vendredi 18 avril 2008

Un ancien communiste qui avait fondé son propre parti




Sophie Huet


Maire de Fort-de-France pendant plus d'un demi-siècle, cet homme de gauche avait fondé le Parti progressiste martiniquais, pour revendiquer une forme d'autonomie de l'île.

Aimé Césaire était la grande figure politique incontournable de la Martinique. Jusqu'à sa mort, les dirigeants de métropole se rendant aux Antilles, de Jacques Chirac à Nicolas Sarkozy, en passant par Dominique de Villepin et Ségolène Royal, n'ont jamais manqué de faire un pèlerinage chez lui.

Élu maire de Fort-de-France en 1945, à l'âge de 32 ans, Aimé Césaire restera à la tête de la ville pendant un demi-siècle (de 1945 à 2001). Il a également été député de la Martinique de 1945 à 1993, président du conseil régional de la Martinique pendant trois ans (de 1983 à 1986), et conseiller régional de 1945 à 1949, puis de 1955 à 1970.

Une communauté historique martiniquaise


Entré en politique avec le soutien du PCF, il s'oppose au Parti sur la question de la Hongrie et le quitte en 1956. Un an plus tard, il est le rapporteur d'une célèbre loi qui transforme en «départements » les vieilles colonies ultramarines, dont celles des Antilles.

En 1957, Aimé Césaire fonde le Parti progressiste martiniquais (PPM), qui revendique l'existence d'une communauté historique martiniquaise et veut jouer le jeu de la décentralisation.

Maire «honoraire » de Fort-de-France jusqu'à son dernier souffle, Aimé Césaire vivait depuis de nombreuses années au milieu de ses souvenirs. Son bureau lui-même, situé dans l'ancienne mairie du chef-lieu de la Martinique, s'était transformé peu à peu en un musée de son vivant. Aux très nombreux clichés jaunis, qui en tapissaient les murs, où Césaire posait à tout âge, le visiteur, qui avait le privilège d'y pénétrer, pouvait encore découvrir, à l'abri de vitrines, une véritable collection de lunettes, ou encore de stylos-plumes, ayant appartenu au poète. Le temps semblait s'y être arrêté sans qu'on puisse néanmoins en fixer la date avec précision. Des portraits de lui, croqués sur un bout de papier, ou encore quelques statuettes tribales africaines, finissaient de compléter ce tableau un brin surréaliste, au centre duquel Aimé Césaire recevait ses invités.

Fidèle à sa doctrine, Aimé Césaire avait prévenu, fin 2005, qu'il ne recevrait pas Nicolas Sarkozy, qui devait se rendre aux Antilles comme ministre de l'Intérieur. «Je ne ­saurais paraître me rallier à l'esprit et à la lettre de la loi du 23 février 2005 », expliquait-il, en référence à l'article 4 «reconnaissant le rôle positif de la présence française outre-mer ». Il l'avait finalement reçu en mars 2006, lui offrant son célèbre Discours sur le colonialisme. Le président de la République a annoncé qu'il se rendrait aux obsèques du poète.

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