mardi 15 avril 2008

Fort-de-France se souvient de "Papa Césaire"

FORT-DE-FRANCE, 15 avr 2008 (AFP) - 15/04/2008 07h37 - Les Martiniquais attendent sereinement l'évolution de l'état de santé du poète Aimé Césaire, 94 ans, hospitalisé depuis mercredi à Fort-de-France (Martinique), qui fut aussi pendant plus de 50 ans l'homme politique le plus influent de l'île.

"Trénelle, c'est Aimé Césaire!". Le quartier né dans les années 1950 s'élève sur une colline du nord de Fort-de-France, dont Césaire à été le maire de 1945 à 2001. Dans les années 1950, la fermeture des usines qui traitaient la canne à sucre pousse des milliers de personnes à la périphérie de la ville.

Quartier populaire dont les maisons ont été bâties un peu au hasard "avec le coup de main" - la solidarité de ses nouveaux habitants -, Trénelle symbolise aujourd'hui encore la politique sociale d'Aimé Césaire.

"Mes parents étaient de la campagne, quand l'usine a fermé, il leur a donné un petit bout de terrain à Trénelle. Mon père a pu nourrir ses onze enfants grâce à lui", se souvient Marie-Thérèse, la cinquantaine accorte, une inconditionnelle du quartier.

"Ca nous fait un gros chagrin qu'il soit malade, dit-elle. C'était un papa, il ne disait jamais non. Tout le monde a trouvé du travail avec lui".

A quelques pas de chez elle, au siège du Parti Progressiste Martiniquais (PPM), qu'Aimé Césaire a fondé en 1958 après sa rupture avec le PCF, des militants repeignent depuis le week-end les portes et fenêtres du vert du PPM.

"Ce quartier, c'est l'emblème. C'est le quartier de Césaire", affirme Lucienne, bravant quelques instants les consignes de discrétion du parti.

Discrétion également à l'Hôtel de Ville, dont beaucoup d'employés doivent beaucoup à leur ancien maire. "Ici, tout le monde l'appelle +Papa Césaire+, on lui doit beaucoup. Il a fait tellement de bien, tellement de social à Fort-de-France", explique Serge, 53 ans, dont 33 à la mairie de Fort-de-France.

"C'est mon patron", dit-il, longue silhouette et barbe blanche, avec un peu de nostalgie. Lui aussi se souvient que le maire, très sollicité, refusait rarement d'aider quelqu'un : "Comme il s'en allait souvent en tant que député de la Martinique, il laissait à son second l'autorisation de dire non".

Loin de l'image de "Papa Césaire", l'écrivain guadeloupéen Daniel Maximin, qui a travaillé à l'édition de son oeuvre ces 25 dernières années, préfère évoquer l'engagement total d'Aimé Césaire pour son île natale.

"Un des mots les plus forts dans son oeuvre, c'est +bâtir+. En tant que maire de Fort-de-France, l'obsession c'était d'édifier, de construire en dur pour faire face aux cyclones de l'histoire et de la géographie", dit-il.

Beaucoup de Martiniquais ne se font guère d'illusions sur l'évolution de l'état de santé d'Aimé Césaire, compte tenu de son grand âge. "Ce sera très pénible pour les gens, c'est quelqu'un qui mérite beaucoup de respect", dit Serge. D'autres se souviennent qu'il a encore reçu des visiteurs dans son bureau de l'ancien Hôtel de Ville quelques jours avant son hospitalisation.

Sur la façade de la mairie de Fort-de-France, une banderole a été déployée pour le 40è anniversaire de l'assassinat du pasteur Martin Luther King. Comme une fidélité aux combats pour plus de justice d'Aimé Césaire.

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