dimanche 20 avril 2008

Fort-de-France se recueille lors des obsèques nationales d'Aimé Césaire


Seuls Victor Hugo, Paul Valéry et Colette avaient eu droit à un tel hommage. En réservant à Aimé Césaire des obsèques nationales, dimanche 20 avril, la France a accordé au poète de la "négritude" mort jeudi à 94 ans une marque de respect exceptionnelle. La cérémonie a débuté à 14 h 30 (20 h 30 à Paris) dans l'enceinte du stade de Fort-de-France, en Martinique, dont le poète était une figure de premier plan.
Plusieurs milliers de personnes ont pris place dans les tribunes du stade. Beaucoup sont venues en famille, vêtues de blanc, pour dire adieu à l'écrivain. Un grand portrait de Césaire, "prototype de la dignité humaine", selon le mot d'André Breton, ainsi que des extraits de son oeuvre, ont été exposés dans le stade, qui vibrait régulièrement aux ovations du public.

Autre signe de la considération qui entoure Césaire, nombre de personnalités politiques ont fait le voyage. Le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy était accompagné à Fort-de-France par le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, et les ministres Michèle Alliot-Marie, Christine Albanel, Yves Jégo, Rama Yade et Alain Joyandet.

Un fort contingent de gauche était également présent, avec le premier secrétaire du PS, François Hollande, et les anciens premiers ministres Pierre Mauroy, Laurent Fabius et Lionel Jospin. L'ex-candidate PS à l'Elysée, Ségolène Royal, est arrivée dès vendredi en Martinique. François Bayrou, président du MoDem, a également participé également aux cérémonies.

HOMMAGE CULTUREL PLUTÔT QUE RELIGIEUX

Craignant toute forme de récupération politique, la famille du défunt a cependant refusé que Nicolas Sarkozy prononce un discours lors de la cérémonie, qui devait consister en un hommage culturel, avec la lecture de plusieurs textes du poète.

Depuis son décès, jeudi à l'hôpital de Fort-de-France, les Martiniquais ont dit un adieu chaleureux à celui que beaucoup appellent "Papa Césaire", et qui fut pendant un demi-siècle député de l'île et maire de Fort-de-France.

L'hommage de la classe politique française à Césaire tranche avec l'absence, en 2001, du président de l'époque Jacques Chirac et du chef du gouvernement Lionel Jospin, aux obsèques, à Dakar, de Léopold Sédar Senghor, alors très mal ressentie par la population sénégalaise.
L'écrivain a choisi lui-même le poème qu'il souhaitait que l'on inscrive sur sa tombe au cimetière La Joyaux. Extrait de son recueil "Moi, laminaire" (1982), "Calendrier lagunaire" s'achève par ses vers : "La pression atmosphérique ; Ou plutôt historique ; A grandi démesurément mes maux ; Même si elle rend somptueux ; Certains de mes mots."

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