samedi 29 décembre 2012

La lumière revenue


Avec la lumière revenue, le ciel est lumineux, les jours se rallongent. Désormais, la sombreur de l'automne nous tourne le dos, la joie renaît, car Noël est passé par l'an, il est venu au début de l'hiver.

dimanche 23 décembre 2012

Joyeux Noël, Merry Christma, Feliz Navidad


L'AMOUR, UN SACRE CADEAU .★** *
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˛. (´• ̮•)*˛°*/.♫.♫\*˛.* ˛_Π_____. * ˛*
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*(...'•'.. ) *˛╬╬╬╬╬˛°.|田田 |門|╬╬╬╬ .
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dimanche 9 décembre 2012

Espoir




Fraîche comme un matin en plein midi
comme une aube à l'aurore,
comme un souffle expirant une trace de vie,
comme une étoile rivalisant avec un soleil
je recherche une émotion qui m’éblouit
un corps sur lequel je m'arc-bouterai.

Evariste Zephyrin

mercredi 5 décembre 2012

Je ne suis pas poète



Je n'ai jamais voulu être enfermée dans un cadre, sous une étiquette limitant mon espace d'expression. Suis-je poétesse, romancière, écrivaine, dramaturge, ect? Je suis quelqu'un qui écrit.
Quant à mon expérience des récitals, mi an dot bab! On tente de trouver un cadre. Tu es slameuse? Non, parce que le slam répond à des critères, à des codes que je ne respecte pas forcément. Ah, tu fais du Joby Bernabé alors? Non! Tu es conteuse alors? Euh, non... Mais ça s'appelle comment ce que tu fais?" "Ben je sais pas, je dis et mets en espace mes textes, accompagnée de musiciens." Ouais, mais ça s'appelle comment?" "Euh... pawol ek mizik"
Pff! Annou fini épi sa pito! Si vous aimez ce que j'écris, si vous aimez ce que je partage sur scène, prenez-le, laissez cela vous parler, vous guérir, vous interroger, vous choubouler, vous déranger, vous agacer. Recevez-le tout simplement, de coeur à coeur, d'âme à âme...

Je ne suis pas poète

L’on me dit poète
Je ne sais je ne sais
Je tente seulement d’écouter le vent
Et de percer dans son murmure
Le secret de ma vie
Je ne sais je ne sais
J’essaie simplement de résister à l’appel
De la travailleuse de l’ombre
Non je ne suis pas poète
Je ne sais qu’écouter
Les pulsations de la terre
Tâchant d’y découvrir la voie de ma légende intime
Egarée en cette vie
Je parcours la forêt des mots
Dans l’espoir d’y trouver
Le sens de l’absurde
Mais je me perds encore
                                  encore
                                            encore
Confondant un mot et une feuille
Une virgule et une fleur
Une strophe et un arbre
Et je m’égare encore
Dormant parmi les ronces
Appelant la lumière
Escomptant l’éveil du soleil
Signal du retour à la vie
En mes veines en mon cœur
Les tessons d’une bouteille brisée
A moins que ce ne soit les ronces acérées
D’une étrange forêt
M’ont lacéré la peau
M’ont violenté les pieds
Stigmates d’un voyage aux confins des ténèbres
Dont je veux ressurgir
Vierge
Inatteinte
Mais ne sachant tout de même pas ce que c’est qu’un poète
Et sachant encore moins
Si je ne le suis qu’un peu
J’en sais seulement davantage
Sur mes faiblesses et ma lumière
Et sur ma soif de vivre
Jusque et par-delà l’ultime pulsation de mon coeur

Nicole Cage
2007
Extrait du recueil inédit :"Une bouteille à la mer"

lundi 3 décembre 2012

Et cependant silence



Silence
Comme une gifle en plein cœur de l’amour
Comme une nuit sans fin
Où n’apparaît pas l’ombre d’un ami
Silence
Comme le froid qui ronge
Et le jour, qui tarde à venir
Comme la voix aimée qui ne chante plus à mon oreille
Comme la plus cruelle des malédictions
Silence, où je plonge pourtant
Pour retrouver le chemin de moi-même
Quand mon âme cesse de me rappeler qui je suis
Silence où je plonge
Pour retrouver l’essence de mon être
Quand toutes les portes de l’espérance se sont closes
Et qu’il ne reste que moi
Et l’infinie perspective du silence
Où je renais enfin…

Nicole Cage (2004)

jeudi 15 novembre 2012

La chair abattue



Pour saluer la mémoire de Damaël D’Haïti, un jeune étudiant haïtien froidement assassiné samedi soir par un policier à l'enceinte même de l'Université d'État d'Haiti.-

pour ta liberté
tu as lutté
tu as survécu
tu saignes et tu meurs

pour ta liberté
tes bras comme un arbre charnel
généreux et captif
tu les donnes au chirurgien


pour ta liberté je sens davantage de cœurs
le sang dans ta poitrine
donne de l’écume
à mes veines

ils se défont violemment
de tes pieds
de tes bras
de tout
ceux qui ont roulé ta statue dans la fange

parce que là où les orbites vides verront le jour
elle mettra deux pierres
qui regarderont le futur
et elle fera que de nouveaux bras
et de nouvelles jambes repoussent
dans ta chair abattue


les reliques de ton corps
perdus à chaque blessure
parce que tu es comme l'arbre abattu
qui reverdit
parce que tu es encore en vie

Thélyson Orélien
Anjou, 14 novembre 2012



lundi 12 novembre 2012

Parole


Trop nombreux sont ceux et celles à penser que leur réalité est celle du monde, que leur regard embrasse la totalité du monde.

Evariste Zephyrin

dimanche 11 novembre 2012

L'Antillais


"Il est normal que l'Antillais soit négrophobe, par l'inconscient collectif, l'Antillais a fait siens tous les archétypes de l'Européen. L'Antillais s'est connu comme nègre, mais par un glissement éthique, il s'est aperçu (inconscient collectif) qu'on était nègre dans la mesure ou l'on était mauvais, veule, méchant, instinctif, tout ce qui s'opposait à ces manières d'être nègre était blanc. Il faut voir l'origine de la négrophobie de l'Antillais dans l'inconscient collectif : 
Noir = laid, 
noir = péché,
noir = ténèbres,
noir = immoral, 
c'est à dire, est nègre celui qui est immoral donc si dans ma vie je me comporte en homme moral, je ne suis point nègre.

Souvent en Martinique on a l'habitude de dire d'un mauvais blanc qu'il a une âme de Nègre."

vendredi 26 octobre 2012

Octobre en resquille

Vers 18 h, regardant par la fenêtre, je vis un ciel blanc, il était en tout point semblable à un ciel annonçant de la neige. Mettant le nez dehors, bourrasques et froidure m'accueillirent, ainsi qu'une neige extrêmement fine qui réfrigéra mon visage. 

Ce temps glacial n'est pas vraiment de saison, je crois qu'en ce jour, nous eûmes les avant-goûts de l'hiver.

Cette année octobre est trompeur, il ne se ressemble pas, l'hiver est en resquille.

dimanche 21 octobre 2012

Le jour


De la pierre qui s’endort, 
A l’odeur du pain qui monte du four,
De la grenouille qui chante dans le noir,
Et la nuit s'assoupit.

De l'aube qui s'offre à la rosée matineuse
Du merle qui chante dès le point du jour  
Avant même, que ne bruissent les rumeurs des pas
Dès lors que le matin s’élève.

La vie déploie son soleil au zénith
La lumière explose dans le ciel
Midi croule sous la chaleur
Les ombres dansent dans les rues. 

Les heures s'affolent, le ciel rougit
Il est temps que l'aurore s'invite au jour,
Quand le soleil s'en va chuter dans la mer
La foule se presse, les gens se rapprochent.

Encore demain en rupture.

Evariste Zephyrin





jeudi 11 octobre 2012

L'automne


Le temps est laid, il pleut, il pleuvine, il bruine, il crachine, il pleuvote. J'ai le sentiment que le ciel a décidé de dégoutter son amertume,  du coup il enlaidit le temps et attriste la saison. 

 Pour l'heure l'automne n'a pas de couleur, il est juste triste.


Evariste Zephyrin

samedi 29 septembre 2012

"Les damnés de la terre"



Allons, camarades, il vaut mieux décider dès maintenant de changer de bord. La grande nuit dans laquelle nous fûmes plongés, il nous faut la secouer et en sortir. Le jour nouveau qui déjà se lève doit nous trouver fermes, avisés et résolus.

Il nous faut quitter nos rêves, abandonner nos vieilles croyances et nos amitiés d'avant la vie. Ne perdons pas de temps en stériles litanies ou en mimétismes nauséabonds. Quittons cette Europe qui n'en finit pas de parler de l'homme tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde.

Voici des siècles que l'Europe a stoppé la progression des autres hommes et les a asservis à ses desseins et à sa gloire; des siècles qu'au nom d'une prétendue « aventure spirituelle » elle étouffe la quasi totalité de l'humanité. Regardez-la aujourd'hui basculer entre la désintégration atomique et la désintégration spirituelle.

Et pourtant, chez elle, sur le plan des réalisations on peut dire qu'elle a tout réussi.

L'Europe a pris la direction du monde avec ardeur, cynisme et violence. Et voyez combien l'ombre de ses monuments s'étend et se multiplie. Chaque mouvement de l'Europe a fait craquer les limites de l'espace et celles de la pensée. l'Europe s'est refusée à toute humilité, à toute modestie, mais aussi à toute sollicitude, à toute tendresse.

Elle ne s'est montrée parcimonieuse qu'avec l'homme, mesquine, carnassière homicide qu'avec l'homme.

Alors, frères, comment ne pas comprendre que nous avons mieux à faire que de suivre cette Europe-là.

Cette Europe qui jamais ne cessa de parler de l'homme, jamais de proclamer qu'elle n'était inquiète que de l'homme, nous savons aujourd'hui de quelles souffrances l'humanité a payé chacune des victoires de son esprit.

Allons, camarades, le jeu européen est définitivement terminé, il faut trouver autre chose. Nous pouvons tout faire aujourd'hui à condition de ne pas singer l'Europe, à condition de ne pas être obsédés par le désir de rattraper l'Europe.

L'Europe a acquis une telle vitesse, folle et désordonnée, qu'elle échappe aujourd'hui à tout conducteur, à toute raison et qu'elle va dans un vertige effroyable vers des abîmes dont il vaut mieux le plus rapidement s'éloigner.

Il est bien vrai cependant qu'il nous faut un modèle, des schèmes, des exemples. Pour beaucoup d'entre nous, le modèle européen est le plus exaltant. Or, on a vu dans les pages précédentes à quelles déconvenues nous conduisait cette imitation. Les réalisations européennes, la technique européenne, le style européen, doivent cesser de nous tenter et de nous déséquilibrer.

Quand je cherche l'homme dans la technique et dans le style européens, je vois une succession de négations de l'homme, une avalanche de meurtres.

La condition humaine, les projets de l'homme, la collaboration entre les hommes pour des tâches qui augmentent la totalité de l'homme sont des problèmes neufs qui exigent de véritables inventions.

Décidons de ne pas imiter l'Europe et bandons nos muscles et nos cerveaux dans une direction nouvelle. Tâchons d'inventer l'homme total que l'Europe a été incapable de faire triompher.

Il y a deux siècles, une ancienne colonie européenne s'est mise en tête de rattraper l'Europe. Elle y a tellement réussi que les Etats-Unis d'Amérique sont devenus un monstre où les tares, les maladies et l'inhumanité de l'Europe ont atteint des dimensions épouvantables.

Camarades, n'avons-nous pas autre chose à faire que de créer une troisième Europe ? L'Occident a voulu être une aventure de l'Esprit. C'est au nom de l'Esprit, de l'esprit européen s'entend, que l'Europe a justifié ses crimes et légitimé l'esclavage dans lequelle elle maintenait les quatre cinquièmes de l'humanité.

Oui, l'esprit européen a eu de singuliers fondements. Toute la réflexion européenne s'est déroulée dans des lieux de plus en plus désertiques, de plus en plus escarpés. On prit ainsi l'habitude d'y rencontrer de moins en moins l'homme.

Un dialogue permanent avec soi-même, un narcissisme de plus en plus obscène n'ont cessé de faire le lit à un quasi délire où le travail cérébral devient une souffrance, les réalités n'étant point celles de l'homme vivant, travaillant et se fabriquant mais des mots, des assemblages divers de mots, les tensions nées des significations contenues dans les mots. Il s'est cependant trouvé des européens pour convier les tra. vailleurs européens à briser ce narcissisme et à rompre avec cette déréalisation.

Conclusion

D'une manière générale, les travailleurs européens n'ont pas répondu à ces appels. C'est que les travailleurs se sont crus, eux aussi, concernés par l'aventure prodigieuse de l'Esprit européen.

Tous les éléments d'une solution aux grands problèmes de l'humanité ont, à des moments différents, existé dans la pensée de l'Europe. Mais l'action des hommes européens n'a pas réalisé la mission qui lui revenait et qui consistait à peser avec violence sur ces éléments, à moditier leur arrangement, leur être, à les changer, enfin à porter le problème de l'homme à un niveau incomparablement supérieur.

Aujourd'hui, nous assistons à une stase de l'Europe. Fuyons, camarades, ce mouvement immobile où la dialectique, petit à petit, s'est muée en logique de l'équilibre. Reprenons la question de l'homme. Reprenons la question de la réalité cérébrale, de la masse cérébrale de toute l'humanité dont il faut multiplier les connexions, diversifier les réseaux et réhumaniser les messages.

Allons frères, nous avons beaucoup trop de travail pour nous amuser des jeux d'arrière-garde. L'Europe a fait ce qu'elle devait faire et somme toute elle l'a bien fait; cessons de l'accuser mais disons lui fermement qu'elle ne doit plus continuer à faire tant de bruit. Nous n'avons plus à la craindre, cessons donc de l'envier.

Le Tiers-Monde est aujourd'hui en face de l'Europe comme une masse colossale dont le projet doit être d'essayer de résoudre les problèmes auxquels cette Europe n'a pas su apporter de solutions.

Mais alors, il importe de ne point parler rendement, de ne point parler intensification, de ne point parier rythmes. Non, il ne s'agit pas de retour à la Nature. Il s'agit très coucrétement de ne pas tirer les hommes dans des directions qui les mutilent, de ne pas imposer au cerveau des rythmes qui rapidement l'oblitèrent et le détraquent. Il ne faut pas, sous le prétexte de rattraper, bousculer l'homme, l'arracher de lui-même, de son intimité, le briser, le tuer.

Non, nous ne voulons rattraper personne. Mais nous voulons marcher tout le temps, la nuit et le jour, en compagnie de l'homme, de tous les hommes. Il s'agit de ne pas étirer la caravane, car alors, chaque rang perçoit à peine celui qui le précède et les hommes qui ne se reconnaissent plus, se rencontrent de moins en moins, se parlent de moins en moins.

Il s'agit pour le Tiers-Monde de recommencer une histoire de l'homme qui tienne compte à la fois des thèses quelquefois prodigieuses soutenues par l'Europe mais aussi des crimes de l'Europe dont le plus odieux aura été au sein de l'homme, l'écartèlement pathologique de ses fonctions et l'émiettement de son unité, dans le cadre d'une collectivité la brisure, la stratification, les tensions sanglantes alimentées par des classes, enfin, à l'échelle immense de l'humanité, les haines raciales, l'esclavage, l'exploitation et surtout le génocide exsangue que constitue la mise à l'écart d'un milliard et demi d'hommes.

Donc camarades, ne payons pas de tribut à l'Europe en créant des Etats, des institutions et des sociétés qui s'en inspirent.

L'humanité attend autre chose de nous que cette imitation caricaturale et dans l'ensemble obscène.

Si nous voulons transformer l'Afrique en une nouvelle Europe, l'Amérique en une nouvelle Europe, alors confions à des Européens les destinées de nos pays. Ils sauront mieux faire que les mieux doués d'entre nous.

Mais si nous voulons que l'humanité avance d'un cran, si nous voulons la porter à un niveau différent de celui où l'Europe l'a manifestée, alors, il faut inventer, il faut découvrir.

Si nous voulons répondre à l'attente de nos peuples, il faut chercher ailleurs qu'en Europe.

Davantage, si nous voulons répondre à l'attente des européens, il ne faut pas leur renvoyer une image, même idéale, de leur société et de leur pensée pour lesquelles ils éprouvent épisodiquement une immense nausée.

Pour l'Europe, pour nous-mêmes et pour l'humanité, camarades, il faut faire peau neuve, développer une pensée neuve, tenter de mettre sur pied un homme neuf.

Frantz Fanon

lundi 24 septembre 2012

Septembre l'automnal


Dans la longue marche du temps, voici qu'advient le moment où   l'été s'en est allé mourir aux portes de l'automne. Et dans ce cycle de vie et de mort,  de putrescence et de renaissance, l'automne trône à son tour  tout en haut de la roue du temps. L'Automne  entonne son chant humide, nimbe le paysage de sa brume, il offre ses brouillards à la saison. L'automne mordore le feuillage des hêtres, les  chênes   s'habillent de couleur tan et les érables rougissent.  Dans les bois embruinés, le soleil matinal verse ses premiers rayons comme des traits ocrés,  l'astre infuse à la forêt des teintes roussoyantes, des couleurs improbables de chaleur et de convivialité. La sève reflue vers les racines et les odeurs exacerbées d'humus montent de la terre. Dès lors, la nature se pare d'orerie, comme exaltée, l'automne nous investit de ses vents et de ses pluies.



Dans le ciel septembral, l'automne étrenne le silence et les campagnes la reçoivent comme le prodrome du repos hivernal .

Evariste Zephyrin



dimanche 23 septembre 2012

ATELIERS CONTES ET MARIONNETTES




Vous choisissez votre rythme. 2 heures par semaine ou plus.
Inscriptions Samedi 22 et mercredi 26 septembre de 9h à 12h.
RENTRÉE : lundi 1er octobre 2012

Ateliers à partir de 9 ans jusqu'à 97 ans.
Mercredi : 9h à 11h et 13h 30 à 15h 30
Lundi - Mardi et jeudi : 17h à 19h tout public

9 à 16 ans : 60 euros/mois
17 à 77 ans : 80 euros/mois

Parrainage d'un enfant ou d'un adulte possible.
Vous pouvez verser 10, 20, 30 euros/mois pour une personne qui veut suivre cette école. Contactez-nous !

L'école de Jala propose les verbes :
construire, récupérer, animer, inventer, créer, jouer, s'épanouir, apprendre, s'éclater, se soigner, se faire plaisir, faire plaisir aux autres .
La marionnette est un art pluridisciplinaire dont la pratique développe la créativité et le sens du jeu et permet de découvrir le plaisir d'imaginer, de fabriquer et de raconter avec des objets manipulés.
L'art de la marionnette est aussi une véritable discipline des arts du spectacle où la création, la construction, le pouvoir de prêter la vie, nécessitent un apprentissage.
Les techniques abordées permettront de s'initier aux marionnettes à gaine, à fils, à tringles, à tiges, à aiguilles, aux bwabwa, au théâtre d'ombres, bunraku, aux formes animées, Une présentation des travaux et prévue en février lors du 4e festival de marionnettes et en fin d'année.
Jala, marionnettiste professionnelle, sera la formatrice principale.
Cependant, afin d'enrichir la pratique, des artistes invités interviendront de manière ponctuelle à l'école dans des disciplines associées (expression corporelle, masque, chant, arts plastiques, voix, mime, écriture, théâtre, vidéo.).

http://www.editions-lafontaine.com

jeudi 20 septembre 2012

Rhode Bath-Schéba MAKOUMBOU


Exposition du samedi 6 au mercredi 31 octobre 2012.
Maison Africaine/Flamande "KUUMBA" Rue de la Paix, 35 - 1050 Bruxelles
Vernissage le vendredi 5 octobre à 18h30 (verre de l'amitié en musique)
Entrée gratuite tous les jours de 14h à 22h


La Maison Africaine/Flamande d'Ixelles "KUUMBA" organise au mois d'octobre une exposition des oeuvres (peintures et sculptures) de l'artiste internationale Rhode Bath-Schéba Makoumbou (Congo-Brazzaville). Ces dernières années, elle a surtout exposé à l'étranger. Avec cette exposition, elle fait sa rentrée à Bruxelles dans notre quartier africain Matonge où est également situé son atelier.

samedi 15 septembre 2012

Les moutons sont dans le pré


Et patiti et patata, de l'herbe verte pour les moutons, et en voilà un et puis en voilà deux et puis en voilà trois et patiti et patata, tous les moutons sont dans l'enclos. 

 E-Z

mercredi 12 septembre 2012

J’ai eu dix-sept ans, c’était il y a trente années de cela…

17 ans, sur le balcon, lycée de Bellevue...

Il y a peu, je commentais avec « quelqu’un » une photo de lui prise à l’époque de ses dix-sept ans. Comme je lui demandais quels étaient les rêves de ce jeune garçon il me répondit qu’il rêvait alors d’être celui qu’il est aujourd’hui sur le plan professionnel, ainsi que d’une femme aimante pour la vie - et qu’en cela il avait dû déchanter…

Et moi, à dix-sept ans, c’est-à-dire trente ans plus tôt, de quoi, à quoi pouvais-je bien rêver ?

A dix-sept ans je m’ouvrais, enthousiaste, aux joies et à  l’âpreté du militantisme et je demandais à l’un des camarades chargés de notre éducation politique s’il croyait que dans dix ans la Martinique serait indépendante, la Caraïbe unie, et l’Amérique, nuestra, ainsi que l’avaient rêvée Martí et Bolívar…

Je rêvais encore d’être une brigade internationaliste permanente, révolutionnaire polyglotte sans peur et sans attaches sur tous les fronts et les routes du Monde…

Je rêvais de rencontrer Nicolás Guillen en de longues conversations, en fureurs de poèmes et grands soubresauts de rires de negros bembones…

A dix-sept ans, je croyais que le fait de surprendre sur moi le regard du garçon dont j’étais follement éprise à chaque fois que je levais les yeux était prémisses d’une belle et durable première histoire d’amour. Jusqu’à ce qu’il me saccage…

A dix-sept ans je me battais désespérément pour qu’on cesse de me traiter de pute au simple motif que j’avais plus d’amis masculins que féminins. Les choses n’ont guère changé à cela près que je ne me bats plus pour prouver quoique ce soit !

A dix-sept ans, debout sur les balcons du lycée de Bellevue, je regardais des heures durant la mer en ses milles et un plis, en son vibrant silence et je rêvais de me faire enrôler sur un des nombreux bateaux qui traversaient la baie, quand je trouvais trop d’aspérités à ma vie, à la vie… Partir, loin de ce pays que j’aimais trop déjà… En dépit du fait que je n’ai absolument pas le pied marin !

A dix-sept ans, je noircissais des pages et des pages de cahiers colorés sans jamais me croire poétesse.

J’ai appris aussi que l’amitié pouvait écorcher durablement et l’amour marquer le cœur d’indélébiles blessures.

Mais, obstinément, follement, je croyais en la proche Révolution, en l’amitié et en l’amour plus forts que toutes les déchirures. Et je croyais « l’innocence consciente » supérieure à tous les désenchantements…

Et trente ans après, c’est cela qui demeure, intact, comme un diamant voué à la rédemption de la gangue…

J’ai dit au garçon de  la photo que c’est son innocence qui m’avait attirée et, qu’en dépit de nos déchirures respectives, nous avions tout ce qu’il nous reste de vie pour conjuguer les pages de notre histoire en « innocence lucide »…
C’est la même innocence qui me permet de me mettre à nu aux yeux de ma fille aînée en partageant avec elle une expérience de dessin automatique. Je savais que mon dessin lui dirait tant de mon état de ce soir mais nos innocences respectives et le respect qui nous lie méritaient cette audace…

Oui en trente ans, il m’est arrivé et il m’arrivera encore peut-être parfois de rêver de partir (il y tant de façons de partir !), de larguer les amarres d’une vie dont j’ai le sentiment de ne pas posséder les codes.

Mais par-dessus tout j’aime la vie dont j’ai appris qu’un creux n’est là que pour vous impulser le courage de toucher le fond pour vous hisser jusqu’à la prochaine crête.

J’aime la vie dont les petites joies simples composent la toile bigarrée du bonheur et dont les larmes peuvent être douces…

Oui, en vérité, trente années plus tard, je peux dire que j’aime MA vie et que je ne regrette rien, pas même les trébuchements qui m’auront permis de fortifier la résistance de mes jambes. J’aime ma vie en son non-sens et en son tout-sens.

J’aime ma vie parce que c’est ce que j’ai pour grandir et mourir un jour en rêvant de Sagesse…

Nicole Cage,
Schœlcher, 
11 et 12 septembre 2012

mardi 11 septembre 2012

A DAY...


A day to remember,
a day in September,
a day, a morning,
a day of mourning,
a day when heroes
died in volcanoes,
a day when allegiance
stood in defiance,
a day when resilience
tied the knots of alliance,
a day when a nation
stood and became one,
a day when the world
spoke but one word,
a day when the bell
survived a day of hell...


.
Boucan,
volcan,
pluie
de morts,
bain
de sang,
corps
sans vie,
cuits,
hommes
de bronze
sans membre
crevés
aux pavés,
sans cercueil,
cris
d'effroi,
peur
sans voix,
puanteur
dans l'air,
chairs
griés,
brulés
comme
une feuille
de papier
deux tours
en un jour,
effondrés
un matin
de onze
Septembre...


A la mémoire des victimes du 11 Septembre, un poème sans verbe...


Guy Caïmite

lundi 10 septembre 2012

Regarder la réalité


« Ceux qui refusent de regarder la réalité Appellent leur propre destruction Tout simplement. »

de James Baldwin

Extrait des Chroniques d'un pays natal

dimanche 9 septembre 2012

Rivières et cascades, la Jamaïque une perle d'eaux dans la Caraibe


Le territoire jamaïcain se compose de son littoral, de ses plaines dont cinq grandes plaines : Saint Jago, Vere, George's, Liguanea et Pedro, utilisées principalement pour l'agriculture. Le reste de la superficie de l’ile est occupée par les montagnes, car en plus des BLUE MOUNTAINS du sud-est, l’ensemble des sols est relativement montagneux, pour une altitude avoisinant les 300 mètres.

Cette forte densité montagneuse a une incidence géomorphologique sur l’hydrologie. Plus de 120 rivières irriguent la Jamaïque en partant du centre montagneux vers les côtes littorales.

Les cours d’eau situés sur la côte nord de l’ile, s’ils sont plus courts, ils sont néanmoins plus rapides que ceux qui situés sur la côte sud.

Les rivières ayant un débit rapide sont utilisées pour l’irrigation agricole des zones de plaines et aussi dans les BLUE MOUNTAINS, mais ces rivières servent également pour le transport et la production d’électricité. Les plus rapides étant la Black River, le Rio Cobre, le Rio Grande, la Martha Brae River et la Milk River. Les rivières à plus fort ou gros débits sont : le Black River, le Rio Cobre, le Rio Grande, la Martha Brae River et la Milk River.

La Jamaïque recèle plusieurs sources d’eau minérales reconnues pour leurs vertus thérapeutiques, certaines sont équipées d’installations thermales avec ou sans hébergement. Parmi ces lieux de cure il y a le Rockfort Mineral Bath, le Milk River Bath, le Centre thermal de Grand Lido Sans Souci ainsi que le Bath Fountains. Les rivières ainsi que les plages de la Jamaïque ont particulièrement inspiré Ian Flemming pour les fameuses aventures de son agent secret, le cinéma dans son ensemble a utilisé les cours d'eaux de l'île dans la production de films.

Le thermalisme et les réalisations cinématographiques ne sont pas les seules attractions des rivières jamaïcaines, en effet des activités de tourisme sont organisées le long des cours d’eau, tels que les descentes en bouées, le rafting, le canyoning, les excusions en bateaux …etc.

Nichées dans un paysage verdoyant et luxuriant, les rivières, les sources, les grottes, les gorges et les nombreuses cascades de la Jamaïque sont toutes remarquables, des espaces naturels sauvages à découvrir sans aucune hésitation.

Emmanuelle Bramban

LES BLUE MOUNTAINS : Une île de la Jamaïque forte en café !



BLUE MOUNTAINS, est le principal massif montagneux de la Jamaïque, situé au sud oriental de l’ile qui s’étend sur 194 000 hectares, soit 6% du territoire jamaïcain, avec comme point culminant le Blue Mountain Peak à 2 256 mètres d'altitude.

Ces montagnes fréquemment embrumées dégagent une atmosphère bleutée d’où leur célèbre nom, elles regorgent d’une multitude de cascades, de rivières, de sources chaudes et de grottes, qui sont autant de cadres différents à découvrir et ayant leur beauté propre.

C’est un lieu idéal pour les amoureux de trekking, l’endroit est réputé pour ses randonnées, il est particulièrement prisé par les sportifs de haut niveau. En plus des randonnées, de nombreuses excusions y sont organisées, des activités nautiques sont aussi praticables.

Les BLUE MOUNTAINS, sont un espace naturel d’une luxuriance extraordinaire qui abrite une flore comptant jusqu’ à 800 variétés de plantes endémiques, ainsi qu’une faune très riche, il y est recensé par exemple 200 espèces d’oiseaux, mais aussi des espèces animales rares. Sur le Peak où la beauté du panorama est à couper le souffle on se retrouve au milieu de fougères arborescentes, de lianes, de mousse et de bambous qui ne fleurissent qu’une fois tous les 30 ans. La haute altitude du Peak notamment, les conditions climatiques extrêmes, la richesse du sol calcaire recristallisé et dolomite ont également favorisé ce pourquoi ces montagnes sont mondialement célèbres, à savoir son café.

En effet, le BLUE MONTAINS COFFE est ce café légendaire, la star des café qui pendant longtemps a été le café le plus cher au monde. Il a été récemment détrôné en 2007 par le Bourbon Pointu de l’ile de la Réunion (vendu à 460 euro le kilo) et le Kopi Luwak (issu des excréments d’une civette en Asie). Quoiqu’il en soit le BLUE MONTAIN COFFE jouie d’une réputation hautement qualitative, c’est un arabica qui a du corps mais qui n’en a pas l’amertume. Outre sa belle robe, voilà où réside toute la force du café BLUE MOUNTAIN, sa grande distinction, c’est cette incroyable douceur en bouche qui en fait un café des plus savoureux à déguster au monde. Le Typica arabica est la variété dominante qui recouvre environ 90 % des surfaces plantées, il a un rendement extrêmement faible, ce que compense largement sa haute qualité à la tasse, la production est exportée à 65 % dont 95 % vers le marché asiatique, les autres 5% se répartissent sur les Etats-Unis, le Canada, l’Europe, l’Australie, l’Argentine ainsi que vers d’autres pays émergents. Anciennement c’était le Canada le premier importateur du café jamaïcain, suivi par les Etats-Unis mais ces deux pays ont exercé une telle pression à la vente sur les caféiculteurs jamaïcains que leur production ne pouvait suivre ni la demande ni la qualité. Une crise à eut lieu en 1942 et 1943. Désagrément fort salutaire qui a conduit à la création du Coffee Industry Board chargé du triage qualitatif des graines afin d’avoir à la torréfaction un produit uniforme. Suite à cela, les deux importateurs ont repris leurs commandes mais le BLUE MONTAIN COFFE ayant gagné, grâce à ce moment délicat, en valeur ajouté, a après son indépendance depuis diversifié son marché d’exportation et les premiers importateurs historiques sont aujourd’hui minoritaires.

Les BLUE MOUNTAINS sont donc, d’une richesse extraordinaire, un atout indéniable pour la Jamaïque, tant pour son économie agro-industrielle que pour son tourisme, mais ces montagnes bleues magnifiques sont également une des merveilles de la Caraïbe.

Emmanuelle Bramban

Pour mes 50 ans


Me voilà franchissant la barre symbolique de la cinquantaine, étrennant mon entrée dans le cercle des personnes du troisième âge.

Barbe blanche et cheveux blancs me siéent désormais, la sagesse censée m'accompagner à l'automne de ma vie.

Me voilà fagoter pour un chemin décennal devant me conduire vers la soixantaine.

Je me retourne et me dis : - hier encore j'avais vingt ans.



Evariste Zephyrin

Frankétienne et les quiproquos de la gloire




EN RELISANT FRANKÉTIENNE

J'écris ces lignes au lendemain d’une journée pas comme les autres, une journée d’un grand poisson d'avril, une journée tête chargée dirait-on, en relisant Frankétienne (occasion du 76e anniversaire de sa naissance)Honnêtement, j’avoue que le côté superficiel, tapageur et la mégalomanie de l’homme me laisse froid. «Moi, je suis un génial mégalomane, le plus grand écrivain de tous les temps !» Qu'on l'exalte tout haut comme un prophète ou qu'on l'accable tout bas comme un fou - Toute cette mise en scène, qui prolonge de jour en jour et dilate par delà du temps l'aspect le plus vain de son génie, n'arrive pas à m'arracher autre chose qu'un sourire très voisin du bâillement.  

Il y a là l'immensité et la polyvalence de son génie, bien sûr, indépendamment du mensonge publicitaire et des propagandes qui se servent effrontément de lui. Dans l’une des entrevues que j’ai lues, le chef de fil du spiralisme a eu toutes les misères du monde à concrétiser et à définir pour les uns et pour les autres, son mouvement. Il n'est pas facile d'explorer un pays qui s'étend sous tant de climats ou d'alternance. Des montagnes, des déserts et des forêts vierges décourage sans cesse le voyageur : on se contente d'établir quelques comptoirs aux points les plus abordables de la côte.

Tout cela se croise et s'entrecroise, se mêle ou s'entremêle dans un étrange tissu dont l'absence d'unité défie tout essai de définition. Tour à tour - si ce n'est simultanément ! - superficiel et profond, grotesque et sublime, attardé dans le passé et happé par l'avenir, irréaliste jusqu'au gros bon sens et rêveur jusqu'au délire, romantique jusqu'à l'épanchement fluvial et classique jusqu'à la sécheresse lapidaire, il épouse toutes les formes de l'expression de la pensée, et le critique ne trouve aucun lien qui puisse embrasser cette Gerbe-Frankétienne. ‘’L'œuvre n'appartient à personne dit-il ; elle appartient à tout le monde. En somme, elle se présente comme un projet que tout un chacun exécutera, transformera, au cours des phases actives d'une lecture jamais la même. Le lecteur, investi autant que l'écrivain de la fonction créatrice, est désormais responsable du destin de l'écriture’’ peut-on lire dans Ultravocal pp. 11-12.

Mais en réalité : ‘’ce grimoire que le génie de Frankétienne fructifie est souvent trop abstrait et trop obscur pour le commun des mortels, il nous repousse. […] Voici pourquoi notre cher Frankétienne traîne autant dans la fange. Par esprit de révolte franche face à toute utilisation de gant pour modeler la littérature, elle doit être dite avec des mains non lavées in contrario d’un James Noël (Je suis celui qui se lave les mains avant d'écrire) qu'il a lui-même introduit.’’ Ici Je reprends mot pour mot le paragraphe d’un texte critique du poète Fabian Charles, paru dans la revue Parole en Archipel, intitulé Entre Le sphinx en feu d'énigme et Le testament des solitudes.

Narrations. Descriptions. Monologues. Rumeurs de voix. Personnages ballottés entre la vie et la mort avec textes éparpillés. Mais la formule c'est de les accueillir en vrac avec leurs épis plus ou moins bien venus, leurs fleurs et leurs ronces. C’est ce que veut la loi de la spirale. Et l'auteur n’a aucune considération pour ceux qui osent attaquer (par lucidité ou par méchanceté ?) à la gigantomachie des côtés illisibles de son esthétique du chaos : Il y a des apprentis critiques, des machòkèt littéraires, des journalistes complaisants et des lecteurs débiles, irréductiblement hostiles à toute forme de modernité, ils ne savent pas que la création est une démarche fondamentale d’innovation perpétuelle et de renouvellement incessant, un défi exaltant contre les stéréotypes du déjà-là, du déjà-vu, du déjà-entendu, un pari fécond ouvrant les champs de réflexion à travers la mise en forme des questions humaines essentielles. Mouvance du savoir, des livres qui dérangent. Certains intellectuels prisonniers d’un classicisme étroit me reprochent de ne pas être transparent et accessible au premier degré, je sais comment ils ont toujours eu peur de lire mes œuvres qui les dérangent énormément, mouvance du savoir, des livres qui dérangent, énormément.  

En ayant tout dit, la spirale n'a pas manqué de se contredire d’user et d’abuser du droit qu'ont tous les grands esprits d'accueillir les aspects les plus contrastés du réel. N’en tenons pas rigueur : l'ampleur de ses oscillations, voire de ses contradictions, nous donne la mesure de son génie. Il n'est pas de surabondance sans gaspillage. La spirale créatrice d'images et de rythmes, et c'est toute une cathédrale étrange dans la graisse des ténèbres. Dans la spirale tout est énorme y compris l’éclat et le mauvais goût. Mais ceux qui, dans cet univers, ne veulent connaître que le pays plats révèlent par là qu'ils manquent de souffle pour explorer les sommets et les abîmes. Pour moi qui ne revendique que l'humble privilège d'avoir médité une œuvre (ici le temps fait quelque chose à l'affaire... et la critique demeurera une césarienne de la littérature.) Mais comme il s'agit d'un homme dont la gloire éclate à tant d'autres titres, de rares personnes s'avisent de le commenter.

La Pensée-Frankétienne ressemble au jaillissement d'un geyser. Les insanités et les utopies y surabondent, c'est la part de fumée dont s'accompagne le bouillonnement  d'eau brûlante qui barbote dans l’horrible chaudière de la sorcellerie. On erre longtemps dans les vapeurs, mais, pour peu qu'on s'approche du centre, on se sent touché par un feu qui sort des entrailles de l'abîme. Telle ou telle Formule-Frankétienne rend un son d'éternité. Chez lui les mots s'inventent, se créer et ne se datent jamais parce qu'ils prennent leur source hors du temps. Ils touchent à cette limite suprême où le verbe humain se noue au silence des dieux. Allez comme moi, faites l’expérience de Lecture-Frankétienne. Lisez ! Une écriture en qui tout se fond, mais de qui tout se diffère.

Comme l’a si bien mentionné l'écrivain djiboutien Abdourahman A. Waberi dans une note pour L’oiseau schizophone, Ed. Jean-Michel Place : Enfin, la meilleure façon de faire sentir aux lecteurs toutes les qualités de roman peu ordinaire et surtout de sa langue chaotique, tour à tour lyrique, poétique, politique et scatologique, c'est de citer de longs extraits. Car il y a des pépites à toutes les pages. Des aphorismes à tout bout de champ. Des inventions à tire-larigot : "Elle dégoulottait de scandaleuses onomatopées, débobinait les interminables déblosailles quotidiennes, défilaunait toute la poésie de l'univers et les treize grands mystères de la vie dans une absolue totalité synchronique, passé présent futur confondus...". On ne comprend pas toujours les mots comme dans cette phrase, et je pourrais en citer des milliers :" Parlumier nuride chidillant la vadilure du québard, l'ilburie d'un asiboutou lordiné de quirame et d'alguibar" (p.218-219). Mais on peut se laisser emporter par le souffle. Car plaisir il y a, pour qui sait patienter, et pour les yeux et pour l'oreille. On l'aura compris, l'oeuvre de Frankétienne est un ovni littéraire.

J'ai écrit une oeuvre épique pour cinq siècles et pic à venir  
Et après ?  
Il n'y aura plus de littérature.  
Comment ?  
Le livre n'aura été qu'une fleur éphémère de la pensée dans l'aventure humaine
       
À propos de L'Oiseau schizophone. Il faut d'abord savoir gré aux courageuseséditions Jean-Michel Place d'avoir osé publier intégralement cet immense pavé de 812 pages en fac-similé (avec les dessins originaux de l'auteur) dans un Paris éditorial plutôt frileux et accoutumé aux romans-kleenex de 120 pages dépourvus de substantifique moelle épinière : nous dit Abdourahman A. Waberi. On se demande même si lesdites éditions n'ont pas voulu se compliquer encore la tâche en commençant la publication de l'oeuvre de Frankétienne […] fin de citation.

Le prophète prophétise dans les deux sens. Fâcheux pour l'honneur de l'espèce humaine que sa vision noire de l'avenir se soit révélée plus exacte que sa vision rose. Il ne s'agit pas de verser dans une apologie intemporelle qui est l'immense part verbale contenue dans son œuvre, de coup de gong qui résonnent sur du vide et n'emplissent en nous les oreilles et nos têtes enroulées dans la spirale. Lui seul a condensé et condamné le côté vain et outrecuidant de son génie. Mais je me demande si l'écrivain a compris jusqu'à quel point que ses mots peuvent trahir son verbe ? Je répondrai en répétant ce qu'Unamuno disait de Cervantès : Depuis quand l'auteur d'un oeuvre est-il le mieux qualifié pour la comprendre ? Ne suffit-il pas qu'il l’ait faite ? On espère quelquefois quand l’enfant a été compris par un étranger beaucoup mieux que par ses parents.  

Et ce qu’on retient de Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d'Argent c'est précisément cette idée du verbe intérieur, ce verbe trop souvent lapidé mais vivant encore, sous l'entassement sonore des mots, qu'on en a jamais compris ni cerné le vrai sens et la profondeur. Mais on a toujours tendance comme bien d'autres à préférer le Chevalier des Arts et des Lettres, le Nobélisable, L’Artiste UNESCO pour la paix qui a su trouver sans chercher à tant d'esprits aussi distingués que stériles qui passe leur vie à chercher et ne trouvent rien.-


Thélyson Orélien,
Blogueur, chroniqueur et poète
Rédacteur de Parole en Archipel
Montréal-Est, le 07 Septembre 2012

FAITES SORTIR LES ELFES !

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