"Bien sûr qu'il va mourir, le rebelle...": la poésie d'Aimé Césaire a retenti dimanche à Fort-de-France (Martinique) lors des obsèques nationales du père de la "négritude", en présence de Nicolas Sarkozy et de milliers de Martiniquais.
Parmi les fleurs vertes et roses de balisier, les familles, souvent vêtues de blanc, étaient venues dire dans l'après-midi "Merci Aimé". "C'est le père assisté de ses enfants et petits-enfants", confiaient certains.
Pendant plus d'une heure, sous le soleil, les Martiniquais se sont retrouvés dans la gratitude et la ferveur, pour cet hommage exceptionnel dans le stade de Dillon, au centre duquel était exposé le cercueil. Un hommage national qui n'avait jusque-là été rendu qu'à trois écrivains, Victor Hugo, Paul Valéry et Colette.
"Tous les Français se sentent aujourd'hui Martiniquais dans leur coeur", avait affirmé Nicolas Sarkozy dans une brève déclaration à son arrivée à l'aéroport Aimé-Césaire de la ville, saluant "le défenseur infatigable de la dignité humaine et du respect des droits de l'homme". Le chef de l'Etat, qui a eu des relations difficiles avec l'ancien député-maire de Fort-de-France - qui avait refusé de le recevoir en 2005 en raison de la loi sur "le rôle positif de la présence française outre-mer", avant de le rencontrer l'année suivante - ne s'est pas exprimé au cours de cet "hommage culturel".
Ce sont les "mots de sang frais" de l'auteur du "Cahier d'un retour au pays natal" qui ont résonné par les bouches de comédiens antillais et africains.
Un grand portrait proclamait Césaire "prototype de la dignité humaine" (selon le mot d'André Breton), et des extraits de son oeuvre étaient déployés dans le stade. Une plaque de céramique portant le nom d'Aimé Césaire et "Liberté, identité, responsabilité, fraternité", avait été posée sur un fauteuil à l'intention du président de la République.
Alors que l'idée d'un transfert du poète au Panthéon a agité la classe politique, de nombreuses personnalités, plusieurs ministres, François Bayrou (MoDem) et des responsables PS, notamment François Hollande, Ségolène Royal, Laurent Fabius et Lionel Jospin, étaient présents. Le footballeur Lilian Thuram et des délégations d'Afrique et des Caraïbes avaient fait le voyage.
"C'était le meilleur des fils de la Martinique", a lancé un des plus proches compagnons de Césaire, Pierre Aliker, 101 ans. Très ému, il a raconté le combat contre la colonisation et le racisme mené par le député (1945-1993) et maire de Fort-de-France (1945-2001).
Né en 1913 à Basse-Pointe, dans le nord de l'île, intellectuel brillant, Césaire a forgé dans les années 1930 avec le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Guyanais Léon-Gontran Damas, le concept de "négritude" - la conscience et la fierté d'être noir - et influencé plusieurs générations d'écrivains et de militants dans le monde.
La cérémonie s'est achevée dans l'émotion partagée de plusieurs milliers de personnes. Le public a longuement applaudi le départ du cercueil, aux cris de "Béïa pour Césaire" (vive Césaire). Accompagné par une foule fervente jusqu'au cimetière de la Joyaux, le "nègre fondamental" a été inhumé à la tombée de la nuit.
Sur sa tombe, des mots choisis par "Aimé" lui-même, tirés de son "Calendrier lagunaire":
"La pression atmosphérique ou plutôt l'historique
"Agrandit démesurément mes maux
"Même si elle rend somptueux certains de mes mots".
L'hommage national tranchait avec l'absence en 2001 du président de l'époque, Jacques Chirac, et du chef du gouvernement, Lionel Jospin, aux obsèques de Senghor à Dakar, alors mal vécue par la population sénégalaise.
Par Dominique CHABROL et Thomas MORFIN
Parmi les fleurs vertes et roses de balisier, les familles, souvent vêtues de blanc, étaient venues dire dans l'après-midi "Merci Aimé". "C'est le père assisté de ses enfants et petits-enfants", confiaient certains.
Pendant plus d'une heure, sous le soleil, les Martiniquais se sont retrouvés dans la gratitude et la ferveur, pour cet hommage exceptionnel dans le stade de Dillon, au centre duquel était exposé le cercueil. Un hommage national qui n'avait jusque-là été rendu qu'à trois écrivains, Victor Hugo, Paul Valéry et Colette.
"Tous les Français se sentent aujourd'hui Martiniquais dans leur coeur", avait affirmé Nicolas Sarkozy dans une brève déclaration à son arrivée à l'aéroport Aimé-Césaire de la ville, saluant "le défenseur infatigable de la dignité humaine et du respect des droits de l'homme". Le chef de l'Etat, qui a eu des relations difficiles avec l'ancien député-maire de Fort-de-France - qui avait refusé de le recevoir en 2005 en raison de la loi sur "le rôle positif de la présence française outre-mer", avant de le rencontrer l'année suivante - ne s'est pas exprimé au cours de cet "hommage culturel".
Ce sont les "mots de sang frais" de l'auteur du "Cahier d'un retour au pays natal" qui ont résonné par les bouches de comédiens antillais et africains.
Un grand portrait proclamait Césaire "prototype de la dignité humaine" (selon le mot d'André Breton), et des extraits de son oeuvre étaient déployés dans le stade. Une plaque de céramique portant le nom d'Aimé Césaire et "Liberté, identité, responsabilité, fraternité", avait été posée sur un fauteuil à l'intention du président de la République.
Alors que l'idée d'un transfert du poète au Panthéon a agité la classe politique, de nombreuses personnalités, plusieurs ministres, François Bayrou (MoDem) et des responsables PS, notamment François Hollande, Ségolène Royal, Laurent Fabius et Lionel Jospin, étaient présents. Le footballeur Lilian Thuram et des délégations d'Afrique et des Caraïbes avaient fait le voyage.
"C'était le meilleur des fils de la Martinique", a lancé un des plus proches compagnons de Césaire, Pierre Aliker, 101 ans. Très ému, il a raconté le combat contre la colonisation et le racisme mené par le député (1945-1993) et maire de Fort-de-France (1945-2001).
Né en 1913 à Basse-Pointe, dans le nord de l'île, intellectuel brillant, Césaire a forgé dans les années 1930 avec le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Guyanais Léon-Gontran Damas, le concept de "négritude" - la conscience et la fierté d'être noir - et influencé plusieurs générations d'écrivains et de militants dans le monde.
La cérémonie s'est achevée dans l'émotion partagée de plusieurs milliers de personnes. Le public a longuement applaudi le départ du cercueil, aux cris de "Béïa pour Césaire" (vive Césaire). Accompagné par une foule fervente jusqu'au cimetière de la Joyaux, le "nègre fondamental" a été inhumé à la tombée de la nuit.
Sur sa tombe, des mots choisis par "Aimé" lui-même, tirés de son "Calendrier lagunaire":
"La pression atmosphérique ou plutôt l'historique
"Agrandit démesurément mes maux
"Même si elle rend somptueux certains de mes mots".
L'hommage national tranchait avec l'absence en 2001 du président de l'époque, Jacques Chirac, et du chef du gouvernement, Lionel Jospin, aux obsèques de Senghor à Dakar, alors mal vécue par la population sénégalaise.
Par Dominique CHABROL et Thomas MORFIN
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire