jeudi 17 avril 2008

Au siège du parti de Césaire : "Il nous disait, maintenant, c'est à vous !"

Tee-shirt noir portant un extrait du "Discours sur le colonialisme" d'Aimé Césaire, Raymond Voustad a rejoint le siège du Parti Progressiste Martiniquais (PPM) à Fort-de-France dès l'annonce, jeudi matin, du décès du poète qui a dirigé le PPM pendant près de 50 ans.

"Ca le fera pas revenir, mais j'ai trouvé que c'était le moment de le mettre", dit ce médecin à la retraite qui a milité pendant 40 ans au PPM.

Voustad, 74 ans, retrouve de vieux militants qui ont appris comme lui la mort d'Aimé Césaire en se levant. Ni larmes, ni émotion exagérée, mais de solides poignées de mains dans la grande salle où de plus jeunes donnent les derniers coups de marteau pour accrocher des portraits de Césaire.

Léon Zami, 78 ans, a adhéré au PPM à sa création en 1958. Il a longtemps côtoyé le poète au Conseil municipal de Fort-de-France, dont Césaire a été maire pendant 56 ans.

"On perd une voix qui a une dimension planétaire", dit-il. "La ville d'aujourd'hui n'a rien a voir avec celle que j'ai connu quand j'étais gosse. Il y avait la thyphoïde, c'était une ville vraiment malsaine. On a construit des voies d'accès, amené l'eau, les écoles dans les quartiers", explique-t-il.

"A une époque, il a eu 72 écoles primaires dans la ville. On a amené l'éducation au petit peuple de la Martinique", poursuit-il.

Au PPM, les travaux se poursuivent pour l'hommage qui doit être rendu dans la soirée à l'ancien maire et député de la Martinique. "Césaire, c'est notre père à tous. Le peuple martiniquais sera orphelin pendant longtemps", confie Jeannie Darcières, la veuve de l'un des ses plus proches collaborateurs.

Beaucoup de femmes, parfois souriantes, au siège du parti. "La femme, c'est le poteau mitan (la poutre maîtresse) de la Martinique et du PPM. C'est Césaire qui nous a accompagné toute sa vie. Il nous a fait comprendre que la Martinique avait un peuple", dit Edith Ancarno, militante d'une cinquantaine d'années.

Comme tous les Martiniquais, les militants ont appris sans surprise le décès de Césaire. "Résignés, non! Ils ont espéré jusqu'au bout, même s'il fallait bien nous organiser un minimum", explique Didier Laguerre, le secrétaire général du parti. "Quand il venait ici, il était toujours très ému, dit-il. Il était toujours au courant de tout. Il nous disait : +Maintenant, c'est à vous+!"

Une veillée sera organisée jeudi soir au siège du parti, où les portraits d'Aimé Césaire ornent à nouveau les murs.

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