français, qui « pillèrent » selon lui l'Afrique mythique.
Cela me rappelle mon pays
Hector Griffin est chargé d'animer au musée les débats autour de l'oeuvre du poète sénégalais Leopold Sedar Senghor. François-Xavier Freland/RFI |
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Une jeune sénégalaise qui visite pour la première fois le musée s'arrête devant la statue d'une poule.
« C'est un animal légendaire dans mon village, je suis sérère, et cela me rappelle mon pays », explique-t-elle, alors que Nelson la prend déjà par le bras pour lui proposer de venir au prochain débat sur le poète président sénégalais Léopold Sédar Senghor, et de venir préparer le mafé, le célèbre plat ouest-africain à base de pate d'arachides. L'animateur du débat Hector Griffin, ancien ambassadeur du Venezuela dans plusieurs pays d'Afrique, décline en un français presque parfait quelques vers poétiques du chantre de la négritude. Lui, qui, une pointe d'ironie dans les yeux, prétend parler
« petit nègre »lorsqu'il s'exprime dans la langue de Molière, est encore plus enjoué à l'heure d'évoquer ce tout nouveau temple de l'art africain au Venezuela :
« Je viens d'un petit village où il n'y avait que des descendants d'esclaves. Pour moi qui me faisais traiter encore ce matin de « sale négro » par ma voisine, c'est une véritable revanche un tel musée.
Face au racisme, je n'ai que mépris, ma réponse, c'est la tolérance et le souvenir. Beaucoup de Vénézuéliens oublient qu'ils ont du sang noir dans les veines ».
Ouvrir les portes de l’Africanité
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Le tout nouveau musée de l'art afro-américain, a fier allure, sur les trois étages d'une vieille bâtisse 1930, repeinte volontairement dans les tons ocres de l'Afrique sub-saharienne, cette couleur de terre qui n'est pas sans rappeler les cases en pisé des bords du Niger.
« Nous adorons le Mali, s'enthousiasme Nelson,
d'ailleurs, grâce au directeur du Musée National de Bamako, nous avons rencontré un vieux sage qui nous a littéralement ouvert les portes de l'Africanité ».
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