Affichage des articles dont le libellé est poesie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est poesie. Afficher tous les articles

lundi 16 septembre 2019

les grands vents (florette morand)



Sont venus les grands vents
Les grands vents de la mer
Les grands vents déchaînés
Évadés de l’enfer
Sont venus fous de rage
Écumants
Affamés
Ils sont venus bavant confettis de feuillage
Arrachés par leur meute aux forêts outragées
Ils sont venus grondant, hurlant
Et flagellant le front de ce pays,
Leurs feulements faisaient
Trembler d’effroi les cases
Qu’ils n’avaient pas saisies
Dans l’horreur de leurs crocs,
Sur eux le ciel crevé
Déversait ses écluses comme pour
Dissiper la fureur de leurs griffes.
Ils n’ont pas eu pitié !
Ils ont assassiné les arbres sur la route.
Ainsi que des gisants les troncs amoncelés
Ne laissaient pas passer l’espoir.
Sur leurs traces signaient bananiers abattus,
Champs détruits, canne à sucre
Morts sur le ventre de la terre.
Et des débris virevoltaient
Avec ce qui fut des toitures
Des demeures décapitées.
Sont venus les grands vents déchaînés de la mer.
Ils s’en allaient errant
Aux portes barricadées contre eux.
O ce jour fatal de septembre ! …
Tapi dans le noir nul n’a su
Ce que voulait encore reprendre
Le cyclone d’apocalypse.
Sont partis les grands vents déchaînés vers la mer
Ils sont partis en laissant leur effluve de fauves
Larmes, ruines et deuil…

Florette Morand est née en 1926 à Morne-à-l'Eau en Guadeloupe. C'est un poète de notoriété internationale. Elle fut lauréate de plusieurs Concours de poésie et récompensée à deux reprises par un prix de l'Académie Française en 1960 pour "Chanson dans ma Savane" et en 1967 pour "Feux de brousse".

lundi 18 juillet 2016

14 Juillet

étoile filante verte
dans notre ciel
Bleu
bouquet d’artifice
Blanc
dans nos yeux 
Rouges
du sang 
d’un camion fou. 

Anick Roschi
Nice 2016

lundi 26 mai 2014

Leçon de grammaire


Je suis, tu es, elle est
et lui aussi ;
et tous ceux qui étaient, qui furent
et sont très bien.

Nous sommes, nous serons
nous-mêmes ; elle et lui
seront côte à côte et moi, qui ai été,
je serai.

Et si le hasard voulait que quelqu'un
qui n'avait pas été ce jour-là fût,
qu'il soit le bienvenu ! car l'important c'est d'être
et que tout le monde soit.

David Fernandez (1940)

vendredi 8 mars 2013

Ces mots LA FEMME ET LA FLAMME / AIME CESAIRE (1913-2008)



En mémoire de ma mère trop tôt disparue
Pour ma fille
Pour ma Femme
Pour les femmes de mon Pays et toutes les femmes du monde.

Un morceau de lumière qui descend la pente d’un regard
l’ombre jumelle du cil et de l’arc-en-ciel sur le visage
et alentour
qui va là angélique 
et amble
Femme le temps qu’il fait
le temps qu’il fait peu m’importe
ma vie est toujours en avance d’un ouragan
tu es le matin qui fond sur le fanal une pierre de nuit 
entre les dents
tu es le passage aussi d’oiseaux marins
toi qui es le vent à travers les ipoméas salés de la connaissance
d’un autre monde s’insinuant
Femme 
tu es un dragon dont la belle couleur s’éparpille et s’assombrit
jusqu’à former l’inévitable teneur des choses
j’ai coutume des feux de brousse
j’ai coutume des rats de brousse de la cendre et des ibis mordorés
de la flamme
Femme liant de misaine beau revenant
casque d’algues d’eucalyptus 

l’aube n’est-ce pas
et au facile des lisse
nageur très savoureux

Aimé Césaire

mardi 12 février 2013

Etoiles

Photographie : Christine Le Moigne-Simonis

             
              Au bout du désespoir
                  toute innocence bue
              nous mettrons à la cape
              dans une crique sombre
             et lancerons nos barques
                 vers la terre sacrée
            où les étoiles sont fertiles

                                                    ©José Le Moigne
                                                    La louvière
                                                    9 février 2013

jeudi 3 janvier 2013

le jour nuit


Quand la lumière disparut, les ténèbres envahirent le ciel. Voilà une tragédie qui se déroule présentement, actuellement, depuis ce matin sous mes yeux. Ce jour dégorge d’obscurité,   expulsant sa sombreur de partout d’où je me retourne, comme si la nuit était advenue.

Un nocturne adventif à l’hiver, du moins inaccoutumé, faisant de janvier novembre. 

Face à la tristesse du jour, on se recroqueville, on s’engonce dans la mélancolie, on se réchauffe de pensées heureuses ou lumineuses, et on se met à rêver d’Egypte, d’Afrique.

Cela suffit, j’exhorte le retour de la lumière, je semonds le soleil au banquet du jour !


Evariste Zephyrin

dimanche 9 décembre 2012

Espoir




Fraîche comme un matin en plein midi
comme une aube à l'aurore,
comme un souffle expirant une trace de vie,
comme une étoile rivalisant avec un soleil
je recherche une émotion qui m’éblouit
un corps sur lequel je m'arc-bouterai.

Evariste Zephyrin

jeudi 15 novembre 2012

La chair abattue



Pour saluer la mémoire de Damaël D’Haïti, un jeune étudiant haïtien froidement assassiné samedi soir par un policier à l'enceinte même de l'Université d'État d'Haiti.-

pour ta liberté
tu as lutté
tu as survécu
tu saignes et tu meurs

pour ta liberté
tes bras comme un arbre charnel
généreux et captif
tu les donnes au chirurgien


pour ta liberté je sens davantage de cœurs
le sang dans ta poitrine
donne de l’écume
à mes veines

ils se défont violemment
de tes pieds
de tes bras
de tout
ceux qui ont roulé ta statue dans la fange

parce que là où les orbites vides verront le jour
elle mettra deux pierres
qui regarderont le futur
et elle fera que de nouveaux bras
et de nouvelles jambes repoussent
dans ta chair abattue


les reliques de ton corps
perdus à chaque blessure
parce que tu es comme l'arbre abattu
qui reverdit
parce que tu es encore en vie

Thélyson Orélien
Anjou, 14 novembre 2012



mardi 22 mai 2012

Retour à Saut-Argis



Saut Argis
Les sous- bois
Déroulaient l'alluvion
Un souvenir
Soudain cascade
Son halo d'illusions
Un brin d'amour fougère l'espoir
De  millefeuilles olirons renaissants
Crédo fragile
A Saut-Argis
Crédo d'argile
Sur la pierre alanguie

Jocelyne Mouriesse

mercredi 25 avril 2012

Le monde de mes rêves


Je rêve d’un autre monde…

Un monde qui à ciel ouvert
Ne serait plus un enfer.

Un monde où le cri des innocents
Ne serait plus maculé de sang.

Un monde où la beauté des fleurs
Ne n’aurait point le reflet de l’horreur.

Un monde où nos différences
Ne nuiraient point à notre existence.

Un monde où nos larmes pour l’essentiel
N’auront que le goût du miel.

Un monde où lui, toi comme moi
Jouirons des mêmes droits.

Un monde où en harmonie avec dame nature
Nous bâtirons ensemble notre futur.

Un monde où nos joies et nos peines
Seront plus forts que la haine.

Un monde qui pas plus qu’à toi qu’à moi
Serait l’archive de nos émois.

Ce monde dont je rêve
Il n’existe pas que dans mes rêves
Mais aux premières heures d’Adam et Eve
Au temps du jardin d'Eden
Où l’on vivait à perdre haleine
Sans peine et sans haine.

Philippe PILOTIN

samedi 26 novembre 2011

A toutes les femmes


...
Je voudrais au ciel
une étoile cueillir,
la pendre à un arc en ciel,
et ta beauté fleurir.
toi,l'essence de la passion,
le sens de notre raison,
la perdre ou te louer
Femme, car tu es le charme,
le compliment qui nous désarme,
le complément de l'Eternite ...


Guy Cayemite


A toutes les femmes
Occasion journée internationale
violence contre les femmes...

lundi 3 octobre 2011

Défuner des fulgurances vérécondieuses


Et ton rire vient à me manquer comme ton sourire
En ce jour ou je te cherche dans mes absences
Femme dont le corps long et souple s’élance fière
Ambulant journellement dans  mes effervescences.
Toi  avançant  dans ma rue d’obsolescence.
De ta  démarche altière et hautaine
Je te guette au coin de mes souvenances
Toi ma muse, mon inspiratrice, ma reine
Mais encore  enfant du bateau négrier
Tu désinsères les trames, ténorises le drame
Messéant l’irrationnelle, couvant la fragilité
Toi mon égérie, ma respiration, mon âme
Et ton sourire vient à défaillir comme ton rire
Demain ta silhouette démanchera de mes sens
Femme dont le corps saillant et souple s’étire
déambulant journalièrement dans ses réticences

Evariste Zephyrin

samedi 1 octobre 2011

Octobre

On se serait cru en été, une belle journée ensoleillée avec un beau ciel bleu et  des températures estivales. Pas un bruit, pas d’enfants qui se houspillent ou se chamaillent,  et le silence.

E-Z

samedi 17 septembre 2011

Laronn Pawol


Le World Poetry Movement organise des lectures de poésie à travers la planète pour y insuffler paix et solidarité humaine.
Ce samedi, la rencontre est placée sous le signe du partage : paroles, chant musique, danse, expression artistique sous toutes ses formes.
Le Jardin Littéraire ouvre son espace à TOUS.
Ont dors et déjà répondu présent : Les Griots de la Martinique - Papa Slam - Manndja - Neg Madnick- Faubert Bolivar- Nicole Cage- Ymelda - Doré Solo - Francky Joseph.


samedi 24 septembre · 18:00 - 23:00
Le Jardin Littéraire
Place de La Savane
Le Fort-de-France, Martinique

mardi 13 septembre 2011

ANAGRAMMAIRE, Ousmane Sarr- SARROUSS ( Harmattan juin 2011)



Oh Peuples Augustes voici l’ANAGRAMMAIRE
Ma main m’avait dit que seul j’ANAGRAMMERAI
Devant le soleil chaud je déploie mon SYNTAGME
De soleil d’Espoirs comme aux concours d’un GYMNASTE
Voici l’Anagrammaire les NECTARS aux CARNETS
Comme cette musique sur ces ENCARTS CRANTÉS
Voici l’Anagrammaire vois cette RARETÉ
Dans tous les coeurs de cire je trace une ARTÈRE
Volcan calme poursuis ce mystère et RETRACE
Par ce doigt ARRÊTÉ l’insondable CRATÈRE
Esprits ÉVASANTS ouverts à la PARODIE
Aux rhapsodies SATURÉES de ma main PODAIRE
Par ce PRÉSAGE les ARPÈGES aux CAHIERS
J’ASPERGE ma liqueur sur l’autel les CHAIRES
REMANIANT les cordes de douceur qu’on RACONTE
Qu’un jour le Grand Griot aux enfants CONTERA
Et pour chaque Africain sur le coeur qui CHAVIRE
Ma main signera l’unique sceau qu’elle ARCHIVE
Nulle CHARITÉ glanée de voix en GLANAGE
C’est mon allant mental se mêlant au LANGAGE
Voici l’Anagrammaire pour les plaies BÉANTES
À l’âme des IRRADIÉS des voix ABSENTES
GAGEANT au TANGAGE des vies partout PALPÉES
Les honneurs salvateurs des ancêtres APPELÉS
Avisez les Peuples Noirs sur l’ASPECT VARIÉ
De purs PACTES de coeurs pour l’Afrique RAVIE
APTÉS nerf-COMBINÉ
L’oxygène par pouls C
On verra bien Poètes pour COMBIEN il INCOMBE
CROISER les CORNES d’un SORCIER et s’OPPOSER
À travers RONCES pour dire ce qu’on PROPOSE
Regards de buffles aux narines sans RINCAGE
Les yeux dans les yeux si le nerf rouge qu’on CRAIGNE
Une idée un jour une pensée un mois cent BRUITS
Tout ceci est né une année dans nos TRIBUS
Renaitront les espoirs qu’un seul doigt doit GRADUER
Aux lueurs des souffrances paysages à DRAGUER
Pour RAVIVER ce revival et REBATIR
Cette Renaissance fertile sans ARBITRE
Au gout du jour des soirs par ordre au LEVURAGE
D’un soleil accablant l’autre sans l’AVEUGLER
L’albatros et les cygnes de nuits VITALES
Réveillés par ce premier rayon ESTIVAL


Écris pour la Paix et l’Amour coeur CIMENTÉ Crois à tes richesses n’envie aucun CENTIME Écris pour ta Mère et pour ce combat CONCRET Vois les SIGNES les SINGES dans ce grand CONCERT Écris ton nom dans le ciel d’un blanc STAMINAL Jouis du bonheur procuré comme un TALISMAN Ne repose pas sur ces victoires GLANÉES Sur la vie avance et retourne au SÉNÉGAL.


Voici l’Anagrammaire vois cette RARETÉ Dans tous les coeurs de cire je trace une ARTÈRE Volcan calme poursuis ce mystère et RETRACE Par ce doigt ARRÊTÉ l’insondable CRATÈRE.

lundi 28 mai 2007

Aimé CÉSAIRE extrait du recueil de poésie Ferrements

un brouillard monta
le même qui depuis toujours m'obsède
tissu de bruits de ferrements de chaînes sans clefs
d'éraflures de griffes
d'un clapotis de crachats
un brouillard se durcit et un poing surgit
qui cassa le brouillard
le poing qui toujours m'obsède
et ce fut sur une mer d'orgueil
un soleil non pareil
avançant ses crêtes majestueuses
comme un jade troupeau de taureaux
vers les plages prairies obéissantes
et ce furent des montagnes libérées
pointant vers le ciel leur artillerie fougueuse
et ce furent des vallées au fond desquelles
l'Espérance agita les panaches fragiles des cannes à sucre de janvier
Louis Delgrès je te nomme
et soulevant hors silence le socle de ce nom
je heurte la précise épaisseur de la nuit
d'un rucher extasié de lucioles…
Delgrès il n'est point de printemps
comme la chlorophylle guettée d'une rumeur émergeante de morsures
de ce prairial têtu
trois jours tu vis contre les môles de ta saison
l'incendie effarer ses molosses
trois jours il vit Delgrès de sa main épeleuse de graines ou de racines
maintenir dans l'exacte commissure de leur rage impuissante
Gobert et Pélage les chiens colonialistes
Alentour le vent se gifle de chardons
d'en haut le ciel est bruine de sang ingénu
Fort Saint-Charles je chante par-dessus la visqueuse étreinte
le souple bond d'Ignace égrenant essouflée
par cannaies et clérodendres la meute colonialiste
Et je chante Delgrès qui aux remparts s'entête
trois jours Arpentant la bleue hauteur du rêve
projeté hors du sommeil du peuple
trois jours Soutenant soutenant de la grêle contexture de ses bras
notre ciel de pollen écrasé…
Et qu'est-ce qu'est-ce donc qu'on entend
le troupeau d'algues bleues cherche au labyrinthe des îles
Voussure ombreuse de l'écoute
la seule qui fût flaireuse d'une nouvelle naissance
Haïti aisance du mystère
l'étroit sentier de houle dans la brouillure des fables…
Mais quand à Baimbridge Ignace fut tué
que l'oiseau charognard du hurrah colonialiste
eut plané son triomphe sur le frisson des îles
alors l'Histoire hissa sur son plus haut bûcher
la goutte de sang je dis
où vint se refléter comme en profond parage
l'insolite brisure du destin…
Morne Matouba
Lieu abrupte. Nom abrupt et de ténèbres En bas
au passage Constantin là où les deux rivières
écorcent leurs hoquets de couleuvres
Richepanse est là qui guette
(Richepanse l'ours colonialiste aux violettes gencives
friand du miel solaire butiné aux campêches)
et ce fut aux confins l'exode du dialogue
Tout trembla sauf Delgrès…
O mort, vers soi-même le bond considérable
tout sauta sur le noir Matouba
l'épais filet de l'air vers les sommets hala
d'abord les grands chevaux du bruit cabrés contre le ciel
puis mollement le grand poulpe avachi de fumée
dérisoire cracheur dans la nuit qu'il injecte
de l'insolent parfum d'une touffe de citronelle
et un vent sur les îles s'abattit
que cribla la suspecte violence des criquets…
Delgrès point n'ont devant toi chanté
les triomphales
flûtes ni rechigné ton ombre les citernes
séchées ni l'insecte vorace n'a patûré ton site
O Briseur Déconcerteur Violent
Je chante la main qui dédaigna d'écumer
de la longue cuillère des jours
le bouillonnement de vesou de la grande cuve du temps
et je chante
mais de toute la trompette du ciel plénier et sans merci
rugi le tenace tison hâtif
lointainement agi par la rigueur téméraire de l'aurore !
Je veux entendre un chant où l'arc-en-ciel se brise
où se pose le courlis aux plages oubliées
je veux la liane qui croît sur le palmier
(c'est sur le tronc du présent notre avenir têtu)
je veux le conquistador à l'armure descellée
se couchant dans une mort de fleurs parfumées
et l'écume encense une épée qui se rouille
dans le pur vol bleuté de lents cactus hagards
je veux au haut des vagues soudoyant le tonnerre de midi
la négrillonne tête désenlisant d'écumes
la souple multitude du corps impérissable
que dans la vérité pourrie de nos étés
monte et ravive une fripure de bagasses
un sang de lumière chue aux coulures des cannaies
et voici dans cette sève et ce sang dedans cette évidence
aux quatre coins des îles Delgrès qui nous méandre
ayant Icare dévolu creusé au moelleux de la cendre
la plaie phosphorescente d'une insondable source
Or
constructeur du cœur dans la chair molles des mangliers
aujourd'hui Delgrès
aux creux de chemins qui se croisent
ramassant ce nom hors maremmes
je te clame et à tout vent futur
toi buccinateur d'une lointaine vendange.

FAITES SORTIR LES ELFES !

Allocution de Patrick Chamoiseau. Réception du Prix de l’excellence à vie au Center For Fiction de New York. 10 décembre 2024. L’écrivain is...