jeudi 17 avril 2008

Obsèques nationales pour Aimé Césaire, décédé jeudi à 94 ans

Le poète martiniquais Aimé Césaire, 94 ans, est décédé jeudi à Fort-de-France (Martinique), et la France s'apprêtait à organiser des obsèques nationales pour le chantre de la "négritude", dont le combat contre la colonisation avait trouvé des échos jusqu'en Afrique ou aux Etats-Unis.

Figure emblématique des Antilles françaises, Aimé Césaire avait été admis le 9 avril au CHU de Fort-de-France, où il est décédé.

Dès l'annonce de son décès, le cabinet de la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a annoncé que des obsèques nationales seront organisées, à une date qui reste à fixer.

L'Assemblée nationale devait observer une minute de silence à la mémoire de celui qui fût, aussi, le député ayant battu tous les records de longévité parlementaire de 1945 à 1993.

Selon l'équipe de l'hôpital Pierre Zobda-Quitman, où Aimé Césaire avait été admis pour des affections "de nature cardiologique", le décès est intervenu à 05H20 et la dépouille du poète a été restituée dès jeudi matin à sa famille.

Né en 1913 à Basse-Pointe, sur la côte nord de la Martinique dans une famille de petits fonctionnaires, Aimé Césaire avait été confronté très jeune à la misère de la population rurale d'une île profondément marquée par deux siècles d'esclavage, qui avait alors le statut de colonie.

Etudiant à Paris dans les années 1930, il avait forgé avec le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Guyanais Léon-Gontran Damas, le concept de la "Négritude", la conscience de l'identité noire, la "fierté d'être nègre" et de revendiquer ses origines africaines.

La "négritude" avait rapidement débordé le cadre des seuls intellectuels français pour se répandre dans les pays colonisés, en Afrique, dans les Caraïbes, et au delà chez les militants noirs américains en lutte contre les droits civiques. Son message avait dès lors pris un caractère universel, notamment après la publication de son "Discours sur le colonialisme" (1950).

Les cérémonies à la suite de son décès pourraient s'étaler sur trois jours, selon des informations recueillies dans les milieux proches de l'Hôtel de Ville de Fort-de-France. Après une veillée familiale, un hommage devrait lui être rendu par la population rassemblée dans un stade de la ville, avant les obsèques nationales, qui devraient rassembler de nombreuses personnalités, politiques et intellectuelles.

Les autorités locales envisageaient que le cortège transportant sa dépouille emprunte les

différents quartiers de la ville, dont il a été le maire pendant 56 ans (1945-2001).

Dès le week-end dernier, des travaux de peinture et d'embellissement avaient été entrepris à l'ancien Hôtel de Ville, où Césaire recevait encore des visiteurs quelques jours avant son hospitalisation, dans sa maison familiale de Fort-de-France et au siège du Parti Progressiste Martiniquais (PPM), qu'il avait fondé en 1958, après sa rupture avec le PCF.

De tous les combats contre le colonialisme et le racisme pendant 70 ans, l'auteur du "Cahier d'un retour au pays natal" a en effet consacré sa vie à la littérature et à la politique. Maire de Fort-de-France et député de la Martinique (1945-1993), Aimé Césaire faisait l'objet d'un véritable culte dans l'île ou la population l'appelait affectueusement "Papa Césaire".

Venu à la politique "par hasard", disait-il, il avait notamment été en 1946 le rapporteur de la loi sur la départementalisation des territoires de Martinique, Guyane, Guadeloupe et de La Réunion.

A l'annonce de son décès, les chaînes de télévision locales ont interrompu leurs programmes pour diffuser de la musique classique ou afficher une photo du poète.

Le président Nicolas Sarkozy a salué en Aimé Césaire un "symbole d'espoir pour les peuples opprimés". Ségolène Royal (PS) a demandé l'entrée au Panthéon de cet "éclaireur de notre temps", et le secrétaire général de la Francophonie, le Sénégalais Abdou Diouf, a exprimé la "très grande émotion" de toute la "famille francophone".

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