samedi 19 avril 2008

La foule des Martiniquais se recueille devant la dépouille d'Aimé Césaire



Une foule ininterrompue venue de toute la Martinique défilait samedi matin pour se recueillir devant la dépouille mortelle d'Aimé Césaire exposée au stade de Dillon à Fort-de-France, où doivent se dérouler dimanche les obsèques nationales du poète.

Le cercueil a été acheminé vendredi à travers la ville, sous les applaudissements de dizaines de milliers de personnes venues dire adieu au père de la "négritude", principal responsable politique de l'île pendant plus de 50 ans.

Samedi a été décrété journée de deuil et d'hommage en Martinique. Après jusqu'à deux heures d'attente, les Martiniquais, souvent venus en famille, les enfants vêtus de blanc en signe de pureté, s'arrêtent quelques secondes devant le cercueil vitré dont certains effleurent le bois.

"La mort de Césaire nous le révèle, on était loin de penser qu'il était universel. On a le sentiment qu'il est étonnamment actuel, alors que certains de ses écrits datent de si longtemps", confie France Jean-Charles, enseignant à la retraite avant de quitter le stade.

Plus que son oeuvre poétique, c'est de Césaire maire de Fort-de-France pendant 56 ans, à la tête du Parti Progressiste Martiniquais (PPM), qu'il se souvient. "Il fallait connaître Fort-de-France il y a une quarantaine d'années pour comprendre. On lui doit une reconnaissance éternelle", dit-il.

La veille populaire doit se poursuivre jusqu'à dimanche matin dans le stade, avant les funérailles nationales l'après-midi, en présence des personnalités.

Un hommage de la Nation à un écrivain qui ne compte que quelques précédents, Victor Hugo, Paul Valéry, en 1945, et Colette, en 1954.

Le président de la République, Nicolas Sarkozy, est attendu dimanche à Fort-de-France. D'autres, comme l'ex-candidate PS à l'Elysée, Ségolène Royal, sont déjà sur place et une importante délégation socialiste conduite par François Hollande, avec les anciens Premiers ministres Pierre Mauroy, Lionel Jospin et Laurent Fabius, était attendue samedi soir.

Un "hommage culturel" sera rendu à Aimé Césaire dimanche à 14H30 au stade de Dillon, où aucune cérémonie religieuse n'est prévue à la demande de la famille.

Vendredi, le passage du cortège transportant la dépouille du poète dans les rues de Fort-de-France a été accompagné par une foule dense, qui a applaudi chaleureusement ou scandé le nom de "Papa Césaire" au passage du cercueil.

"Tous les Martiniquais étaient suspendus à ses lèvres. Ici, on dit : c'est quand le bocal est cassé que le liquide se répand. C'est maintenant que son oeuvre va être vraiment connue", explique Denis Brafine, retraité de la Caisse d'assurances sociale, samedi au stade de Dillon.

"C'est le père assisté de ses enfants et de ses petits-enfants", dit-il en regardant la foule qui patiente pour lui rendre hommage : "En le voyant dans son cercueil, on a l'impression qu'il est encore avec nous".

AFP

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