Il est des êtres d’exception, qui touchent à l’Universel et dont la disparition n’appelle que recueillement, tant leur voix résonne dans le silence.
Aimé CESAIRE est de ceux là, qui tout au long de sa vie a pris soin de rapprocher les mots et les hommes en une fraternité naturelle et indestructible.
De celui qui fut pendant un demi-siècle Député de la Martinique et Maire de Fort de France, je conserve la trace indélébile que laissent les Grands Hommes en raison de leur apport décisif au genre humain.
Car Aimé CESAIRE était bien plus qu’un notable à la vie couronnée de succès, plaçant ses pas dans le confort de la notoriété. Il allait toujours de l’avant, portant haut l’étendard de l’Identité qu’il associait en permanence aux valeurs de Liberté, d’Egalité et de Fraternité.
Ce militant inlassable de la Dignité humaine savait avec génie faire se rejoindre les routes de l’engagement et de la poésie. Il souhaitait que chacun soit pleinement ce qu’il doit être, qu’il considère l’autre comme son frère et que son frère le traite comme un égal.
Je mesure, pour bien connaître ces territoires qui font la fierté de la France, l’immense désarroi qui s’est emparé des populations d’Outre-mer, mais aussi de la Métropole, à l’annonce de la disparition d’Aimé CESAIRE.
Cette figure, à laquelle sont attachés indissolublement le respect et la reconnaissance de toute une Civilisation, nous laisse un leg infiniment riche, aux couleurs éclatantes et aux sons rythmés.
Relais moi-même des innombrables qualités de l’Outre-mer pendant la période où je fus en charge de ce domaine au sein du Gouvernement de la France, j’ai pu mesurer combien reste méconnue cette grande, cette immense culture dont Aimé CESAIRE s’était fait, avec lucidité et passion, le héraut.
Pour lui, chaque poème constituait un fragment de l’héritage précieux qu’il nous laisse et qui aujourd’hui attenue notre peine.
« Creuse encore plus profond
Et tu trouveras au fond de toi,
Par delà toutes les couches de civilisations ! »,
écrivait-il, pour appeler irrésistiblement l’homme à son Universalité, en même temps qu’au respect de son identité intime.
Cher Aimé CESAIRE, je voudrais vous dire, en ce jour d’émotion, que vous avez permis à beaucoup d’êtres humains d’aller à la rencontre de ce qui est en chacun de nous : la Vérité.
Nous partageons tous, aujourd’hui, le chagrin et la tristesse qui étreignent les populations françaises. Nous continuerons, grâce à vous, à emprunter les routes essentielles que vous avez ouvertes, celles de la Fraternité.
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